Images de page
PDF
ePub

l'humeur aqueuse; 10 les maladies de l'iris; 44o les maladies de la capsule du cristallin; 12° les maladies de l'humeur de Morgagni; 13o les maladies du cristallin; 14o les maladies de la membrane byaloïde; 15 les maladies du corps vitré; 16° les maladies du cercle et du procès ciliaires; 17 les maladies symptomatiques des membranes de l'œil; 18° les vices fonctionnels de la vision; 19° les maladies générales du globe oculaire; 20° les lésions diverses immédiates de l'œil ; 21° le déplacement accidentel des yeux; 22° la position anormale des yeux; 23o les vices congénitaux des yeux; 24o la myoplégie

oculaire; 23° la blepharoplégie; 26' la névralgie oculaire et péri-orbitaire.

Dans les trois derniers chapitres qui terminent le volume, l'auteur étudie les conserves, les lunettes, et les subterfuges employés par les conscrits.

Tels sont les différents sujets que M. Vallez a étudiés, et lorsqu'il dit que, comme l'abeille, il n'a fait que butiner. nous croyons que notre confrère y met un peu trop de modestie; il est vrai que ce n'est pas un mal, que c'est plutôt une qualité, et d'autant plus précieuse à mes yeux qu'elle tend tous les jours à disparaître. Dr HENRIETTE.

IV. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.

Société des Sciences médicales et natu

relles de Bruxelles.

Séance du 6 mars.

stanche. Le mémoire en réponse à la question sur la surdité nerveusc a pour épigraphe: Naturam morborum ostendunt curationes. Celui en réponse à un point important quelconque de la pathologie auriculaire a pour titre : Des otites dans les

M. DAUMERIE, président honoraire, oc- fièvres graves, et pour épigraphe : Ars tota cupe le fauteuil.

Secrétaire: M. CROCQ.

Sont présents: MM. Daumerie, Leroy, Joly, Gripekoven, Perkins, Koepl, Martin, Ricken, Crocq, Van den Corput, DelstanIche et Henriette.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Ouvrages présentés :

1. Notice sur Herman Vander Heyden, de Louvain, médecin pensionné de la ville de Gand en 1612, par F. J. Malcorps, br. in-8°.

2. Das chirurgische und AugenkrankenClinicum der Universit t Erlangen vom 1 octob. 1852 bis zum 30 sept. 1853, von Dr J. F. Heyfelder. Berlin, 1855, in-8.

3. Mittheilungen aus der orthopacdischen Anstalt des Johannes Wildberger im Bamberg, von Dr C. M. Wierrer. Berlin, 1855, in-8°.

4. Compte-rendu des travaux du Conseil de salubrité publique de Liége pendant l'année 1855, par M. A. Spring, br. in-8°.

5. Annuaire de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique pour 1854, vol. in-18.

6 à 38. Divers journaux de médecine et recueils scientifiques périodiques.

La Société a reçu un mémoire en réponse à chacune des deux questions mises au concours pour les prix fondés par M. Del

in observationibus.

Ces mémoires étant arrivés avant le 1er mars, il y de lieu à nommer, pour les examiner, une commission de cinq membres, élus au scrutin secret.

M. DELSTANCHE. Je commence par déclarer que, étant ici en quelque sorte personnellement intéressé, je ne puis faire partie de cette commission. Je dois rappeler pourtant que mon but a été d'arriver à un résultat pratique, de faire quelque chose d'utile pour le traitement de ces affections si graves et si rebelles. Ce but sera atteint seulement si les mémoires reçus ajoutent quelque chose à la thérapeutique de ces maladies.

Il est procédé au scrutin secret. MM. Koepl, Henriette, Dieudonné, Bougard et Crocq, ayant obtenu la majorité, sont nommés membres de la commission. M. MARTIN lit le rapport suivant : Du huaco et de ses vertus médicinales. Réflexions médicales sur le cholera-morbus et son traitement avec le mikania huaco,

Tel est le titre d'une brochure publice à Paris par le docteur Jean-Louis Chabert, de Mexico, sur un nouveau mode de traitement de la fièvre jaune et du choléra asiatique par la décoction et la teinture d'une plante connue de temps immémorial par les indiens, sous le nom de huaco, mais complétement inconnue en thérapeu

tique avant les recherches de notre honorable correspondant.

