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tractions des parties vivantes et à l'absorption, elles ont été dépouillées des liquides sanguins et séreux qui sont encore sous la puissance de la circulation, tandis què les sucs, épanchés dans leur trame, sont métamorphoses sous les attractions vitales, en une matière solide, protéiforme. Il arrive même que, lorsqu'elles ont été séparées spontanément de l'organe et que la nature ne peut en opérer l'élimination, elles deviennent, par leur séjour prolongé, osseuses et même pierreuses, ce qu'ont attesté de savants gynécologues d'après des autopsies faites sur de vieilles femmes. Il s'ensuit donc que, vu leur état exsangue, on peut, sans ligature préalable et sans péril d'hémorrhagie, en sectionner le pédoncule, surtout lorsqu'elles ont subi des tractions un peu prolongées. C'est ce qui nous a porté à en exciser quelques-unes dans la cavité vaginale, plutôt que de nous exposer par trop de violence à une introversion ou à un prolapsus du viscère et, pis encore, à l'arrachement de ses tissus, lequel est suivi le plus souvent d'une hémorrhagie traumatique avec métro-péritonite mortelle. Un confrère, digne de toute notre confiance, nous a assuré qu'il avait été témoin oculaire, dans une clinique du pays, qu'un polype fort volumineux, ayant été saisi avec deux pinces-érignes de Museux, on y employa tant de vigueur, qu'on emporta avec lui une parcelle de l'utérus. La malade succomba à la perte de sang avec métro-péritonite. Dans une commune voisine de la nôtre, semblable mésaventure arriva chez une femme accouchée au forceps d'un de ces monstrueux parasites. En pareille occurrence, ne serait-il pas plus rationnel, plus chirurgical, de retrancher une partie de l'excroissance et de l'attaquer ensuite par l'excision ou par la ligature.

Il y a des polypes dont l'enlèvement exige impérieusement la ligature, si l'on veut éviter les accidents que nous venons de mentionner; ce sont les hématodes, les vasculaires, qui, souvent entés sur le col utérin, ont tant de tendance à la dégénération cancéreuse. La ligature convient encore aux polypes creux, à ceux en battant de cloche, qui présentent un sac à leur intérieur ou une tige canalisée, comme nous en avons cité un fait dans ce Journal, février 1856. Ces deux dernières espèces sont formées par une irritation spéciale de la muqueuse utérine; il se sécrète, à sa surface, des produits plastiques qui s'organisent en une pseudo-membrane, laquelle, après avoir tapissé la matrice, s'en détache pour s'allonger en forme de bourse ou de canal, pour ainsi composer ces variétés polypeuses dont nous parlons. Le sang et les autres fluides y abondent, en ce qu'ils coulent directement des sinus utérins dans leur cavité, qui se crévasse bientôt, pour les laisser sourdre continuellement, ce qui ne tarde pas à épuiser les malades. En cas semblables, nous devons imiter le professeur Dubois qui opérait leur chute par la ligature simplement, et, s'il en venait à l'excision, ce n'était que quand la mortification s'en était emparée.

Si la médecine, proprement dite, est impuissante contre un polype tout formé, ne peut-elle point en empêcher le développement, le résoudre même, quand il est encore à son berceau? car il est péremptoire pour nous d'avoir vu rétrograder des tumeurs commençantes du sein, bien suspectes de dégénéres

