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DE MÉDECINE,

DE CHIRURGIE ET DE PHARMACOLOGIE,

PUBLIÉ

Par la Société des Sciences médicales et naturelles

de Bruxelles,

SOUS LA DIRECTION D'UN COMITÉ

COMPOSÉ DE

MM. DIEUDONNE, D.-M., Rédacteur principal, Chevalier de l'Ordre de Léopold
Président de la Société, Membre du Conseil central de salubrité publique et
du Conseil supérieur d'hygiène, Secrétaire de la Commission de statistique
du Brabant, Correspondant de l'Académie royale de médecine, etc.
CROCQ, D.-M., Professeur à l'Université de Bruxelles, etc.
LEROY, Pharmacien du Roi, Collaborateur au Journal de Chimie médicale, de
pharmacie et de toxicologie de Paris, Membre de la Commission médicale pro-
vinciale du Brabant, Correspondant de la Société des Pharmaciens du Nord de
l'Allemagne, de l'Académie royale de Médecine de Belgique, etc.
PARIGOT, D.-M., Professeur à l'Université de Bruxelles,
RIEKEN, D.-M., Médecin de S. M. le Roi des Belges, Membre honoraire
de l'Académie royale de médecine de Belgique et de plusieurs Académies et
Sociétés savantes régnicoles et étrangères.

etc.

VAN DEN CORPUT, Docteur en médecine, en chirurgie et en accouchements,
pharmacien, Docteur en sciences, Secrétaire de la Société, Membre du Conseil
cent. de Salubrité publique, Membre de plusieurs Acad. et Sociétés savantes.

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DE MÉDECINE.

(JUILLET 1858.)

1.- MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.

ÉTUDES SUR LE VÉSICATOIRE CANTHARIDÉ; par H. JOURNEZ (de Tournai), docteur en médecine, chirurgie et accouchements; pharmacien ; médecin au Je régiment d'artillerie; membre correspondant de la Société, etc., à Liége. (Suite et fin. Voir notre tome XXVI, cahier de juin, p. 509.)

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ÉRYSIPÈLE Phlegmoneux ou phlegmon diffus. La méthode de traitement de l'érysipele phlegmoneux par les vésicatoires cantharidés est très-anciennement connue. Ambroise Paré cite des cas de guérison obtenus par les vésicatoires volants. Dans le but de changer la nature de l'inflammation et de produire un phlegmon circonscrit, Duncan jeune les a conseillés sur la partie malade. J.-L. Petit, de Lyon (1), s'en servit souvent avec succès. Rodamel (2) en a confirmé l'utilité. Pini et Triberti (3) firent des expériences analogues. Delpech (4), Olivier et Patissier (5) rapportent des observations fort curieuses de ce genre de médication, observations qu'ils ont recueillies dans la pratique de Dupuytren, leur maître. Voici comment s'exprime Dupuytren lui-même en expliquant l'emploi du vésicatoire et la valeur qu'il attache à ce moyen de traitement. << Avant la suppuration, dit-il (6), le vésicatoire peut être appliqué sur le lieu enflammé, et peut alors déterminer la résolution. Quand la suppuration est arrivée, que le pus soit infiltré ou déjà réuni en collection, ce n'est plus sur le lieu enflammé, mais dans un point rapproché qu'il faut le placer. Il agit en produisant une révulsion et en ramenant à la surface externe de la peau une inflammation suppurative qui tendait à se fixer sur sa face interne. On ne peut alors se flatter d'obtenir la résolution que dans des cas fort rares, mais du

(4) J.-L. PETIT. Mémoires de l'Acad. royale de médecine. Paris, 1722. (2) RODAMEL. Essai pratique sur l'emploi des vésicatoires dans les inflammations. (3) GIACOMINI. Ouvrage cité, p. 162.

(4) DELPECH. Précis des maladies chirurgicales.

(5) PATISSIER. Essai sur l'érysipèle phlegmoneux. Paris, 1815.

(6) DUPUYTREN. Leçons orales de clinique chirurgicale, 2e édit., 1839, t. IV, p. 485 et suivantes.

moins on limite l'inflammation qui se termine souvent par la formation successive de plusieurs abcès circonscrits; quels que soient le moment et le lieu où l'on place les vésicatoires, il faut les faire suppurer jusqu'à ce que la tuméfaction des parties molles soit complétement dissipée, ›

M. le professeur Velpeau (1) leur a reconnu aussi des avantages dans certains cas d'érysipele phlegmoneux et d'angioleucite. C'est ordinairement au moment où la suppuration commence à se former qu'il les applique. Il les place toujours sur le phlegmon lui-même et recommande de les faire extrêmement vastes, de manière à ce qu'ils couvrent presque tout le mal et le débordent même, s'il est possible; il ne les laisse jamais suppurer, mais les remplace plutôt par d'autres au bout de deux ou trois jours. Il attribue aux vésicatoires, ainsi placés, la propriété de favoriser la résolution dans les points où la maladie est le moins avancée, de hâter et de circonscrire la suppuration dans ceux où elle l'est davantage.