Le livre de notre savant confrère se divise en neuf chapitres où il traite successivement de la découverte du huaco et de la description de son application dans la fièvre jaune, les affections nerveuses avec aberration ou diminution de l'innervation, les fièvres intermittentes rebelles, la coqueluche, la rage, et spécialement le choléra-morbus épidémique.

Dans les 6o et 7e chapitres, il se livre à quelques réflexions sur la médication du choléra sans recourir au huaco et l'influence que les causes de cette dernière maladie ont exercée sur la fièvre jaune. Enfin, les deux derniers chapitres sont consacrés à relater les diverses observations propres à constater les avantages qui peuvent être retirés pour l'humanité, de l'administration de cette plante.

ment, le choléra, la fièvre jaune. Le spécifique du premier devra donc être avantageux aux deux autres affections.

Partant de cette idée, il commença ses expériences sur la fièvre jaune d'abord, les névroses, les fièvres intermittentes, le choléra asiatique. Ses efforts furent cou ronnés de succès et il guérit la plupart des affections de ce genre qui furent confiées à ses soins. La décoction d'un gros de feuilles et sommités ou de deux gros de liane dans un litre d'eau, jusqu'à l'obtention d'une légère saveur amère et administrée par petite tasses de demi-heure en demi-heure; ou bien, une cuillerée d'un mélange composé d'une cuillerée dè teinture alcoolique de huaco dans huit cuillerées d'eau sucrée et administrée de quinze en quinze minutes, jusqu'au rétablissement d'une douce chaleur et de la transpiration, composèrent tout le traitement employé contre ces deux terribles maladies. Il en fut de même dans une foule d'autres affections signalées par l'auteur où il obtint des succès constants, comme le prouve le passage suivant tiré de sa publication: Le mikania huaco > est donc le moyen, le seul peut-être qui puisse être employé dans le traitement » du choléra-morbus grave, algide, asphy>xique, avec un espoir fondé de succès. C'est l'analogie, source de tant de dé- Et, je crois, avec la confiance qui résulte couvertes dans les sciences, qui a conduit › d'une profonde conviction que cetté notre confrère de Mexico à expérimenter > plante précieuse est un spécifique cerle mikania huaco (convolvulacée de la fa-tain contre la fièvre jaune, contre le chomille des Syngénèses corymbifères) contre un grand nombre de maladies dépendant d'une aberration du système nerveux ou une altération des liquides.

Sans vouloir donner une analyse circonstanciée de l'ouvrage qui a été confié à notre examen (ce qui, du reste, serait peu facile vu l'ordre de sa distribution), nous croyons pouvoir en donner une esquisse suffisante pour apprécier un agent thérapeutique nouveau, considéré comme spécifique contre deux maladies aussi redoutables que le choléra-morbus et la fièvre jaune.

Ayant appris que les aborigènes connaissaient une plante qui possédait la vertu de guérir les accidents qui résultaient de la morsure des reptiles venimeux et de la prévenir, en suçant le suc de ses feuilles fraîches mâchées et en appliquant le marc sur la plaie, il conçut le projet d'introduire cette substance végétale dans la thérapeutique, où son action, bien étudiée, ne pourrait manquer de lui assigner un rang distingué (1).

