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vante. Le travail de la délimitation se forme donc là où le caustique affaibli n'a plus agi comme force vive, c'est-à-dire dans l'auréole qui l'entoure. L'analyse chimique et l'état du sang contenu dans l'auréole ne laissent aucun doute à cet égard. Cette auréole, d'ailleurs, se produit également sur le cadavre.

Enfin, l'auteur fait observer que l'élé<ment douleur,» manifestation de l'action vitale qui se produit autour du caustique, n'en entrave pas l'effet, puisque ceux qui ⚫ déterminent le plus de douleur sont précisément ceux qui agissent le plus profondément sur le vivant comme sur le cada

*vre.

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Il passe ensuite en revue les phénomènes physiologiques généraux, communs et différentiels des caustiques, tels que : 4 la douleur; 2o la réaction locale et générale; 3o l'absorption en partie ou en totalité; 4o l'escharre; 5o le travail éliminatoire; 6o la chute de l'escharre; 7° l'action des caustiques sur le sang. Ges caractères, ajoute-t-il, diffèrent selon le mode d'action des caustiques sur nos tissus.

a. La douleur produite par la potasse est légère et de courte durée, tandis que celle qui résulte de l'action du bichlorure de mercure et du chlorure de zinc est vive et prolongée. En général, son intensité est proportionnée à l'énergie du caustique. L'auteur mentionne ici la classification de Canquoin, fondée sur la progression de la douleur. Cette classification, commençant par l'acide nitrique et le nitrate d'argent pour se terminer par le sulfate de cuivre et le chlorure d'antimoine, ne lui parait pas admissible.

b. La réaction locale et générale est en raison de l'intensité de la douleur.

c. L'absorption des caustiques est incontestable; ils passent dans le courant de la circulation en nature ou à l'état de combinaison, pour être éliminés par les voies d'excrétion. Les recherches de M. Manec fui ont démontré que les préparations arsénicales sont expulsées par les urines du cinquième au huitième jour, d'où la conclusion que, pour éviter les accidents toxiques, on ne doit répéter les cautérisations, à l'aide de cet agent, qu'à des intervalies de neuf à dix jours. L'absorption des alcalis et des acides inorganiques est inoffensive, parce qu'ils forment, au moyen des acides et des alcalis répandus dans l'économie, des sels existant primitivement dans le sang.

d. Nous avons vu que parmi les caustiques les uns agissent sur la peau non dépourvue d'épiderme et les autres seulement après qu'elle en a été dépouillée, et

que les escharres diffèrent entre elles par leurs caractères physiques.

e. La même différence existe dans le travail d'élimination; ainsi, tandis que la chute de l'escharre a lieu pour les uns au 40e jour, elle ne s'effectue pour d'autres qu'au bout d'un ou de deux mois.

f. Il en est de même pour ce qui concerne la vitalité des plaies et le travail de cicatrisation.

g. Nous savons également que leur action sur les éléments protéiques et graisseux se traduit, pour les uns, par la liquéfaction et, pour les autres, par la coagulation du sang.

De la classification des caustiques.

Après avoir discuté la valeur des classifications présentées à différentes époques; celle d'Ambroise Paré qui ne soutient plus l'examen; celle de Schwilgué, basée sur l'innocurité et la nocuité de l'absorption des caustiques, qui a l'inconvénient de n'être point pratique; celle de Sanson, divisant les caustiques en pulvérulents, en solides, en liquides et en pâteux, qui admet le même agent dans les quatre divisions selon qu'il change d'état ; celle de M. Mialhe, déduite du mode d'action des caustiques sur les éléments protéiques et graisseux du sang, défectueuses en ce sens que diverses causes peuvent faire varier ce résultat; l'auteur arrive à la classification de M. le professeur Bonnet, qu'il adopte dans ce travail.

