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m'a fort pressé d'écrire à V. M. pour le parfait payement de ce qui lui reste dû. Il m'a dit qu'au lieu de cinquante mille écus qui lui sont dus, il se contenteroit d'une pension pendant sa vie ; qu'il prétendoit ne pouvoir être moindre que de vingt mille livres: il croit que ce seroit un moyen de satisfaire à ce qui lui est légitimement dû, sans que V. M. fut obligée de débourser une somme considérable, et que ce seroit même une sûreté de sa conduite dans tous les temps, puisque V. M. pourroit faire cesser le payement de la pension, si V. M. n'étoit pas contente de lui. Je n'ai pu me refuser à rendre compte à V. M. de cette proposition. Il est certain que M. de Montaigu a rendu un grand service. Il en doit parler lui-même à M. de Croissy.

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Extrait d'une Lettre de M. Barillon au Roi.

4 Juin, 1685, à Londres. Le discours de M. Seymer a fait beaucoup de bruit à Londres, et à la Cour, quoiqu'il n'ait point retardé la résolution de la Chambre Basse pour la concession; mais dans la suite il sera souvent parlé de ce discours, dans lequel les questions importantes ont été traitées à fonds. M. Seymer ne s'est point opposé à ce que l'on donnât au Roy d'Angleterre les revenus dont le feu Roy jouissoit; mais il a proposé qu'on remit à en délibérer jusqu'à ce que les formes dans lesquelles les élections des membres du Parlement ont été faites, eussent été examinées. Il a soutenu qu'elles étoient pour la plupart vicieuses, et faites par cabale, et par autorité, ce qui est direc tement contraire aux loix d'Angleterre, qui établissent une entière liberté sur le sujet des élections, en sorte que la moindre corruption en argent étant prouvée rend l'élection nulle; que les sherifs et autres officiers qui avoient présidé à ces élections, avoient été tous préposés en vertu des nouvelles chartres accordées depuis peu au lieu des anciennes qui ont été révoquées; que l'exemple de ce qui a été fait à l'égard de la ville de Londres, dans la révocation de ses chartres, et de ses privilèges, avoit été suivi dans les autres villes et bourgs, quoique selon les loix et l'usage, il ne soit pas au pouvoir du Roi de révoquer ni de rendre nulles des chartres accordées par les Rois ses prédécesseurs, confirmées par un temps immémorial, et par

m

l'approbation expresse et tacite de plusieurs parlements; qu'ainsi le principe des élections étant (vicieux) défectueux, les députés n'étoit pas de véritables membres du parlement, choisis par la nation contre la liberté requise et dans les règles usitées; que cependant il n'y avoit pas eu de temps au quel il fut plus nécessaire d'avoir un Parlement composé de gens bien intentionnés et attachés aux loix d'Angleterre, parce que la nation étoit en un péril évident de voir changer ses loix et sa religion; que l'aversion des peuples d'Angleterre contre la religion Catholique Romaine, et leur attachement pour leurs loix étoient tellement établis dans les esprits, qu'on ne pouvoit détruire leur religion et leurs loix que par des actes du Parlement, ce qui ne seroit pas difficile, quand un Parlement se trouve entièrement dépendant de ceux qui peuvent avoir de tels desseins; que l'on parloit déjà d'abolir le Test, qui étoit le seul rempart capable d'empêcher l'introduction du Papisme; et que dès que cet obstacle seroit levé, les Papistes viendroient aisément à bout de rentrer dans les charges et dans les emplois, et d'établir leur religion sur la déstruction de la religion Protestante; que l'on disoit aussi que l'intention étoit de casser l'acte d'Habeas Corpus, qui est le plus ferme fondement des libertés des Anglois; que si cet acte étoit révoqué, le gouvernement arbitraire se trouveroit bientôt établi; que ce qu'il avançoit étoit connu de tout le monde, et n'avoit pas besoin de preuves; qu'ainsi, avant de prendre aucune résolution de conséquence, il étoit nécessaire d'examiner la validité des élections, et de décider, selon les règles établies en Angleterre, si les Deputés étoient capables de constituer un véritable et légitime Parlement qui put représenter la Nation.