En effet, suivant l'auteur, deux causes identiques, l'absorption du venin des reptiles et celle des miasmes délétères gazeux, produisent, l'une et l'autre, la perturbation du système nerveux et la décomposition du sang; en un mot, l'empoisonne

(1) Les propriétés du mikania guaco ou huaco contre la morsure des serpents venimeux out été constatées en 1798 par les nombreuses expériences de Mutis. La réputation de cette plante a grandi encore par les succès qu'on a obtenus, depuis 1830, de l'emploi de son extrait contre les

[ocr errors]
[ocr errors]

D

léra-morbus, et probablement aussi contre la peste du Levant et contre la plu> part des névroses; comme elle est, à » n'en pouvoir douter, un spécifique cer»tain, infaillible, contre la morsure des > reptiles venimeux; comme elle est un

puissant moyen pour combattre les ac»cidents du typhus et toutes les maladies » qui reconnaissent pour cause l'action des > miasmes, de quelque nature qu'ils soient. ›

En somme, Messieurs, tout en reconnaissant le mérite de la découverte de notre honorable correspondant et, sans vouloir émettre le moindre doute sur la véracité des cas nombreux de guérison d'un grand nombre de maladies qu'il cite dans son ouvrage, nous croyons qu'avant de nous prononcer sur ce nouveau mode de traitement, il serait désirable que ceux d'entre nous qui se trouveraient à même

rhumatismes aigus, les fièvres intermittentes, et
surtout contre les ravages de la fièvre jaune et
du choléra-morbus. (Voir le mot mikanier dans
le Dictionnaire d'histoire naturelle et des phé-
nomènes de la nature, publié sous la direction
de M. F. E. Guérin).
Dr D.

[ocr errors]

de traiter des affections cholériques épidémiques fassent tout leur possible pour se procurer du mikania huaco et de l'expérimenter. Ce serait un moyen infaillible de s'assurer de la vertu de cette plante et des nouveaux bienfaits qu'elle paraît appelée à rendre à l'humanité.

Nous terminons ce court aperçu, Messieurs, en vous proposant de voter des remercîments à M. le docteur Chabert et de déposer honorablement sa brochure dans nos archives.

M. HENRIETTE. A chaque apparition du choléra, on préconise contre cette maladie de nouveaux spécifiques. En voici un de plus qu'on nous présente; et je demanderai à M. Martin si les expériences de M. Chabert confirment réellement le titre de spécifique qu'il donne au huaco, si elles démontrent qu'il aurait guéri des cas de choléra. A l'entendre, ce moyen aurait -déjà été expérimenté sur une assez grande échelle; mais je demande s'il cite des observations de guérison. Nous savons que par toutes les méthodes on obtient des succès; il s'agit seulement de savoir si par l'une d'elles on en obtient davantage. Y a-til dans ce mémoire des observations dont le diagnostic soit bien établi? S'il y en a, sont-ce de vrais cas de choléra asiatique ou des cas de cholérine ou de choléra léger? M. MARTIN. M. Chabert cite plusieurs cas de choléra asiatique, qu'il désigne sous ce nom sans énumérer leurs symptômes. Comme l'auteur est un vieux praticien, un ancien médecin en chef de l'armée du Mexique, il doit être à même de poser un bon diagnostic. Du reste, il dit en avoir traité plus de mille cas.

M. HENRIETTE. Quelle est la statistique de ces mille cas?

M. MARTIN. Il n'en donne pas. Il cite sculement une dizaine d'observations, mais sans fournir aucun détail.

M. HENRIETTE. Comment formule-t-il l'action de ce médicament?

M. MARTIN. Le huaco possède, paraît-il, la propriété d'annuler les effets de la morsure des animaux venimeux. De là est née l'idée qu'il pourrait peut-être aussi servir à combattre l'empoisonnement miasmatique qui donne lieu au choléra. M. Chabert dit avoir ainsi obtenu de la chaleur, de la transpiration, en un mot tout ce qui constitue la réaction.

M. HENRIETTE. Se contente-t-il de donner l'extrait de huaco sans recourir à d'autres modes de traitement, tels que la chaleur artificielle, les frictions, et les autres moyens généralement usités?

M. MARTIN. Il emploie ceux-ci aussi, et principalement la chaleur artificielle;

mais il attribue au huaco la principale part des succès.

M. KOEPL. Je voudrais savoir si c'est au Mexique que M. Chabert a employé te huaco. C'est que je n'ai jamais su que le choléra existât au Mexique.

