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3 Substituer en temps d'épidémie aux poëles des foyers ouverts dans tous les appartements et particulièrement pendant la nuit dans les chambres à coucher;

4° Bien ventiler et bien éclairer les chambres, les tenir propres et en éloigner les mauvaises odeurs ;

5° Maintenir les appartements et surtout les chambres à coucher dans le plus grand état de sécheresse possible; cette mesure est de la plus grande importance;

6° Ne laisser jamais séjourner de l'eau ou du linge mouillé, et à plus forte raison des urines et des ordures, dans les chambres;

7° Ne jamais dormir dans des quartiers où l'on fait la cuisine et où on dégage soit pour une cause, soit pour une autre, de la vapeur d'eau;

8° Éviter de coucher à plusieurs dans la même chambre; 9° Laisser pénétrer largement l'air et la lumière dans les chambres et dans tous leurs recoins, pendant le jour;

10° Ne pas faire usage d'aliments d'une digestion difficile ou qui peuvent développer des gaz dans les voies digestives, à plus forte raison, éviter les excès dans les aliments et dans les boissons;

11° Éviter les changements brusques de température et les refroidissements; car tout ce qui peut occasionner des indispositions, peut amener le choléra;

12° Éviter les émotions morales tristes et surtout affronter les dangers que l'épidémie peut présenter sans découragement et sans peur;

13° Bien soigner toute diarrhée, quelque légère qu'elle soit; car on peut presque toujours la guérir par le repos au lit et par des moyens fort simples: il n'y a en effet presque pas de cas de choléra qui ne soit précédé d'une diarrhée prémo

nitoire. On peut donc à peu près certainement se prémunir contre le choléra.

-M. le Président : La communication de M. Fossion fera nécessairement l'objet d'une discussion lorsque nous nous occuperons de la question du cholera.

M. Crocq: Je demande à faire une simple observation je ne discuterai pas en ce moment la communication de M. Fossion. Je ferai seulement observer à notre honorable collègue qu'il s'est appuyé sur les expériences en effet généralement admises de Thiersch pour admettre que ce n'est qu'à partir du troisième jour que le germe cholérique se développe dans les évacuations des personnes atteintes de la maladie. J'ai publié dans le Bulletin de l'Académie un travail qui constate que quelques heures après leur évacuation, ces matières possèdent déjà la propriété contagieuse et qu'elles sont d'autant plus contagieuses qu'on est plus près du moment de l'évacuation.

Je me bornerai à cette observation, sauf à revenir plus tard sur la question.

3. NOTE sur le cowpox d'Esneux, de 1871; par M. le docteur LARONDELLE, correspondant de l'Académie.

Messieurs,

Permettez-moi de venir encore vous entretenir, quelques instants, de cette grande question de la variole, qui a déjà pris, cette année, plusieurs de nos séances, et sur laquelle le dernier mot n'est pas encore dit. C'est à propos du fait dont ont parlé quelques journaux et auquel mon nom a été mêlé, la découverte du cowpox spontané à Esneux.

Je dois à tout le monde, à vous surtout, la vérité toute en

tière; et, comme quelques inexactitudes ont été dites ici et ailleurs, je viens vous raconter les faits tels que j'ai pu les constater. Je ferai appel, au besoin, aux bons souvenirs de notre honorable collègue, M. Pétry.

Au mois d'avril de cette année, M. Pétry eut l'obligeance de m'annoncer qu'il avait fait une nouvelle découverte de cowpox spontané à Esneux; il me pria de vouloir m'y rendre pour constater le fait. Le 15 avril, accompagné de M. Pétry, je me rendis à la métairie appartenant à M. Hubert et exploitée par le fermier Pirot.

Dans l'étable étaient rangées, sur une ligne, à gauche, six vaches; les veaux et les génisses se trouvaient à droite. Les vaches étaient toutes atteintes de la picotte. Elles étaient maigres, mangeaient peu et ne donnaient presque plus de lait. Elles avaient donné leurs veaux depuis six semaines à trois mois. Leur âge variait entre trois et sept ans.

La maladie s'était déclarée chez elles sur les trayons, depuis quelques semaines. Celle qui avait été atteinte en dernier lieu, l'était déjà depuis plus de quinze jours, d'après le dire de la fermière. C'était une petite vache ardennaise, âgée de 4 ans; elle était à son second veau qu'elle avait donné deux mois auparavant. Sur les trayons de cette vache il n'y avait plus de pustules; mais sur chaque trayon on voyait de trois à quatre croûtes de forme ovalaire et de couleur rouge-brunâtre.

