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1292.

Divaus

négocia le mariage de Marguerite, sa fille ainée, avec Henri, comte de Luxembourg, dont le père avait été tué à la journée de Woringen, et qui, dans la suite, devint empereur sous le nom de Henri VII. La condition préliminaire du contrat fut que le duché de Limbourg demeurerait à perpétuité réuni à celui de Brabant. Philippe le Bel, roi de France, sut ménager au duc Jean une paix durable, qui confirma tous les avantages que la fameuse journée de Woringen lui avait valus.

Ce fut dans ces circonstances, où une guerre désastreuse avait épuisé les trésors du duc, que les Brabançons donnèrent à leur prince une preuve efficace de leur affection et de leur zèle: ils consentirent à lui accorder, sans conséquence, outre les subsides ordinaires, comme don gratuit, le vingtiè me de tous leurs biens et de tous leurs revenus, pour le dédommagement des frais occasionnés par la guerre. Ils exigèrent seulement que le duc promit solennellement qu'à l'avenir les ducs de Brabant ne feraient plus de semblable demande.

Le duc Jean, délivré de tous les dangers et de tous les embarras de la guerre, employa les dernières années de sa vie à réprimer, par des lois sévères, les abus énormes et les monstrueux excès que la grossiéreté ou plutôt la férocité des mœurs de ces temps barbares avait introduits dans la société. Il convoqua une assemblée solennelle des principaux seigneurs du pays, dans laquelle il publia ces lois célèbres connues sous le nom de land- charter: c'est une espèce de code pénal par lequel, « Pour » contenir dans le devoir, par la crainte du châtiment, » ceux qu'on ne peut y attacher par l'amour de la

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vertu, le duc décerne différentes peines, amende, » bannissement ou mort, suivant la gravité du dé» lit, contre ceux qui calomnient, injurient, frap

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pent ou blessent les autres; qui vont les attaquer » dans leurs maisons, qui jettent sur les autres de » la bierre, du vin ou d'autres liqueurs; qui cou»pent les arbres, arrachent les haies, ôtent les » bornes, enlèvent les bestiaux, fournissent des torches pour incendier, dressent des embûches pour » tuer, surprennent les autres en traître, ou les appellent en duel ». Il fut également statué que « Celui qui troublerait la tranquillité publique, serait tiré en quatre quartiers, et que ses membres » seraient attachés à des poteaux aux endroits les » plus éloignés du pays; que si celui qui aurait » encouru la confiscation de ses biens, avait fem

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me et enfans, la moitié de ses biens resterait à »sa famille, et l'autre moitié passerait au seigneur; » que si, au contraire, il était sans famille, tous » ses biens seraient acquis au profit du seigneur; » que celui qui ne pourrait être convaincu d'un délit, doit tâcher de prouver son innocence par » des témoignages dignes de foi, et s'il est étran»ger, il doit attester par serment qu'il est innocent, » et qu'il ne peut trouver des témoins ». Il fut décerné contre ceux qui auraient enlevé une fille, Que les coupables et les complices encourraient peine de mort et confiscation de biens, et que » celui qui aurait violé une femme ou une fille, » si le fait était constaté par celle qui aurait été

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forcée, aurait la tête tranchée avec une scie de bois. Il fut ultérieurement statué « Que celui » qui aurait coupé un membre à un autre, serait

Hocsem.

» soumis à la peine du talion, c'est-à-dire, qu'on
lui couperait le même membre; que le drossard
» du Brabant, les justiciers des villages et les
» tres préposés à l'administration de la justice, ne
» pourraient recevoir aucun présent ou service, pour
» accélérer ou retarder le jugement, sous peine de
» payer le double des frais. Enfin, le duc promet
» de ne nommer à aucune place de drossard,
mayeur, bailli, aman, ou échevin, pour argent
» donné ou prété..

