Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

gion d'honneur en 1833, il a été, en 1836, envoyé comme directeur de l'école de Rome, où l'a récemment remplacé M. Schnetz.

INHUMATION. Voyez SÉPULTure.

on alla en bateau dans les rues Saint-Denis, Saint-Honoré, Saint-Antoine, etc.

1408. Paris. (29 et 31 janvier.)

1427. France, notamment Paris, où la place de Grève et les environs de la Sainte-Chapelle furent submergés (juin.)

INNOCENT VI. ÉTIENNE AUBERT, qui 1493. Paris. (Janvier), les eaux pénétrèrent jusqu'à

dans la suite devint pape sous le nom d'Innocent VI, naquit dans la paroisse de Biessac, près de Pompadour. Professeur de droit civil à Toulouse, il fut ensuite promu à l'évêché de Noyon, puis, en 1340, à l'évêché de Clermont. Nommé, deux ans plus tard, cardinal évêque d'Ostie et grand pénitencier, il fut enfin élu pape, en 1352, à la mort de Clément VI, et siégea comme lui à Avignon. Entre autres réformes, il ordonna à tous les prélats et autres bénéficiers de se retirer chacun dans leurs bénéfices et d'y résider, sous peine d'excommunication. Il essaya de recouvrer le patrimoine de l'Église en Italie; mais malgré les efforts de son légat, le cardinal Albornoz, il ne réussit qu'imparfaitement. Du reste, il vécut en assez bon accord avec les puissances temporelles. Cependant le portrait que Pierre Ozarius én a laissé dans sa Chronique, n'est point fort avantageux. On lui reproche, comme à Clément VI, d'avoir trop favorisé ses parents. Mais c'était un homme ami des lettres et des lettrés, de mœurs regulieres, et économe dans sa maison, qualités assez rares parmi les pontifes de cette époque. Il mourut à Avignon en 1362, après environ dix ans de pontificat.

INNOCENTS (fête des). Voyez FÊTES. INONDATIONS. Le tableau suivant fait connaître les inondations les plus remarquables qui ont eu lieu en France depuis le sixième siècle :

Dates.

Contrées inondées.

580. Le Berri et les contrées voisines. Le Rhône et la Saône renversèrent une partie des murs de Lyon.

583. Paris. Les eaux couvrirent tout l'espace entre la Cité et l'église Saint-Laurent. Grégoire de Tours mentionne ces désastres.

821, 886. Paris. 1195. France; à Paris les ponts furent emportés comme en 886; Philippe-Auguste abandonna son palais de la Cité et se réfugia à l'abbaye de Sainte-Geneviève.

1206. France et surtout Paris. 1214, 1232. 1236. 1242. Paris. 1280. 1296. 1373. Désastres extraordinaires à Paris, en janvier 1280 et en décembre 1296; on ne put pénétrer dans la ville qu'en bateau. Les deux ponts furent emportés. En 1373,

la rue Saint-André-des-Arcs.

1496. Paris.

1499. Paris. Le pont Notre-Dame fut emporté avec ses soixante maisons.

[blocks in formation]

1595. Paris.

1608. France. La Loire surtout causa des dégâts considérables.

1609. France. Nicolas Pasquier dit qu'on devait voir dans cette inondation un présage de la mort de Henri IV.

1616. Paris. 1649. 1651. France et principalement Paris. Dans cette dernière année on navigua dans plusieurs rues de la capitale.

1657. Paris. Des assemblées furent tenues pour délibérer sur les moyens de conjurer le retour du fléau. « On y proposa, dit Gui Patin, de détourner la Seine avant son entrée à Paris..... D'autres conseillèrent d'ouvrir un grand fossé devers Saint-Maur, qui passât au travers de la plaine Saint-Denis,et se vint décharger dans la Seine entre Saint-Ouen et Saint-Denis, etc.

[ocr errors]

1658. Rouen, Amiens, Paris (février et avril.)
1665. Paris (février.)
1678. Gascogne.
1709. Paris.

1726. France et notamment Paris.
1750. Paris. Cette inondation, la plus forte des
temps modernes après celle de 1658, sert
encore de point de comparaison, et son ni-
veau est marqué à l'échelle du Pont-Royal
où les eaux atteignirent 25 pieds.

