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permettra une très-courte digression à ce sujet; il est bon que ceux qui voudront expérimenter de ce côté sachent aussi à quels périls ils doivent s'attendre.

Le Bulletin de thérapeutiqueļa publié une note de M. Desgranges (de Lyon), grand partisan de cette opération. Sur six es sais, M. Desgranges en compte cinq sans accidents notables; le sixième opéré a éprouvé une inflammation de tout le tiers supérieur de la jambe, avec des accidents généraux tels, qu'il a succombé le onzième jour. Cela n'empêche pas M. Desgranges de regarder l'injection de perchlorure dans les veines comme une opération innocente.

M. Debout citait en même temps trois essais du même genre, tentés à Paris par M. Follin, avec des suites si simples qu'au bout de huit jours les malades avaient voulu retourner chez eux. J'ai voulu me renseigner à cet égard, et M. Follín a bien voulu nous adresser une note d'où il résulte ce qui suit Dans l'un de ces cas, la seringue, détériorée, ne joua pas convenablement; il fut douteux si une seule goutte de la solution avait pénétré dans la veine; il n'y eut d'ailleurs aucune trace de coagulation : ce premier fait doit être éliminé. Une autre malade a eu des symptômes de phlébite qui ont fait craindre un moment la suppuration; heureusement les accidents ont pu être arrêtés. Le troisième a eu un vaste abcès de la jambe, qui toutefois ne l'a pas empêché de guérir.

Au total, l'injection de perchlorure de fer dans les varices paraît moins périlleuse que dans les anevrismes; toutefois, le temps scul pourra nous apprendre ce que valent les guérisons ainsi obtenues. Mais pour les anevrismes, bien que la possibilité de la guérison par ces injections soit mise hors de doute, les guérisons ont été si rares, achetées par de tels accidents, contre-balancées d'ailleurs par un si grand nombre de revers graves et même de morts, que, dans l'état actuel des choses, nous ne pensons pas qu'aucun chirurgien prudent puisse exposer ses malades à un traitement aussi désastreux.

M. MOREAU s'élève, à cette occasion, contre les expérimentations de ce genre. Que l'on fasse, dit-il, des expérimentations sur les animaux, mais non point sur l'homme. J'approuve pleinement le travail de M. Malgaigne; je ne lui ferai qu'un reproche, c'est de n'avoir pas été assez sévère à l'égard d'une méthode qui, sur onze opérations, a donné quatre morts, et de ne l'avoir pas formellement proserite.

M. Roux applaudit également aux idées

que vient d'exprimer M. Malgaigne. Plus que tout autre il est porté à repousser les injections de perchlorure de fer, d'autant que la chirurgie est en possession d'un moyen efficace dans la méthode de Hunter. Cependant il serait imprudent de préjuger l'avenir de ce nouveau moyen; tout en considérant la méthode de Hunter comme un progrès sur toutes celles qui l'ont précédée, il ne croit pas que ce doive être là la dernière limite et le dernier mot de la chirurgie.

M. Roux présente ici quelques considérations sur l'anévrisme poplité, desquelles il déduit que c'est surtout pour cet anévrisme qu'il serait désirable de trouver un autre moyen que la ligature.

Ainsi, tout en approuvant la prudence de M. Malgaigne, M. Roux pense que les faits ne sont pas suffisants encore pour permettre de juger définitivement la valeur et de se prononcer sur le sort de cette nouvelle méthode.

M. VELPEAU croit d'abord devoir répon dre un mot à l'expression de blâme peu déguisé que M. Moreau vient de déverser sur les chirurgiens. Ce mot d'expérimen tation appliqué aux opérations tentées sur l'homme lui a paru toujours une assez mauvaise chose. A la rigueur, on n'expérimente pas; on cherche, quand les moyens que l'on possède sont insuffisants, à leur substituer des moyens meilleurs. Cela part évidemment d'un excellent sentiment. J'ai expérimenté l'un des premiers l'injection du perchlorure de fer sur l'homme, parce que je voyais dans ce qu'on avait publié des motifs suffisants d'espérer de bons résultats. Les expériences sur les animaux avaient semblé assez concluantes pour qu'il parût naturel de transporter les essais sur l'homme. Il existait d'ailleurs quelques faits qui paraissaient justifier ces espérances.