Quelque nombreux que soient pourtant les succès produits par cet agent, il est peu employé de nos jours, parce que la généralité des praticiens le regardent comme trop souvent impuissant pour arrêter les progrès de l'inflammation et l'accusent de produire la gangrène des téguments.

Nous avons déjà prouvé toute l'erreur de cette prévention, et d'ailleurs, manió à la manière de M. Velpeau ou en prenant les précautions que nous avons précédemment indiquées, il n'expose pas aux mêmes dangers. Avouons encore que, malgré son incontestable valeur, on lui préfère généralement d'autres moyens et notamment la compression et les incisions. Quoi qu'il en soit, nous ferons remarquer que le vésicatoire peut être très-utile pour les parties du corps qui ne peuvent être comprimées. D'autre part, il peut remplacer fort avantageusement les incisions; lorsque, par exemple, une personne pusillanime s'y refuse complétement. Enfin, nous ne doutons point que dans les phlegmons diffus qui se développent chez des sujets atteints déjà d'affection adynamique, le vésicatoire cantharidé, appliqué aux extrémités, ne puisse être d'un grand secours pour relever l'énergie des fonctions et favoriser la marche de l'inflammation.

SCIATIQUE. Cotugno, de Naples, a tout particulièrement préconisé les vésicatoires comme l'un des plus sûrs moyens de combattre les névralgies.

Il leur attribue une vertu pour ainsi dire spécifique et en a principalement obtenu d'heureux effets dans la sciatique ou névralgie fémoro-poplitée. Il conseille de les appliquer sur les points du trajet de la douleur qui sont le plus superficiellenient placés sous les téguments afin d'extraire le fluide acrimonieux dont il est gorgé.

Cette méthode également recommandée par Hufeland, médecin du Roi de Prusse, dans son Manuel de médecine pratique, et consacrée par beaucoup de praticiens, est une de celles qui réunissent le plus de succès,

Elle a cependant été modifiée de plusieurs manières.

(1) BERARD et DENONVILLIERS, Ouvrage cité, t. I, p. 217.

MM. Lesieur et Lembert ont conseillé d'ajouter à ce mode de traitement une médication tantôt narcotique, par l'addition à l'emplâtre d'un à deux grains de morphine, tantôt antispasmodique, par l'application des teintures de valériane, ou d'assa-fœtida (1).

Pour obvier aux souffrances dont les malades se plaignent fréquemment dans plusieurs points à la fois du nerf affecté, M. Valleix (2) a proposé de recouvrir en même temps, d'autant de vésicatoires volants, ces différents points qu'il a nommés foyers de douleurs.

Note. Les points ou foyers de douleurs appelés aussi lieux d'élection, sont ordinairement :

1o Le pli de la fesse, à la sortie du nerf du bassin; 2o la tête du péroné; 3o la malléole externe; 4o la partie externe du mollet; 5o le dos du pied.

Ce serait là pour M. Valleix le mode de traitement le plus sûr et le plus rapide, puisque sur 49 malades ainsi traités, la guérison radicale a été obtenue chez 46. Trois seulement ont éprouvé un très-grand amendement, mais n'ont pas été complétement débarrassés de leur névralgie.

M. Valleix réserve pour des cas exceptionnels l'application de la morphine sur le derme dénudé.

Il attribue au vésicatoire lui-même l'amélioration qu'on a obtenue après l'emploi de la morphine, du moins dans un grand nombre de cas, et pense qu'on aura bien rarement besoin de recourir à ce narcotique si l'on poursuit ainsi la douleur dans tous les points où elle se réfugie.

Également convaincu que, attaquée sur un seul point, cette affection disparaîtrait difficilement, M. Velpeau a employé le vésicatoire en bandelettes sur tout le trajet du nerf sciatique et du nerf poplité externe. Mais les succès n'ont pas dù répondre à son attente, puisqu'il a depuis renoncé à cette modification.

Dans les cas de névralgie sciatique de quelque étendue, M. Gendrin conseille l'application simultanée de deux ou trois grands vésicatoires de quatre à six pouces de diamètre sur les différents points d'élection précédemment indiqués,

M. J. Garin (5), témoin des succès obtenus par M. Gendrin à l'aide de cette modification, dit en avoir retiré des résultats excessivement satisfaisants dans sa pratique particulière et a publié quelques observations à l'appui de ses assertions. Il affirme en outre ne les avoir vus suivis d'aucun accident soit dans le lieu de leur application, soit sur l'économie tout entière. Quelle que soit d'ailleurs la méthode qu'on adopte, le vésicatoire n'en doit pas moins être regardé comme un agent d'autant plus certain qu'il s'agit de ces douleurs. moitié nerveuses, moitié rhumatismales, de cette affection appelée par certains auteurs rhumatisme nerveux, maladie d'ailleurs très-rebelle. Aussi, souvent

(1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, t. XII,

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(2) VALLEIX. Note sur le traitement des névralgies par les résicatoires volants. (Journal de médecine et de chirurgie pratiques. Paris, 1842, p. 150.)

(5) J. GARIN. De l'emploi des vésicatoires dans le traitement de la névralgie sciatique, {Bulletin gén. de thérap., août 1845.)

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