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Budge a trouvé que les cadavres étaient admirablement conservés pendant fort longtemps, pour les travaux anatomiques ou les opérations chirurgicales, par le moyen suivant: On injecte par la carotide un liquide composé d'acide pyroligneux et de sulfate de zinc, de huit à douze grammes de chacun pour trois kilogrammes d'eau. Les corps ainsi injectés ont pu être très-bien conservés pendant huit semaines, et par l'été le plus chaud, sans donner naissance à aucune odeur de putréfaction. Les muscles, conservant leur coloration rouge, et quoiqu'un peu ramollis, se prêtent à une bonne dissection. Cette injection n'empêche pas une autre injection de matières colorantes, et les scalpels n'en sont pas du tout altérés. C'est un essai facile à tenter.

(Ibid.)

CELLULES DE PUS DANS L'AIR. Le docteur Théophile Eiselt, de Prague (Autriche), vient de faire une découverte importante dans le domaine ouvert par le prix Bréant, la recherche dans l'air des miasmes contagieux. Dans le grand établissement des Enfants-Trouvés, à Repy, près de Prague, pendant l'automne et l'hiver derniers, il y eut, parmi les 250 enfants de l'âge de 6 à 10 ans, 92 cas de blennorrhée de la conjonctive oculaire. Cette ophthalmie épidémique avait laissé M. le docteur Eiselt pleinement convaincu que la contagion pouvait se transmettre autrement que par l'attouchement. Il s'était imposé, ainsi que les gardes-malades des enfants, d'éviter soigneusement de toucher aux yeux des enfants malades; malgré ces précautions excessives, le docteur et les infirmiers furent tous atteints du même mal. M. Eiselt eut enfin l'idée d'examiner à l'aide de l'aéroscope de M. Pouchet, modifié par le professeur Purkinje (de Prague), l'atmosphère d'une salle où il y avait beaucoup de malades; et dès le premier passage de l'air par l'appareil, il vit distinctement de petites cellules de pus qui avaient certainement servi de véhicule à la contagion.

Appréciant la haute importance de cette découverte, plusieurs membres de la Société impériale des médecins de Vienne se sont réunis pour se livrer en commun à des recherches y relatives, et dont les résultats seront aussi communiqués aux lecteurs du Cosmos.

(Cosmos.)

PROGRAMME des prix proposés par l'AcaDÉMIE DES SCIENCES POUR LES ANNÉES 1861, 1862, 1863, 1864 et 1866.

Prix de physiologie expérimentale, fondé par M. de Montyon. L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de huit cent cinq francs à l'ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologic expérimentale.

Le prix sera décerné dans la prochaine séance publique.

Les ouvrages ou mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés francs de port, au secrétariat de l'Institut, le 1er avril de chaque année, terme de rigueur.

Divers prix du legs Montyon. Conformément au testament de feu M. Auget de Montyon, et aux ordonnances du 29 juillet 1821, du 2 juin 1824 et du 23 août 1829, il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes qui seront jugés les plus utiles à l'art de guérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.

L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques.

Les pièces admises au concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée.

Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la commission chargée de l'examen du concours fera connaitre que c'est à la découverte dont il s'agit que le prix est donné.

Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des découvertes ou des ouvrages couronnés ne peuvent être indiquées d'avance avec précision, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé ; mais la libéralité du fondateur a donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expériences ou recherches dispendieuses qu'ils auraient entreprises et reçoivent des récompenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus, soit en prévenant ou diminuant beaucoup l'insalubrité de certaines professions, soit en perfectionnant les sciences médicales.

Conformément à l'ordonnance du 23 août,

il sera aussi décerné des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions proposées par l'Académie, conséquemment aux vues du fondateur. L'Académie pro

Prix de médecine. pose comme sujet d'un prix de médecine à décerner en 1864 la question suivante : Faire l'histoire de la pellagre.

On croyait, il n'y a pas très-longtemps encore, que la pellagre était confinée à l'Italie et à l'Espagne. Aujourd'hui il n'est plus douteux que la pellagre règne d'une manière endémique dans plusieurs dépar tements du sud-ouest de la France, et d'une manière sporadique en Champagne, et sans doute dans beaucoup d'autres lieux. Cet état de choses, qui intéresse si gravement la santé publique, demande une enquête étendue et systématique, que l'Académie propose au zèle des médecins.