La première tentative qu'a faite M. Velpeau n'a pas eu de succès, mais elle n'a déterminé aucun accident sérieux. Quelque temps après les battements ont reparu dans la tumeur, et il a fallu recourir à la ligature; puis il s'est fait un travail d'inflammation qui a amené l'ulcération des parois du sac et son évacuation. On a pu constater alors que l'injection avait produit la coagulation du sang; il existait un caillot assez considérable qui était là comme un corps étranger. Ce caillot, par son aspect, donnait assez bien l'idée d'une espèce d'égagropile, qui n'aurait certainement jamais pu être résorbé. C'est là ce qui empêchera que ce soit jamais un bon moyen. Peut-être pourra-t-il mieux réussir dans les petits anevrismes. Encore est

ce un point sur lequel l'expérience ne s'est pas encore prononcée.

M. Velpeau termine en exprimant le regret que ces tentatives n'aient pas eu de meilleurs résultats, la ligature n'étant pas toujours innocente et ne mettant pas toujours à l'abri d'une récidive.

M. Roux invoque, en faveur des chirurgiens qui ont cru devoir tenter ces essais, la difficulté qu'il y a dans certains cas à faire des expériences sur les animaux. Cette difficulté se présentait ici où il n'est pas possible de produire artificiellement des anevrismes. Il pense donc que l'on ne peut pas accepter l'espèce de réprobation que M. Moreau fait peser sur les chirurgiens, et qu'en y réfléchissant M. Moreau reviendra sur ce premier mouvement.

M. MOREAU. Ma réprobation n'est pas générale; elle porte seulement sur l'espèce, et s'appuie sur les résultats désastreux de ces essais.

M. LAUGIER considère cette discussion comme un peu prématurée, peu de personnes étant en mesure d'avoir une opinion. Aussi aurait-il désiré que M. Malgaigne cut ajourné sa communication, faite d'ailleurs en si excellents termes. D'un autre côté, il aurait désiré que M. Malgaigne parlât des tumeurs érectiles, dans le traitement desquelles les injections de perchlorure de fer ont donné des résultats aussi fâcheux que dans les anévrismes. M. Laugier rappelle à cette occasion les résultats déplorables constatés par M. Lawrence dans les tumeurs en question.

M. GERDY saisit cette occasion pour s'élever contre les tendances vicieuses qui semblent s'introduire dans la chirurgie depuis quelques années. Il y a, dit-il, de nos jours un malheureux sentiment, c'est, qu'au lieu d'attendre que des faits se soient produits pour permettre d'apprécier la valeur d'un moyen nouveau, on se hâte pour être le premier et avoir l'honneur d'attacher son nom à une découverte. Pour moi, je n'aurais pas essayé sur un homme, encore moins sur un de mes enfants. C'est là le critérium du chirurgien. Ce que vous ne feriez pas sur vos enfants, vous ne devez pas le faire sur d'autres.

M. MALGAIGNE s'associe à ce que vient de dire M. Gerdy. La morale chirurgicale ne doit pas être différente de la morale universelle. Mais dans cette circonstance non-seulement il y avait des expériences nombreuses et répétées sur les animaux, mais il y avait même trois cas de guérison sur l'homme lorsque les tentatives malheureuses ont eu lieu.

M. Malgaigne ne partage pas l'opinion de M. Laugier en ce qui concerne l'op

portunité de sa communication; il pense qu'il était temps d'arrêter les chirurgiens dans une voie mauvaise.

M. VEI PEAU désirerait présenter quelques considérations qu'en raison de l'heure avancée il demande à renvoyer à la séance prochaine.

La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

Séance du 15 novembre.

M. Giraldès

PERCHLORURE DE FER. adresse une lettre en réponse à un paragraphe qui le concerne dans la lecture de M. Malgaigne :

« J'ignore sur quelles données le savant académicien apprécie les expériences que j'ai faites à Alfort avec M. Goubaux, et qui n'ont pas encore été publiées. Son appréciation est d'autant moins heureuse, qu'il nous reproche de nous être écartés sans raison des règles posées par l'inventeur lui-même. Or, dans la première série de nos expériences, nous avons suivi les règles posées par Pravaz; nous nous en sommes écartés ensuite par des raisons que nous ferons connaître plus tard. En outre, M. Malgaigne laisse croire que nous avions constaté l'inefficacité de l'agent coagulateur à petite dose; or, nous démontrions, au contraire, qu'on pouvait obtenir la coagulation du sang dans l'artère carotide d'un cheval en y injectant même deux gouttes de liquide.

