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en général plus d'acides sulfurique, phosphorique et silicique, plus de potasse, de magnésie, d'alumine, d'oxydes de fer et de manganèse; quand elles végètent sur des sols calcaires, elles contiennent plus d'acides organiques, un peu plus de soude, et surtout elles se distinguent éminemment par la prédominance de la chaux, qui y entre presque toujours pour plus d'un tiers, et quelquefois pour plus de la moitié du poids total de la cendre dans les plantes herbacées, et pour plus des deux tiers dans les arbres....♪

Les bases jouent, du reste, un rôle très-important dans la végétation, indépendamment de la destination future des végétaux qui les contiennent, et ce rôle est relatif à la génération des matières organiques c'est un axiome en chimie que, sous l'influence des bases, les acides se forment plus facilement; elles sont les incitatrices qui déterminent les combinaisons à se former, les corps à s'unir; et si l'on veut bien remarquer que les matières albuminoïdes sont toutes des substances qui font fonction d'acide, on comprendra la portée de cette observation. Le fait est certain : une plante qui germe dans un sol qui ne lui fournit pas de bases, et généralement de celles que nous avons dit exister dans les cendres, se développe, produit de la matière organique, mais ne fructifie pas, c'est-à-dire ne produit pas les matières albuminoïdes qui sont nécessaires à la formation et au développement de la graine. Ces conclusions dérivent avec la dernière évidence des études de M. le prince de Salm-Hortsmar (1). Le manganèse est utile quand il y a trop peu de fer (car une base, dans certaines limites, peut être substituée à une autre); or, quand il y a du fer dans un terrain, on est presque sur de trouver du manganèse à côté. Dans la formation des fruits, il lui a paru que la soude ne saurait remplacer la potasse. MM. Malagutti et Durocher ont constaté que les cendres des graminées contiennent une quantité de soude qui forme du tiers à la moitié du poids de la potasse. Ce fait de la présence dominante de la potasse mérite d'être

noté.

Nous venons de voir que les végétaux fournissent aux animaux, non-seulement la matière organique, mais encore les éléments minéraux les plus importants; mais d'où leur viennent le cuivre et le plomb, dont l'importance au point de vue de la matière organique est si contestable? De

Recherches sur la nutrition de l'avoine, particulièrement en ce qui concerne les matieres inorganiques qui sont nécessaires à cette nutrition,

deux sources: des végétaux et des aliments en général.

Le cuivre, le plomb, l'arsenic, l'argent, le manganèse ont été trouvés dans les cendres de végétaux et d'animaux servant ou non à l'alimentation de l'homme. (Meissner, Sarzeau, Malagutti, Durocher, Deschamps, Chevreul, Boutigny, Chevallier et Duchesne, Bouchardat, etc.)

Enfin, il a été démontré que très-souvent, si ce n'est presque toujours, nous buvons de l'eau, du vin, de la bière, du cidre, etc., qui contiennent du cuivre et du plomb. Il n'est pas jusqu'à la vaisselle dans laquelle on apprête nos aliments, qui ne fournisse son contingent de ces métaux à l'état de combinaisons plus ou moins assimilables.

Les voies par lesquelles nous arrivent les métaux étrangers à l'économie, sont donc très-nombreuses, mais aussi les quantités qu'elles apportent sont très-variables; quoi d'étonnant dès lors que les proportions de ces métaux que nous retrouvons dans notre sang et dans nos viscères, soient ellesmêmes si variables? Si la quantité de cuivre, de plomb, de manganèse, s'abaisse jusqu'à zéro dans nos aliments, le sang et par suite les viscères en sont dépourvus.

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De ce que les végétaux ne contiennent pas nécessairement du cuivre, on peut conclure légitimement que les animaux qui puisent toute leur substance à cette source, ne doivent pas non plus en contenir nécessairement. Dans la nature, tout a été ordonné pour une fin; ou bien, si l'on n'est pas partisan des causes finales, dans la nature les choses se passent de telle sorte que l'existence des végétaux est indispensable à celle des animaux; si bien que l'on ne conçoit pas, dans l'ordre actuel, la pérennité des animaux sans la pérennité antérieure du règne végétal.