cence. N'est-il pas plus logique de prévenir un mal que de le combattre quand il est tout développé? Principiis obsta. Pour résoudre ce problème d'un haut intérêt pratique, nous devons remonter à la physiologie pathologique de ces productions amorphes, que nous ne ferons qu'esquisser très-sommairement. A quel âge de la vie de la femme observe-t-on le plus communément le polype fibreux, pédiculé, et quels sont les symptômes qui préexistent à sa formation? C'est de 40 à 50 ans, à la ménopause, à cette période de l'existence où le système reproducteur a reçu toutes les secousses vitales et physiques auxquelles la nature l'avait destiné; à ce moment où il va cesser ses fonctions et jeter son dernier cri de détresse. Eh bien! que se passe-t-il alors dans ses tissus? Érection, fluxion avec spasme hystérique, pesanteur au siége. Le sang y est versé en quantité plus que suffisante à son entretien; une partie y est retenue par les capillaires sanguins, et l'autre les traverse pour être versée au dehors. Ces prodromes se montrent avec une brillante santé, avec un excès d'hématose. C'est alors que la matrice s'hypertrophie; le polype est à son incubation, il est encore susceptible de résolution. Voulez-vous mettre cet état de congestion hors de doute, palpez l'hypogastre et vous trouverez l'utérus sensible, proéminant; si vous en explorez le col, il est rouge, chaud, douloureux, tuméfié.

Nous savons que la congestion sanguine ne prédomine pas toujours dans la production de toutes ces excroissances, que la blanche a quelquefois le dessus; c'est ce que nous observons chez de jeunes personnes lymphatiques, aménorrhéiques; il se forme le plus souvent chez ces sujets étiolés, des polypes tuberculeux, interstitiels ou externes, sous-péritonéaux, tubaires, ovariques. Dans ces cas, les symptômes précurseurs sont fugitifs, tout locaux, l'irritation est larvée et passe souvent inaperçue, à moins qu'elle ne soit surprise par un œil très-exercé. Ces personnes malingres perdent plutôt en blanc; elles sont stériles et, si elles conçoivent, c'est pour avoir un avortement, souvent fatal. Bien que de grands humoristes prétendent que la tuberculose est toute formée dans le sang, n'est-ce pas toujours sous l'influence de l'orgasme vital qui ouvre la scène, que se produisent ces agrégats strumeux? Or, pour nous, toutes les tumeurs polypeuses sont des enfants de l'irritation; donc, enlevons la cause, et il n'y aura point d'effet.

Si nous sommes appelé, à ce premier stade, nous invoquons la médecine physiologique qui nous a toujours donné les plus grands avantages. De deux choses l'une ou le stimulus est avec réaction, ou il est apyrétique. Là viennent en première ligne la saignée générale, les bains tièdes et toute la cohorte des antiphlogistiques, la diète lactée. Ici, où les constitutions sont relâchées, les émissions sanguines loco dolenti, les révulsifs cutanés, les bains d'eau salée et alcalins, l'emploi des mercuriaux qui, maniés avec habileté, ont souvent un succès inespéré; un régime succulent.

Mais les femmes, bercées d'un vain espoir, temporisent le plus souvent et ne réclament nos soins que lorsque le polype a atteint son summum d'évolution. Cependant, à cette seconde phase, il se trouve encore dans la matrice. Les hémorrhagies, devenues fréquentes, ont appauvri le sang qui devient impropre à la

réparation organique; il y a une fièvre lente, la faiblesse est à son apogée. Si l'on explore l'organe de la gestation, surtout par le rectum, on sent qu'il est développé par un corps étranger, et si l'on fait un rapprochement sévère des symptômes précurseurs et rationnels, des signes sensibles fournis par nos organes des sens, nous pouvons nous autoriser à caractériser la présence d'un polype, à l'exclusion d'une môle, d'un faux germe, d'une hydrométrie, d'une grossesse commençante. Dans cette circonstance, le médecin doit satisfaire à plusieurs indications thérapeutiques : reconstituer le sang, parer aux accidents les plus pressants et favoriser la descente de la tumeur. 4° Les toniques, les analeptiques, les martiaux; 2o le coucher horizontal; l'administration bien dirigée de l'ergot de scigle, tant comme hémostatique que comme éliminateur; 3o faire sur le col utérin des onctions avec l'extrait de belladone, pour en opérer la dilatation. Enfin, au dernier stade, apparaît la rétention plus ou moins complète des urines et des matières fécales, qui témoigne de la rétroversion du viscère reproducteur et de l'engagement du polype dans son col. Ici, l'homme de l'art, toujours à la piste du parcours du parasite, le perçoit, franchissant le museau de tanche, pour le reconnaître finalement dans l'élytre vaginal. C'est là, qu'arrivé au terme de ses travaux, il en fait justice par le procédé qui lui est le plus familier, et son cœur, tout palpitant de joie, sent qu'il vient de rendre une mère à une famille éplorée qui, passant subitement à l'allégresse, bénit mille fois le nom de son bienfaiteur.