1782. France (mars), 1800. France (novembre). 1802. Paris.

1808. France. 1834. France.

1836. Paris. La Seine dépassa de 7 mètres le niveau des plus basses eaux.

1840. Lyon et le Midi (octobre). Le Rhône et la Saône causèrent des désastres immenses.

1841. Le Midi, 1842. Lyon.

INQUISITION, INQUISITEURS. C'est en France que l'inquisition a pris naissance. Mais, ainsi qu'il arrive toujours pour ces sortes d'institutions, elle s'offrit d'abord comme une mesure locale et temporaire. Effrayé des progrès de l'hérésie albigeoise, Innocent III investit, en 1198, deux moines de Cîteaux, frère Gui et frère Régnier, de toute l'autorité du saint-siége pour rechercher

[ocr errors]

et poursuivre les hérétiques dans les provinces d'Embrun, Aix, Arles et Narbonne, avec injonction aux évêques et aux seigneurs temporels de leur prêter dans cette mission toute l'assistance possible. « Nous avons, écrivait-il, « donné plein pouvoir au frère Régnier « de contraindre les seigneurs, soit en « les excommuniant, soit en jetant l'in<< terdit sur leurs terres. Nous enjoi«gnons aussi à tous les délégués de vos « provinces de s'armer contre les hérétiques lorsque le frère Régnier et le « frère Gui les en requerront. »>

[ocr errors]

Le succès ne répondant point au zèle des deux légats, le pape envoya à leur place, en 1203, Pierre de Castelnau et Raoul, deux moines du même ordre, auxquels se joignirent spontanément, trois ans après, Diégo Aubez, évêque d'Osma, et Domingo ou Dominique, son archidiacre.

Rechercher, dénoncer, stimuler le zèle des évêques et des seigneurs, les uns juges, les autres exécuteurs naturels, tel était, avec la prédication et même la dispute publique, le rôle encore peu défini de ces légats mission

naires.

Ce fut seulement après la croisade albigeoise que l'inquisition commença à se montrer comme institution régulière et permanente. On lit, dans les canons du concile de Latran (1215), un article ainsi conçu: «Chaque évêque visitera, <«< au moins une fois l'an, la partie de « son diocèse qui passera pour receler des hérétiques; il choisira trois hom« mes de bonne renommée ou davan«tage, et leur fera jurer de lui dénon<«< cer les hérétiques, les gens tenant « des conventicules secrets ou menant « une vie singulière et différente du « commun des fidèles, dès qu'ils en au«ront connaissance. » L'ordre de SaintDominique ou des Frères prêcheurs, dont la destinée devait être si étroitement unie à celle de l'inquisition, fut fondé à la même époque.

Cependant l'inquisition n'avait paru jusque-là que comme une mesure transitoire; ce fut le concile de Toulouse, en 1229, qui l'établit à demeure dans les villes du Midi. Cette assemblée de tous les prélats des provinces de Narbonne, Auch et Bordeaux, décida, sous la pré

sidence du légat romain de Saint-Ange, que les évêques députeraient dans cha que paroisse un prêtre et deux ou trois laïques, lesquels jureraient d'y recher cher soigneusement les hérétiques et leurs fauteurs.

On le voit, l'inquisition, à son début. se trouvait placée sous l'autorité des évêques. Grégoire IX la rendit pls formidable en la confiant, en 1383, ar dominicains exclusivement. Les provi ces de Bourges, Bordeaux, Narbonne Auch, Vienne, Arles, Aix et Embrun furent spécialement confiées à ces rep gieux; mais leur juridiction s'étendat sur tout le royaume. Deux dominicains furent installés à Toulouse, et autant dans chaque ville, pour former le tribe nal de la foi.

La même année, l'établissement de l'inquisition reçut de Louis IX, dans les conférences de Melun, une sanction solennelle.

En 1235, le concile de Narbonne promulgua, sur la demande des inqu siteurs, un règlement calculé pour don ner à la peine de mort toute l'extension possible. L'article 24 de ce règlement porte en effet, qu'en raison de l'énor mité du crime, on devra admettre, per le prouver, même le témoignage des malfaiteurs, des infâmes, de tous ceux qui ne pouvaient déposer en justice. Alors aussi s'introduisit le secret des procédures. On trouve, vers le même temps, l'inquisition organisée de même sur les confins de la Flandre contre l'hérésie des Bulgares ou paterins. Le dominicain frère Robert, dit le Bu gare ou le Boulgre, hérétique converti, se vantait que dans le cours de deux ou trois mois, cinquante de ces malheu reux avaient été brûlés ou ensevelis vi vants par son seul ministère.