C'est un fait digne d'être admiré, que dans aucun végétal alimentaire, le soufre, le chlore, le fluor, le phosphore, la silice, la potasse, la soude, la chaux, la magnésie, l'oxyde de fer, ne puissent manquer. Pour qu'une eau soit potable, il faut également qu'elle contienne certains éléments minéraux plutôt que d'autres. Pourquoi est-ce une chose si rare que de trouver dans les plantes d'autres métalloïdes et d'autres métaux?

D'abord, le sol en contient rarement; en second lieu, pour des raisons' chimiques qu'il serait trop long de dire ici, la plupart des combinaisons de ces autres corps

Annales de chimie et de physique (5). XXXII, page 461 (1851), et XXXV, page 54 (1852).

seraient nuisibles, elles entraveraient la formation de la matière organique, loin de la favoriser. Si, prenant la théorie pour guide, on cherchait quelles bases il faudrait mettre dans le sol et dans l'eau pour activer le développement de la matière organique, on n'en découvrirait pas d'autres que celles que l'on trouve naturellement dans les cendres des végétaux. La réponse tirée des causes finales, qui a bien aussi sa valeur et qui n'est pas le moins du monde en contradiction avec l'interprétation chimique, est que ces combinaisons métalloïques ou métalliques ne sont pas nécessaires aux animaux et plus spécialement à l'homme, fin dernière de la création.

Il est un point qu'en finissant je désire ne pas laisser passer inaperçu. Nous avons dit en commençant que la toxicité d'une substance dépendait du mode de combinaison. Or, toutes les combinaisons qui peuvent se former, dans l'état physiologique, entre les divers éléments minéraux que nous venons de mentionner, sont d'une parfaite innocuité. Supposons le phosphore acidifié pendant l'acte de la respiration; cet acide, en tant que caustique, est un poison; uni à la potasse, à la soude, il produit un purgatif que l'on peut employer à très-haute dose; avec la chaux, la magnésie, le peroxyde de fer, il forme des combinaisons absolument inertes. Supposez, au lieu du phosphore, de l'arsenic, son plus proche voisin en propriétés chimiques, vous obtiendrez les arséniates de potasse, de soude, de chaux, de magnésie, etc.; or, tous ces arséniates sont de violents poisons. Admettons enfin que, dans le même acte, le soufre ait été oxydé en acide sulfurique, et que cet acide, au lieu de se combiner avec l'une des bases normales de l'organisme, ait trouvé du bioxyde de cuivre il aurait engendré un poison, au lieu d'innocentes combinaisons.

Donc encore, en se plaçant au point de vue chimique et physiologique, on comprend que l'arsenic, le cuivre ne pouvaient remplacer le phosphore et le fer. En d'autres termes, les plantes ne devaient fournir aux animaux que des produits dont les éléments, en subissant des métamorphoses, en passant par le grand acte de la respiration, en s'oxydant, ne pussent produire aucune combinaison capable d'agir comme poison.

En résumé, le cuivre, le plomb, ni d'autres corps capables de produire des combinaisons oxygénées vénéneuses, ne peuvent faire normalement, nécessairement, partie de nos organes. Mais, par une admirable providence, les lois qui gouver

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Note sur des taches de sang mélangées d'épiderme et de poils du duvet d'un nouveau-né.

Le microscope montre dans les taches sanguines les éléments anatomiques mêmes qui constituent le sang, et ainsi permet de déterminer leur nature avec plus de précision que les moyens fondés sur de simples phénomènes de coagulation et de coloration; mais il permet en outre de reconnaître la nature des corps étrangers au sang, qui peuvent être mêlés à la matière des taches et fournir parfois de précieuses indications médico-légales, dans des circonstances où la nature de ces corps s'oppose à ce que les réactifs chimiques puissent en déceler la présence.