Les concurrents devront :

1o Faire connaître les contrées où règne la pellagre endémique, et celles où la pellagre sporadique a été observée, France et à l'étranger;

en

2o Poursuivre la recherche et l'étude de la pellagre dans les asiles d'aliénés, particulièrement en France, en distinguant les cas dans lesquels la folie et la paralysie ont précédé les symptômes extérieurs de la pellagre, des cas dans lesquels la folie et la paralysie se sont déclarées après les lésions de la peau et les troubles digestifs propres aux affections pellagreuses;

3 Étudier, avec le plus grand soin, l'étiologie de la pellagre et examiner spécialement l'opinion qui attribue la production de cette maladie à l'usage du maïs altéré (Verdet);

4o En un mot, faire une monographic qui, éclairant l'étiologie et la distribution géographique de la pellagre, exposant les formes sous lesquelles on la connait présentement, et donnant au diagnostic et au traitement plus de précision, soit un avancement pour la pathologie et un service rendu à la pratique et à l'hygiène publique. Le prix sera de la somme de cinq mille francs.

Les ouvrages seront écrits en français. Prix de médecine et de chirurgic. L'Académie propose comme sujet d'un prix de médecine et de chirurgie à décerner en 1866 la question suivante: De l'application de l'électricité à la thérapeutique.

Les concurrents devront :

1 Indiquer les appareils électriques employés, décrire leur mode d'application et leurs effets physiologiques;

2o Rassembler et discuter les faits pu

bliés sur l'application de l'électricité au traitement des maladies, et en particulier au traitement des affections des systèmes nerveux, musculaire, vasculaire et lymphatique; vérifier et compléter par de nouvelles études les résultats de ces observations, et déterminer les cas dans lesquels il convient de recourir, soit à l'action des courants intermittents, soit à l'action des courants continus. Le prix sera de la somme de cinq mille francs.

Les ouvrages seront écrits en français. Grand prix de chirurgie. - ¡Commissaires MM. Velpeau, Claude Bernard, Jobert de Lamballe, Serres, Andral, Jules Cloquet, Rayer, Milne Edwards; Flourens, rapporteur.)

Des faits nombreux de physiologie ont prouvé que le périoste a la faculté de produire l'os. Déjà même quelques faits remarquables de chirurgie ont montré, sur l'homme, que des portions d'os très-étendues ont pu être reproduites par le périoste conservé.

Le moment semble donc venu d'appeler l'attention des chirurgiens vers une grande et nouvelle étude, qui intéresse à la fois la science et l'humanité.

En conséquence, l'Académie met au concours la question « de la conservation des membres par la conservation du périoste. D

Les concurrents ne sauraient oublier qu'il s'agit ici d'un travail pratique, qu'il s'agit de l'homme, et que par conséquent on ne compte pas moins sur leur respect pour l'humanité que sur leur intelligence.

L'Académie, voulant marquer par une distinction notable l'importance qu'elle attache à la question proposée, a décidé que le prix serait de dix mille francs.

Informé de cette décision, et appréciant tout ce que peut amener de bienfaits un si grand progrès de la chirurgic, l'Empereur a fait immédiatement écrire à l'Académie qu'il doublait le prix. Le prix sera donc de vingt mille francs.

Prix Barbier. (Commissaires: MM. Rayer, Jules Cloquet, Andral, Claude Bernard, Velpeau, rapporteur.)

A décerner en 1862. Feu M. Barbier, ancien chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de-Grâce, a légué à l'Académic des sciences une rente de deux mille francs, destinée à la fondation d'un prix annuel, « pour celui qui fera une découverte pré-cieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans la > botanique ayant rapport à l'art de gué

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5o La syphilis peut-elle produire ou modifier des maladies internes ? Dans l'affirmative: décrire ces maladies et le traitement qu'elles exigent?

6o Rechercher, au point de vue pathogénique, la valeur des lésions anatomiques trouvées à l'autopsie chez les aliénés? Déterminer par des faits les signes auxquels on peut reconnaître ces lésions pendant la vie?