« Abusant, dit Matthieu Paris, del: puissance qui lui était confiée, pour transgresser les bornes de la justice e de la modération, et se trouvant eleve, puissant, formidable, il confondit les bons avec les méchants, et enveloppales innocents et les simples dans le supe plice des coupables. C'est pourquoi l'autorité du pape lui ordonna de ne pas sévir d'une manière si fulminante daus cet office; et, plus tard, ses fautes, que j'aime mieux taire que raconter, parais

sant au grand jour, il fut condamné à ne prison perpétuelle (*). »

Des soulèvements eurent lieu à Naronne, puis à Alby, en 1234 et 1235, ontre les inquisiteurs. Les consuls de a première de ces deux villes affirnent, dans une sorte de manifeste dressé aux consuls de Nîmes, que ces fficiers du pape ne songeaient qu'à 'emparer des riches; qu'après les avoir. épouillés, tantôt ils les renvoyaient ans procès, tantôt ils les faisaient périr lans les prisons sans prononcer contre ux aucune sentence. On peut voir ussi dans ce manifeste comment ils urprenaient, par un habile système e questions aussi futiles que captieu es, les gens simples et illettrés (**).

Mais c'était surtout à Toulouse que vissait l'inquisition. Quarante domiicains, dont le viguier du comte deit exécuter les sentences, étaient insllés dans cette malheureuse ville. Ena, organes de l'indignation publique, s capitouls intervinrent et leur enjoiirent de quitter le pays, si mieux n'ai aient cesser toutes poursuites et produres. La cour de Rome comprit ors le danger de pousser à bout les opulations languedociennes. Un frère ineur fut adjoint dans chaque ville Ix dominicains pour tempérer leur gueur par sa mansuétude; et, sur a ordre obtenu du pape à force d'insnces, l'inquisition fut suspendue pour elque temps à Toulouse.

Raymond VII ayant repris les armes intre Louis IX, en 1242, les habitants pays crurent le moment venu de se livrer des inquisiteurs. Des héréties albigeois, qui avaient trouvé un fuge dans le château de Mirepoix, en artirent dans la nuit, et surprirent le âteau d'Avignonnet, où Guillaume rnaud venait d'établir le tribunal suême. Quatre dominicains, deux franscains et sept nonces ou familiers y rent massacrés à coups de hache. Ils tendaient leurs meurtriers à genoux, ns se défendre, sans chercher à se uver, en chantant le Te Deum, et en croyant déjà en jouissance de la oire des martyrs.

() Math. Paris, Hist. angl. (") Histoire de la ville de Nimes, t. I, 7. II, p. 307.

Ce n'était point seulement contre les vivants que sévissait l'inquisition : on procédait même contre les morts. Des cadavres à demi décomposés étaient exhumés, et, après un jugement dérisoire, traînés sur la claie et brûlés. Les inquisiteurs firent déterrer et brûler ainsi, en 1244, les ossements des ministres de Raymond VII et de Raymond VI, morts depuis vingt ou trente ans; les cendres furent ensuite jetées au vent.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Les poursuites furent reprises la même année, avec une vigueur nouvelle. Un concile tenu à Narbonne régla de nouveau les procédures de l'inquisition. Vous enjoindrez, disaient « les évêques aux inquisiteurs, vous enjoindrez aux hérétiques ou à leurs fauteurs, qui étant venus s'accuser de << leur propre bouche, n'ont pas été mis « en prison, de porter des croix jaunes « sur leurs habits, de se présenter tous « les dimanches à leur curé pendant la « messe, entre l'épître et l'évangile, << ayant une partie de leur corps nue, « et tenant une poignée de verges à la << main pour recevoir la discipline. Ces « pénitents feront la même cérémonie à toutes les processions solennelles : de « plus, tous les premiers dimanches du mois, ils visiteront, en se fouettant à « coups de verges, toutes les maisons « de la ville où ils ont fréquenté les hérétiques. On construira des prisons « pour y renfermer à perpétuité ceux « qui se sont convertis (depuis leur ar«restation). Comme il y a des villes où « le nombre de ceux qui doivent être << renfermés dans une prison perpé<< tuelle est trop grand, en sorte qu'on << ne trouve pas assez de pierres et de <«< ciment pour construire des prisons, <«< nous conseillons aux inquisiteurs d'at« tendre là-dessus les ordres du sei«gneur pape. »

«

[ocr errors]

Frère Régnier, hérétique converti, devenu dominicain, était alors l'un des inquisiteurs les plus fervents.