» J'ajouterai maintenant que c'est d'après nos expériences, et très-probablement à la suite de quelques explications données par un de nous à M. Dubuisson, lors de son premier passage à Paris, que cet babile chimiste a été conduit à diminuer la densité de son perchlorure de fer. Celui qui nous servait pour nos expériences avait été dosé par M. Lassaigne à 29o aréomètre de Baumé. Dans la première série d'expériences, nous avions employé le perchlorure comme l'indiquait Pravaz. Plus tard, nous avions eru nécessaire d'employer du perchlorure de fer marquant 29° aréomètre de Baumé. »>

- M. Le Roy-d'Étiolles adresse à l'Académie un mémoire relatif au traitement des anevrismes et des varices par les injections coagulantes.

TRAITEMENT DU CHOLÉRA par les métaux.

M. Burq adresse un mémoire supplémentaire sur la préservation et le traitement du choléra par les métaux.

INCISION DU COL DE LA VESSIE DANS LES AFFECTIONS RÉPUTÉES NÉVRALGIES DE CET OR- M. Mercier adresse sur ce sujet une réclamation de priorité.

GANE.

-

EXTROPHIE DE LA VESSIE. M. Depaul présente à l'Académie les pièces anatomiques d'un enfant nouveau-né (une petite fille) qui offrait un exemple remarquable d'extrophie de la vessie avec diverses anomalies de tous les organes génitaux et urinaires, telles qu'une disposition bifide de l'utérus qui pouvait faire croire au premier abord à l'existence de deux utérus distincts, tant la division était profonde, etc.

DISCUSSION SUR LE PERCHLORURE DE FER. - M. VELPEAU. La question importante soulevée par M. Malgaigne n'a été qu'effleurée; elle n'a point été jugée. On se ferait du reste une très-grande illusion si l'on croyait que la question sera jugée par l'Académie; quel que soit le résultat de la discussion, qu'il soit favorable ou défavorable à la méthode en question, cela n'empêchera nullement les chirurgiens de s'en occuper. Mais cela aura du moins un avantage que l'on ne saurait contester, c'est de faire connaitre l'état de la question.

en quelque sorte, qu'on s'en tient à la ligature. On ne peut done blâmer ceux qui cherchent à lui substituer un meilleur moyen. Parmi ces moyens s'est présentée naturellement l'idée d'injecter des substances coagulantes. Cette idée n'est pas nouvelle; elle a été émise d'abord par Monteggia, puis plus tard par M. Le Royd'Etiolles. Je l'ai reprise moi-même il y a environ vingt-cinq ans, mais je ne suivis pas sérieusement ces essais. J'ai fait aussi, mais sans beaucoup de confiance, des essais d'acupuncture, en me fondant sur ce fait que, lorsqu'il existe des lambeaux flottants dans l'intérieur d'un sac anévrismal ou d'une artère, il se formait spontanément un coagulum autour de ces lambeaux j'ai également abandonné cette idée. Pravaz a imaginé plus tard d'y ajouter le galvanisme de là est venue la méthode de M. Pétrequin; méthode qui mérite aussi d'être prise en considération. Cela ne veut pas dire assurément qu'il faille l'accepter sans contrôle. Il reste à démontrer une chose, c'est qu'elle soit meilleure que les autres. 12 cas d'insuccès et 8 cas de guérison sur 20 environ, c'est un résultat moins avantageux que celui de la ligature. C'est donc une question qui n'est pas jugée encore; mais enfin il y a là de quoi engager à poursuivre des expériences. Plus tard, enfin, Pravaz, après avoir fait un grand nombre d'expé

hemostatiques, est parvenu à reconnaître dans le perchlorure de fer une propriété coagulante des plus énergiques de là l'idée de l'appliquer au traitement des anevrismes. C'était d'autant plus séduisant que rien ne serait plus facile qu'une semblable opération, qui ne consiste en quelque sorte qu'à introduire une aiguille dans la tumeur anévrismale. Ajoutez que cette idée se présentait sous la garantie d'un homme dont tout le monde appréciait la bonne foi et la gravité.

