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au Saint Père nos intentions et ce que nous voulons faire (1). »

Le mémoire, après avoir reçu cette intercalation, finit ainsi :

« Toujours fidèle au plan que l'empereur s'est fait dès le principe, il mettra sa gloire et son bonheur à être un des plus fermes soutiens du Saint Siége, et un des plus sincères défenseurs de la prospérité des nations chrétiennes. Il veut qu'on place au premier rang des actions qui ont jeté de l'éclat sur sa vie, le respect qu'il a toujours montré pour l'Église de Rome, et le succès des efforts qu'il a faits pour lui réconcilier le cœur et la foi de la première nation de l'univers. >>

Pie VII dut aussi trouver dans ce dernier paragraphe, si éloquent et si animé, au moins consenti s'il ne fut pas dicté par Napoléon, une sorte d'amende honorable bien franche de cette vanterie qui avoit porté le général, en Égypte, à dire qu'il avoit chassé de Rome le Vicaire de Jésus-Christ sur la terre. Si le Pape avoit éprouvé un chagrin, les assurances qu'on vient de lire plus haut étoient propres à l'adoucir.

(1) On a substitué, dans la réponse officielle, à ces six mots que l'on aurá trouvés peut-être trop communs, et qu'on auroit, je crois, dû respecter, on a substitué ceux-ci qui sont páles et communs d'une autre manière, «<et de l'entretenir de nos affectueuses dispositions.» Puisqu'on en étoit à corriger l'empereur, ou eût pu ici ne pas lui faire annoncer des dispositions affectueuses. C'est en général de supérieur à inférieur qu'on se sert de ce mot. Il est vrai, Napoléon l'employoit, mais je suis persuadé que c'étoit dans l'intention de dominer. Ici Napoléon étoit un autre homme, il croyoit, il ne demandoit que de la vie enfin il avoit l'air de promettre de la piété et de la justice un jour, après les autres guerres qu'il méditoit, par exemple, après en avoir fini avec l'Europe et les Indes. Au total sa réponse au Saint Siége équivaloit à ceci: « Vous me demandez ce que je ne puis vous donner...... il y a quelque chose que nous voulons fuire... attendez.»

:

CHAPITRE IV.

LE PAPE PRESSENTI SUR UN PROJETQUI LE RETIENDROIT A PARIS.
RÉPONSE SUBLIME DU PONTIFE. SOCIÉTÉS DE ROME. AFFluence
DES ÉTRANGERS. LES CÉRÉMONIES DE PAQUES DANS L
DE SAINT PIERRE.

L'ÉGLISE

MAIS de tels sentimens auront-ils une longue durée? Ne se trouvera-t-il pas toujours dans Napoléon deux hommes distincts, quand il s'agira de traiter les affaires religieuses? D'abord un esprit juste, prompt, facile, net, sachant demander un conseil sur un genre d'études et de politique qu'il n'a pas étudié, recevant avec bonne grâce une direction salutaire, et la suivant de toute la force qui accompagne une intime conviction; ensuite, un esprit inquiet, livré à un fol orgueil, d'une érudition mal assurée, portant envie à la mission des prêtres, et se croyant humilié de ce que l'empereur n'est pas, dans ses loisirs de batailles, le pontife de la nation, comme il a été le régulateur suprême des opérations de l'armée? Pourquoi, selon cet autre Napoléon, les consciences ne seroientelles pas alignées et immobiles devant un com

mandement qui suspendroit l'action morale de tant de milliers d'hommes, quand une voix brutale auroit crié à l'intelligence, repos, fixe, ou silence? Ainsi la plus nombreuse Église seroit constamment en paix! Mais réjouissons-nous d'avoir surpris une intention religieuse, une impression assez profondément sentie, qui ne peut désormais être indifférente au Saint Père, et qui, sans doute, fit entrer de suaves consolations dans ce cœur si bon, si résigné, qui vouloit toujours aimer, qui savoit attendre, et qui avoit lu, dans l'histoire sacrée, que Dieu touche de temps en temps les caractères obstinés, avant de les ramener complètement à lui.

Les cardinaux et les prélats de la suite du Pape prenoient une part sincère à la joie de Sa Sainteté quoi qu'on en ait dit, il ne fut proféré aucune plainte des refus si clairs que l'on venoit d'essuyer. Le Pape continuoit de visiter les églises, de bénir ceux qui s'agenouilloient devant lui et ceux qui croyoient devoir lui refuser cet hommage il voyoit à ses pieds, du même ceil de bonté, M. de Lalande, que l'on n'entendoit plus se glorifier du nom d'athée, et ces matrones pieuses qui avoient secouru la religion et ses ministres dans les malheurs de l'Église. En même temps une semaine ne succédoit pas à une autre, qu'il ne sollicitât la faculté de retourner à Rome. Cette permission ne devoit lui être accordée que lorsqu'il auroit encore résisté à la demande la

plus amère, sans doute, qu'il pût entendre de la bouche d'un Français. Le Pape n'a jamais voulu dire quel fut le grand officier qui un jour lui parla d'habiter Avignon, d'accepter un palais papal à l'archevêché de Paris, et de laisser établir un quartier privilégié, comme à Constantinople, où le corps diplomatique accrédité près l'autorité pontificale, auroit le droit exclusif de résider les premiers mots insinués plutôt qu'adressés directement, puis répétés à des alentours, à des confidens, à des Français amis du Saint Siége, donnèrent à supposer que l'on vouloit retenir le Pape en France. Ces mots funestes n'étoient pas prononcés par Napoléon, mais il avoit à Paris une telle puissance sur la pensée et sur la parole, qu'il n'étoit pas possible qu'on les eût hasardés sans sa permission. Le corps diplomatique, à Rome, s'en entretenoit ; j'avois l'innocence de n'y pas croire, cependant on les répétoit avec une telle assurance que le Pape crut devoir faire une réponse devant le même grand officier « On a répandu qu'on pourroit nous retenir en France; eh bien! qu'on nous enlève la liberté : tout est prévu. Avant de partir de Rome nous avons signé une abdication régulière, valable, si nous sommes jeté en prison; l'acte est hors de la portée du pouvoir des Français; le cardinal Pignatelli en est dépositaire à Palerme, et quand on aura signifié les projets qu'on médite, il ne vous restera plus entre les

mains qu'un moine misérable qui s'appellera Barnabé Chiaramonti. » Le soir même, les ordres de départ furent mis sous les yeux de l'empereur, et l'on n'attendit plus que les convenances raisonnables de la saison, et du temps nécessaire pour commander les relais avec plus d'intelligence qu'on ne l'avoit fait lors de l'arrivée du Pape.

Rome étoit exactement informée de ce qui se passoit à Paris. Les ministres étrangers résidant en France écrivoient à leur cour tous les moindres détails qui concernoient le retour plus ou moins contesté du Pape. Les cabinets instruisoient leurs agens près le Saint Siége: en outre, par Lyon, des lettres de commerce parvenoient à Livourne, d'où on les envoyoit à Rome. Par ces dernières lettres, les prélats écrivoient régulièrement à leurs amis; et Rome, entre ses perplexités à Paris et ses retranchemens à Palerme, attendoit quelle seroit la décision du dominateur de la France.

Le cardinal Consalvi cherchoit à distraire les Romains de leurs préoccupations. Plusieurs maisons distinguées donnoient des réunions splendides. Ces familles avoient fait un accueil honorable à la baronne de Staël, qui voyageoit alors dans la péninsule. Ce fut au sein de ces sociétés, à la suite de ses entretiens avec les personnages les plus recommandables dans les sciences et dans les lettres, qu'elle conçut la pre

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