Ensuite, il doit avoir appris cet usage des habitants du pays, du peuple qui emploic généralement le huaco, non-seulement contre les morsures d'animaux venimeux, mais aussi contre le choléra, la fièvre jaune, le typhus, etc. En Europe aussi on a fait des expériences sur eet agent; il y a un rapport sur l'ouvrage de M. Chabert et sur l'emploi du huaco dans la Deutsche Klinik, et l'on y fait mention d'expériences qui auraient fourni des résultats très-favorables.

M. MARTIN. Je ne le connais pas.

M. KOEPL. Cela a paru en feuilleton, l'année passée, dans la Deutsche Klinik.

M. RIEKEN. Est-ce que M. Chabert le conseille ou l'emploie à toutes les périodes du choléra?

M. MARTIN. A toutes les périodes, au début, dans la période algide, et jusque dans la réaction.

M. RIEKEN. L'emploie-t-il aussi contre les suites du choléra?

M. MARTIN. Oui, et de plus il le conseille contre une foule d'autres maladies, telles que le typhus, la fièvre jaune, les maladies nerveuses; à l'entendre, ce serait un des agents les plus précieux de la thérapeutique.

La Société adopte les conclusions de rapport de M. Martin et en décide l'impression.

M. VAN DEN CORPUT lit le rapport suivant sur un travail de MM. Bruinsma et Bloembergen, de Leeuwaerden, sur un cas d'empoisonnement arsénical.

Messieurs,

La Société a reçu de la part de M. Bruinsma une brochure hollandaise relative à la recherche chimico-légale de l'arsenic dans un cas d'empoisonnement, où ce chimiste, de concert avec M. Evert Bloembergen, pharmacien à Leeuwarden, fut appelé à éclairer la justice.

Je viens m'acquitter de la mission qui m'a été confiée en vous présentant une analyse succincte de ce travail.

Après avoir exposé dans un premier rapport les formalités préliminaires de l'expertise et énuméré les différentes matières qui firent l'objet de leurs recherches, les auteurs de ce mémoire qui n'ont fait, en le livrant à l'impression, que céder aux sollicitations de quelques confrères, abordent la partie technique de leurs ana

lyses qui sont traitées avec infiniment d'ordre et de méthode.

Ils décrivent d'abord d'une manière détaillée les différents modes opératoires et les méthodes auxquels ils ont eu recours pour reconnaître la nature du poison et déterminer sa quantité; ils indiquent ensuite les divers essais auxquels furent soumis les réactifs ainsi que les ustensiles employés afin de s'assurer de leur pureté et de leur netteté absolue. Nous n'entrePons pas dans l'exposé de ces opérations, les manipulations suivies par MM. Bruins, ma et Bloembergen, ne différant guère, à quelques légères modifications près, des procédés qui sont généralement connus et décrits dans la plupart des traités spéciaux. Il nous suffira de dire que, suivant les indications fournies par la nature des substances soumises à leur examen, ils ont eu recours, soit à la réduction directe des particules toxiques au moyen du charbon dans des tubes Berzélius, et à l'épreuve consécutive des anneaux métalliques obtenus par volatilisation ou par dissolution, à l'aide de quelques gouttes d'acide azotique et par l'essai au moyen des réactifs ordinaires, soit à l'épreuve par l'appareil de Marsh en employant tantôt l'appareil primitif, tantôt celui modifié par Orfila, et d'autres fois enfin, l'appareil dont MM. Kæppelin et Kampmann, de Colmar, ont donné, il y a quelques années, la description.

Tous ces essais ont été exécutés avec la plus scrupuleuse attention et en prenant toutes les précautions que recommande la science.

Dans le chapitre suivant, les auteurs du travail, aborbant la partie la plus délicate de ces sortes d'analyses, exposent les différentes méthodes auxquelles ils ont eu recours pour se débarrasser des matières organiques et rendre soluble le composé arsénical.

