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une question scientifique. Dans ce pli se trouvent consignées des conclusions d'une étude sur la vaccination. Ils avaient espéré pouvoir créer une nouvelle source artificielle de vaccin en faisant pénétrer la lymphe vaccinale directement dans le torrent circulatoire de la vache.

Les résultats des expériences qu'ils ont faites jusqu'à ce jour ont été négatifs. Néanmoins ils se proposent de poursuivre leurs recherches et annoncent qu'ils les feront connaître ultérieurement à l'Académie.

Deux plis cachetés, indiquant les questions scientifiques qui font le sujet des écrits qu'ils contiennent, sont adressés à l'Académie par M. Ernest Lambert, avec prière d'en agréer le dépôt, l'auteur se proposant de soumettre à la Compagnie les travaux dont il s'occupe. Le dépôt est accepté.

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L'université de Bonn a transmis, à titre d'échange de publications, les thèses présentées, en 1871, par les candidats au grade de docteur.

Il est fait hommage à l'Académie de quelques opuscules dont les titres seront insérés au Bulletin. Remerciments aux auteurs pour l'envoi qu'ils ont bien voulu faire de leurs

travaux.

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IV.

LECTURE, RAPPORTS ET DISCUSSIONS.

1. COMMUNICATION sur l'état de la santé publique dans la ville de Bruxelles; par M. JANSSENS, correspondant de l'Académie.

Messieurs,

Avant d'aborder son ordre du jour, l'Académie voudra bien me permettre de l'entretenir pendant quelques instants d'un sujet qui ne peut manquer d'éveiller toutes ses sympathies: je veux parler de l'état de la santé publique.

Il y a un an, messieurs (le 27 mai 1871), qu'une discussion assez vive a surgi incidemment dans cette enceinte à propos des conditions prétendûment anti-hygiéniques de la ville de Bruxelles et des mesures que semblait nécessiter cet état de choses. L'intérêt que vous avez tous paru prendre à ce débat, dans lequel ont été effleurées de graves questions hygiéniques et humanitaires, me porte à croire que vous accueillerez aujourd'hui avec une bien vive satisfaction le document dont j'ai l'honneur de déposer sur le Bureau un certain nombre d'exemplaires pour être soumis à l'inspection de chacun des membres de cette Assemblée. Ce document consiste en un diagramme qui résume graphiquement de longues colonnes de chiffres et qui démontre, à toute évidence, que l'état de la santé publique a été exceptionnellement favorable à Bruxelles, pendant les cinq mois qui viennent de s'ecouler. On y constate, en effet, que depuis le 1er janvier 1872 jusqu'à ce jour, la mortalité de notre ville a été constamment inférieure, le plus souvent avec des écarts très-considérables, à la moyenne normale, basée sur les relevés statistiques de la période décennale 1862-71.

Pour bien apprécier la signification du fait mis en relief par les courbes graphiques de mon diagramme, il convient de faire remarquer :

Que la population de la ville de Bruxelles n'a cessé de s'accroitre depuis dix ans, et que l'écart existant entre le nombre. actuel et le chiffre moyen des habitants de la période 4862-74 peut être évalué de quinze à vingt mille âmes: par conséquent, la mortalité de 1872 aurait même pu dépasser quelque peu la moyenne décennale sans sortir pour cela de ses limites normales.

Que les circonstances météorologiques constatées pendant les six derniers mois, n'ont pas toujours été de nature à favo

riser la santé publique je me bornerai à vous rappeler sommairement qu'à un hiver doux et humide ont succédé des chaleurs très-précoces, suivies d'un abaissement brusque et très-sensible de la température; or, des circonstances analogues ont été considérées comme favorables à l'apparition de certaines épidémies.

Enfin, que les travaux d'assainissement de la Senne, le grand remuement des terres, le curage à vif fond des différents bras de la rivière, n'ont pas discontinué un seul jour pendant l'année que nous venons de traverser.

Je laisse à chacun d'entre vous, messieurs, le soin de tirer des faits que je viens de produire les conclusions légitimes qui en découlent. J'ai pour principe de me conformer au précepte très-judicieux émis par un des plus savants statisticiens dont s'honore la Belgique, à savoir qu'il faut laisser parler et non pas faire parler les chiffres.

Permettez-moi cependant, messieurs, de vous faire part de la réflexion qui m'est venue tout naturellement à l'esprit pendant que je terminais mon tableau graphique.