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Le duc Jean aimait si passionnément les exercices connus dans ce temps sous les noms de joûtes, tournois, etc., qu'on dit, qu'y ayant assisté soixante-dix fois, tant en France qu'en Allemagne, il y avait constamment remporté le prix. Henri, comte de Bar, qui avait épousé Marie, fille d'Edouard I.es, roi d'Angleterre, donna, à l'occasion de la cérémonie de ses noces, un magnifique tournoi, auquel le duc Jean assista. Il voulut y figurer avec distinction: il parut à la tête des combattans, monté sur un cheval superbe : la duchesse sa femme était présente à ce spectacle. Le duc, animé par la présence des spectateurs, qui étaient nombreux, prend sa lance, pique son cheval, et rencontre un chevalier qui lui porte un coup de lance au bras droit et le renverse: sa blessure, ayant été mal pansée, devint mortelle : il en mourut le 4 de mai de l'an 1294, selon Hocsem, historien contemporain. C'est donc sans doute par erreur que Divæus rapporte la mort de ce prince au.... de juin 1297. Son corps fut transporté à Bruxelles, où on lui fit de magnifiques obsèques et où on lui éleva un tombeau dans l'église des récollets.

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CHAPITRE XI.

JEAN II.-Edouard I.er, roi d'Angleterre, táche de l'at-
tirer à son parti contre la France: il y attire Gui,
comte de Flandre. - Philippe-le-Bel, roi de France,
fait arrêter ce comte, dont il retient la fille, comme
otage, à Paris: elle .1 meurt.-- Le comte Gui convoque
une assemblée à Grammont: la guerre y est déclarée
au roi de France. Mécontentement et murmures
des Namurois. Le comte Gui envoie son fils à Namur
pour réprimer et punir les factieux. Cession du
comté de Namur en faveur de Jean, fils du comte
Gui: il en prend possession. - Bataille de Furnes. —
Siége de Lille.
Philippe-le-Bel est maître de la
Flandre. Trève entre Philippe et Edouard. - Le
comte de Valois vient en Flandre: il emmène le com-
te Gui à Paris : il est emprisonné, et la Flandre con-
fisquée au profit du roi de France. - Révolte des Fla-
mands contre les Français. Robert d'Artois est ren-
voyé en Flandre avec une armée. Bataille de Cour-
trai. Le roi de France vient en Flandre: il se reti

re.

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Les Flamands forment une alliance avec le duc
Jean. Hostilités dans l'Artois, la Zélande et la
Hollande. Bataille de Mons-en-Puelle.

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Paix entre les Français et les Flamands. Mort du comte Gui. Traité d'Achies-sur-Orange. Différend et accord entre les comtes de Namur et de Hainaut au sujet du droit de suzeraineté. Différend et accord entre l'évêque de Liége et le comte de Hainaut au sujet de la terre de Mirwart. - Différend, débats, hostilités et accords entre les comtes de Flandre et de Hainaut au sujet de la Flandre impériale et des terres de Lessines et de Flobecq.

JEAN II avait épousé, avant la mort de son pè- 1295.

Divaus.

re, Marguerite, fille d'Edouard I.er, roi d'Angle- Meyer.

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terre. Ce monarque, qui s'était brouillé avec Philippe-le-Bel, roi de France, pour des causes diversement rapportées par les historiens des deux nations, cherchait, par tous les moyens, de fortifier son parti il tâchait sur-tout d'y attirer les seigneurs belges, parce que, comme il soupçonnait que les Français l'attaqueraien dans la Guienne, il se proposait de faire une puissante diversion dans la Belgique. C'était dans ce dessein qu'il avait accordé sa fille au duc Jean. Mais le souvenir des maux que l'alliance des Anglais avait causés à la Flandre et à la Hollande, éloignait le duc de répondre aux vœux d'Edouard. Jean trouva aisément dans son génie fécond en ressources et en subterfuges, des échappatoires pour éluder les propositions du roi, et ménager les deux partis, tantôt secondant les projets d'Edouard, tantôt aidant le parti de Philippe. Edouard éprouva moins de difficultés à gagner Gui, comte de Flandre, en lui promettant son fils Edouard, prince de Galles, pour Philippine, sa fille. Philippe-le-Bel apprit avec autant d'indignation que de défiance, que le comte de Flandre eut osé projetter ce mariage sans sa participation et sans son aveu; et, ayant trouvé le moyen d'attirer le comte à Paris, il le fit arrêter. Le comte ne put obtenir son élargissement, qu'à condition qu'il renoncerait anx traités faits avec Edouard, et qu'il laisserait sa fille en otage à Paris. Il fit des instances pressantes et réitérées pour obtenir la liberté de sa fille : il y a avait même employé la médiation du pape Boniface VIII; mais le roi fut sourd à toutes les sollicitations, et l'infortunée princesse, éloignée de sa patrie et de sa

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