Le fait suivant dans lequel nous avons été appelé avec M. Lesueur à déterminer si un nouveau-né avait été enveloppé dans un jupon, est un exemple frappant à l'appui des remarques précédentes, qui s'appliquent à des cas dont le nombre est susceptible de se multiplier beaucoup.

Sur le jupon qui nous a été remis, nous avons vu que des taches qu'il porte, les unes sont roussâtres plus ou moins påles, comme celles formées par un mucus ou une sérosité sanguinolents, ce sont les plus grandes. La plupart empèsent un peu le linge; les autres taches, plus petites, sont d'un rouge brunâtre foncé comme sont les taches un peu anciennes formées par du sang pur. Beaucoup d'entre elles sont superposées aux précédentes et tranchent sur elles par leur teinte plus foncée; en outre elles empèsent fortement le linge et quelques-unes même font croûte. Il n'est pas difficile de reconnaître, pour les personnes habituées à la pratique des accouchements en particulier, que beaucoup de ces taches reposent sur de plus larges taches, très-pâles, à contours diffus, faiblement jaunâtres, comme les taches formées par l'urine ou les eaux de l'amnios. Elles répandent en outre une odeur urineuse,

ayant quelque chose de fade, comme le mélange de l'urine et des eaux de l'accouchement, odeur très-prononcée, qui s'exagère lorsqu'on laisse ce jupon roulé pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures dans un lieu légèrement humide. Quelques-unes des taches sanguinolentes superposées à ces taches d'odeur et d'aspect urineux, ont leurs bords pâles fondus avec celles-ci, comme si du sang avait taché le linge pendant qu'il était mouillé et s'était mélangé immédiatement à l'humidité de ce dernier.

La partie postérieure du jupon porte des taches sanguinolentes et urineuses de même apparence que les précédentes; seulement elles sont plus larges qu'elles et leurs bords sont plus fondus ensemble. Ces taches sont principalement situées vers le milieu de la hauteur du jupon, de chaque côté de la couture verticale qui le traverse, et rappellent par leur situation et leur disposition générale celles que produiraient les fesses mouillées par un liquide sanguinolent d'une personne assise ou couchée. De ce côté encore, mais plus bas, plus près du bord du jupon se voient encore quatre grandes taches irrégulières, larges de 4 à 12 centimètres; l'une est à gauche de la couture du milieu du jupon et les trois autres à droite. Elles sont roussâtres, comme celles formées par du sang qui coule sur un linge humide, et leurs bords sont comme lavés, fondus avec les larges taches faiblement jaunâtres et d'odeur fortement urineuse, dont presque toute cette partie du jupon est comme imprégnée. Elles empèsent également le linge d'une manière notable. Toutes ces taches traversent la toile, mais sont plus marquées du côté du jupon tourné vers le corps que du côté opposé.

Le côté extérieur du jupon est sali par des traînées et des taches de boue grise, provenant manifestement de ce qu'il a été frotté contre de la boue ou contre la terre ou la poussière pendant qu'il était encore mouillé.

Après avoir découpé des bandelettes convenables, prises sur chacune des prinripales taches, nous les avons fait tremper dans autant de verres de montre contenant une solution concentrée de sulfate de soude avec addition de quelques gouttes de glycérine. La substance des taches une fois ramollie et gonflée peu à peu par imbibition sans être dissoute, a été enlevée avec soin par le raclage et soumise à l'examen microscopique.

La matière des taches les plus foncées, les plus épaisses et formant croûte, nous

a montré des globules rouges de sang, les uns intacts, biconcaves, circulaires, les autres un peu gonflés, devenus presque sphériques et un peu dentelés, comme ils le deviennent dans le sang exposé à l'air ; mais ils étaient encore nettement reconnaissables.