Cette classification, tout à fait chimique, que le professeur de Lyon a longuement développée dans ses cours, divise les caustiques « en alcalins, en acides et en métalliques, division naturelle, facile à saisir et conforme aux classifications adoptées dans les traités de chimie, possédant surtout ce grand avantage que tous les agents d'une même classe jouissent de proprié tés communes et spéciales.

L'application des caustiques, poursuit l'auteur, se fait sous forme solide, liquide et pâteuse, de sorte que le même agent peut être employé pur, en solution ou mélangé à une autre substance de manière à former une masse ductile. Les caustiques solides, tels que le nitrate d'argent, lui semblent spécialement indiqués pour détruire de petites tumeurs, etc.; les liquides pour pratiquer des cautérisations superficielles ou pour détruire profondement les venins et les virus en dehors même de leur application immédiate; enfin, les caustiques mous seront préférés lorsqu'il s'agira de détruire des tumeurs volumineuses. Etendus sur de la toile en

forme de sparadrap, ils s'adaptent parfaitement au contour des parties; leur combinaison avec la farine les empêche de fuser, ils portent la cautérisation aussi profondément qu'on le veut, et de tous les caustiques, ce sont les plus faciles à ma

nier.

Des caustiques en particulier..

PREMIÈRE CLASSE

Avant de passer à l'étude des caustiques alcalins en particulier, l'auteur expose leurs caractères généraux aux points de vue chimique et physiologique. Il rappelle que les caustiques alcalins agissent sur la peau non dépouillée de son épiderme, qu'ils dissolvent les tissus en donnant lieu à des escharres molles, mal circonscrites, qui ne se détachent qu'au bout d'un temps fort long, laissant à nu des plaies lentes à se cicatriser; qu'ils exercent une action dissolvante sur le sang disposant aux hémorrhagies; qu'ils sont facilement absorbés, mais qu'ils forment, à l'aide des acides qu'ils rencontrent dans nos liquides, des sels ayant leurs analogues dans l'économie, et par conséquent inoffensifs; que la réaction que ces caustiques déterminent est faible, la suppuration abondante. Il conclut de là qu'ils sont spécialement indiqués, pour pratiquer des fonticules ou des ouvertures lentes à se cicatriser.

Potasse caustique.

L'auteur indique d'abord sa préparation et sa manière d'agir sur le cadavre et sur le vivant; il dit pourquoi l'escharre des tissus cellulaire et musculaire est plus molle que celle de la peau, et à propos de sela, il revient sur une foule de détails qu'il a déjà exposés longuement dans le chapitre précédent ; il signale les précautions à prendre pour établir un fonticule et cautériser les plaies et les trajets fistu leux; il mentionne en passant le procédé imaginé par le docteur Géogenon, pour abréger les douleurs de la cautérisation, consistant dans la dénudation préalable du derme à l'aide du vésicatoire, et termine par la description de la cautérisation circulaire du docteur Bourgeois, qui l'a désignée sous le nom de cautérisation par dilution. L'auteur ne reconnait d'ailleurs. pas à ce procédé les avantages que lui accorde ce médecin.

Caustique de Vienne. Sa préparation, sa grande altérabilité par l'action de l'air, son mode d'application, les caractères de son escharre, plus ferme, plus circonscrite et plus profonde que celle de la potasse, les causes de cette différence, son action

dissolvante sur le sang, la plus grande vivacité de la douleur et de la réaction locale, l'activité plus grande du travail d'élimination et de cicatrisation sont exposés avec soin dans ce paragraphe. L'auteur attribue à ce caustique les mêmes indications et contre-indications qu'à la potasse sur laquelle il l'emporte d'ailleurs lorsque la cautérisation doit être prompte, circonscrite et profonde. Le mélange de pâte de Vienne et de potasse employé par le docteur Rivaillié, lui semble moins avantageux que la pâte de Vienne seule.

