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adhérences soient rompues et que l'artículation joue librement.

Voici comment le professeur opéra sur un jeune homme de 18 ans, dont le genou droit était ankylosé dans une semi-flexion, à la suite d'une arthrite chronique.

Le malade fut couché sur le dos et soumis aux inhalations du chloroforme jusqu'à ce que l'anesthésie eût atteint ses dernières limites. Ce n'est, en effet, que par une profonde anesthésie qu'on obtient le relâchement dans les muscles contracturés depuis longtemps. Une fois ce degré d'insensibilité obtenu, le sujet fut tourné sur le ventre et de manière que la rotule du genou malade reposât sur le bord de la table; un aide étant chargé de maintenir la tête relevéc, afin de permettre le libre exercice de la respiration.

De l'une de ses mains, l'opérateur saisit alors la cuisse à sa partie inférieure, tandis que de l'autre main il saisit la jambe au-dessus des malléoles, et il imprima d'abord au membre un mouvement de flexion exagéré, pendant lequel on enten dait distinctement les adhérences fibreuses se rompre avec bruit. Le membre fut alors étendu autant que possible et, par des inouvements alternatifs de flexion et d'extension, pour lesquels l'opérateur employa successivement plus de force, le membre fut amené à une rectitude parfaite.

Il arrive parfois que les efforts du chirurgien seul ne suffisent pas pour rompre l'ankylose. Dans ces cas, il confie la cuisse du malade à un aide et, de ses deux mains, il fait mouvoir la jambe.

En général, les efforts sont imprimés lentement; mais il est quelquefois utile de procéder par secousses, pour amener la rupture des adhérences.

Il peut arriver qu'on ne réussisse pas dans une seule séance et qu'il faille, à diverses reprises, revenir à l'opération.

Le redressement étant obtenu, on entoure le membre d'une bande de flanelle et d'un léger bandage plâtré,

Le traitement consécutif ne commence qu'au bout de quelques jours, et consiste à rendre à l'articulation ses mouvements naturels. Pour cela, le membre est placé dans un appareil mécanique, au moyen duquel on lui imprime des mouvements gradués de flexion et d'extension. On trouve dans l'œuvre de M. Bonnet, de Lyon (Thérapeutique des maladies articulaires), des dessins de diverses machines qui répondent parfaitement au but qu'on se propose ici.

Je ne vis pas l'application de l'appareil dont je parlais tout à l'heure, parce que

je quittai Berlin 'deux jours après l'opération, et par conséquent avant qu'il fût appliqué.

Cette méthode, d'une extrême simplicité, a un avantage incontestable sur toutes celles qu'on a pratiquées jusqu'ici pour la cure des ankyloses. La plus simple de toutes consistait dans la section, par la méthode sous-cutanée, des muscles contracturés, et dans l'extension ultérieure, graduée au moyen d'appareils mécaniques du membre ankylosé; proposée par Dieffenbach, elle avait été adoptée par MM. Bonnet, de Lyon, Palasciano et d'autres. Si l'on considère combien cette méthode de traitement est longue et douloureuse, et que la section sous-cutanée n'est pas toujours exempte des dangers de la suppuration, on n'hésitera pas un instant à donner la préférence à la méthode de M. Langenbeck.

8 APPAREIL POUR LA CAUTÉRISATION DES BOURRELETS HEMORRHOÏDAUX. La destruction, par le cautère actuel, des bourrelets hémorrhoïdaux volumineux, accompagnés de prolapsus du rectum et d'hémorrhagies fréquentes, est assez généralement adoptée dans la pratique. Néanmoins, on ne saurait se dissimuler que cette méthode peut amener à sa suite un rétrécissement de l'anus, d'autant plus tourmentant pour les malades qu'il est pour ainsi dire incurable. Cet accident grave arrive presque immanquablement lorsque la cautérisation a été trop profonde et qu'elle a détruit les fibres du sphincter anal; alors la caicatrisation vicieuse donne lieu à un rétrécissement proportionné à la destruction.

Pour prévenir d'une manière sûre cet accident, M. Langenbeck se sert d'une pince dont les mors sont larges, aplatis en forme de feuilles de myrthe et garnis à leurs bords de rainures qui permettent de saisir solidement la tumeur. Les anneaux de cette pince sont munis d'une lame mobile et à cric, à l'instar de la pince de Luër, pour la serrer à un degré voulu, sans qu'elle puisse s'ouvrir sinon par la volonté de l'opérateur. Les mors larges et aplatis de cet instrument garantissent parfaitement le pourtour de l'anus pendant que le cautère actuel détruit les tumeurs hémorrhoïdales, qu'on a d'abord fait saillir, en les fixant au dehors, au moyen d'une pince de Luër ou à crochets.