Avant d'aller plus loin, il y a un embarras à élaguer. On sait qu'il y a toujours des personnes prêtes à blâmer les chirurgiens qui prennent l'initiative d'un moyen nouveau. On a été jusqu'à prononcer le mot de témérité. Cela me toucherait peu personnellement, car j'ai autant que qui que ce soit de la prudence et l'unique désir de guérir. On a dit qu'il fallait laisser l'expériences avec diverses substances réputées rience se faire. Mais il faut bien que quelqu'un commence; si ce n'est par nous, ce sera nécessairement par d'autres que les premières tentatives devront être fai tes. D'un autre côté, si l'on n'expérimente pas, comment pourra-t-on perfectionner la chirurgie? N'a-t-on pas échoué dans les premiers essais de la ligature de la carotide primitive? Aurait-il fallu y renoncer pour cela? Il y a d'ailleurs des conditions à observer dans toute expérimentation. Il faut d'abord que la méthode que l'on se propose d'essayer ne soit pas dangereuse, en second lieu qu'elle puisse être meilleure que celles en usage. On ne cesse de répéter dans le monde ce dicton, qu'il faut que les chirurgiens coupent et tranchent. Ce n'est pas ici que je devrais avoir à relever un pareil reproche. Il n'y a pas de chirurgiens qui opèrent pour le plaisir d'opérer. Cela me remet en mémoire ces paroles de Mme de Staël, je crois, qu'on transforme aisément en morale ce que la nécessité ne nous permet plus de faire.

On a toujours désiré guérir les anévrismes sans ligature; il semble qu'on ait eprouvé le besoin d'avoir quelque chose de mieux; ce n'est que comme pis-aller,

Voilà à peu près où en est cette question, et on veut la juger avec aussi peu de faits qu'on en a encore! Pour moi, je suis disposé à croire que la méthode est mauvaise, mais enfin je n'en suis pas convaincu.

Le cas le plus grave invoqué contre cette opération est celui de M. Malgaigne dans lequel il y a eu étranglement et gangrène du bras. Mais ce fait présente quelque chose d'invraisemblable ou tout au moins de bien singulier. N'y aurait-il pas là autre chose que nous ne savons pas bien? On a injecté depuis des quantités beaucoup plus considérables de perchlorure; M. Leblanc vous dira tout à l'heure qu'il en a injecté jusqu'à 25 gouttes dans

une petite veine d'un cheval; il n'est rien arrivé de fâcheux. On a cru que c'était un caustique, et tous les jours on le manie, on l'applique sur les tissus sans qu'il y ait rien de cautérisé du tout. Enfin, il ne m'est pas démontré que l'inflammation des parois du sac anévrismal, que l'on a constatée dans quelques cas, soit le fait du perchlorure de fer. Sans doute, si cette inflammation devait se répéter, si elle était inhérente à l'emploi des injections de perchlorure de fer, ce serait là un motif suffisant pour rejeter la méthode.

Mais il y a une autre circonstance qui s'opposera probablement au succès de cette opération, c'est le caillot lui-même. Le caillot, qui est ici une nécessité du succès, se présente sous plusieurs aspects. Il y a le caillot normal; on comprend que celuici étant constitué par les éléments de l'organisme, puisse être résorbé et repris sans inconvénient par la circulation. Mais il y a un autre caillot, que j'appellerai par opposition anormal, ou hétéromorphe; c'est celui qui contient la matière injectée. Ce n'est plus du sang, mais un magma composé de sang transformé et de la matière étrangère. Or, il suffit de voir ce caillot, qu'on ne peut mieux comparer pour son aspect qu'à un égagropile, pour ètre convaincu que sa résorption n'est pas possible.