Le caustique de Filhos jouit de propriétés analogues, mais son action est plus profonde et mieux circonscrite encore que celle du caustique de Vienne, lequel, selon notre auteur, doit céder le pas au caustique Filhos. Ce praticien l'applique particulière

ment au traitement des affections de l'utérus. On sait que c'est de cot agent que M. Amussat se sert pour cautériser les pédicules hémorrhoïdaux, à l'aide d'un instrument imaginé à cette fin.

L'ammoniaque liquide, en solution concentrée ou mêlée à l'axonge dans les prole cadavre comme sur le vivant, portions indiquées par Gondret, jouit, sur des propriétés communes aux alcalis. C'est, dit l'auteur, le plus dissolvant de tous. Il produit, à volonté, des effets vésieants ou caustiques; mais son action caustique, affaiblie par sa grande perméabilité à travers les tissus, est inférieure à celle des autres agents de la même classe..

Sauf les cas de plaies par morsure d'animaux venimeux ou enragés, l'auteur donne la préférence à la pommade de Gondret. Sous cette forme, l'ammoniaque peut offrir des avantages dans le traitement de l'amaurosc.

Quant à l'emploi de l'ammoniaque quide pour la cautérisation des plaies venimeuses, Fontana en a démontré Pinutilité et même le danger, en ce sens qu'il fait négliger des moyens plus efficaces, tels que le beurre d'antimoine, etc.

L'auteur ne mentionne que pour mémoire le caustique calcaire savonneux mélange de 3 parties de chaux vive et de 2 parties de savon sec, dont on se sert en le ramollissant avee un peu d'alcool ou d'eau de Cologne. Son action est identique à celle du caustique de Vienne, mais moins profonde.

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généraux aux points de vue chimique, physiologique et thérapeutique. Il montre les effets qu'ils produisent sur le cadavre et sur le vivant, sur la peau dépouillée ou non dépouillée de son épiderme, donnant lieu à des escarrhes molles, pâteuses, mal circonscrites, entourées d'une auréole, avec infiltration à travers les tissus sousjacents, qui présentent, dit-il, l'aspect de la viande cuite dans l'eau. La réaction qui se produit autour des escharres est trèsvive; celles-ci se détachent en général du quinzième au vingtième jour, laissant à découvert des plaies plus animées et se cicatrisant plus promptement qu'après l'emploi des alcalis.

Quant à l'action des acides concentrés sur le sang, elle est d'abord coagulante, selon M. Ferrand, cité par l'auteur; mais bientôt, dilués par l'eau qu'ils rencontrent dans les liquides organiques, ils altèrent profondément le coagulum, le réduisent à ses éléments primitifs, hydrogène, oxygène, azote, carbone, libres ou formant de nouvelles combinaisons. Aussi peuvent-ils donner lieu à des hémorrhagics. Leur absorption n'offre point de danger, les alcalis renfermés dans les tissus, formant avec eux des sels qui ont leurs similaires dans l'économie,

A l'état liquide comme à l'état pâteux, ce genre de caustiques, poursuit l'auteur, est d'un maniement incommode; en réagissant sur la substance avec laquelle on les mélange, ils perdent de leur causticité et la pâte se liquéfie. Si, au contraire, cette substance est inerte, un mélange trop consistant se moule difficilement sur les parties; peu consistant, il laisse échapper l'acide.

Il en tire la conséquence que, disposant de caustiques d'une énergie au moins égale et d'un maniement plus sûr et plus commode, dans la première et la troisième classe, l'emploi des caustiques acides, à part quelques rares exceptions, lui semble devoir être abandonné.

L'acide sulfurique monohydraté à 66 degrés, n'est employé à l'état liquide que pour pratiquer des cautérisations superficielles et transcurrentes. Il se combine, en se décomposant, avec les éléments de nos tissus. La douleur qu'il produit est intense, la réaction inflammatoire vive. L'escharre tombe du quinzième au vingtième jour, laissant après elle une plaie indurée, ulcéreuse, suppurante, qui se cicatrise lentement. L'auteur donne ici le procédé de M. Legroux, pour établir les cautérisations superficielles et transcurrentes.