Ce discours fut prononcé avec beaucoup de force, et eut l'approbation secrète de beaucoup de gens; mais personne ne se leva pour l'aprouver. Ceux de son parti crûrent qu'ils le feroient inutilement, et que la contestation qu'ils formeroient, ne serviroit qu'à montrer leur foiblesse et leur petit nombre, en comparaison des autres qui se croyent élus. Ces mêmes questions reviendront souvent dans la suite, et serviront de fondement à tout ce qui sera allégué contre les résolutions du Parlement présentement assemblé. Ceux qui lui contestent son pouvoir n'ont point d'autres juges que les mêmes gens à qui on dispute la validité de leurs élections; c'est ce qui fit mettre à la Tour, pendant un assez longtemps, les Pairs qui

voulurent soutenir, il y a quelques années, que le Parlement n'étoit véritable Parlement, et ils furent obligés à la fin de se rétracter.

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Le fils aîné du Comte d'Argile, nommé Milord Lorn, est venu se remettre entre les mains du Roy d'Angleterre, et a offert de servir contre son père; il y a un autre de ses enfants avec lui. On croit tous les jours d'avantage ici que cette affaire est considérable.

Extrait d'une Lettre de M. Barillon au Roy.

7 Juin, 1685, à Londres.

ON eut hier des nouvelles d'Irlande qui portent que le Comte d'Argile avoit descendu dans l'île d'Yle, qui est à lui; les 500 hommes qui y avoient été mis par le Marquis d'Atol s'étoient déjà retirés. Plusieurs des habitants en sont aussi sortis pour ne se pas déclarer en faveur du Comte d'Argile. On'croit ici qu'il lui seroit impossible de demeurer long temps dans cette île, à moins qu'il ne soit secouru par les gens du Nord de l'Irlande: il n'y paroît aucune disposition. Les troupes de sa Majesté Britannique se sont avancées, et ont occupé les endroits propres à empêcher les peuples de s'assembler ni de rien entreprendre: cela fait dire ici que l'entreprise du Comte d'Argile n'aura aucun succès. On ne sait pourtant point encore ce qui se passe dans la terre ferme d'Ecosse où il a d'abord mis pied à terre, et où le bruit est qu'il a laissé un de ses enfants pour assembler les gens du pays qui sont pour lui. Personne ne doute que son dessein ne soit fondé sur l'espérance que M. le Duc de Monmouth essayeroit en même temps d'exciter une révolte en Angleterre; mais on croit que M. le Duc de Monmouth n'a osé hazarder d'y venir. On a commencé en Ecosse à lui faire son procès. L'acte de la concession des revenus sera passé dans trois ou quatre jours; il a été lu pour la seconde fois à la Chambre des Pairs. Le Parlement ne s'assemble point aujourdhui, parce qu'il est le jour de l'Ascension, ni demain, parce que c'est le jour du Rétablisssment du feu Roy d'Angleterre, et qu'on veut en célébrer la fête.

Il se passa avant-hier une chose de grande conséquence dans la Chambre Basse: il fut proposé le matin que la chambre se mettroit en comité

l'après-diner pour considérer la harangue du Roy sur l'affaire de la religion, et savoir ce qui devoit être entendu par le terme de religion Protestante. La résolution fut prise unanimement, et sans contradiction, de faire une adresse au Roy pour le prier de faire une Proclamation pour l'exécution des loix contre tous les Nonconformistes généralement, c'est-à-dire, contre tous ceux qui ne sont pas ouvertement de l'Eglise Anglicane; cela enferme les Presbitériens et tous les sectaires, aussi bien que les Catholiques Romains. La malice de cette résolution fut aussitôt reconnue du Roy d'Angleterre et de ses ministres : les principaux de la Chambre Basse furent mandés, et ceux que sa Majesté Britannique croit être dans ses intérêts: il leur fit une reprimande sévère de s'être laissés séduire et entraîner à une résolution si dangereuse et si peu admissible. Il leur déclara que si l'on persistoit à lui faire un pareille adresse, il répondroit à la Chambre Basse en termes si décisifs et si fermes qu'on ne retourneroit pas à lui faire un pareille adresse. La manière dont sa Majesté Britannique s'expliqua, produisit son effet hier matin, et la Chambre Basse rejeta tout d'une voix ce qui avoit été résolu en comité le jour auparavant.