Cet instrument, que j'ai vu appliquer, m'a paru supérieur à celui de M. Chassaignac et aux pinces d'Amussat pour l'application du caustique de Vienne.

CLINIQUE DE M. SCHOENLEIN. - Le jour où je visitai le bel hôpital de la Charité,

M. Schoenlein faisait une leçon sur deux affections intéressantes. L'une était un delirium tremens, survenu pendant le cours d'une pneumonie aiguë; l'autre, une fièvre typhoïde, de forme légère en apparence, mais en réalité pouvant devenir fort grave; forme que les praticiens allemands désignent sous le nom de «typhus ambulatorius,» par la raison que les malades, ne se sentant pas très-abattus, ne comprennent pas qu'on leur fasse garder le lit, et veulent vaquer à leurs occupations.

Les individus affectés de cette forme insolite de fièvre typhoïde ne paraissent pas très-malades aux yeux du médecin inexpérimenté; ils n'éprouvent qu'un abattement médiocre et prétendent n'avoir pas autre chose qu'une grande faiblesse que des fortifiants dissiperaient bientôt. Mais ils n'ont pas d'appétit et éprouvent un malaise général, avec un mal de tête qui augmente régulièrement vers le soir. Le mouvement fébrile est presque imperceptible pendant le jour; mais, le soir, le pouls atteint une fréquence de 100 à 110 pulsations par minute. La peau alors est brûlante et sèche, et, s'il survient un peu de transpiration, cette sueur n'est point suivie d'amélioration durable. Les malades peuvent se lever et même se livrer à quelques mouvements qui, cependant, les fatiguent bientôt il y en a qui peuvent jusqu'à un certain point vaquer à leurs occupations, mais leurs mouvements, comme leur démarche, ont quelque chose d'incertain et qui dénote une prostration des forces musculaires. De là, le nom de typhus ambulatorius.

Quand on examine le bas-ventre de ces malades, on y découvre d'ordinaire un peu de sensibilité dans la région iléo-cœcale, avec ou sans gargouillement intestinal, déterminé par la pression: on apprend parfois qu'il y a un peu de diarrhée. Lorsqu'on ausculte la poitrine, on trouve à la base des poumons un peu de râle sibilant; il existe aussi un peu de toux, avec ou sans expectoration; celle-ci, dans tous les cas est très-peu abondante et sans caractère précis.

Il peut arriver qu'on découvre, sous les clavicules sur le devant de la poitrine ou sur le dos, quelques rares taches rosées, lenticulaires, qui sont précieuses pour le diagnostic.

Cet état dure de deux à trois septénaires, et quelquefois davantage. Il se termine ordinairement par la guérison; mais il se peut aussi qu'une hémorrhagic intestinale se déclare brusquement et que le malade succombe en peu de temps. On a

vu aussi cette forme de fièvre typhoide se terminer fatalement par une perforation intestinale et une péritonite suraiguë.

Dans ces cas, l'autopsie révèle l'existence d'ulcérations très-étendues des plaques de Peyer, ulcérations qui ont donné lieu à l'hémorrhagie ou à la perforation.

Ce résumé, naturellement fort-incom plet, de la leçon de M. Schoenlein, prouve déjà amplement tout l'intérêt qui s'attache à ces sortes de cas. Le médecin traitant ne saurait être trop sur ses gardes quand il se trouve en présence d'une pareille affection; car, s'il partage l'idée du malade et de ses amis qui n'y voient qu'une indispo sition sans importance, il négligera indubitablement les soins que le mal réclame, et il s'expose à voir survenir, quand il s'y attend le moins, une hémorrhagic ou une perforation intestinale. H est bien vrai qu'on ne saurait toujours prévenir une semblable terminaison: mais il suffit d'en avoir prévu la possibilité, pour ne pas être exposé à des reproches qu'on est en droit de vous faire.

MOYEN DE DISTINGUER LE GRENAT NATIF DU GRENAT ARTIFICIEL; par M. T.-L. PHIPSON. On fabrique aujourd'hui avec un tel degré de perfection le grenat artificiel, que lorsqu'on nous donne deux pierres taillées, l'une en grenat artificiel, l'autre en grenat natif, il est assez difficile de les distinguer. J'ai trouvé cependant à cet égard un moyen qui vaut peut-être mieux que la meilleure analyse. Le voici : Le grenat artificiel, comme le grenat natif, raye le verre. Quelques grenats naturels rayent le quartz, mais pas tous; le grenat artificiel ne raye jamais le quartz. Le quartz (cristal de roche), abime complétement une pierre taillée en grenat artificiel, tandis qu'il ne raye nullement le grenat natif.