Lorsqu'il s'agit d'obtenir des cautérisations profondes, l'acide sulfurique s'em

ploie à l'état pâteux, mélangé au safran ou au noir de fumée.

Le premier est un composé de 2 p. acide, 3 p. safran. L'auteur en indique la préparation, les caractères de l'escharre, ceux de la plaie qui lui succède, les inconvénients de son emploi, tels que hémorrhagie, ramollissement et putrescibilité des tissus, lenteur du travail cicatriciel.

Ces inconvénients lui sont communs avec le caustique noir, mélange de 2 p. suie, acide 4 p., qui, par sa composition, est un peu moins sujet à fuser.

Dans le paragraphe consacré à l'acide nitrique, l'auteur expose la préparation de cet acide et de l'acide nitrique, monohydraté, en observant que l'application de ce dernier sur les tissus donne lieu à la formation d'acide xantho-protéique.

Quant aux effets thérapeutiques de ce caustique, il ne les étudie que dans la pâte de Rivaillié, solidification de l'acide nitrique par la charpie. Il en indique également la préparation, le mode d'applica tion et l'action sur les tissus; il discute ses avantages et ses inconvénients, dont le moindre, à son avis, est le dégagement d'acide hypoazotique, qui indispose le malade et les assistants,

Ces inconvénients, dit-il, ne sont balancés que par l'activité de ce caustique, qui, cn 20 minutes, c'est-à-dire pendant la durée d'une seule éthérisation, peut détruire une tumeur d'un gros volume.

Pour éviter ce dégagement de vapeurs et obtenir une cautérisation plus profonde, il conseille de substituer l'amiante à la charpie, l'acide ne réagissant pas sur cette substance; mais l'auteur observe qu'il n'a jamais eu l'occasion d'employer ce mélange.

Il ne voit, dans l'acide fluorique, qu'un agent dangereux, expérimenté et bientôt abandonné par Dupuytren; et il termine ce chapitre en mentionnant l'acide hydrochlorique, employé plutôt comme modificateur que comme caustique; l'acide acétique, dont le professeur Lallemand s'est servi avec succès dans le début de la pourriture d'hôpital; l'acide chrómique, recommandé par Heller, pour la destruction des tissus de nouvelle formation. condylômes, ragades, végétations, et enfin l'eau régale, qui est surtout redevable de ses propriétés à l'acide nitrique auquel il renvoie.

TROISIÈME CLASSE. Caustiques métalliques.

En commençant ce chapitre, l'auteur se demande quel ordre il va adopter pour l'étude de ce genre de caustiques; la classification chimique lui parait sans utilité

et embarrassante pour la mémoire; d'un autre côté, la classification thérapeutique sépare des agents rapprochés par leur nature chimique. Il se décide donc pour l'ordre alphabétique. Mais avant de les étudier isolément, il jette un coup d'œil sur les caractères généraux de ces caustiques; il fait remarquer que celles de ces substances qui entament la peau non dépourvue d'épiderme, contiennent, en général, un excès d'acide, telles que le chlorure d'or, le nitrate acide de mercure; que celles qui n'agissent que sur la peau dénudée, cautérisent les tissus en donnant lieu à une double décomposition, l'acide se combinant avec les bases alcalines pour former des sels solubles, tandis que l'oxyde métallique forme avec l'albumine des albuminates solides, trèsrésistants et insolubles dans l'eau. Cette combinaison est même tellement intime, ajoute-t-il, qu'une solution alcaline ne peut en séparer le métal. Cette action est plus évidente encore sur le sang.

