Images de page
PDF
ePub

hous pouvons introduire dans la bouche aucun composé vénéneux, on ne doit pas craindre de l'employer en aussi grande quantité que l'on a besoin, ce qui mériterait réflexion si on employait en grande quantité du plomb ou des sels de zinc, ou enfin des pâtes dont la composition est tenue secrète. De ces deux qualités principales du soufre, il découle une foule d'autres secondaires qui ont encore une certaine importance; il suffit d'en citer une ainsi, avec les pâtes on ne peut ni se brosser les dents, ni se les nettoyer avec de la poudre dentifrice, parce que la pâte ne durcissant pas complétement, se détache ou se laisse imprégner de poudre; tandis qu'avec le soufre on peut les frotter et les nettoyer tant qu'on veut au charbon ou à tout autre poudre, sans inconvénient.

Enfin, le soufre mou se prépare avec une facilité et une promptitude extrêmes: il suffit de prendre un petit tube fermé à une de ses extrémités, d'y mettre quelques fragments de soufre ordinaire, au mieux un peu de fleur de soufre lavée, de chauffer avec une lampe à alcool et de précipiter dans l'eau. En cinq minutes, on peut préparer le soufre mou et le poser, ce qui permet d'apaiser promptement la douleur en soustrayant la carie aux actions de l'air et de la température. Si la douleur est très-grande, et si on suppose que la privation de ces deux actions ne suffise pas pour l'apaiser, on pourra, avant d'introduire le soufre, imbiber la carie de creosote, ou y introduire un peu de chlorhydrate de morphine; ainsi il sera toujours possible d'apaiser la douleur, et souvent de la faire disparaître entière

ment.

(Journ. des conn. med. et pharm.)

dent, oblitération de la cavité par l'or et la gutta-percha (1), frictions éthérées, morphine, strychnine, etc., rien n'avait réussi pour faire cesser ses souffrances. L'extraction de la dent semblait seule devoir la soulager; mais cette personne redoutait, avec juste raison, d'en venir à ce moyen, car la pareille dent du côté opposé avait occasionné une paralysie des muscles de la face du côté droit. Cette paralysie avait été instantanée; ce fut en rentrant chez elle qu'elle s'aperçut de cette disgrâce.

L'opération avait été faite avec facilité et avait occasionné peu de douleurs; les racines étaient bien conformées, l'alvéole n'avait pas été brisée, comme il était facile de s'en apercevoir; de plus le dentiste avait employé une pince droite, c'est-àdire l'instrument le plus convenable pour l'avulsion des quatre petites molaires supérieures.

Le médecin qui donnait ses soins à cette dame lui avait donné le sage conseil de souffrir patiemment, car il redoutait la répétition du même accident.

Nous crûmes aussi, dans cette circonstance exceptionnelle, que la temporisation était ce qui convenait le mieux, et, partageant les craintes pleines de prudence qui lui avaient été suggérées par son médecin, nous l'engageâmes à espérer tout du temps.

Elle revint le surlendemain en nous disant que ses souffrances étaient trop vives, qu'elles ne lui laissaient pas un instant de repos, et qu'elle ne pouvait plus rester dans cet état, car la moindre pression sur la couronne de la dent lui était intolérable; nous avions donc bien affaire à une douleur odontalgique.

Nous nous décidâmes à désobstruer la dent et à la cautériser profondément, ce

NOUVEAU PROCÉDÉ pour remplacER L'EX-. qui avait déjà été fait par un de nos con

[blocks in formation]

frères. Il n'y eut aucune amélioration et la nuit fut des plus agitées. Nous vimes arriver cette dame le lendemain à huit heures du matin, accompagnée de son mari; sa figure portait les traces de ses angoisses, et elle nous déclara être résolue à subir les conséquences de l'extraction, qui, lui avions-nous dit, pouvaient être nulles.

Mis en demeure de prendre une détermination, et ayant nous-même réfléchi sérieusement sur ce qu'il y aurait à faire dans le cas où elle reviendrait, nous lui proposȧmes d'employer sur elle le procédé de Sattori, modifié par nous, et qui ne

trouver son application temporaire dans les cas de sensibilité extrême de la dent.

ressemble en rien à ceux conseillés par MM. Malgaigne (1) et Meynier d'Ornans (2); elle y consentit avec une joie difficile à décrire, et qui tenait de l'état d'excitation dans lequel elle se trouvait depuis plusieurs jours.