Tout cela prouve que l'injection de perchlorure de fer ne vaut pas mieux que la ligature; mais cela prouve-t-il qu'on n'arrivera pas à mieux d'après la même pensée, et qu'on ne parviendra pas à guérir sans la ligature? Je n'en tirerai pas cette conclusion. Pour ma part, j'espère qu'on arrivera un jour par ce moyen ou par un antre à remplacer la ligature. Et quand même on ne pourrait pas la remplacer avantageusement dans tous les cas, ne serait-ce pas quelque chose déjà que de pouvoir la suppléer dans les cas où celle-ci n'est pas possible, comme dans les anévrismes de la racine des membres, par exemple? La ligature est-elle d'ailleurs elle-même sans danger? Je n'en voudrais pour preuve du contraire que les tentatives que l'on a faites de tout temps pour trouver une autre méthode. J'oubliais à ce sujet de rappeler que j'ai essayé aussi de coaguler le sang dans les anevrismes à l'aide de la congélation. Ce moyen ne m'a pas non plus réussi. La tumeur a durci momentanément sous l'influence du froid; mais sitôt que la chaleur est revenue le caillot formé a été entraîné.

M. MOREAU se défend d'avoir voulu incriminer en quoi que ce soit la conduite de M. Velpeau; ce n'est point contre les chi

rurgiens qui ont essayé cette méthode qu'il s'est élevé, mais contre l'expérimentation sur l'homme en général. Il n'en persiste pas moins dans sa première opinion, que la méthode d'injection doit être à tout jamais condamnée. Quant à ce que M. Velpeau vient de dire de la congélation, ce n'est pas nouveau. Guérin avait déjà employé ce moyen.

M. LEBLANC, après avoir rappelé en peu de mots le point de départ des expériences de Pravaz et les premiers résultats constatés par ce regrettable savant, rend compte en ces termes à peu près des expériences que M. Debout et lui ont faites de concert sur des animaux.

Les résultats annoncés par Pravaz ayant d'abord été constatés de nouveau et vérifiés, voici la série d'expériences qu'ils ont faites et les résultats qu'ils ont constatés.

L'artère carotide d'un cheval ayant été mise à nu dans une étendue de 6 centimètres, les expérimentateurs y ont injecté de six à sept gouttes de perchlorure de fer pendant que la compression était exercée au-dessus et au-dessous. Bien que la compression n'eût été maintenue qu'une minute, la circulation avait été et resta interrompue, le calibre de l'artère était rétracté d'une manière sensible. Le lendemain l'artère était bossclée; on y percevait déjà le retour de faibles pulsations, et vers le septième ou huitième jour la circulation était complétement rétablie.

Une expérience semblable fut faite sur la carotide gauche du même animal. Comme dans l'expérience précédente et quelques autres, le magma s'était désagrégé, et dans le but, d'autre part, d'apprécier les effets d'une plus grande quantité de perchlorure, on injecta cette fois quinze gouttes. La compression fut maintenue cinq minutes. Au bout de ce temps, les ligatures enlevées, la circulation ne se rétablit point; l'artère resta sensiblement rétractée; le volume de son calibre avait diminué d'un tiers. Au bout de quatre jours, il n'y avait pas de pulsation dans la portion du vaisseau injecté, et cette partie de la carotide était toujours rétrécie, dure et bosselée. L'animal ayant été sacrifié, on constata ce qui suit:

L'artère carotide droite présentait, dans quelques centimètres, un peu d'induration du tissu cellulaire. La membrane interne était saine. L'artère carotide gauche était oblitérée au point correspondant à la piqûre par une cloison formée par l'adossement de sa membrane interne; celle-ci était rugueuse à sa surface et recouverte par du pus de consistance variable, au milieu duquel existaient des grumeaux dus

à la désagrégation du caillot; il y avait, en un mot, des traces évidentes d'inflammation et d'épaississement des parois de l'artère.

M. Malgaigne en analysant ces faits, a dit qu'il y avait eu amincissement et dilatation variqueuse des parois de l'artère; c'est le contraire qui a eu lieu.

Je suis en mesure, ajoute M. Leblanc, d'affirmer aujourd'hui qu'une injection de 23 gouttes de perchlorure a pu être faite dans l'artère d'un cheval sans le concours d'aucune ligature et sans qu'il en soit résulté aucun accident.