Louis IX sollicita le pape, en 1255, de lui envoyer de nouveaux censeurs de la foi, ou d'armer les inquisiteurs de pouvoirs nouveaux. Une bulle d'Alexandre III investit, en conséquence, le provincial des dominicains et le gardien des frères mineurs de Paris de

l'office d'inquisiteurs suprêmes pour toute la France, le comté de Toulouse excepté. « Les successeurs de saint Louis, dit à cette occasion Reynald, dans ses annales de l'Église, suivirent longtemps l'exemple de ce tres-saint roi, en protégeant les censeurs de la foi dans tout le royaume des Français. »

« L'absence de défenseurs, le secret des débuts, le secret gardé aux délateurs, le refus de confronter les témoins avec les accusés, telles furent, dit M. Henri Martin, les bases des opé rations inquisitoriales. Deux pièces authentiques, composées avant la fin du siècle, font connaître dans le détail tout ce mode de procédure. L'une de ces pièces est intitulée: Traité de l'hérésie des pauvres de Lyon; l'autre : Instruction sur la manière de procéder contre les hérétiques, dans les provin ces de Carcassonne et de Toulouse. Voici le sommaire de ces pièces. L'accusé ou suspect d'hérésie était tenu de jurer qu'il dirait pleinement tout ce qu'il savait sur le crime d'hérésie et de vaudoisie, tant sur lui-même que sur les autres, tant sur les vivants que sur les morts. S'il niait ou célait quelque chose de ce qu'on voulait savoir, on le jetait au fond d'un cachot, et alors commençait l'application d'un système savamment combiné pour briser le corps et dégrader l'âme. « Qu'on lui « donne à entendre qu'on a des témoins « contre lui, et que s'il est une fois «< convaincu par témoins, on ne lui fera « aucune miséricorde; qu'en même temps on lui retranche sa nourriture; <«< car cette crainte et cette souffrance « contribueront à l'abattre. - Que nul « ne l'approche, si ce n'est de temps à << autre deux fidèles adroits, qui l'aver<«<tissent avec précaution, et comme s'ils << avaient compassion de lui, de se ga<< rantir de la mort, de confesser ses « erreurs, et qui lui promettent que s'il « le fait, il pourra échapper et n'être point brûlé; car la crainte de la mort « et l'espoir de la vie amollissent quelquefois un cœur qu'on n'aurait pas at« tendri d'aucune autre manière. Qu'on << lui parle d'une manière encourageante. Ce n'est que par subtilité qu'on « peut prendre ces renards subtils.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

« Quand un hérétique ne confesse pas pleinement ses erreurs, ou n'accuse « pas ses complices, il faut lui dire per l'effrayer: Fort bien; nous voye « ce qui en est. Songe à ton âme, di « renie pleinement l'hérésie, car tu va « mourir, et il ne te reste qu'à recev « en bonne pénitence tout ce qui fär « viendra. » Et si alors il dit: P « que je dois mourir, j'aime mieux rir dans ma foi que dans celle # l'Église,» alors on est assuré ques << repentance était feinte, et il peut « livré à la justice. »

[ocr errors]
[ocr errors]

Quand un nombre d'hérétiques su sant pour faire un sermon (*) avait co fessé, les inquisiteurs qui avaient ins truit l'affaire convoquaient le tribus ou conseil de l'inquisition (**), lui se mettaient un extrait de la confession chaque accusé, en supprimant son nom. sur quoi les conseillers prononçale Ces peines étaient de trois sortes: 1 pénitence arbitraire; c'etait le châte ment des moindres fautes; on donn des croix, on imposait des pèlerina grands ou petits, à la discrétion inquisiteurs; 2° l'emprisonnement per pétuel; 3° la remise au bras séculier c'est-à-dire la mort. Les relaps et impénitents étaient de droit livres §bras séculier (***).

dit

« Ce système d'interrogatoires artif cieux et de tortures morales passa, M. de Sismondi, de l'inquisition dans la procédure criminelle, et y produisit une révolution. Tout avait éte public dans l'ancienne justice française. L quisition, au contraire, s'entoura de paisses ténèbres; l'enquête, le nom mene des témoins, tout fut secret. Toutefois, la torture proprement dite n'est po encore mentionnée parmi les moyens d'investigation; ce ne fut guère qu' demi-siecle plus tard qu'elle devint d'

(*) C'est ainsi que l'on nommait les gran des assises de l'inquisition.

(**) Ce conseil se composait de l'évêque cu de son vicaire, de moines dominicains, l'a déjà vu, un franciscain et des docteurs e quels on adjoignit, dans la suite comme c droit canon.