On fait grande reflexion ici sur cette marque de déférence et de soumission que la Chambre Basse a donnée. Mais ceux qui savent les motifs de la première délibération, voient bien que la seconde est forcée, et que ce qui se fait par autorité n'empêche pas que le sentiment unanime n'ait été de donner un coup aux Catholiques, et de faire même comprendre au Roy d'Angleterre combien il trouveroit de difficulté à rien obtenir du Parlement en leur faveur.

Ce Prince a témoigné beaucoup d'aigreur contre ses domestiques et autres gens attachés particulièrement à lui, qui ont donné les mains, par malice ou par ignorance, à une résolution si peu respectueuse à son égard: il connoît le ridicule et le danger qu'il y a pour lui d'être prié par le Parlement de poursuivre avec rigueur l'exécution des loix contre les Catholiques et les Nonconformistes. Cependant il en tire cet avantage, qu'il a connu le fonds des intentions de la Chambre Basse, et qu'il a fait un coup d'autorité en les obligéant à se retracter dès le lendemain d'une résolution prise unanimement.

Sa Majesté Britannique sait très-mauvais gré aux évêques qui, sous pré

texte de zèle pour l'Eglise Anglicane, avoient fait prendre une résolution si absurde et si dangereuse. Les gens opposés à la Cour témoignent secrètement leur joie de ce que la Chambre Basse a montré à tout le monde quels étoient ses sentiments sur la religion: ils ne comptent pas pour beaucoup que la Chambre Basse ait été obligée de se rétracter, espérant qu'en une autre occasion elle aura plus de fermeté, et que le Roy d'Angleterre ne sera pas toujours en état et en volonté de faire des coups d'autorité.

On a parlé dans la Chambre Basse d'exclure ceux qui avoient été d'avis d'exclure M. le Duc d'York de la succession; mais les principaux de la Chambre avoient ordre de s'opposer à cette proposition, ainsi elle n'a eu aucune suite. C'étoit une tentative contre plusieurs des Ministres, qui sont à-présent dans la confiance du Roy d'Angleterre.

On voit par ce qui s'est passé hier et avant-hier combien il est difficile de prévoir ce qu'un Parlement peut faire. Cela fait dire déjà que le Parlement ne sera pas long temps assemblé: eux-mêmes ont envie d'être prorogés ou ajournés, voyant bien qu'ils ne sont pas en état de prendre une résolution de conséquence, et de la soutenir, quand elle ne sera pas agréable à sa Majesté Britannique. Ils sont aussi fort incommodés dans leur Chambre, qui est trop petite pour contenir le nombre dont elle est composée, qui est de cinq cents treize personnes. Il est pourtant apparent que la Cour fera encore quelque effort pour les obliger à donner quelque chose pour mettre la flotte en bon état.

Les Commissaires de la Compagnie des Indes d'Amsterdam, et ceux de la Compagnie de Londres se sont assemblés: ils ne paroissent pas encore disposés à convenir ensemble, ni à s'approcher: ceux de Hollande veulent gagner du temps, et traiter par écrit dans les délais ordinaires; les Anglois veulent abréger la matière, et aller au fait, c'est-à-dire, convenir de la restitution dans Bantam. Les Hollandois auroient bien de la peine à y donner de bonne foi les mains.

trouvé

Je sais qu'il a été agité dans les assemblées particulières qui se font des gens du Parlement de proposer quelque chose à l'égard de la France, et de marquer au Roy d'Angleterre le chemin qu'il doit tenir. On n'a de prétexte apparent de rien proposer présentement sur cela; s'il y en avoit quelque occasion dans la suite on ne la manqueroit pas, autant par

pas

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