NOTICE SUR L'HÔPITAL SAINTE-ÉLISABETH, A ANVERS, par le docteur GUSTAVE NIHOUL, ancien interne, médecin à Warisoux.

Situation. L'hôpital d'Anvers est situé à l'extrémité sud de la ville; il a pour bornes, au nord le Jardin Botanique, au sud il n'est séparé de la campagne que par une rue et les fortifications; dans les autres points, il est contigu à des rues larges qui conduisent d'un côté au centre de la ville et de l'autre à la campagne.

Le rapport décennal de la situation du royaume publié en 1852 indique la population moyenne des hôpitaux pendant la période de 1841 à 1850. Le tableau suivant, emprunté à ce recensement, fait ressortir l'importance de l'hôpital d'Anvers sur les autres hôpitaux de la Belgique :

Anvers (Sainte-Élisabeth), 589 malades. - Malines, 240.- Bruxelles (SaintJean, 196, Saint-Pierre, 279). Louvain, 87. - Bruges, 154. Liége, 162. - Gand, 253.

Aujourd'hui le nombre des malades est plus considérable, il a été porté à 440 pour l'année 1836. L'hôpital Sainte-Élisabeth doit surtout son importance au port qui lui procure la plus grande partie des blessés qu'il reçoit. Description. L'hôpital Sainte-Elisabeth est divisé en trois corps de bâtiments, dont l'un est destiné aux bureaux de l'administration des hospices, aux

logements de l'économe et du portier; un second corps comprend le couvent et le troisième constitue l'hôpital proprement dit.

Tout est moderne dans cet établissement, sauf quelques restes d'anciennes constructions.

Nous ne nous occuperons que du troisième corps de bâtiment qui constitue l'hôpital proprement dit.

Il est composé de trois ailes qui se rencontrent en formant deux angles dans l'intervalle desquels se trouvent le promenoir et le séchoir limités du côté opposé à ces angles par le cloître.

La première aile qu'on aperçoit à droite, après avoir franchi la porte d'entrée, est double dans une partie de son étendue. On n'y remarque qu'un seul étage. Cette aile renferme, outre des salles de malades dont il sera question plus tard :

1o Les chambres d'attente et de réception pour les malades qui viennent à la visite gratuite; 2° La salle de garde; 3° Les logements des élèves internes; 4o La chambre d'étude; 5o Les magasins pour les provisions de drogues et d'herbes; 6o La pharmacie; 7o La tisannerie; 8° Le laboratoire; 9o La chambrette du pharmacien en chef; 10° L'amphithéâtre où se donnaient autrefois les cours de sciences naturelles et de médecine et où M. Rigouts, pharmacien en chef, donne encore aujourd'hui des leçons de matière médicale. C'est dans cette même enceinte qu'ont lieu les conférences de M. le Dr Uytterhoeven sur la chirurgie auxquelles assiste un auditoire distingué. 11° Le cabinet d'histoire narelle où sont déposés les différents objets nécessaires à l'étude de cette science. Ce local renferme en outre un belle collection de pièces anatomiques, l'arsenal de chirurgie et les monstruosités.

Entre les deux parties qui constituent la duplicité de cette aile se trouve une cour où sont relegués des décombres et des cendres; celles-ci y sont soumises au tamisage.

Cette cour, transmettant de l'air à un grand nombre de salles, a été considérée comme une cause d'insalubrité, les matières qu'elle renferme ne pouvant que dégager des émanations nuisibles. C'est pour cette raison que les médecins en ont demandé, à diverses reprises, le déblaiement qui s'effectuera quand on aura trouvé un endroit propre à en remplir la destination.