Ces taches nous ont présenté en outre une quantité assez considérable de fibrine, que l'action de l'eau pure nous a permis d'isoler et de décolorer en la débarrassant des globules rouges du sang, de manière à reconnaître nettement son aspect fibrillaire. Dans cette fibrine existaient quelques globules blancs du sang, peu nombreux, bien reconnaissables. Or, on sait que la fibrine ne forme pas des caillots fibrillaires dans le sang menstruel qui coule normalement et se mélange au mucus de la matrice, et qu'on ne trouve pas de fibrine dans les taches produites sur les étoffes par le sang des règles. D'autre part, nous n'avons trouvé dans la matière d'au-. cune des taches pâles ou foncées que nous avons examinées, les globules blancs dits globules de mucus, qui accompagnent en grand nombre le sang des règles, et qui se trouvent facilement dans les taches qu'i forme en quantité d'autant plus considérable qu'elles sont plus pâles, plus muqueuses et moins sanguinolentes.

Les taches roussâtres, plus pâles que les précédentes, et ne formant pas croûte sur le linge, qu'elles empèsent cependant un peu, nous ont présenté des globules rouges caractéristiques du sang comme les taches précédentes; mais elles ne renfermaient pas de fibrine, ni des globules blancs du sang.

La matière de ces taches nous a montré en outre des éléments qui, bien que provenant de la surface du corps humain et de ses membranes, sont étrangers au sang. Ce sont des cellules épithéliales, polygonales, finement granuleuses, pourvues d'un noyau ovoïde, la plupart isolées, quelquesunes pourtant réunies en lamelles par suite de leur imbrication. Ces cellules sont semblables à celles du vagin et des voies génitales externes de la femme. Elles peuvent en avoir été entraînées par le fait de l'accouchement et déposées sur le jupon soit par le sang qui s'écoule en pareil cas, soit lors du passage de l'enfant. Elles sont, il est vrai, semblables aussi à celles qu'on trouve dans le sang des règles; mais elles n'étaient pas accompagnées, sur les taches de ce jupon, par les globules du mucus qui les accompagnent toujours en grand nombre dans le sang des règles.

Dans la matière de ces taches se trouvaient encore d'autres cellules épithéliales,

pavimenteuses, minces, transparentes, à bords pâles, non granuleuses, les unes plissées, les autres marquées de stries ir régulières très-fines. La plupart étaient réunies en lambeaux ou lamelles épidermiques, larges de 1 à 5 dixièmes de millimètre. Ces lambeaux ou lamelles étaient plus grands et plus nombreux que ceux qui, détachés naturellement du corps de l'homme, restent adhérents à la face de ses vêtements contiguë au corps d'une manière immédiate. Sur les plus épais de ces lambeaux, qui étaient formés de plusieurs rangées de cellules superposées, les plus profondes étaient plus petites que les autres et pourvues d'un noyau. Ce sont là des caractères qui appartiennent à l'épiderme encore mince du fœtus quand il est enlevé par un frottement un peu rude ou le raclage, et qu'on ne retrouve pas sur les lamelles épidermiques détachées naturellement de la surface du corps de l'homme; ces dernières ne montrent en effet jamais de cellules pourvues de noyaux.

Avec ces petits lambeaux épidermiques, que leur structure porte à considérer comme provenant de la surface du corps d'un fœtus, se trouvaient quelques poils du duvet libres, détachés de leur follicule, peu nombreux, mais bien reconnaissables. Ces poils avaient les caractères de ceux qu'on trouve à la surface du corps du fœtus lors de l'accouchement. Ils étaient pâles, incolores, légèrement striés en long, sans matière colorante dans leur épaisseur, larges de 3 centièmes de millimètre seule ment, sans canal médullaire, à extrémité pointuc, un peu irrégulière, à racine petite et effilée. Ces caractères, comme on le sait, ne sont point ceux des poils du duvet du corps humain adulte, dont le diamètre varie de 6 à 8 centièmes de millimètre, dont l'extrémité libre est un peu aplatie, la substance pourvue de matière colorante, et le centre d'un canal médullaire interrompu ou continu et plein d'une moelle granuleuse plus ou moins opaque.