Ces méthodes consistèrent: 1o dans la destruction des substances animales au moyen du chlore naissant produit par un mélange en proportion déterminée de chlorate potassique et d'acide chlorhydrique. La liqueur résultant de cette opération, filtrée et traitée par l'acide sulfureux était soumise ensuite à un courant de sulfide hydrique. Le précipité qui s'y formait recueilli sur un filtre, séché, puis pesé, était traité par l'acide azotique. Ajoutant ensuite quelques gouttes d'acide sulfurique dans le but de carboniser le filtre, puis traitant à chaud par l'eau distillée, on obtenait la liqueur destinée à être introduite dans l'appareil de Marsh. Pour la préparation des substances d'une composition

peu complexe, les chimistes hollandais ont eu recours au procédé de carbonisation de MM. Danger et Flandin, dont ils exposent le mode opératoire dans un chapitre spécial. La matière séchée et carbonisée par 114 de son poids d'acide sulfurique, puis traitée par poids égal d'acide azotique et séchée de nouveau fut épuisée par l'eau distillée et filtrée; le liquide qui en résultait était introduit dans l'appareil de Marsh. Dans la plupart des cas, afin d'éviter des pertes, la carbonisation eut lieu à la cornue et le liquide condensé dans un ballon d'ajutage était recueilli pour être ajouté au reste du liquide destiné aux recherches.

Le mode opératoire suivi dans ce dernier cas par les chimistes hollandais aurait pu, selon nous, être remplacé avec avantage par le procédé suivant à la fois plus sûr, plus économique, et qui nous a fourni d'excellents résultats. Il consiste à décomposer les matières organiques à chaud par la potasse caustique, puis à sursaturer l'alcali par l'acide chlorhydrique. Les liqueurs filtrées et concentrées sont traitées ensuite par l'infusion de noix de galle, afin de précipiter les dernières traces de substances albuminoïdes qui pourraient encore s'y trouver. On filtre de nouveau et l'on introduit la liqueur parfaitement claire dans l'appareil de Marsh. Il est, en outre, à propos du premier procédé de destruction des matières animales suivi par les experts, et en présence surtout des résultats négatifs ou incertains qu'ils ont obtenus dans quelquesunes de leurs expériences; il est, disonsnous, une remarque que nous ne pouvons nous dispenser de faire, à cause de l'importance qu'elle présente, alors qu'il s'agit de la recherche de très-faibles quantités d'arsenic..

L'expérience prouve en effet, que lorsque l'on a affaire à des matières d'origine animale, la liqueur séparée au moyen du filtre du précipité arsénical formé par l'acide sulfhydrique, conserve dans la plupart des cas une légère coloration jaunȧtre et retient encore quelques traces de sulfure arsénieux dont la présence de certaines matières organiques indécomposées empêche la précipitation complète.

C'est ce dont il est facile de se convainere lorsque l'on ajoute à la liqueur un peu de sel marin afin de diminuer sa capacité dissolvante; que l'on chauffe et qu'on laisse refroidir dans une longue éprouvette; on remarque, au bout de quelque temps un précipité qui augmente en même temps que le liquide surnageant se décolore. Cette précipitation peut être produite également par l'addition d'une cer,

taine quantité d'alcool, et l'essai de ce nouveau dépôt y démontre une quantité d'arsenic qui peut être dosée.