7° Décrire les lésions ou altérations du nouveau-né, qui peuvent donner lieu à des présomptions d'infanticide? - Insister sur les caractères qui sont de nature à faire reconnaître leur origine?

8° Quels sont les moyens de prévenir la résorption purulente à la suite des opérations chirurgicales?

Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doivent être adressés franco, suivant les formes académiques, avant le 1er mars 1862, au secrétaire de la Société,

le docteur E. Lesseliers, rue Basse, 23, à Gand.

Les mémoires doivent être écrits lisiblement, en flamand, en français ou en latin.

Une superbe médaille en or, frappée à l'effigie de la Société, et le titre de membre correspondant seront accordés aux auteurs des mémoires couronnés.

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AMPUTATION SIMULTANÉE DES DEUX JAMBES ET DU BRAS DROIT; par M. JOSEPH TENDERINI, à Carrare. Un jeune homme âgé de dix-sept ans, occupé à diriger le timon d'un char pesamment chargé de marbre de Carrare et attelé de plusieurs paires de bœufs, fut renversé par le véhicule lancé avec violence parce que la mécanique destinée à serrer les roues de derrière avait cessé d'agir convenablement, et les roues lui passant sur les tiers moyens des deux jambes et du bras droit, y produisirent des fractures accompagnées de déchirements affreux des chairs. Transporté à l'hôpital de Carrare, il fut amputé par l'auteur sur les trois points désignés, sous l'influence soutenue du chloroforme, et les trois opérations avec les pansements consécutifs ne durèrent qu'une heure et quelques minutes la réaction inflammatoire fut modérée, et la réunion par seconde intention fut si rapide, qu'au bout de trente jours, le malade put être renvoyé dans son village.

(Giorn. della R. Accad. di med, et l'Écho médical, No 8.)

LE MIEL COMME ABORTIF DE LA SÉCRÉTION DU LAIT; par M. VINCENT CASTELLANI, à Lucques. Des divers moyens recommandés dans ce but, l'auteur, tout en ayant eu à se louer de l'extrait de belladone et des feuilles de Rhamnus alaternus, n'a rien trouvé de mieux que des applications de miel sur les seins, moyen qu'il a éprouvé un grand nombre de fois.

(La Liguria med. et l'Écho méd., N° 8.)

Errata. Dans la note de M. Phipson, Sur les oxalates de fer (cahier d'avril): Au lieu de FeO C2 O3 + 4HO, lisez FeO + 3C203+4HO.

FeO (CHO) + HO, lisez FeO (C3 HO') + HO.

Fe2O3+5H0+10 Aq., lisez Fe2 03 + 5C2 03 + 5HO +10 Aq.
Fe2O3 + C'03=2FeO C3 O3+0, lisez

(Fe' O'+5C203)+C' 0-2 (FeO + 3C'0') + 0.

DE MÉDECINE.

(JUIN 1861.)

I. MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.

MÉMOIRE SUR UNE ÉPIDÉMIE DE VARIOLE OBSERVÉE DANS LES COMMUNES de SaintJOUIN ET DE COULImer, pendant lES ANNÉES 1857 ET 1858; par M. le docteur RAGAINE; médecin vaccinateur cantonal, médecin de l'Hôtel-Dieu et des prisons de Mortagne, membre correspondant de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles.

MESSIEURS,

Persuadé de l'influence que peuvent avoir, sur la marche de la science, des observations bien prises et des faits consciencieusement énumérés et exposés, je viens vous dire simplement le résultat de mes observations pendant une épidémie de variole, qui a sévi sur les communes de Saint-Jouin et de Coulimer, arrondissement de Mortagne (Orne).

