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présentât la même coloration ni une semblable réaction. Nous avons bien la salicine, la vératrine et autres glucosides et alcaloïdes qui colorent par l'action de l'acide sulfurique, mais ce n'est plus la même coloration celle-ci est d'un rouge vif pour les uns, et d'un rouge cramoisi ou pâle pour les autres et se produit instantanément, tandis que la coloration de la picrotoxine, ainsi que nous venons de le dire, est lente et ne dépasse jamais le jaune-safran.

Vous en conviendrez, Messieurs, c'est là un des caractères les plus saillants qui fût jamais.

Il suffit d'avoir vu le résultat des expériences comparatives auxquelles je me suis livré pour être convaincu que la réaction que produit l'acide sulfurique à 66° sur ce principe immédiat est toute particulière et par conséquent caractéristique.

Si je passe maintenant d'une façon assez rapide sur le mode opératoire de mon honorable collègue, pour l'extraction de la picrotoxine de la bière, je suis forcé d'avouer qu'en voulant modifier celui de M. Langley, il n'a pas été plus heureux.

Plusieurs expériences exécutées sur différentes bières indigènes et exotiques m'ont prouvé que cette modification est défectueuse en ce sens que l'éther ne se sépare jamais nettement de la bière et qu'il se rend à la surface toujours emprisonné dans une matière gélatiniforme; qu'il faut d'après l'indication même de l'auteur, décanter celle-ci, l'évaporer; reprendre le résidu par l'alcool de 90 pour 100; évaporer de nouveau et épuiser par l'éther. Ce qui occasionne car on doit répéter une deuxième fois le traitement par l'éther un travail sans fin et avec ou sans distillation une perte considérable d'éther et d'alcool. Or, les chances de

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perte en picrotoxine sont en rapport direct avec le nombre et la longueur des opérations qui doivent la faire découvrir.

Mon collègue ne dit mot non plus de la quantité de coque du Levant ou de picrotoxine, qu'il a ajoutée par litre de bière. C'était cependant nécessaire, afin de pouvoir constater si, en suivant sa méthode, le rendement en picrotoxine était plus grand que celui obtenu par les procédés de MM. Langley et Schmidt.

Cependant il eût été désirable que cette lacune fût comblée, afin qu'on pût s'assurer du degré de sensibilité de la méthode proposée par notre honorable collègue.

Par le procédé de M. Langley on peut reconnaître facilement 2 centigrammes de picrotoxine dans une pinte d'ale, tandis qu'en suivant le modus operandi de M. Depaire, on est loin de pouvoir atteindre un pareil résultat. Notre honorable collègue, essayant d'innover quand même, a donc eu tort de vouloir remplacer une bonne méthode par une autre qui, selon moi, ne la vaut pas. J'invite mes collègues à vérifier par eux-mêmes la valeur de mon assertion (1).

Avant de terminer, qu'il me soit permis de fixer votre attention sur un autre point du rapport de M. Depaire et déjà mis en lumière par des hommes d'une grande autorité.

(1) Le procédé de M. Langley consiste à aciduler la bière picrotoxinée par de l'acide chlorhydrique et l'agiter avec de l'éther.

Celui de M. Schmidt consiste à agiter la bière concentrée au tiers, après décoloration par le noir animal, avec de l'alcool amylique qui enlève la picrotoxine.

D'après celui de M. Depaire on sature la bière par du sel marin en l'agitant avec 360 grammes de sel fin par litre. On filtre le liquide pour séparer l'excès de sel et les matières résinoïdes devenues insolubles, puis on l'agite vivement avec 75 à 100 centimètres cubes d'éther pur. On abandonne au repos pour permettre à l'éther de se séparer, on le décante et on répète une deuxième fois le traitement par l'éther, etc. (voir le Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique, 3e série, tome II).

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C'est que la coque du Levant fut autrefois employée en médecine Le docteur Rivière un bon juge l'utilisa surtout contre la goutte sous forme de cataplasme dont il enveloppait les parties malades. Sa formule était composée comme suit Coque du Levant et myrrhe de chaque parties égales mêlées avec du vinaigre (1).

A l'exemple de ce recommandable praticien, d'autres médecins ont, au point de vue médical, obtenu, comme lui, de la coque du Levant des résultats qui avaient leur valeur.