En conséquence, la lèvre supérieure étant maintenue élevée par son mari, nous fimes une incision longitudinale de deux centimètres sur la gencive, au niveau de l'extrémité probable des racines, car rien ne les dénotait à l'extérieur, puis, à l'aide d'un ostéotome, nous ouvrimes l'alvéole, dont nous enlevâmes un morceau suffisant pour nous permettre d'arriver au-dessus des deux racines.

Ces deux temps exécutés, et presque sans douleur, nous fimes pénétrer un bistouri sur l'extrémité des racines, afin d'inciser le faisceau vasculo-nerveux de la dent. Dès lors la dent pouvait être extraite sans la moindre appréhension pour l'avenir, mais nous conseillâmes de la conserver. Les douleurs cessèrent comme par enchantement; la cicatrisation fut prompte et la guérison complète. La dent est restée en place et rien ne fait préjuger l'utilité de son extraction, bien qu'elle ne soit plus animée par les vaisseaux et nerfs dentaires.

Comme on le voit par cette observation, que nous croyons unique dans son genre, notre art a bien des ressources pour celui qui sait les mettre à profit, et nous ne pensons pas que l'on puisse nous accuser d'exagération en refusant d'extraire cette dent; car les faits de ce genre ne sont que trop communs dans la science, et l'histoire des paralysies de la face, de la paupière inférieure et des lèvres, en fait preuve; car, si les auteurs qui se sont occupés des affections nerveuses en citent quelques cas, ce n'est toujours que pour un seul côté de la face, et, malheureusement, ils ne constatent jamais l'état de la dent opposée à celle qui a causé l'accident, accident qui peut résulter des rapports du nerf dentaire avec ceux qui sc rendent à la face, d'une disposition vicieuse d'une racine terminée en forme de crochet, et qui, à la suite de l'extraction, attire après elle une portion du tronc commun. Ce dernier cas doit être fort rare, sans doute, mais il s'est rencontré. Ces cir. constances et bien d'autres peuvent exister des deux côtés, comme le démontrent bien des faits; ainsi des dents surnuméraires

(1) Anatomie chirurgicale, t. I, p. 449. (2) Son article est dans la Gazette médicale, 1855. Notre réfutation est dans la Revue médicochirurgicale, ter novembre 1855.

sont souvent situées de la même manière, surtout derrière les deux dents de sagesse du haut.

Il est vrai que, dans l'observation que nous venons de rapporter, rien ne prouve que cette seconde extraction dût être suivie de paralysie des muscles de la face; mais, par cela même qu'un premier aceident était arrivé, il pouvait en survenir un second. N'est-ce point le cas ici de suivre cet axiome : dans le doute abstienstoi? De plus, cette opération est des plus simples et des moins douloureuses qu'on puisse imaginer.

Terminons par cette courte observation de M. le docteur Valleix, qui, dans son Traité sur les névralgies (1), rapporte aussi plusieurs cas de névralgies trifaciales dont la cause n'a pu être trouvée que dans l'extraction d'une dent. « Les pre> miers symptômes de cette affection, › dit-il, chez un sujet qui auparavant n'avait jamais éprouvé de névralgies, com» mencèrent un quart d'heure après l'ex> traction d'une dent canine, siége d'une » simple odontalgie; ainsi, dans un seul. » cas nous rencontrons une cause occa»sionnelle bien évidente, et cette cause » n'est point la carie d'une dent, mais » bien son extraction. »

(Revue de thérap. médico-chirurgicale.)

OPHTHALMIES PURULENTES PENDANT LA VIE FOETALE; par le docteur RIVAUD-LANDRAU. Les affections oculaires qui peuvent frapper le fœtus pendant la vie intrautérine sont nombreuses et variées. Outre les cataractes et les amauroses congéniales, malheureusement assez fréquentes, on a constaté certains cas de strabismes, quelques arrêts de développement, soit de l'iris, soit des voiles palpébraux, plusieurs observations d'occlusion complète des paupières, et des désordres ou altérations divers, dues à des causes virulentes ou spécifiques.

Mais la maladie phlegmasique dont je veux parler ici n'avait pas été, je crois, rencontrée avant moi par aucun observateur. Du moins je ne connais ni livre ni recueil d'ophthalmologie, qui parle de cas de cette nature. C'est donc un nouvel état morbide à ajouter à tous ceux qui peuvent atteindre notre pauvre espèce humaine, même avant sa vie extérieure, misère anticipée, triste avant-coureur des misères d'ici-bas!

[blocks in formation]

Je me rappelle pourtant que tout dernièrement, un médecin allemand, je crois, à propos des affections oculaires congénitales, indiquait par induction la possibilité des ophthalmies intra-utérines.