Pour en revenir à la marche opératoire suivie dans la brochure qui nous occupe, disons que ses auteurs ont pris un soin exact de soumettre toutes les taches qu'ils obtenaient par l'appareil de Marsh dans le cours de leurs recherches aux essais ordinaires par les réactifs; ils ont modifié l'une de ces épreuves en imaginant de recueillir quelques dépôts métalliques dans de petites capsules en porcelaine, et après avoir dissous la tache dans une goutte d'acide azotique, puis évaporé, ils ont touché le résidu avec de l'eau acidulée par de l'acide chlorhydrique et ont placé la capsule ainsi préparée sous une cloche où se produisait un dégagement de sulfide hydrique, lequel, absorbé par le liquide de la capsule, y déterminait un précipité qui était essayé encore relativement à sa solubilité dans l'ammoniaque liquide. D'autres taches furent soumises sous une cloche à l'action du chlore gazeux obtenu par un mélange d'hypochlorite calcique et d'acide sulfurique étendu, d'après la méthode de Filhol; les taches produites par l'arsenic disparaissent alors après une ou deux minutes, et fournissent, lorsqu'on les touche ensuite par une solution concentrée d'azotate argentique, un précipité rouge-brique très-caractéristique. Nous préférons à l'épreuve des experts hollandais qui consiste à soumettre, comme il a été dit plus haut, les taches arsénicales recueillies sur une capsule et dissoutes dans l'acide nitrique à l'action du sulfide hydrique, le mode d'essai suivant qui nous semble au moins aussi ingénieux et beaucoup plus simple. Ce procédé consiste à enlever le tube de Marsh dans lequel on a obtenu des anneaux métalliques en le chauffant à la lampe à alcool, pour l'adapter à un petit flacon dans lequel s'opère un dégagement d'acide sulfbydrique. Lorsque l'on chauffe ensuite de nouveau le tube à l'endroit où se trouvait le dépôt arsénical, il se produit des vapeurs jaunes qui vont se condenser en anneau dans la partie froide du conduit. On obtient de la sorte un sulfure arsénieux (orpiment) d'une belle couleur citrine, soluble dans l'ammoniaque caustique et répondant à tous les autres caractères de ce corps.

Il est inutile de décrire la manière dont les experts ont procédé à l'essai de leurs réactifs ainsi que des matières employées dans leurs opérations. Nous dirons seulement qu'ils se sont même assurés, ainsi qu'il convient d'ailleurs dans une analyse exacte, de l'absence de toute trace d'arse

nic dans le papier des filtres et jusque dans la planchette sur laquelle devaient être hachées les matières suspectes. Procédant ensuite à l'examen des organes de la victime et des matières recueillies par les médecins-légistes, ils ont d'abord dirigé leurs recherches sur le dépôt blanchâtre pulverulent abandonné par réposition des liquides de l'estomac. La quantité de cette poudre dans laquelle apparaissaient quelques granules cristallins d'un blanc sale ou jaunâtre, que l'on parvint à rassembler, pesait 0,062 milligr.

Les essais et les réactions multipliées auxquelles cette matière fut soumise, ne laissaient aucun doute sur sa nature et donnèrent clairement à reconnaître un composé arsénical qui n'était autre que l'acide arsénieux ou mort-aux-rats.

Les granules blanchâtres recueillis dans l'estomac et dont le poids total était de 0,040 milligr., après avoir été lavés à l'eau distillée, puis séchés, furent,comme la poudre précédente, traités par le charbon dans un tube de réduction et donnèrent les mêmes résultats.

Nous n'entrerons point dans l'examen successif de toutes les recherches auxquelles les experts soumirent les différentes matières soupçonnées contenir des traces du toxique. Ce ne serait qu'une répétition des principes généraux que nous avons précédemment exposés. Ces investigations qui ont porté sur le liquide contenu dans l'estomac, sur l'estomac lui-même, sur l'œsophage et sur la langue, ne diffèrent pas d'ailleurs des méthodes généralement connues. Les intestins et leur contenu, des portions du foie et des poumons, le cœur, la vessie, l'un des reins avec son urétère, enfin les matières fécales qui souillaient la chemise de la victime, de même que des aliments vomis recueillis sur un gazon,ont été également soumis à un examen rigoureux, des résultats duquel les experts ont tiré les conclusions suivantes :

A. En ce qui touche les matières extraites du cadavre de la victime, ils ont déclaré :

1° Que la matière pulverulente recueillie en substance sur la muqueuse stomacale et le long de l'œsophage ou déposée par les liquides de l'estomac n'était autre que de l'acide arsénieux (mort-auxrats), substance que l'on sait être un poison violent susceptible, même à faible dose, de déterminer la mort.

2o Que le liquide de l'estomac contenait une combinaison arsénicale à l'état de solution.

3o Que la membrane muqueuse de cet organe offrait également des traces du toxique.

« PrécédentContinuer »