Autorisé par de pareils précédents, je suis donc conduit à me rallier de tout point à l'opinion de notre savant collègue, M. Van den Broeck. Loin de partager la façon de voir de M. Depaire, M. Van den Broeck n'est nullement d'avis d'établir des droits prohibitifs à l'encontre d'une substance qui en dehors de la fabrication de la bière, peut prendre place un jour parmi les agents thérapeutiques les plus précieux.

Si je me suis trop avancé, Messieurs, ou si j'ai commis des erreurs, que notre honorable collègue veuille nous éclairer, je ne demande pas mieux. J'ai toujours cru que la lumière s'obtenait par une discussion franche et loyale.

Mais dans une question de cette importance, loute d'actualité et d'un si haut intérêt pour la science et la santé publique, ne vaut-il pas mieux, Messieurs, voir des omissions relevées par un correspondant de cette savante Compagnie que par un savant étranger à ce corps? Ne serait-il pas infiniment regrettable que des pharmaciens instruits pussent nous taxer d'ignorance à ce sujet ?

(1) Dictionnaire de botanique et de matière médicale, par une société de médecins. Paris 1802.

M. le Président : M. Bonnewyn désire-t-il que son travail soit renvoyé à une Commission?

- M. Bonnewyn Je désire, M. le Président, que mon travail soit publié et ensuite discuté.

M. Depaire : Je demande qu'une discussion s'établisse sur cette question. Il est extrêmement important de savoir si l'on doit se borner à des réactions chimiques pour constater la présence de la picrotoxine dans la bière, ou si l'on doit accompagner ces réactions chimiques d'expériences physiologiques. C'est un point fondamental qui mérite toute l'attention de l'Académie, et je crois qu'elle ne perdra pas son temps en consacrant une séance à la discussion du travail de M. Bonnewyn.

- M. le Président: Cette discussion sera mise à l'ordre du jour d'une séance ultérieure.

3. FRACTURE comminutive de l'extrémité inférieure de Phumérus avec large plaie pénétrante de l'articulation du coude; résection sous-périostée immédiate d'une grande portion de la diaphyse humérale sortant par la plaie; reproduction de la partie réséquée ; formation d'une tête articulaire; mouvements d'extention et de flexion de l'articulation conservés; par M. le docteur WILLIÈME, de Mons.

M. Willième donne lecture de son mémoire et présente à l'Académie le jeune homme opéré par lui.

M. le Président : Le travail de M. Willième sera renvoyé à l'examen d'une Commission à nommer par le Bureau.

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M. Gluge : Il me semble qu'on abuse un peu des lectures faites par des personnes étrangères à l'Académie. Le

travail que nous venons d'entendre est sans doute intéressant, mais il me semble qu'il aurait dû être examiné par une Commission avant d'être lu.

- M. le Président Voici les dispositions du règlement. Avant qu'un travail d'une personne étrangère à l'Académie soit admis pour être lu en séance par son auteur, il est envoyé au Bureau qui prend une résolution à ce sujet. Le Bureau a décidé qu'il serait proposé à l'Académie, d'accorder la parole à M. Willième et a conséquemment porté cette communication à l'ordre du jour. Personne ne s'est opposé à cette lecture. Maintenant qu'elle est faite, je propose à l'Académie de la renvoyer à l'examen d'une Commission à nommer par le Bureau, à fin de rapport.

- M. Gluge: Voici l'avantage qu'il y aurait eu à ce que ce travail eût d'abord été examiné par une Commission. Je me suis aperçu que M. Willième n'a pas fait mention des travaux très-importants de Troja sur les fonctions du périoste, ni de ceux publiés par Billroth. Si l'on en avait fait l'observation à l'auteur avant la lecture du mémoire, il aurait pu combler cette lacune.

M. le Président : Ces observations critiques pour

ront être faites dans le rapport.

4. RAPPORT de la Commission qui a examinė la note de M, BASTIN-PAYEN, relative à un moyen préventif du croup. M. LEQUIME, rapporteur.

Messieurs,

Dans une lettre adressée à notre honorable Président, M. Bastin, cultivateur à Gosselies, signale un moyen préventif du croup, qu'il croit avoir trouvé.

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