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Le 24, la céphalalgie a cessé après un saignement de nez très-abondant; le visage est animé; l'œil est brillant; le malade a mal dormi; il a été tourmenté par des rêvasseries très-pénibles; il a même eu quelques hallucinations, étant éveillé la langue est humide, la soif peu vive, le ventre souple; gargouillement dans la fosse iliaque droite; pouls assez fort à 96. Les urines sont plus abondantes et rendues sans douleur; un peu de toux sèche; tisane d'orge et de chiendent; cataplasmes sur l'abdomen.

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Le 25 et le 26 ne présentèrent rien de remarquable. Même prescription. Le 27, apparition de quelques taches rosées sur la poitrine et sur l'abdomen; sudamina nombreux au cou; langue humide mais toujours blanchâtre; soif peu intense, ventre souple, gargouillement dans la fosse iliaque droite; plus de diarrhée; pouls assez résistant battant 96 fois par minute. La toux continue, il y a quelque peu de râle sibilant dans toute l'étendue du poumon droit en arrière.

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Infusion de fleurs de violettes pour tisane; bouillon coupé.

Le 28, le malade va assez bien, mais il n'a pas été à la garde-robe depuis trois jours et la dernière dose d'éthiops minéral ne l'a pas purgé; pouls à 92-96 ; légers soubresauts dans les tendons; quelques mouvements convulsifs dans les muscles de la face.

En quatre pilules.

Éthiops minéral.

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Deux frictions sur l'abdomen avec 8 grammes d'onguent napolitain; cataplasmes; continuer le looch et la tisane; bouillon.

Le 29, coliques assez violentes pendant la nuit, et envies d'aller à la garderobe. A peine le malade a-t-il été placé sur son vase de nuit, qu'il pâlit et demande à respirer du vinaigre : on s'empresse autour de lui, on le couche et on s'aperçoit qu'il a rendu une selle des plus copieuses, mais qu'elle est exclusivement composée de sang noir excessivement fétide, répandant une odeur infecte. On vient m'éveiller en toute hâte; pendant le temps que je mets à m'habiller et à me rendre chez V..., il a une nouvelle garde-robe, moins abondante que la première; mais à elles deux, elles représentent plus de deux litres de sang. Le malade est couché, il est pâle mais calme, et paraît beaucoup moins effrayé que lors du même accident qui lui est arrivé dans sa première fièvre typhoïde; pouls faible à 108; limonade sulfurique, pour boisson.-Potion :

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Le 30, il y a encore eu trois garde-robes hier, contenant une certaine quantité de sang; la faiblesse est extrême; pâleur, sécheresse de la langue, soif vive; pouls faible et mou à 112.-Même prescription.

Le 1er mai, l'état est assez satisfaisant; plus d'évacuations alvines; peau chaude; quelques soubresauts de tendons; pouls à 108. Fuliginosités légères sur les dents.

Le 3, les garde-robes sont complétement arrêtées.-Suspendre la médication astringente; limonade gazeusé pour boisson; lavement froid.

Le 4, le lavement a procuré deux évacuations alvines peu copieuses, mais sans traces de sang; pouls tremblotant à 96-100; faiblesse extrême; soubresauts plus manifestes dans les tendons.-Bouillon de bœuf froid; gelée de viande.

Du 5 au 9, il n'y eut rien de bien spécial. La constipation devint très-rebelle, elle fut en vain combattue par les lavements froids et j'eus besoin de recourir à l'administration de 45 grammes d'huile de ricin.

Le 10, les accidents d'adynamie se dissipent, le moral du malade est excellent; il désire être bientôt guéri; le pouls est à 88.-Bouillon de bœuf froid; gelée de viande; lait froid.

Le 15, la convalescence commence, le pouls est tombé à 68.-Trois potages; bouillon froid; lait froid; gelée de viande.

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Le 21 juin, cet homme reprenait sa profession. Il s'est bien porté depuis. OBS. 15o. — Fièvre typhoïde de moyenne intensité; sulfure noir de mercure et frictions mercurielles; hémorrhagie intestinale; guérison. — Gr..., cordonnier, âgé de vingt-huit ans, d'une chétive constitution, demeurant quai SaintSymphorien, fut pris le 10 septembre 1849 de courbature, de malaise, de perte d'appétit et de frissons dès qu'il essayait de se mouvoir. Cet état alla toujours en augmentant, une céphalalgie très-intense se manifesta, la fièvre s'alluma, des vomissements bilieux se produisirent, et le malade fut contraint de s'aliter le 12.