Et cela me remet en mémoire l'opinion qu'émettait un jour devant moi un accoucheur distingué de Lyon : « Je suis convaincu, me disait-il, que toutes les maladies qui peuvent atteindre l'homme du jour de ja naissance à sa mort, sont susceptibles de le frapper dès le sein de sa mère. Du moment que la vie a commencé, la maladie réclame ses droits sur l'humanité. » Des deux faits que je vais raconter, l'un est déjà ancien pour moi. Il fut observé en 1842. Mais comme il ne semblait pas réunir toutes les conditions désirables d'authenticité, je m'étais contenté de le noter, et n'avais pas cru devoir le publier pour cette raison.

Le second cas, observé tout dernière ment, ne laissant aucune prise au doute, m'a fait ressouvenir du premier et m'a permis de croire que les renseignements que j'avais recueillis en 1842, pouvaient bien être l'expression de la vérité.

Les voici tous les deux par ordre d'ancienneté :

OBS. Ire. Au mois de décembre 1842, me trouvant à Clermont-Ferrand, on me présenta une petite fille de neuf ans, de Beauregard-l'Éveque, nommée Marie Oussier, qui était aveugle de naissance.

A l'examen, je constatai unc atrophie complète des deux yeux. Les paupières se soulevaient avec facilité et cachaient, au fond des orbites, un moignon oculaire, réduit au quart à peu près du volume normal du globe. Il ne restait aucune trace ni d'iris ni de cornée; nulle trace de phlegmasie. Au dire des parents, part une rougeur assez vive de l'intérieur de l'œil, disparue lors de mon examen et une sécrétion purulente peu considérable, l'enfant était dans cet état lorsqu'elle vint au monde.

Ce qu'il y a de certain, c'est que l'aspect général de cette atrophie oculaire était tout à fait celui que l'on constate d'ordinaire à la suite des ophthalmies purulentes qui amènent la fonte de l'œil.

La petite malade fut vue le lendemain de sa naissance, me dit-on, par un médecin de Clermont, dont on ne put me dire le nom, et quelques jours plus tard, par un autre praticien de Versaizon (Puy-deDôme).

Le second cas est beaucoup plus certain et plus explicite.

OBS. II. — Appelé en octobre dernier

(1856) à Moulins-sur-Allier, pour quelques opérations de cataracte, je fus conduit un matin, par un de mes confrères, M. le docteur Tallaroc, ancien médecin de l'hospice de cette ville, auprès d'un enfant né de l'avant-veille et venu au monde aveugle.

Voici quel était l'état des yeux lorsque je les examinai :

Les paupières supérieures sont affaissées, légèrement rouges et tuméfiées, surtout près du bord tarsien; elles sont agglutinées par unc sanie purulente desséchée.

En les relevant avec le doigt, on trouve les conjonctives palpébrales et bulbaires rouges, phlegmasiées et recouvertes de granulations épaisses et rapprochées, baignées d'une sérosité purulente bien caractérisée.

Les globes oculaires sont atrophiés des trois quarts et apparaissent au fond des orbites, comme deux petites boules rougeâtres, ayant l'aspect de deux fraises. Aucune trace de cornée ni d'iris.

L'aspect général de l'enfant annonce un tempérament scrofuleux; teint jaune; membres maigres; étiolement complet.

La mère, bien que jeune encore, porte sur ses traits vieillis avant l'âge, comme tant de femmes du peuple, le cachet bien reconnaissable d'une santé déjà flétrie. Pauvre organisation usée par les privations, le travail et la misère ! Elle a un autre enfant d'un tempérament lymphatique bien accentué. Elle n'a rien éprouvé d'extraordinaire pendant sa grossesse, ni douleur ni maladie, et n'a jamais eu aucune affection spécifique ou virulente.

Ainsi donc, voilà un fait bien avéré, bien constaté, pour lequel, ce me semble, nul doute n'est possible. Cet enfant a bien été atteint, pendant la vie intra-utérine, d'une ophthalmie purulente, laquelle, suivant sa marche fatalement désorganisatrice, a amené, comme cela devait être, la fonte des globes oculaires. Les traces en sont flagrantes et ne peuvent être méconnues par un observateur expérimenté.

Il n'y a pas place pour une erreur de diagnostic, de même qu'il me semble impossible aussi de rapporter à une affection de la mère la maladie grave qui a frappé le fœtus qu'elle portait dans son sein.