Nous avons trouvé en outre dans la matière de ces taches, ainsi que dans celle de toutes les autres dont il nous reste à parler, quelques grains d'amidon et des granules irréguliers, de volume variable, que les réactifs appropriés nous ont montrés être de nature minérale. Ces divers corpuscules se trouvant dans presque toutes les poussières d'origine étrangère au corps humain; nous nous bornerons à en signaler l'existence, sans nous y arrêter davantage, car aucune induction ne peut être fondée sur leur présence pas plus que sur leur absence.

Nous avons dû étudier attentivement une tache irrégulièrement ovale, large de 12 millimètres, qui existait sur le large ourlet du bas de ce jupon. Elle était d'un noir verdâtre, devenant plus verte encore lorsqu'on la raclait. Ces caractères extérieurs étant de ceux qu'on trouve sur les taches formées par le méconium, nous l'avons étudiée d'après les procédés usités dans l'examen de ces dernières. Nous y avons trouvé des cellules polyédriques, pleines d'une matière d'un brun verdâtre et grenue. Ces cellules avaient tous les caractères de celles du parenchyme des plantes ; les unes étaient isolées, les autres encore réunies en nombre variable; des faisceaux de vaisseaux ponctués et de trachées des plantes herbacées, tels que ceux qu'on trouve dans l'oseille, les épinards, ou le parenchyme de feuilles diverses écrasées et broyées ou cuites. Cette tache ne renfermait aucun des éléments du méconium, et sa couleur était due aux grains de chlorophylle ou matière colorante verte des plantes, signalée dans les cellules dont nous venons de parler, et ayant, par la dessiccation, perdu en partie la vivacité de sa coloration verte.

En résumé, de l'examen qui précède il résulte que : 1o les taches de ce jupon renferment, outre du sang, des éléments qui ne peuvent y avoir été mêlés que par le contact immédiat des parties sexuelles d'une femme; 2o la disposition de ces taches en arrière au niveau des fesses, la présence de larges taches également en arrière, bien plus bas que les organes génitaux, démontrent que toutes ou presque toutes ces taches proviennent de sang qui a coulé des parties génitales d'une personne qui était couchée lorsqu'elles ont été formées; 5ola présence de ces taches sur de grandes maculatures, pâles, d'une odeur fade très-prononcée, analogue à celle du mélange d'urine et de liquide amniotique, jointe à la présence dans la matière de ces taches, de lambeaux d'un épiderme semblable à celui du fœtus et surtout de poils du duvet de fœtus montrent que ces taches proviennent du sang d'un accouchement, et qu'un fœtus doit avoir été en contact plus ou moins longtemps ou même enveloppé avec le jupon qui les porte.

TACHES DE MUCUS.

Examen d'une tache présumée de la nature du meconium et formée par la matière des expectorations bronchique et pharyngienne.

Dans l'expertise mentionnée au paragraphe précédent et dont nous avions été chargé avec M. Lesueur, un drap de lit

sur lequel on présumait qu'avait eu lieu l'accouchement, présentait une tache que son aspect et diverses circonstances mentionnées dans l'instruction portaient à considérer comme formée par du méconium. Après avoir observé les caractères extérieurs de cette tache, nous avons procédé à son examen en suivant la marche que nous avons tracée dans un précédent travail (1).