(***) Doctrina de modo procedendi,etc. ap Marten. Thesaur. anecd., t. V; Sismond Hist. des Franç., t. VII; Henri Martin, Hist

de France,

t. IV.

sage fréquent dans les tribunaux tant ivils qu'ecclésiastiques.

On voit déjà vers 1289 le parlement e Paris entrer en lutte contre l'inquiition, qui sévissait en ce temps-là de 1 manière la plus abusive dans les proinces du Midi. Frère Nicolas d'Abeville, inquisiteur à Carcassonne, semlait avoir pour but non plus la desuction des hérétiques, mais les moyens 'extorquer de l'argent; il faisait meacer, emprisonner, mettre à la torture eux qui lui paraissaient assez riches our pouvoir se racheter. Philippe le el fut enfin forcé de défendre au sééchal de Carcassonne d'emprisonner i que ce fût sur la seule demande des quisiteurs.

Le même prince voulant, en 1202, faiblir le crédit de l'Église, révéla tout coup au public toutes les horreurs i avaient été commises par l'inquision, et qui jusqu'alors avaient été sanconnées par l'autorité royale. Le frère ulques de Saint-George était alors and inquisiteur à Toulouse. Philippe rivit en ces termes à l'évêque de cette lle: «La clameur et les plaintes de nos fidèles, des prélats, des comtes, des barons et d'autres personnes dignes de foi, nous ont appris que le frere Foulques de l'ordre des frères prêcheurs, qui exerce dans le Toulousain les fonctions d'inquisiteur, ne craint point de commettre des forfaits qui soulèvent d'horreur, sous prétexte de la foi catholique. Il afflige et accaole nos fidèles et nos sujets par des exactions, des excès, des oppressions et des charges sans fin. Il commence ses procès d'inquisition par l'arrestation et la torture, pour laquelle il invente des tourments inouïs. Ceux qu'il accuse selon son caprice, il les force à des aveux mensongers par la menace ou les tourments; et s'il ne peut ainsi leur arracher des paroles suffisantes pour leur condamnation, il suborne contre eux de faux témoins. >> Une ordonnance du roi défendit en ême temps qu'aucune personne fût rêtée sans le consentement et par aune autre autorité que celle du sénémal du roi (*).

(*) Ordonnance du 3 mai aux sénéchaux Toulouse, Beaucaire et Carcassonne.

Cependant Marguerite de la Porette fut encore brûlée à Paris vers 1314, par ordre de l'inquisition. C'était une femme pieuse et savante, dont tout le crime était d'avoir écrit sur l'amour de Dieu un livre que l'on trouva infecté de quiétisme. D'ailleurs Jean XXII usa de tout son ascendant sur Philippe pour donner un plus libre cours aux procédures des tribunaux de la foi. On fit, de 1308 à 1319, six sermons à Toulouse seulement. Le dernier fut présidé par l'historien frère Bernard Guidonis, qui s'intitulait, avec frère Jean de Beaune, inquisiteur de la foi dans tout le royaume de France. Cent huit ennemis y figurèrent, et dans ce nombre, vingt-sept furent condamnés à une prison perpétuelle, au pain et à l'eau; treize moururent avant ou pendant l'instruction du procès; quatorze furent condamnés à mort par contumace; enfin quatre seulement furent brûlés vifs.

En 1350, sous Philippe de Valois, toute la France, dit M. de Sismondi, était soumise aux tribunaux de la foi, à la réserve du Maine et de l'Anjou; et quelques hérétiques, poursuivis par le grand inquisiteur, Guillaume Miles, s'étant réfugiés dans ces provinces, Clément VI ordonna (26 septembre 1351) que les ordres du grand inquisiteur de France y fussent exécutoires, comme dans le reste du royaume.

En 1372, à l'instigation de Grégoire XI, les procédures de l'inquisition se multiplièrent dans le Midi et dans le Nord. A Paris et dans diverses villes du royaume, un grand nombre d'hérétiques nommés turlupins furent brûlés. Le grand schisme qui survint peu de temps après (1378) suspendit seul les persécutions religieuses.

En 1381, Hugues Aubryot, prévôt de Paris, la plus illustre des victimes de l'inquisition en France, fut condamné à une pénitence publique, et exposé sur un échafaud dressé au parvis NotreDame. Il fut ensuite enmuré dans les cachots de l'inquisition, pour y finir ses jours au pain et à l'eau.

Des noms d'inquisiteurs figurent encore dans nos annales jusqu'en 1465; mais cette institution, ayant contre elle le génie national, l'opposition des parlements et la jalousie de l'autorité royale,

« VorigeDoorgaan »