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DE LA FORME DES LIVRES. On croit que les premiers livres étaient en forme de bloc et de tables carrées : lorsqu'on avait des matières un peu longues à traiter, on se servait de feuilles ou de peaux cousues les unes au bout des autres, que l'on roulait au tour d'un bâton; et ces rouleaux se nommaient volumina. Cette coutume a été suivie par les anciens juifs, par les grecs, les romains, les perses et même les indiens, et on l'a continuée encore long-temps après l'ère vulgaire ; cependant Montfaucon assure que, de tous les plus anciens manuscrits grecs qu'il a vus, il n'en a trouvé que deux en forme de rouleau, et que les autres étaient de forme carrée, pareille à celle de nos livres actuels. L'ordre ou la disposition de la ponctuation, des matières, des lettres en lignes et en pages avec des marges, tient à la forme des livres. Autrefois les lettres n'étaient point séparées par mots, mais par lignes, et un ouvrage entier ne faisait pour ainsi dire qu'un seul mot divisé en lignes ; par la suite on a séparé les mots, on a introduit la ponctuation pour marquer des repos et séparer les phrases; on s'est servi d'alinea, de sections, de paragraphes, de chapitres, etc. Chez les orientaux, les lignes vont de droite à gauche ; et chez les occidentaux et les septentrionaux, elles vont de gauche à droite: quelques asiatiques, comme les chinois, écrivent du haut en

bas; leurs lignes sont à côté les unes des autres, en commençant par la droite. A la fin de chaque livre on met fin ou finis: anciennement on y mettait un appelé coronis; et toutes les feuilles du livre étaient lavées d'huile de cèdre, ou parfumées d'écorce de citron, pour les préserver de la corruption.

DÉNOMINATIONS DES LIVRES. Nous avons parlé des différentes espèces de livres dans le Manuel bibliographique; nous allons donner la nomenclature de ceux dont il est fait mention dans l'Encyclopédie, à l'article LIVRES; nous Bonsacrons dans le cours de cet ouvrage un article particulier

à ceux qui nous en ont paru dignes. On divise d'abord les livres en divins et en humains, en historiques, en dogmatiques, en scientifiques; puis on parle des livres sybillins, des canoniques, des apocryphes, des authentiques, des auxi liaires, des élémentaires, des livres de bibliothèque, des livres exotériques, des acroatiques, des défendus, des publics, des livres d'église, de plain-chant, de liturgie, des pontificaux, des livres rituels, des livres des augures, des haruspices, des achérontiques, des fulminans, des fatals, des livres noirs, des livres en papier, en parchemin, en toile, en cuir, en bois, en cire en ivoire, des livres en blanc (1), des livres perdus, des livres promis (2), des livres imagi. naires (3), des livres d'ana et d'anti, etc., etc.

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DE L'ÉLOGE ET DU CHOIX DES LIVRES. On a donné beaucoup d'éloges aux livres dans tous les temps; mais parmi ceux qui en ont si bien seuti le prix, tels que Caton (4), Ciceron (5), Pline l'ancien, l'empereur Julien, etc. chez les anciens, et beaucoup d'illustres modernes, nous citerons le cardinal Bessarion, le baron de Busbec, Colbert, Lucas de Penna et les de Thou. Voici un fragment de la lettre du cardinal, écrite des bains de Viterbe, le 31 mai 1468, au doge Christophe Moro, et au sénat de Venise, en leur faisant présent de sa magnifique bibliothèque, la plus belle qu'il y eût au monde de son temps: « Je croyais ne pouvoir

(1) Un livre en blanc, in albis, ou en feuilles, est un ouvrage qui n'est ni lié, ni cousu, ni broché, ni relié.

(2) Janson ab almeloveen a donné un catalogue des livres promis, mais qui n'ont jamais paru.

(3) Tel que le livre De tribus impostoribus dont il est parlé dans Baillet et dans Lamonnoye. Loescher a publié un grand nombre de plans ou de projets de livres dont plusieurs pourraient être utiles et bien faits.

(4) Ciceron l'appelle hellus librorum, un dévoreur de livres.

(5) Voyez, dans l'oraison pour Archias, le bel éloge que Ciceron fait des sciences.

acquérir ni d'ameublement plus beau, plus digne de moi, ni de trésor plus utile et plus précieux. Ces livres, dépositaires des langues, remplis de mœurs, de lois, de religion, sont toujours avec nous, nous entretiennent et nous parlent; ils nous instruisent, nous forment, nous consolent; ils nous représentent les choses éloignées de notre mémoire, et nous les mettent sous les yeux; en un mot, telle est leur puissance, telle est leur dignité et leur influence, que, s'il n'y avait point de livres, nous serions tous ignorans et grossiers ; nous n'aurions ni la moindre trace des choses passées, ni aucun exemple, ni la moindre notion des choses divines et humaines le même tombeau qui couvre les corps aurait englouti les noms célèbres. » Citons maintenant Lucas de Penna (apud Morhoff (1). Pely. hist. Liv. I, chap. 3): Liber, dit-il, est lumen cordis, speculum corporis, virtutum magister, vitiorum depulsor, corona prudentum, comes itineris, domesticus amicus, congerro jacentis, collega et consiliarius præsidentis, myrothecium eloquentiæ, hortus plenus fructibus, pratum floribus distinctum, memoriæ penus, vita recordationis. Vocatus properat, jussus festinat, semper presto est, numquam non morigenus, rogatus confestim respondet, arcana revelat, obscura illustrat, ambigua certiorat, perplexa resolvit, contrà adversam fortunam defensor, secundo moderator , opes adauget, jacturam propulsat, etc., etc. Quant au choix des livres, il est bon de connaître autant qu'il est possible, le meilleur livre en chaque genre de littérature, pour se composer une bibliothèque bien assortie; on peut à cet effet consulter Pope