Ceux qui, en dehors de cette enceinte, ont fait jadis à l'administration locale un grief sérieux de la mortalité exubérante des premiers mois de l'année 1871 (mortalité dont j'ai d'ailleurs fourni ici même l'explication toute naturelle), ceux-là, dis-je, doivent, pour rester logiques, ou bien reconnaitre que leur argumentation tombait complètement à faux, ou bien, s'ils persistent dans les conclusions qui incriminaient nos édiles, ils doivent équitablement faire remonter aujourd'hui à l'autorité communale ainsi qu'à la Commission médicale qui lui vient en aide par ses conseils, le mérite de la situation sanitaire exceptionnelle dont nous jouissons en ce moment.

J'ai la satisfaction de vous apprendre, messieurs, que grâce à ces conditions persistantes, notre belle capitale occupe depuis

cinq mois dans le relevé comparatif dressé sur les documents officiels par le Registrar general de l'Angleterre, un rang privilégié parmi toutes les grandes villes du continent.

Vos sentiments humanitaires et pratiques me sont un sûr garant, messieurs, que vous m'excuserez d'avoir interrompu momentanément votre ordre du jour pour vous donner la primeur de cette communication : l'Académie, ainsi que tous nos concitoyens, ne peut manquer d'y prendre un vit intérêt.

M. le Président : Je ne veux pas entamer une discussion sur cette communication: malgré la situation favorable qu'on vient de nous faire connaître, je n'oserais affirmer que tout ce qui a été dit l'année dernière est erroné.

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M. Janssens: Je n'ai pas affirmé cela. Je me suis

borné à faire apprécier notre situation sanitaire actuelle.

M. le Président : Oui, mais en guise de réfutation de ce qui a été dit l'année dernière.

M. Janssens: Ma communication est le complément obligé de celles qui ont été produites en 1871 au sein de l'Académie.

M. Warlomont: Je voudrais que M. Janssens nous dise quel est le mobile qui le porte à faire cette communication. Je crois que dans toutes les localités, on trouvera des périodes où la mortalité est moindre que dans d'autres, et une période de cinq mois me semble bien courte. Il serait téméraire, selon moi, d'en tirer des conclusions.

-M. le Président : En fait d'étiologie des maladies, nous nous trompons souvent. Il est impossible de citer une époque où il s'est fait à Bruxelles plus de travaux de nature à produire des miasmes, et jamais l'état sanitaire n'a été meilleur.

M. Thiernesse : La commune d'Anderlecht, dans laquelle je réside, n'est pas une des plus salubres de l'arrondis

sement à cause de ses nombreuses usines et fabriques, etc. On n'y a pas fait de travaux d'assainissement, et cependant, en ce moment, le chiffre des décès est de plus de moitié moins élevé que celui des naissances. En conséquence, il est permis de croire que la statistique produite par M. Janssens en faveur de l'état sanitaire de la ville de Bruxelles, depuis l'achèvement des travaux concernant l'assainissement de la Senne, ne signifie rien quant à l'influence de ces travaux sur la santé publique.

M. le Président : L'étude de l'étiologie est une trèsbelle étude; mais elle ne nous instruit pas complètement sur ce qui se passe tous les jours.

M. Janssens : J'ai été très-réservé dans ma communication. Je n'ai pas voulu tirer des conclusions des faits que je signale, je me borne à tenir l'Académie au courant de ce qui se passe.

M. Fossion: La question est de savoir si la mortalité générale du pays n'est pas moins forte aujourd'hui que précédemment.

M. Janssens: Il y a un fait acquis, c'est que depuis cinq ou six mois la mortalité est moindre à Bruxelles que dans les autres capitales de l'Europe.

M. Desguin : M. Janssens verse dans une erreur, en disant que la mortalité est moindre à Bruxelles que dans toutes les autres capitales de l'Europe. Les journaux de Paris nous apprennent que pendant les quatre premiers mois de l'année, la mortalité y a été beaucoup plus faible qu'à aucune autre époque.

M. Janssens: Je ne conteste pas ce fait, mais il a besoin d'interprétation. Il ne faut pas perdre de vue que pour bien apprécier la mortalité d'une localité quelconque il fau mettre en rapport les décès avec la population de cette localité. Or, Paris renferme, en ce moment, quatre à cinq cent

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