Je le vis ce même jour, et fus à même de constater la position dans laquelle il se trouvait. Couché sur le dos, il a un facies très-fatigué, les yeux sont cernés, la céphalalgie frontale est très-vive, la langue est sèche, recouverte d'un enduit limoneux assez épais; la soif ardente, les nausées continuelles, les vomissements semblent suspendus; anorexie, douleur vive à la région épigastrique; constipation depuis trois jours; douleur sans gargouillement vers la fosse iliaque droite; le pouls est faible et bat cent douze fois par minute; la peau est sèche et brûlante.-Tilleul pour boissons; éthiops minéral, 80 centigrammes en quatre pilules. Trois frictions de 4 grammes chacune avec l'onguent napolitain étendu sur l'abdomen; cataplasmes.

Le 13, même état; le pouls est descendu à 106; il y a eu deux évacuations alvines très-fétides, précédées de coliques excessives; gargouillement dans la fosse iliaque droite.-Tilleul; deux frictions d'onguent napolitain sur l'abdomen de 4 grammes chacune; cataplasmes.

Le 14, la nuit a été mauvaise; des rêvasseries continuelles ont fatigué le malade; la céphalalgie a augmenté; la soif est des plus vives; la langue est sèche et sale, les gencives de la mâchoire supérieure sont recouvertes de pellicules blanches, nacrées; l'épigastre est sensible à la pression; le ventre douloureux; gargouillement dans la fosse iliaque droite; pouls faible à 116.-Tilleul; éthiops minéral 80 centigrammes, en quatre pilules; frictions avec 4 grammes d'onguent napolitain; cataplasmes.

Le 15 et le 16, peu de changement dans la position de Gr.... La faiblesse est assez prononcée.-Tilleul et oranger; deux bouillons coupés.

Le 17, épistaxis assez abondante dans la matinée, il a fallu recourir aux aspirations d'eau vinaigrée très-froide pour arrêter cet écoulement de sang; pâleur du visage, inquiétude, crainte de la mort. La céphalalgie a presque entièrement cessé, la langue et les lèvres sont sèches; la soif très-vive; l'épigastre moins douloureux à la pression, le ventre souple, mou, indolent; gargouillement dans la fosse iliaque droite; constipation depuis deux jours. minéral 80 centigr., en quatre pilules; cataplasmes sur l'abdomen.

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Éthiops

Le 18, il y a eu hier vers la soirée une évacuation alvine très-fétide, précédée encore cette fois de coliques assez fortes pour arracher des plaintes au malade. La langue est un peu moins sèche, la soif moins vive; gargouillement dans la fosse iliaque droite; pouls faible à 96; peau sèche et aride. Tilleul et oranger; eau de pain; bouillon.

Le 19, douleurs abdominales assez vives; pouls à 100, faible; dents légèrement fuligineuses; langue un peu sèche, soif; un peu de toux et de råle sibilant dans les deux côtés de la poitrine en arrière. — Tilleul; looch blanc; deux frictions avec 8 grammes d'onguent napolitain; cataplasmes en permanence sur l'abdomen; bouillon.

Le 20, persistance des douleurs abdominales; le ventre est légèrement tendu, ballonné; pouls faible à 108. - Éthiops minéral, 60 centigrammes, en trois pilules; trois frictions avec 12 grammes d'onguent napolitain; cataplasmes après les frictions; tilleul et oranger.

Le 21, l'éthiops n'a pas purgé. La nuit a été mauvaise, il y a eu de l'agitation, du délire, m'a-t-on dit; le malade, je le crois, a plutôt fait un rêve pénible, il a uriné dans son lit; la langue est un peu moins sèche, les dents et les lèvres sont encore sèches et encroûtées; l'abdomen est moins douloureux, moins metéorisé; peau aride; pouls à 100. Deux verrées d'eau de Sedlitz à 45 grammes; cataplasmes sur l'abdomen.

Le 22, il y a eu hier une garde-robe assez abondante et le météorisme a disparu; les rêvasseries sont moins fatigantes; Gr... n'a plus uriné dans son lit; la peau est légèrement humide; pouls à 100, toujours faible; moins de toux. Tilleul et oranger; bouillons.

Le 23, le malade se plaint d'un mauvais goût dans la bouche; les gencives ne sont pas gonflées; il n'y a pas de salivation; l'haleine n'est pas même fétide;

pouls à 100-104; apparition sur l'abdomen de quelques taches rosées lenticulaires. Tilleul et oranger; bouillon. Gargarisme:

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Se gargariser toutes les heures avec une cuillerée à bouche de cette préparation. Le 24, le pauvre malade se sent mieux; le facies est moins fatigué, la langue plus humide; la toux a disparu en très-grande partie; constipation et douleurs abdominales; pouls faible variant entre 96 et 100.- Éthiops minéral, 80 centigrammes; deux frictions avec 8 grammes d'onguent napolitain; tilleul et oranger; même gargarisme.