Après avoir arraché ces croûtes, je fis sourdre, par pression de ces surfaces dénudées des trayons, un liquide visqueux, transparent, dont je chargeai douze paires de plaques de verre. J'en remis la moitié à M. Pétry, l'autre me servit à inoculer le 17 avril une première génisse.

L'éruption se fit tardivement sur cette génisse. Ce ne fut que le neuvième jour qu'apparurent quelques rares pustules; elles étaient petites, chétives, coniques.

Dix jours après, le 27 avril, à Béthane, dans une ferme près de la Gileppe et appartenant à M. Dandrimont de Liége, j'inoculai, avec le cowpox d'Esneux, une seconde génisse; je n'obtins cette fois aucun résultat.

Avec la lymphe recueillie sur la génisse inoculée le 17 avril, je pus vacciner huit enfants. Tous ces enfants n'avaient eu ni vaccine, ni variole. Ils étaient âgés de 6 mois à 2 ans. Aucune pustule n'a suivi la vaccination de ces huit enfants. Je n'ai donc obtenu qu'un insuccès complet. J'ai revacciné ensuite ces mêmes enfants avec mon vaccin de génisse, que je cultive depuis plus d'un an et demi, et sur chaque enfant j'ai eu un succès complet.

Je ne fus que médiocrement surpris de l'insuccès de mes expériences avec le cowpox d'Esneux; car, quand je me fus rendu dans cette localité le 15 avril, après examen des croûtes vaccinales qui avaient déjà remplacé les pustules, et renseigné par la fermière, qui me disait que la dernière vache atteinte, qui était celle sur laquelle je récoltais la lymphe, l'était depuis plus de quinze jours, j'appréhendais déjà qu'il ne fût trop tard pour recueillir le cowpox, dont, je le craignais, la virulence pouvait avoir disparu.

Je regrette aujourd'hui de n'avoir pas recueilli les croûtes pour procéder à une expérimentation plus complète, que j'avais cru quelque peu inutile, à raison de la quantité de liquide qui s'était écoulé des surfaces dénudées. Et, à ce propos, une rectification est nécessaire.

Je lis dans le compte rendu de la séance de cette Académie, du 27 mai dernier, une note au bas de la communication qui nous a été faite par notre honorable collègue, M. Janssens.

Je cite textuellement : « L'un de nous, désireux d'acheter cet animal (une vache atteinte de cowpox) pour la boucherie et d'en faire l'autopsie, se rendit à Esneux, où le vaccin primitif

a été récemment découvert par M. Pétry : une certaine quantité de ce cowpox avait été mise obligeamment à notre disposition par ce vétérinaire distingué. Malheureusement, le vaccin de chaque bête n'avait pas été conservé séparément. Cependant, le voyage n'a pas été tout à fait inutile, puisqu'il nous a permis de constater, avec M. Pétry, que tout le bétail de l'étable du fermier Pirot se trouve dans les meilleures conditions hygiéniques. (Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique, troisième série, t. V, no 5, p. 471.)

Il y a plusieurs erreurs, involontaires certainement, dans cette relation. Moi seul, je pense, ai recueilli du vaccin dans l'étable Pirot; ainsi que je l'ai dit, j'ai remis à M. Pétry, qui avait eu l'obligeance de m'appeler, j'ai remis, dis-je, la moitié du vaccin que j'ai récolté, et je crois que c'est le seul cow-pox qu'il ait eu en sa possession dans ce moment. Il n'en avait pas recolté antérieurement, et il n'en a pu recueillir depuis. C'est donc de ce vaccin que M. Janssens a pu être mis en possession. C'est avec ce vaccin que j'ai fait les expériences infructueuses dont je vous ai parlé et, ainsi que je vous l'ai dit, il a été recueilli sur une seule bête, la dernière atteinte, et la seule sur laquelle on put encore en récolter. M. Janssens, mieux informé, regrettera sans doute de n'avoir pas acheté l'animal, qui seul a donné le vaccin mis à sa disposition; il eût pu faire, à peu de frais, les expériences qu'il croit utiles à la santé. publique.

La fille Pirot, qui est la trayeuse de la ferme, est âgée de 22 ans; elle avait été contaminée aux mains pendant la maladie des vaches. Elle avait été vaccinée avec succès dans son jeune âge. Elle portait huit pustules sur la main gauche et six sur la main droite. Elles étaient situées à la surface dorsale des mains, sur la peau qui recouvre le premier espace interosseux, entre le premier et le second métacarpien. Ces pustules étaient

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