Il résulterait donc de ces expériences qu'une certaine quantité de perchlorure de fer peut être injectée dans le torrent circulatoire d'un cheval sans produire d'accidents notables; qu'injecté en petite quantité entre deux ligatures, le perchlorure produit un caillot qui plus tard peut être plus ou moins complétement résorbé; qu'enfin une assez grande quantité de magma résultant de cette injection peut être considérée jusqu'à un certain point comme un corps étranger inoffensif.

Malheureusement ces expériences n'ont pu être faites que sur des artères saines; l'extrême rareté de l'anévrisme chez les chevaux n'a pas permis d'obtempérer aux vœux de M. Gerdy.

Peut-être cela sera-t-il plus facile pour les varices, qui, quoique rares, peuvent cependant être quelquefois observées. M. Leblanc s'empressera d'en faire l'essai, dans cette circonstance, à la première oceasion favorable.

M. Leblanc termine en communiquant à l'Académie le fait de guérison d'un anévrisme du pli du coude, fait qui a été consigné dans une lettre adressée par M. le docteur Valette (de Lyon) à M. Debout.

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ENFANTS NOUVEAU-NÉS. M. Natalis Guillot adresse un mémoire sur la sécrétion du lait par les mamelles des enfants nouveaunés. L'examen d'un grand nombre de ces enfants l'a conduit à reconnaître :

1° Que les mamelles des enfants sains des deux sexes sécrètent du lait peu de temps après la naissance.

20 Cette fonction succède ordinairement à la chute du cordon ombilical; c'est du septième au douzième jour qu'on la voit commencer, pour se terminer après une

durée de plusieurs jours. Elle est normale et n'appartient qu'à l'enfant sain.

5o Pendant la sécrétion, les glandes mammaires sont tuméfiées d'une manière très-sensible.

4o Ce liquide peut être exprimé des mamelles par la pression; il peut alors sortir par gouttes, quelquefois par jet.

Il est blanc, neutre ou alcalin; il s'acidifie par le contact de l'air.

Il se sépare, comme le lait de femme, en deux portions, l'une séreuse, l'autre crémeuse. Il possède la même composition.

Sous le microscope, on distingue qu'en outre du sérum il est constitué par des globules sphéroïdaux de diamètre inégal, transparents, insolubles dans l'éther, en tout semblables aux globules du lait de la femme.

On peut obtenir une quantité suffisante de ce liquide, soit en une seule fois, soit en plusieurs traites, pour y découvrir le caséum, la graisse et le sucre.

C'est donc un lait parfait que sécrètent les enfants mâles et les filles peu de temps après la naissance, et, bien que cette sécrétion ne représente que de très-loin ce que l'on observera plus tard chez la femme adulte, on ne saurait la négliger.

L'auteur joint à ce résumé le tableau des jours d'âge auxquels il a observé le phénomène de la sécrétion lactée chez 39 enfants mâles et chez 34 filles.

HYDROPHOBIE survenue chez un CRÉTIN A LA SUITE DE la morsure d'un chien enragÉ.

DÉVELOPPEMENT REMARQUABLE DE L'INTELLIGENCE DURANT LES ACCÈS.-M. Niepce, médecin inspecteur des eaux d'Allevard, transmet sous ce titre la relation suivante :

Le 2 août dernier est mort d'hydrophobie le nommé Chauvet (Antoine), âgé de 17 ans et demi, atteint de crétinisme congénial. Ce crétin habitait Pontehara, village situé dans la vallée du Graisivaudan. Il était d'une taille de 4 mètre 32; son père, mort des suites d'une blessure à la jambe, était goitreux et scrofuleux; sa mère, qui vit encore, est de petite taille et porte un petit goitre; son frère, âgé de 15 ans, est crétin et goitreux.

Chauvet (Antoine) était crétin de naissance; son allaitement fut difficile, et ce ne fut qu'à l'âge de onze mois qu'il commença à soutenir sa tête. Il n'a pu marcher qu'à l'âge de 4 ans, et sa démarche a toujours été lente et difficile; il traînait ses pieds en marchant. Sa tête, volumineuse, présentait tous les caractères du crétinisme. La face était large, les pommettes saillantes, le front court; les che

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