La seconde aile de bâtiment donne sur la rue Léopold; elle renferme l'hospice de la Maternité et quelques salles de médecine et de chirurgie; elle n'a comme la première qu'un seul étage.

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La troisième aile a été élevée sur l'emplacement de l'ancienne construction tant à cause du mauvais état de cette dernière que par besoin d'agrandissement de l'hôpital; celle-ci présente trois étages.

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Ventilation. Trois systèmes se partagent la ventilation de l'hôpital: celui de M. A. Uytterhoeven, celui de M. Van Haesendonck et celui de la nouvelle construction.

1o Celui de M. A. Uytterhoeven repose sur les principes de la ventilation naturelle. La description en est consignée dans le Journal de médecine, de chirur

gie et de pharmacologie, publié par la Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles, 1853, 11o année, 17° volume, page 21. Nous renvoyons à cette source.

2o Celui de M. Van Haesendonck. A la ventilation produite au moyen des vasistas et des fenêtres, il substitue un calorifère qui a non-seulement l'avantage de chauffer l'air, mais encore de le renouveler. Le plan de cet appareil se trouve joint au rapport fait au conseil communal d'Anvers sous la date du 22 septembre 1847, et approuvé par décision de cette assemblée du 9 octobre suivant. L'auteur y donne des règles fixes à l'aide desquelles on peut obtenir la quantité d'air nécessaire à la ventilation d'une salle dans un espace de temps à peu près déterminé. Nous renvoyons aux calculs faits à l'appui du rapport du 22 septembre 1847, page 10.

Cette méthode de calorification et de ventilation a été employée avec succès à l'hôtel de ville d'Anvers et s'y perpétue.

5o Le système de la nouvelle construction consiste dans des ouvertures pratiquées au-dessous de chaque fenêtre; une petite table tournante en marbre sert à fermer les rosaces quand le courant est trop rapide ou que la salle est suffisamment aérée. L'air rarefié est porté au dehors par des ouvertures pratiquées au plafond et correspondant à des cheminées ménagées dans l'épaisseur des murs; ces cheminées vont déboucher au-dessus du faîte du toit.

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Distribution des malades. Les hommes occupent la première aile du bâtiment; les femmes la seconde et la troisième. Les enfants sont séparés.

Quant au classement des maladies contagieuses, des dispositions ont été prises pour les séparer des affections non contagieuses; c'est ainsi que les varioleux sont mis à part depuis cette année.

La même disposition a été projetée pour séparer les fiévreux des blessés qui se trouvent encore réunis dans deux salles. Nous avons eu à déplorer bien des accidents à la suite de ce mélange : les cas de pourriture d'hôpital, le mauvais aspect des plaies même les plus légères, les cas de varioles gagnées dans les salles en sont une preuve. Certaines mesures ont aussi été prises pour guérir les galeux sans les admettre à l'hôpital. A cet effet, on a adopté le traitement de l'armée que les malades viennent subir à l'hôpital pour retourner ensuite dans leurs foyers. Quant aux opérés, ils sont immédiatement transportés dans une chambre isolée.

Nous allons maintenant aborder l'étude des salles en particulier; leur défaut de similitude nous empêchera de donner de grands détails. Nous commencerons par les salles de l'ancien bâtiment, nous réservant d'accorder un article spécial aux salles de la nouvelle construction.

Les salles offrent des dimensions différentes; généralement elles ont à peu près la même largeur et la même hauteur. La largeur moyenne est de 10 mètres et la hauteur de 5 mètres 50 centimètres. La grande salle de chirurgie pour hommes s'éloigne beaucoup de cette dimension; elle a 12 mètres 50 centimètres de largeur sur 36 mètres de longueur et une élévation de 6 mètres 50 centimètres, une rangée de piliers de style ogival la divise en deux nefs.

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