A 12 centimètres du bord du drap, existait une tache irrégulièrement circulaire large de 2 centimètres; elle était d'un jaune pâle verdâtre. La portion d'étoffe qui la portait fut découpée, et une extrémité du linge étant plongée dans l'eau elle s'est ramollie et gonflée notablement lorsque le liquide fut arrivé jusqu'à elle par imbibition. L'examen à l'aide du microscope nous a montré alors qu'elle était composée : 1o d'un mucus homogène, transparent, strié comme celui des crachats visqueux, se produisant dans les cas de laryngite chronique et dans les crachats dits du hem; il ne tenait en suspension qu'un petit nombre de granulations moléculaires; 2o ce mucus tenait en outre en suspension des cellules épithéliales pavimenteuses, semblables à celles du pharynx et de la bouche, mais en petit nombre; 5o d'autres cellules épithéliales sphériques, larges de 2 à 5 centièmes de millimètre, dont quelques-unes étaient très-granuleuses et ne montraient leur noyau central qu'après l'action de l'acide acétique, qui pálissait ou dissolvait les granulations. Ces cellules se trouvent toujours plus ou moins abondamment dans les crachats provenant des bronches, du larynx et de l'arrière gorge; 4o ce mucus contenait surtout un grand nombre de leucocytes, dits globules du mucus, irrégulièrement sphériques, larges d'un centième de millimètre. Ils étaient accumulés soit en amas irréguliers, soit en trainées plus ou moins longues, parallèles aux stries du mucus. Leurs noyaux caractéristiques, d'abord invisibles, se sont montrés de la manière la plus nette dès le contact de l'acide acétique. Ce dernier acide a rendu le mucus plus nettement strié et lui a donné un aspect fibroïde plus prononcé que celui qu'il avait auparavant. Ce réactif a en effet la propriété de modifier ainsi les mucus, ce qui permet de distinguer ceux qui sont demi-solides ou concrets de la fibrine coagulée; car il gonfle la fibrine, lui fait perdre son aspect strié et sa disposition fibrillaire.

(1) Ch. Robin et A. Tardieu, Mémoire sur l'exaen microscop. des taches formees par le méconium et l'enduit ficial, pour servir a l'hist, medico-legale

Ces caractères étant ceux qu'on trouve dans les produits de l'expectoration pharyngo-bronchique, et non dans le méconium et autres matières muqueuses, nous en avons conclu que cette tache avait été produite par un crachat tombé accidentellement sur le bord du drap.

TACHES DE SPERME.

Notes sur les caractères distinctifs des taches de sperme et des taches de matières fécales. Des taches présumées de nature spermatique avaient été trouvées sur la chemise d'une petite fille de moins de onze ans; elles étaient accompagnées de taches d'un autre aspect, qui, dans un premier rapport, avaient été considérées comme dues à un suintement naturel et physiologique des organes génitaux de la femme. Partant de cette idée, le premier expert en avait conclu que ces taches siégeaient toutes sur le pan du devant de la chemise.

Nous fûmes commis judiciairement, sur la demande du premier expert, à la vérification de la nature de ces taches. Sur l'un des pans de la chemise, près du bord, nous avons trouvé deux taches grisâtres, pâles, irrégulières, légèrement empesées, traversant l'étoffe par imbibition, mais plus marquées sur la face tournée contre le corps que sur la face extérieure. L'une était large de 5 millimètres, l'autre étroite, dentelée sur ses bords, avait cette même largeur sur 32 millimètres de long. Sur le pan opposé de la chemise, nous avons trouvé une grande tache, irrégulièrement demi-circulaire à partir du bord de la chemise comme base, et large de 15 centimètres sur 11 de hauteur. Autour d'elle sur une étendue de 10 centimètres environ, mais au-dessus principalement existaient beaucoup de petites taches variant pour la grandeur de quelques millimètres à 2 centimètres. Leur forme était peu régulière et leur contour sinueux ou dentelé par places. Les plus rapprochées de la grande tache se confondaient avec elle par place, ce qui en rendait le contour irrégulier. Ces taches étaient pâles, grisâtres, à peine plus foncées au bord que vers le centre et sans teinte jaunâtre. Elles s'apercevaient plus facilement la nuit à la lumière de la lampe qu'à celle du jour, parce qu'elles tranchaient alors davantage sur le ton de l'étoffe, sans briller toutefois. Ce caractère se retrouve sur diverses taches produites par les liquides muqueux de

de l'infanticide. (Ann, d'hyg. et de med, lig. Paris, 1837, 2e série, t. VII, et Journ. de med. publié par la Société, t. XXIV, p. 576, et t. XXV, p. 65.)

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