La douleur produite par ces caustiques est en général très-intense, l'escharre sèche, imputrescible, bien circonscrite; une réaction vive et franche en détermine promptement la chute, et la plaie qui en résulte se cicatrise vite. Ils jouissent, en outre, de propriétés antihémorrhagiques. Comme les alcalis et les acides, ces caustiques sont susceptibles d'absorption, et celle-ci est en raison de l'étendue de la cautérisation. L'intoxication que quelquesuns déterminent, réagit en particulier sur le tube digestif. L'auteur ajoute que la nature des symptômes et les lésions cadavériques mettent ce fait hors de doute.

Cette assertion, Messieurs, pourrait d'abord paraître erronée, car l'observation journalière démontre que, dans l'application régulière de ces métaux, les particules absorbées sont spécialement entrainées par les voies urinaires. Mais il faut remarquer qu'il ne s'agit pas ici d'un emploi régulier, mais d'accidents toxiques susceptibles de déterminer des troubles organiques et fonctionnels. Dans ces cas, en effet, la sécrétionurinaire est, la plupart du temps, frappée d'inactivité, et les sécrétions intestinales, les vomissements et les évacuations alvines, sont alors le moyen principal d'élimination [du poison.

Quoi qu'il en soit, l'auteur conclut de ccs considérations que les caustiques métalliques sont indiqués:

4o Quand il faut produire des escharres profondes et limitées, l'action de ces caustiques pouvant être calculée avec une grande précision;

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Le premier dans l'ordre alphabétique est l'antimoine (chlorure); il en indique les propriétés physiques, la préparation; il rappelle ses effets sur les tissus, déjà mentionnés au tableau et son action fortement coagulante sur le sang. La douleur qu'il produit est très-vive, la réaction énergique; l'escarrhe est éliminée le 12° jour, et la plaie ne tarde pas à se cicatriser. Son absorption donne lieu à des phénomènes analogues à ceux de l'émétique; il peut même en résulter quelques accidents.

Le beurre d'antimoine est l'agent par excellence pour cautériser les plaies sinueuses; mais pour obtenir des cautérisations profondes et circonscrites, il est nécessaire de lui donner une consistance plastique, en l'associant à la farine dans les proportions de 1 partie de chlorure pour 1, 2, 3 ou 4 parties de farine.

Cette pâte, étendue sur de la toile, en guise de sparadrap, se découpe en plaques proportionnées à l'étendue des surfaces à cautériser. Celles-ci seront, au préalable, dépouillées de leur épiderme.

L'auteur en conseille l'emploi pour détruire les tumeurs et les tissus, en observant toutefois que cet agent se rapproche par sa composition chimique des caustiques acides.

Arsenic.

Il ne sera question ici que de l'acide arsénieux sous la forme de « poudre de frère Come, de « Dubois» et de « Rousselot.> L'auteur donne la formule de ces trois préparations dont la dernière lui semble mériter la préférence. Il l'a déjà dit, l'arsenic, différant en cela des autres caustiques, n'a d'action que sur les tissus vivants. Pourquoi cela? Il l'ignore ; il entreprendra des recherches à ce sujet. En attendant, il croit avoir observé que son action sur le sang rend le sérum légèrement louche.

Passant ensuite à l'application de ce caustique, il indique les précautions à prendre pour assurer ses effets tout en prévenant les accidents toxiques; et pour mieux faire comprendre sa manière d'agir sur les tissus, il cite un passage du mémoire de M. Manec, sur l'emploi de l'arsenic dans les affections cancéreuses. Dans ce passage que nous résumons ici, M. Manec dit avoir constaté:

1° Que l'action de la pâte arsénicale s'étend bien au delà des parties en contact avec elles qu'elle pénètre jusqu'aux limites de la masse cancéreuse, qu'elle empoi sonne et frappe en quelque sorte de mort, pour s'arrêter aux tissus sains;

2o Que l'absorption de ce caustique n'est pas suivie de danger quand l'application ne dépasse pas la largeur d'une pièce de deux francs; que l'arsenic absorbé est éliminé par les urines dans l'espace de cinq à huit jours, et qu'en mettant un intervalle de dix jours entre deux applications, on évitera tout danger de ce côté.

