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l'un de ces pionniers qui n'attendent qu'un mot d'encouragement pour persévérer dans une tâche ardue, souvent ingrate, car elle ne laisse à ceux qui s'y dévouent que de minces profits et de rares honneurs. Applaudir aux efforts tentés par un des membres de cette utile milice, c'est stimuler le zèle de tous.

En conséquence, la quatrième Section a l'honneur de proposer à l'Académie d'adresser une lettre de remerciments à l'auteur pour l'envoi de ses deux traités et de les déposer honorablement à la bibliothèque.

La note manuscrite intitulée : Gymnastique dynamique renferme la description d'un appareil simple, peu coûteux, exempt de danger, applicable à tous les âges, imaginé surtout. en vue des jardins d'enfants. Cet engin, que l'inventeur appelle anneau attractif, et dont nous avons un spécimen sous les yeux, consiste en un cercle en caoutchouc de 4 mètres de circonférence et de 0,"025 d'épaisseur.

L'appareil étant fixé peut servir à un enfant seul; il se préte aux exercices de deux, trois ou d'un plus grand nombre d'enfants.

Lorsqu'on le prend avec mollesse, il se relâche; use-t-on de force, il attire. Il n'est pas nécessaire que les antagonistes soient de vigueur égale. Sa résistance peut être sollicitée jusqu'au maximum de la force humaine.

On comprendra par un exemple les ressources que présente l'anneau attractif.

La corde est croisée en bandouillère, passée d'un côté sur l'épaule gauche et en dessous du bras droit; de l'autre sur l'épaule droite et en dessous du bras gauche. Deux élèves étant dans cette position, lorsqu'ils se tournent le dos et marchent en avant, ils s'éloignent l'un de l'autre jusqu'à ce que l'un des deux soit entrainé. Alors le plus fort doit reculer tout en offrant assez de résistance pour exiger l'emploi énergique de

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toute la force de son antagoniste. Si les élèves se plaçaient face à face, ils tireraient à reculons. Le mouvement exerce surtout les muscles du dos.

On conçoit, sans qu'il soit besoin d'entrer dans de plus amples explications, le parti qu'on peut tirer de ce simple engin, en variant les exercices, pour développer les forces physiques chez les enfants, corriger les premières manifestations des tendances vicieuses, diriger le maintien et les attitudes. Nous ne doutons point que l'emploi de cet appareil se généralise.

La Section propose d'adresser une lettre d'encouragement à l'auteur et le dépôt de sa notice aux archives.

Les conclusions de ce rapport sont adoptées.

3. DÉCOLLEMENT et expulsion d'une portion considérable

(un mètre cing centimètres) de la muqueuse de l'intestin grêle, par suite d'un coup de tampon de waggon de chemi de fer, reçu sur la paroi abdominale; par M. GALLEZ, correspondant.

Hubert H....., de Montigny-sur-Sambre, de bonne constitu. tion, d'un temperament sanguin-bilieux, ouvrier attaché à l'usine des agglomérés de Couillet, le 3 décembre 1872, vers 9 heures et demie du matin, voulut traverser la voie du chemin de fer de l'État qui se trouve à proximité de l'établissement où il travaille. Cette voie était obstruée par un train d'une quinzaine de waggons en maneuvre, et arrêté en ce moment à très-petite distance d'un waggon isolé. Hubert s'engagea, en présentant le côté, dans l'intervalle laissé libre entre les quatre tampons et suffisant pas pour livrer passage à un homm de moyenne

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corpulence. Un recul brusque de toute la série de waggons,
refoulés par la locomotive, détermina un choc tellement vio-
lent que le waggon isolé contre l'un des tampons duquel
Hubert H.... se trouvait alors adossé, fut projeté à 45 mètres
de là : le blessé s'affaissa sur le sol.

Le coup avait porté presque tout entier sur l'abdomen et en
partie sur la région épigastrique. Hubert Hi.. mangeait encore la
dernière bouchée de son dejeuner (café au lait avec tartines
beurrées), lorsque l'accident eût lieu. Un effort de vomisse-
ment expulsa tout le contenu de l'estomac.

Un médecin appelé immédiatement constata des symptômes de commotion interne tellement graves, qu'il se borna à des recommandations banales et pronostiqua une mort prochaine.

Il n'en fut rien.