(1) Daniel-Georges Morhoff, mort à Lubeck en 1691, âgé de 53 ans, était professeur d'éloquence, de poésie et d'histoire à Kiel, et bibliothécaire de l'université de cette ville. Des nombreux ouvrages qui attestent son érudition, le plus savant est Polyhistor, sive de notitia auctorum et rerum, dont la meilleure édition est celle de Lubeck, 1732, 2 vol. in-4.

Blount, dans son ouvrage intitulé: Censura celebriorum authorum, sive tractatus in quo varia virorum doctorum, de clarissimis cujusque sæculi scriptoribus judicia traduntur. Londini, 1690, in-fol. On trouve dans ce livre l'exposition des ouvrages des plus considérables écrivains et des meilleurs. auteurs ; et cette connaissance conduit nécessairement à un bon choix (1). Quintilien a dit ( liv. I, chap. 5): Il faut d'abord choisir les auteurs, ensuite les endroits de leurs ouvrages. Th. Bartholin a mis en pratique ce précepte dans ses dissertations De libris legendis, 1675, in-8. Selon lui, le meilleur livre de Tertullien est son traité De pallio; De saint Augustin, la Cité de Dieu; D'Hyppocrate, Coacœ prenotiones ; De Ciceron, De officiis;

D'Aristote, De animalibus;

De Galien, De usu partium;

De Virgile, le sixième livre de l'Enéïde ;
D'Horace, la première et la septième de ses Epîtres;
De Catulle, Coma Berenices;

De Juvenal, la sixième Satyre;

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(1). On peut aussi consulter la Bibliothèque choisie de Colomiès, dont la dernière édition de 1731, I vol. in 12, est augmentée des notes de Bourdelot et de Lamonnoye. Ce livre, qui contient des anècdotes intéressantes pour les gens de lettres, et beaucoup d'érudition bibliographique, a eu trois éditions outre celle dont nous parlons; l'une de la Rochelle, 1682, in-8; la seconde d'Amsterdam, 1700, in -8; et la troisième de Hambourg, 1709, in-4, avec ses autres ouvrages recueillis par Fabricius. On doit encore à Colomies, Gallia orientalis, sive gallorum qui linguam hebraeam vel alias orientales excoluerunt vitae. Hagæcomitis, 1665, in-4. Cet ouvrage, qui est plein d'érudition, se retrouve dans l'édition de Fabricius, dont nous venons de parler; Italia et Hispania orientalis, 1730, in-4; la Vie de Sirmond, 1671, in-12; des Mélanges historiques, etc., in-12. Colomiès connaissait parfaitement la bibliographic, Il est mort à Londres en 1692, à 54 ans. Il était né à la Rochelle,

De Plaute, l'Epidicus;

De Théocrite, la vingt-septième Idylle;
De Paracelse, Chirurgia;

De Severinus, De absessibus;

De Budé, les Commentaires sur la langue grecque ;
De Joseph Scaliger, De emendatione temporum ;
De Bellarmin, De scriptoribus ecclesiasticis ;

De Saumaise, Exercitationes plinianæ ;
De Vossius, Institutiones oratoriæ;
D'Heinsius, Aristarcus sacer;

De Casaubon, Exercitationes in baronium.

Il faut avouer que de pareils jugemens ne sont pas toujours sans appel; cependant on peut dire qu'un livre qui paraîtrait sous le le titre d'Indicateur littéraire, et qui donnerait le résultat d'une saine critique sur les morceaux de choix extraits des ouvrages des principaux écrivains, serait de la plus. grande utilité, et pour la perfection du goût, et pour donner la facilité de se composer une bonne bibliothèque peu volus mineuse. Un homme riche, un peu original et instruit, avait trouvé le moyen de se composer une bibliothèque de ce genre. Il achetait un ouvrage, le lisait, et s'il n'y trouvait qu'une page de bon, il arrachait le feuillet et jettait au feu le reste du livre. Sa bibliothèque ne devait pas avoir grande appa rence; mais elle n'en était que plus précieuse.

DES LIVRES RARES. Cailleau, dans son Essai de bibliographie, reconnait deux sortes de livres rares : les uns le sont absolument par eux-mêmes, vu le peu d'exemplaires qu'il y en a eu d'imprimés, et les autres ne sont rares qu'à certains égards : les premiers sont donc d'une rareté absolue, et les seconds d'une rareté relative; et c'est à ces deux chefs que se rapportent toutes les règles concernant la rareté des livres et des éditions.

Les livres dont la rareté est absolue, sont, 1.° les ouvrages dont on a tiré très-peu d'exemplaires, comme les Considéra-*

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