Avec ces données, on distinguera toujours les grenats naturels des artificiels, lors même que l'analyse indiquerait une composition semblable ou identique pour les deux substances.

LARGINS SCIENTIFIQUES.-SINGULIÈRE JUSTIFICATION DES Annales de la Société médicochirurgicale de Bruges.-Dans notre Cahier de septembre nous avons réclamé comme nous appartenant, pour les avoir traduits, trois articles que les Annales de Bruges avaient reproduits sans indiquer à quelle source elle les avaient puisés. La rédaction des Annales répond à cela par cette

phrase d'une aménité charmante et qu'elle trouve sans doute fort spirituelle: Il y a des gens qui crient au voleur au moment où ils viennent de mettre la main dans la poche de leur voisin. Et savez-vous pourquoi, lecteurs? Parce que nous avons eu la naïveté de reproduire dans ce même Cahier de septembre et alors que nous nous plaignions du sans-façon des Annales, un travail de M. le docteur Verhaeghe, d'Ostende, intitulé: Sur l'enseignement médical en Prusse, travail qu'elles prétendent leur appartenir, parce qu'elles l'ont publié. Publié, soit; et nous pensons qu'à cela doivent se borner les prétentions des Annales, car M. le docteur Verhaeghe n'a pu cesser d'être l'auteur et le propriétaire de son travail, et en nous en envoyant un exemplaire, il n'a certes pas eu l'idée de nous empêcher de reproduire sa brochure: bien au contraire, dirons-nous, car lorsqu'un auteur adresse des tirés à part aux journaux de médecine et aux Sociétés savantes, c'est pour que son œuvre reçoive la plus grande publicité possible. Au reste, nous n'avons fait que suivre un usage généralement reçu dans la presse scientifique, et pour notre compte nous n'avons jamais trouvé mauvais qu'un journal reproduisit, sans citer notre publication, nos travaux originaux alors que ceux-ci lui avaient été communiqués par les auteurs sous forme de brochures. Enfin, nous n'avons rien pris à M. Verhaeghe; car non-seulement nous lui avons laissé le mérite et l'honneur de son travail, mais encore nous avons contribué largement à faire ressortir l'un et l'autre par la publicité que nous avons donnée à son Coup d'œil sur l'enseignement médical

en Prusse.

En est-il de même pour les Annales? Évidemment non. En reproduisant nos traductions sans citer la source d'emprunt, elle nous a d'abord dérobé le fruit de notre travail, d'un travail appartenant exclusivement à la Rédaction, et puis elle s'en est ainsi approprié le mérite; si petit que celui-ci puisse être, nous y tenons, parce que toute traduction coûte de la peine, souvent plus de peine que la rédaction d'un article original.

Nous vous demanderons maintenant, lecteurs, si les Annales ont été bien inspirées en nous traitant de chatouilleux Journal, et si elles ne se sont pas montrées un peu plus chatouilleuses que nous, et cela sans que l'on ait fait seulement mine d'en vouloir à leur peau? Quand on élève des prétentions insoutenables, on devrait au moins le faire en termes cour

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PROGRAMME DES QUESTIONS PROPOSÉES POUR LE CONCOURS DE 1858.

1ro Question. -Quels sont les médicaments nouveaux dont s'est enrichie, depuis les vingt-cinq dernières années, la matière médicale? Discuter leur valeur thérapeutique, en s'appuyant autant que possible sur des faits cliniques. Tracer l'historique et donner une étude complète de chacun d'eux. » Prix : Une médaille en or de la valeur de 200 francs.

2o Question. Existe-t-il des lésions organiques spéciales qui puissent constituer un genre d'affections désignées sous le nom de cirrhoses? Dans l'affirmative, quels en sont les caractères anatomopathologiques, les causes, les symptômes,

la marche et le traitement? » Prix : Une médaille en or de la valeur de 300 francs.

5o Question. - Indiquer les faits physiologiques et pathologiques qu'a fait découvrir l'ophthalmoscope. Quelles sont les maladies oculaires dans lesquelles son emploi est utile? » - Prix: Une médaille en or de la valeur de 500 francs.

4° Question. Cette question est laissée au choix des concurrents, mais elle devra embrasser un sujet quelconque du do maine de la médecine, de la chirurgie ou de la tocologie (art des accouchements). Prix: Une médaille en or de la valeur de 100 francs.