Chargé depuis plus de seize ans du service des épidémies dans notre arrondissement, je n'ai jamais laissé échapper l'occasion de les étudier; car je suis pénétré de l'idée qu'elles doivent occuper une large place dans les recherches médicales; elles se rattachent directement aux questions les plus élevées de l'hygiène sociale, et c'est, nous le croyons, rendre service au pays et à l'humanité en coopérant, chacun suivant nos forces, à la solution des grands problèmes de pathogénie et de prophylaxie que leur apparition soulève. On est loin d'avoir des notions certaines sur une foule de questions importantes ayant trait aux épidémies, il reste encore une foule de points obseurs à élucider dans ce sujet; et cependant, quels progrès n'a-t-on pas faits depuis moins d'un siècle? N'est-ce pas une preuve qu'il y a beaucoup à faire dans cette voie; et qu'une étude attentive, sérieuse, pourrait apporter encore de grands soulagements à ces terribles fléaux? Nous avons recueilli des matériaux; et des faits observés, nous avons tiré quelques conclusions; ce sont ces matériaux et ces conclusions que nous venons aujourd'hui soumettre à votre approbation. Puissent-ils un jour servir à éclairer certaines questions; c'est tout notre désir, laissant à de plus dignes le soin de généraliser et de faire les théories.

Dans toutes les maladies l'étude des causes est très-importante, mais dans les épidémies l'étiologie est le point de départ, c'est la condition indispensable

de tout succès, sans elle on ne peut arriver à rien d'efficace et de sûr. En effet, ne voit-on pas tous les jours échouer les traitements les plus rationnels et les mieux entendus contre ces terribles épidémies à marche irrésistible, frappant de mort avec la rapidité de la foudre tous les individus atteints. (Choléra, angine couenneuse, etc.) De quels côtés doivent alors se diriger tous les efforts de la médecine; à quoi doit-elle tendre surtout? si ce n'est à connaître et à faire disparaître les causes. N'est-ce pas encore dans la même voie qu'elle doit marcher pour ces autres épidémies moins violentes dans leur forme et moins rapides dans leur marche, qui cèdent la plupart du temps devant l'action d'une hygiène bien comprise, et qui laissent à la médecine toute son influence salutaire et préservatrice. Nous nous sommes donc appliqué, dans la présente étude, à rechercher les causes, à découvrir le point de départ de l'épidémie.

Il est encore une question importante, dont l'étude est bien difficile, et à la solution de laquelle nous avons donné tous nos soins, c'est l'influence des localités. Cette influence s'est manifestée d'une façon très-sensible dans l'épidémie qui fait le sujet de ce travail, sans cependant que nous ayons pu, faute de moyens convenables, arriver à des connaissances nouvelles sous ce rapport. L'agglomération, comme dans toutes les épidémies, a joué un grand rôle en favorisant la contagion. Nous avons observé aussi que l'infection contagieuse ne se développe pas également dans tous les endroits: il lui faut, pour ainsi dire, un terrain préparé d'avance. A Saint-Jouin un seul individu apporte la maladie et elle s'étend rapidement, de sorte que cette commune compte à elle seule les trois quarts des malades. Dans la commune de Coulimer il n'y a d'affectées que les parties limitrophes de Saint-Jouin: enfin, huit individus, habitants des communes voisines, qui avaient eu des relations directes, mais passagères avec des malades de Saint-Jouin, subissent chez eux les effets de la contagion, mais aucun de ces malades ne communique l'affection régnante aux personnes qui l'entourent, sauf un seul, le nommé Batrel, de Courgeout. Ce dernier, atteint d'une variole discrète, transmet à son enfant, âgé de quinze mois et non vacciné, une variole également discrète; tous ont guéri.

L'influence de la misère s'est fait remarquer comme presque dans toutes les maladies épidémiques; c'est à la classe malheureuse que l'affection s'est adressée de préférence.

L'influence de la vaccine a été pour nous un sujet d'études intéressantes, et nous lui avons attribué, dans nos conclusions et même dans un paragraphe spécial, toute la part qui lui revient. Nos observations pourront peut-être servir à la solution de questions encore pendantes sur la vaccine et les revaccinations. Dans l'épidémie dont nous allons donner la description, la varioloïde, fidèle compagne de sa sœur aînée, a atteint un grand nombre d'individus vaccinés. Elle s'est montrée avec tous ses caractères distinctifs et, bien que ses prodromes et sa marche n'aient pas toujours été très-simples et nous aient quelquefois inspiré de l'inquiétude, elle n'a fait aucune victime.

Nous n'avons observé dans cette épidémie aucun cas de varicelle proprement

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