Le 25, en allant à la garde-robe, Gr... a eu une hémorrhagie intestinale, précédée d'affreuses coliques; il a rendu au moins en une première fois 6 à 700 grammes de sang noir, coagulé, infect; pouls faible à 112-116; terreur.Limonade avec 5 grammes d'acide sulfurique pour un demi-litre d'eau sucrée. Potion avec :

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Le 26, la nuit a été mauvaise; il y a eu des coliques vives; le malade est sous la crainte d'une nouvelle hémorrhagie; pouls à 116-120, faible, vacillant; soif ardente; langue, dents et lèvres sèches. Même prescription.

Le 27, il y a encore eu pendant la nuit quelque peu de sang rendu par les selles, mais cette hémorrhagie est tout à fait insignifiante. Moral très-déprimé; pouls faible à 116-120. Les autres symptômes sont à peu près les mêmes.Même prescription.

Le 28, il n'y a pas eu de garde-robe depuis hier; pouls à 108-112.— Limonade gazeuse pour boisson; bouillon froid; suspendre les astringents.

Le 29, le malade est un peu plus tranquille; l'espérance semble renaître dans son cœur; la peau est assez bonne, souple, sudorale, fraîche; le pouls à 96-100; la langue plus humide; la soif moins ardente; le ventre indolent.Un lavement froid; même prescription d'ailleurs.

Le 30, une selle peu copieuse a été rendue à la suite du lavement froid et Gr... a été content en voyant qu'elle ne contenait pas de sang. L'état de la bouche ne s'est point aggravé; il n'y a pas eu de salivation.

Le 4 octobre, après une nuit assez bonne, ce jeune homme a été pris d'un frisson très-violent à huit heures du matin; une fièvre intense s'est déclarée; il y a eu du délire et de l'agitation, et une sueur copieuse est arrivée le soir vers six heures. Pour éviter des accidents peut-être sérieux de fièvre pernicieuse, j'administre immédiatement:

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Pour quatre pilules, à prendre de suite; infusion de camomille; bouillon.

Le 5, l'accès de fièvre n'a pas paru, mais par prudence on donne le soir une seconde dose de sulfate de quinine; pouls à 92.

Le 6, le mieux est des plus marqués; si rien de fâcheux ne vient entraver la convalescence, elle se manifestera promptement; pouls à 84; appétit assez prononcé ; soif nulle. Bouillon; lait ; gelée de viande.

Le 9, il y a eu des douleurs abdominales qui ont fait craindre à Gr... la réapparition de l'hémorrhagie intestinale; il y avait de la constipation depuis plusieurs jours. Huile de ricin, 45 grammes.

Le 10, trois évacuations ordinaires avaient eu lieu, et il n'y avait pas traces de sang. Bouillon; lait; gelée de viande.

Le 16, quoique Gr... conservât une extrême faiblesse, on pouvait le regarder comme convalescent; le pouls était tombé à 68.- Trois potages; bouillon; lait; eau vineuse.

Le 20 novembre, la guérison était complète. Depuis, Gr... est mort phthisique.

4° DU SULFATE DE QUININE.

En mars 1840, il fut présenté à l'Académie de médecine de Paris, par M. Broqua, médecin de Mirande, une série d'observations qu'il donnait comme autant de succès dans le traitement de la fièvre typhoïde par le sulfate de quinine. Une incrédulité presque universelle accueillit tout d'abord ce travail, et la plupart des chefs de service des hôpitaux se refusèrent à expérimenter la nouvelle méthode. La proscription ne fut cependant pas générale.

En juin 1841, MM. Rilliet et Barthez publièrent (1) six observations recueillies à l'hôpital des Enfants, service de M. Jadelot.

En 1842, M. Maunoury, interne distingué de M. Blache, publia (2) également des observations sur cette médication.

En septembre 1842, M. Chappotain de Saint-Laurent donna (3) la relation de onze observations de fièvres typhoïdes traitées par ce-moyen à l'Hôtel-Dieu de Paris, dans le service de M. Husson. Cette relation était peu favorable au sulfate de quinine.

En 1842, à l'hôpital Saint-Antoine, M. Kapeler fit des expériences assez suivies, et M. Péreira, interne de ce service, prit ce sujet pour thèse inaugurale, et attribua au sulfate de quinine une action curative des plus évidentes dans le traitement de la fièvre typhoïde (4).

Mon camarade M. Bouchet de la Ville-Jossy succéda à M. Péreira en qualité d'interne dans le service de M. Kapeler, et il continua à s'occuper de cette importante question.

(1) Archives générales de médecine.

(2) Gazette des hôpitaux.

(5) Archives générales de médecine.

(4) Recherches cliniques sur l'emploi du sulfate de quinine à haute dose dans le traitement de la fièvre typhoïde. Dissertation inaugurale No 27, in-4o. Paris, 1842.

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