Son action est fortement antihémorrhagique.

Messieurs, ces observations, si pleines d'intérêt d'ailleurs, ne sont pas nouvelles pour les lecteurs du Journal de la Société ; elles y ont été exposées dans un mémoire de M. le docteur Serré, d'Arras, ancien interne de M. le docteur Manec. (Voir les numéros de juillet et août 1846.) Il est vrai que les recherches ultérieures du professeur de la Salpêtrière viennent leur donner un degré d'importance de plus. Mais si l'opinion de ces auteurs est fondée, s'il est prouvé, comme ils l'avancent, que l'arsenic jouit d'une telle propriété et qu'il l'exerce jusque sur les racines qui irradient de la tumeur; s'il est prouvé que les modifications produites par cet agent sur les tissus environnants, et consécutivement sur toute la constitution, puissent atténuer et anéantir le principe même du mal, notre auteur en tire une conséquence qui nous semble peu logique. En effet, après avoir accepté implicitement les idées de M. Manec, il conseille, en raison des propriétés toxiques de l'arsenic, et attendu que l'art possède des agents d'une énergie au moins égale et tout à fait inoffensifs, d'en restreindre l'emploi autant que possible. Il est évident que le mode d'action des caustiques est indépendant de leur degré d'énergie. L'agent auquel cet écrivain fait ici allusion est sans doute le chlorure de zine; or, rien ne prouve que ce sel ait d'autres avantages sur l'instrument tranchant, que de modifier à sa manière la vitalité des tissus sur lesquels le cancer s'est développé. Canquoin prétend, à la vérité,

avoir obtenu quatre-vingt deux succès pour cent cas de cancer avec la pâte de chlorure de zinc; mais en consultant les observations publiées par cet auteur, on reste convaincu que les faits sur lesquels il s'est fondé ne sont pas de nature à justifier cette prétention.

Argent (Nitrate d').

Après avoir donné le mode de préparation du nitrate d'argent, l'auteur expose la manière d'agir de ce sel sur les mud'épiderme, où il forme, dit-il, des chlo queuses, les plaies et la peau dépourvue rures insolubles et inertes, sans action sur l'organisme. Il rappelle les caractères de l'escharre et de la douleur, en observant que ce sel participant, par sa composition, des caustiques acides et métalliques, ne possède qu'une action antihémorrhagique peu marquée; que la réaction locale est faible, la chute de l'escharre tardive, mais bientôt suivie de la cicatrisation.

Enfin, il détermine les conditions qui réclament son emploi, soit à titre de caustique et de neutralisant, soit à titre de simple modificateur.

Caustiques auriques.

Agent d'une grande énergie et participant, comme le précédent, de l'action des acides et des sels métalliques, l'auteur rappelle en peu de mots les effets du chlorure d'or sur la peau, les tissus sousjacents et sur le sang, dont le coagulum mou lui semble plutôt le résultat de l'altération de ses principes albumineux que d'une combinaison saline. Cet agent ne détermine qu'une faible réaction; la chute de l'escharre est lente, mais la cicatrisation la suit de près. Après cet exposé, l'auteur entre dans quelques considérations sur la manière dont ce sel se combine avec les matières organiques; il en conclut que le chlorure d'or subit une réduction et que lechlore dégagé porte son action plus profondément. Cette théorie, d'accord avec l'observation, explique l'innocuité de l'absorption.

Comme le nitrate d'argent, il s'emploie à l'état solide ou de solution concentrée. On en a fait de nombreuses applications; mais l'auteur conseille de le réserver au traitement des affections spécifiques situées superficiellement, tels que scrofules, syphilis tertiaire, quelques affections cutanées et particulièrement les tumeurs cancroïdes. Toutefois, il fait remarquer que sa composition chimique le rend impropre à la cautérisation des tissus gorgés. de sang.

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