Quelles peuvent être les causes de cette affection oculaire du fœtus? Je n'ai pas, je l'avoue sincèrement, la prétention de les indiquer ici. Le rôle de l'observateur sévère dans les cas de cette nature doit forcément, selon moi, se borner à constater le fait. Vouloir aller plus loin serait se

lancer inutilement dans le monde fantastique des hypothèses. Les digressions de eette nature sont peu dans mes goûts et dans mes habitudes. Au reste, les mystères morbides de la vie intra-utérine sont encore couverts d'un voile que la science n'a pu soulever.

On peut comprendre qu'une affection. interne, accompagnée de symptômes généraux graves, ou qu'une diathèse virufente soit communiquée de la mère au produit qu'elle porte. Ces deux vies sont si intimement liées entre elles qu'elles doivent subir les mêmes atteintes morbides. On sait déjà, parce que les faits ont été constatés, que des enfants sont venus au monde avec des traces de cicatrices varioliques, ou entachés de symptômes bien évidents de syphilis constitutionnelle, et en remontant à l'étiologie de ces états morbides, on a appris que les mères avaient eu ces différentes affections pendant la grossesse.

Mais où trouver une cause plausible d'ophthalmie purulente simple?

S'abstenir dans le doute, c'est faire preuve de sagesse et de circonspection. Je suivrai cette maxime et me contenterai de livrer mes deux observations aux réflexions des praticiens.

(Gazette médicale de Lyon.)

TRAITEMENT DE L'ACNÉ PAR LES PRÉPARATIONS D'IODURE DE MERCURE. L'expérience a démontré à M. Hardy qu'il ne faut pas compter dans cette affection sur les remèdes dérivatifs ni sur les moyens thérapeutiques généraux. Les remèdes topiques, plus ou moins irritants, sont les seuls qui lui ont paru réussir dans certaines circonstances. C'est ainsi que la pommade ayant pour base le chlorure d'iodure de mercure a procuré plusieurs guérisons d'acnés rebelles dans les mains de M. Rochard. Après avoir expérimenté lui-même diverses substances, il est arrivé en dernier lieu à des résultats très-heureux avec les pommades à base de proto-iodure de M. Hardy résume ainsi les règles qu'il suit dans sa pratique emploie pour combattre les diverses formes d'acné, deux modes de traitement, sembla bles pour le but, mais différents dans l'intensité de l'agent modificateur. Le premier consiste dans des onctions journalières avec une pommade mercurielle contenant pour 30 grammes d'axonge de 0,75 centigrammes à 1 gramme de proto-iodure de mercure, ou bien de 0,10 centigrammes à 0,25 centigrammes de bi-iodure de mer

mercure. 1

it

[ocr errors]

cure. Ces onctions sont suivies d'un pe de chaleur à la peau, d'une légère cuisson; la coloration rouge est augmentée pendant quelques jours, l'épiderme devient sec, cassant et s'exfolie, puis l'amélioration survient progressivement et la guérison peut être obtenue complétement après un, deux ou trois mois de traitement même dans les cas graves. Dans le second mode de traitement, la modification est bien plus puissante. La pommade contenant partie égale d'axonge et de bi-iodure, est appliquée liquéfiée par la chaleur, sous forme de pâte liquide sur les parties les plus malades: cette application est suivie de douleurs vives, de rougeur, de gonflement et d'une sorte de vésication promptement recouverte par des croûtes molles, jaunes, inégales, absolument semblables aux croûtes impétigineuses. Après plusieurs applications (de 4 à 7 ou 8), renouvelées à une dizaine de jours de distance, une modification suffisante est habituellement obtenue et la guérison est complète. La pommade de bi-iodure employée ainsi à hautes doses doit être réservée pour les cas graves et rebelles, à cause de la douleur qu'elle détermine. Quant à la pommade au proto-iodure, elle est surtout efficace dans les cas légers et récents. Comme moyens adjuvants du traitement topique principal, M. Hardy a prescrit souvent au début les purgatifs et les bains de vapeur, et vers le déclin de la maladie les douches de vapeur simples ou sulfureuses. Il a également employé avec avantage les lotions avec de l'eau très-chaude, ou mieux encore avec de l'eau chaude additionnée d'une légère dose de sublimé. Ce dernier moyen doit même être continué pendant plusieurs mois pour empêcher le retour de la maladie.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]

Une amélioration remarquable se manifesta dès les premiers jours. On joignit alors à ce moyen l'usage interne de l'iodure de potassium, et, au bout de peu de semaines, il ne restait d'autre trace des crevasses que de légères dépressions de la muqueuse linguale.

(The Lancet et Bull. gen. de thérap.)