Appelé l'après diner du même jour à donner mes soins au blessé, je constatai que les signes d'une réaction franche commençaient à s'établir. La première émission des urines avait été fort difficile et avait amené l'issue d'à peu près 250 grammes de sang pur.

Le lendemain, 4 décembre au matin, la prostration consi. dérable encore la veille, avait presque entièrement cessé; le pouls avait repris de l'ampleur et battait à 90; le facies était moins déprimé. Le blessé accusait des douleurs fort vives dans le ventre. A la pression on rencontrait une sensibilité exquise, surtout dans la partie supérieure de l'hypocondre gauche, à la région épigastrique et sus-ombilicale, ainsi que dans un point assez restreint de la région hypocondriaque droite vers la partie moyenne.

L'urine reste toujours chargée de sang, mais la quantité tend néanmoins à diminuer et la miction est devenue facile.

Le soir de ce même jour, il se déclare une entérorhagie con

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stituée par un sang noirâtre, extrêmement fétide et dont on peut évaluer la quantité à cinq ou six cents grammes.

à 5 décembre. Dans la nuit, il y a eu une nouvelle entérorhagie de mêmes caractères, mais moins abondante de moitié que la première.

Symptômes de peritonite localisée à la partie supérieure de l'hypocondre gauche.

L'estomac, depuis le début des accidents, a montré une intolérance absolue : la quantité la plus minime de boisson est rejetée par régurgitation, ou de véritables vomissements si la quantité ingérée excède une demi cuillerée à soupe.

Pouls toujours à 90 ou 92, serré, un peu vibrant.
Pas de frissons ni de symptômes de réaction générale.

Le 6, apparait une ecchymose de la largeur d'une paume de main.

Dès ce moment jusqu'au 22 décembre, les phénomènes restent à peu près les mêmes, et nos demandes obtiennent toujours les mêmes réponses. Toujours des coliques, tantôt vives, tantôt sourdes, se répétant fréquemment dans la journée et d'une durée variable, un quart d'heure, une demi-heure, une heure même avec de fort courts intervalles de rémission.

Cinq à six selles en moyenne dans les 24 heures, liquides, brunâtres, horriblement fétides et provoquant à l'orifice anal une sensation intense de brûlure. Elles renferment toujours un peu de sang.

Vomissements ou régurgitations suivant fatalementles essais d'ingestion de boissons : eau de riz, eau d'orge, bouillon de veau, jaune d'oeuf délayé dans de l'eau.

Langue toujours humide et à peine recouverte d'un léger enduit muqueux.

La douleur à la pression dans les régions que nous avons indiquées, s'est amoindrie de jour en jour, mais elle est cepen-,

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dant vivement réveillée lorsque, cette pression est un peu forte.

Les symptômes de peritonite ont cédé en quatre ou cinq jours à un traitement approprié.

Sommeil fréquemment interrompu par les douleurs abdominales.

Le 22, après des coliques assez rapprochées, le blessé se sent expulser par l'anus un corps étranger : il y porte la main et par des tractions ménagées amène au dehors un produit membraneux tordu sur lui-même, rappelant les membranes amniotiques que roule l'accoucheur lorsqu'il procède à la délivrance. Ce produit'que Hubert H.... prend pour un helminthe de forte dimension, est d'une seule pièce et mesure une aune et demie de long, soit un mètre cinq centimètres.

Appelé immédiatement après la production de ce phénomène, je crus reconnaître un immense lanıbeau de muqueuse intestinale, mais ne voulant pas devant ce fait aussi extraordinaire, négliger aucun détail propre à intéresser la science, je m'empressai de soumettre la pièce pathologique à l'examen de mon savant maître, le professeur Van Kempen, de Louvain.

Voici ce qu'il me transmet par lettre en date du 25 décembre dernier :

« J'ai reçu hier, 24 courant, la pièce que vous me priez d'examiner :

« Ce n'est que la muqueuse seule' de l'intestin grèle avec quelques traces de la tunique sous-muqueuse ou conjonctivovasculaire. Cette muqueuse est pourvue de valvules conniventes ou de Kerkringius; une minime partie seulement, appartenant à l'ileon, en est dépourvue ; à ce dernier point, la muqueuse est un peu noirâtre, imprégnée de pigment provenant du sang décomposé.

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