N. B. La Société croit pouvoir appeler l'attention des concurrents sur les deux questions suivantes :

A. Discuter les avantages et les

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Be Question. Cette question est éga lement laissée au choix des concurrents, mais elle devra embrasser un sujet quelconque du domaine des sciences naturelles ou pharmaceutiques. Prix Une médaille en or de la valeur de 100 francs. Conditions du Concours. Les membres titulaires et les membres honoraires de la Société, résidant à Bruxelles ou dans la banlieue, sont seuls exclus du concours.

Les mémoires devront être écrits lisiblement en français, en latin, en allemand, en hollandais ou en anglais, et être remis (franco) avant le 1er juillet 1858, chez le secrétaire de la Société, M. le docteur

Van den Corput, rue d'Aremberg, 14. Ils devront être accompagnés d'un billet cacheté contenant les noms, qualités et le domicile de l'auteur et portant sur l'enveloppe la devise ou épigraphe placée en tête du mémoire. Les mémoires dont les auteurs se seraient fait connaître direc

tement ou indirectement, et ceux qui parviendraient au secrétariat après l'époque fixée, ne seront pas admis à concourir. Ainsi arrêté en séance du 5 oct. 1857. Le Secrétaire, Le Président, Dr VAN DEN CORPUT. Dr DIEUDONNÉ.

PRIX PROPOSÉ.

La Société allemande de psychiatrie et de psychologie légale a proposé, dans l'assemblée générale des naturalistes à Bonn, pour sujet d'un prix à décerner en 1859, la question suivante :

Quel est le traitement qu'il convient d'instituer au début des affections mentales? >

Les mémoires écrits en allemand, en français ou en latin doivent être adressés avant la fin de l'année 1858, et dans les formes académiques ordinaires, au premier secrétaire, M. le docteur Erlenmeyer, directeur de l'Institut pour les maladies nerveuses et du cerveau, à Bendorf, près Coblence.

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DE MÉDECINE.

(DÉCEMBRE 1857.)

1.- MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.

DE L'EAU FROIde en chirurgie et spécialement dans le traitement des DÉSORDRES TRAUMATIQUES De nature contuSIVE, par M. AMand Beaupoil, docteur-médecin à Ingrandes (Indre-et-Loire). (Suite et fin. Voir notre cahier de novembre, page 412.)

A côté des observations précédentes, nous allons transcrire quelques cas de déplacements de l'extrémité supérieure du radius. La gravité de ces cas est infiniment moindre que celle des accidents dont il vient d'être question, mais ils méritent d'attirer l'attention à un autre égard. Ils n'ont point été décrits par les auteurs, malgré qu'ils soient extrêmement communs chez les jeunes enfants et qu'ils peuvent aussi se rencontrer chez des sujets plus âgés. Les observations suivantes en feront suffisamment connaître la nature.

OBSERVATION 5me. -LUXATIOn incomplète de l'extrémité suPÉRIEURE DU RADIUS EN AVANT, AFFUSIONS FROIDES, GUÉRISON.

Nannette C. R., forte enfant de 50 mois, étant à s'amuser, le 24 août 1855, sur la cour à battre le blé, perdit l'équilibre et voulut se retenir avec la main gauche aux jupes de sa mère qui était auprès d'elle. Aussitôt elle se mit à pousser des cris aigus et cessa de se servir de son bras. Appelé de suite, je constate les symptômes suivants : impossibilité de porter la main à la bouche, flexion légère de l'avant-bras sur le bras, main pendante, légèrement tournée en pronation, point de gonflement, ni de difformité aux environs du coude, tête du radius un peu plus saillante en avant que du côté opposé; mouvements de l'épaule conservés.

Il existe donc une luxation très-incomplète de l'extrémité supérieure du radius en avant. Pour la réduire, je me place en dehors du membre, je saisis le coude de l'enfant dans la paume de ma main droite, et j'applique le pouce de cette main sur la face antérieure de la tête du radius pour la repousser vers sa cavité, en même temps qu'avec mon autre main, je tire sur l'avant-bras un peu en bas et en dehors afin d'exercer la traction sur le radius et non sur le cubitus et de manière à ramener la main en supination; puis je fléchis brusquement l'avant-bras sur le bras pour mettre les muscles dans le relâchement. Un petit craquement indique la rentrée de la tête du radius dans sa cavité, et dès lors l'enfant ne crie plus, parce que toute douleur a cessé avec la réduction. Elle porte alors un morceau du sucre à sa bouche, en riant; elle me donne sa main, allonge le membre, et tourne aisément l'avant-bras tantôt en pronation et tantôt en supination.

La réduction a été des plus faciles et il n'existe aucun indice de réaction inflammatoire; néanmoins je crois devoir entourer le coude d'une bande mouillée et recomman

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