NOUVELLES CONSIDÉRATIONS SUR LE TRAITEMENT DES TUMEURS BLANCHES AVEC ÉPANCHEMENT PURULENT DANS LA CAVITÉ SYNO

--

VIALE; par M. REYBARD. (Extrait d'un mémoire lu à la Société de Chirurgie et à la Société de Médecine de Lyon. La question des tumeurs blanches, si bien étudiée de nos jours sous le rapport de l'anatomie pathologique, est restée au point de vue du traitement dans une imInobilité regrettable. Il en eût été autrement, si les chirurgiens eussent étudié et mis à profit le procédé que la nature emploie pour guérir ces graves affections.

Il est bien reconnu aujourd'hui que ces lésions sont le plus souvent le résultat d'une inflammation de l'articulation, et que les épanchements purulents de la synoviale ne sont autre chose que des abcès articulaires. Aussi la nature trace-t-elle au pus des trajets par où il peut librement s'écouler, faisant ainsi ressortir une indication pressante et sûre l'ouverture de l'abcès articulaire, car c'est au pus qu'il faut attribuer la plupart des accidents qui aggravent les tumeurs blanches,

Il peut se présenter deux cas ou bien l'abcès articulaire ne s'est pas ouvert au dehors, ou bien le pus s'écoule déjà par quelques trajets fistuleux.

Dans le premier cas, les chirurgiens hésitent à pratiquer une ouverture dont ils redoutent les effets, et qui, trop large, donne accès à l'air, trop étroite, ne favorise pas assez l'écoulement du pus.

Si des trajets fistuleux existent déjà, bien qu'ils soient généralement trop étroits, sinueux, on les laisse tels que la nature les a faits, et on ne compte plus que sur la triste ressource de l'amputation. Je propose aux chirurgiens de suivre une voie complétement différente.

Dès que le gonflement et la fluctuation ont révélé la présence du pus, j'ouvre largement l'articulation d'après un procédé que je décrirai plus loin, sans me préoccuper de l'entrée de l'air, qui ne peut nuire ni à la synoviale, ni aux autres tissus de l'articulation recouverts de fausses membranes épaisses, et complétement modifiées dans leur manière d'être par l'in

flammation chronique. Mais supposons, ce qui n'est pas, la possibilité d'une inflammation des tissus articulaires par le contact de l'air; cette inflammation aiguë, surajoutée à l'affection chronique, lui imprimerait une modification analogue à celle que produisent les injections irritantes, et loin d'être nuisible serait d'une incontestable efficacité.

Mais le contact de l'air et du pus ne peut-il du moins produire la décomposition de ce liquide, et exposer le malade aux dangers de l'infection putride? Je ne le pense pas, car le pus s'écoule librement au dehors par les ouvertures que je lui ai ménagées, et ne forme jamais de collection sur laquelle puisse agir la décomposition putride. Mais je ne saurais trop le répéter; il faut, pour obtenir d'heureux effets des larges ouvertures, qu'elles soient bien faites, car si les ouvertures spontanées sont plus nuisibles qu'utiles, cela tient à leur étroitesse et à leur direction sinueuse, qui entrainent avec elles le defaut de parallélisme de l'ouverture articulaire et de l'ouverture de la peau.

Convaincu, par tous les motifs énumérés plus haut, que c'est la présence du pus qui détermine la plupart des accidents des tumeurs blanches, j'attache une grande importance à la largeur et à la déclivité de l'ouverture, et je crois qu'il ne sera pas sans intérêt d'indiquer l'endroit où je la pratique habituellement pour les diverses articulations.

J'ai l'habitude de faire à la peau une incision cruciale, et de mettre au fond de la plaie qui en résulte une pâte escharotique, telle que celle au chlorure de zinc, d'autres fois et le plus souvent, j'éteins plusieurs fois dans la plaie un cautère actuel, jusqu'à ce que j'aie pénétré dans l'articulation. Ce dernier procédé donne lieu, dans quelques circonstances, à une nécrose superficielle qui est sans aucune gravité. Quelquefois, lorsque l'os est malade, j'ouvre l'articulation en perforant l'os lui-même. J'ai pénétré deux fois dans l'articulation du genou en perforant la tubérosité externe, une fois avec un trépan, une autre fois avec un foret de petite dimension. Dans ce dernier cas, j'ai agrandi l'ouverture à l'aide d'un petit cautère actuel, qui a produit un petit séquestre en forme de tube.

Au genou, je pénètre dans l'articulation soit par la face externe, derrière le ligament latéral externe, en avant du tendon du biceps, soit par la face interne, en arrière du ligament latéral interne, en avant du tendon du couturier.

« PrécédentContinuer »