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insoluble. Lorsque le liquide a ainsi acquis la consistance d'un sirop épais (à cet état il se fige par le refroidissement, sans cependant se prendre en masse solide), on cesse l'évaporation et l'on ajoute au liquide un excès d'hydrate gélatineux délayé dans un peu d'eau pure. On agite pendant un quart d'heure, et on laisse ensuite en repos le mélange pendant plusieurs heures. Nous ajoutons après l'eau distillée nécessaire pour amener la solution chloro-ferrique à la densité de 30o Beaumé, et nous l'abandonnons au contact de l'excès d'hydrate pendant huit jours, après quoi nous filtrons et nous laissons encore reposer le liquide filtré pendant quinze jours, puis nous filtrons une dernière fois pour séparer un peu d'oxydo-chlorure qui s'est précipité.

En opérant ainsi, on obtient un perchlorure de fer liquide de couleur brun foncé vu en masse, qui ne contient qu'une très-faible quantité d'acide libre, et qui, grâce à ce petit excès d'acide, peut se conserver un temps très-long sans déposer sensiblement.

SOLIDIFICATIONn de l'huile de foie de moRUE; par STANISLAS MARTIN. Un philosophe grec disait souvent: Prenez toujours la voie la plus courte et le moyen le plus simple. Nous appliquons cette maxime à la solidification de l'huile de foie de morue.

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OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES POUR SERVIR A L'HISTOIRE MÉDICO-LÉGALE DE L'EMPOISONNEMENT PAR L'ACIDE NITRIQUE; par M. A. CHEVALLIER (1). De tous les empoisonnements par les acides minéraux, il n'en est aucun dont les exemples soient plus multipliés que celui qui est dû à l'acide nitrique; aussi l'histoire toxicologique de cet acide est-elle connue, Cependant, les circonstances très-diverses qui peuvent accompagner l'empoisonnement font quelquefois naître des questions pour la solution desquelles il faut recourir à des recherches particulières. C'est ce qui eut lieu dans une affaire très-grave

Huile de foie de morue, 125 grammes; blanc de baleine, 25 grammes en été, 20 qui a été portée devant la Cour d'assises grammes en hiver.

Mêlez, chauffez au bain-marie et en vase clos; coulez dans des flacons à large ouverture, laissez refroidir sans agiter. On peut aromatiser ce médicament avec une huile essentielle. L'huile de foie de morue, ainsi préparée, a l'aspect d'une gelée; on l'avale en l'enroulant dans du pain azyme, humecté d'eau, ou de sucre, de gomme, de réglisse, ou d'amidon pulvérisé.

Le docteur Launoy a pu faire prendre assez facilement ce médicament à des malades qui refusaient d'avaler l'huile à l'état liquide.

Nous employons la cétine ou blanc de baleine comme adjuvant, parce qu'elle a joui pendant longtemps d'une propriété béchique et adoucissante, à la dose de 2 à 8 grammes, et qu'elle s'assimile parfaitement à l'huile, sans en augmenter de beaucoup le volume.

(Bulletin général de thérapeutique.)

de Paris. Le nommé G..., convaincu de bigamie, était en même temps prévenu de tentative d'empoisonnement et d'homicide volontaire sur la personne de G. C..., sa première femme. Il résultait positivement des débats que G... était resté toute la soirée à B..., près Paris, avec sa femme, qu'il l'avait plongée dans un état d'ivresse complète. Cette femme, livrée au libertinage, était fréquemment prise de vin. Sur les huit heures et demic du soir, on avait vu G... et sa femme se diriger ensemble vers le bois de B..., et le lendemain matin on avait trouvé le cadavre de cette malheureuse gisant sur le bord de la route. Le ministère public ayant été instruit aussitôt de cette affaire, l'un de nous fut chargé par M. le juge d'instruction d'aller au village de B..., afin de procéder à l'ouverture du cadavre et d'indiquer la

(1) Un de nos confrères nous ayant demandé des renseignements sur les taches d'acide nitrique, nous croyons devoir donner ici un travail que nous avons fait avec Ollivier (d'Augers). A. C.

cause de la mort. Nous ne reproduirons pas ici tous les détails du procès-verbal, notre but étant de fixer l'attention sur les seuls points qui ont paru présenter quelque importance sous le rapport de l'empoisonnement par l'acide nitrique.

Le cadavre, qu'on avait transporté sans précautions dans une remise voisine de la mairie du village de B..., était incomplétement recouvert de ses vêtements; un mouchoir de mousseline sur lequel reposait la tête, et une camisole, étaient brûlés et tachés par une liqueur corrosive. La couleur rougeâtre de la camisole était jaunâtre dans les points tachés : le collet et la manche droite étaient les parties de ce vêtement les plus altérées. Au centre de la tache de la manche, on observait des mucosités sanguinolentes en partie desséchées, qui, selon toute apparence, s'étaient écoulées de la bouche lorsque la tête était appuyée sur ce bras, ainsi qu'on l'avait remarqué avant la levée du cadavre. Une jupe grise offrait trois taches jaunâtres semblables à celles de la camisole. Les vêtements enlevés, on fit les observations suivantes : la face était pâle, sans bouffissure, colorée dans une grande partie de sa surface, et surtout à droite, par une teinte jaune-citron, provenant d'un liquide qui s'était écoulé de la bouche, comme l'attestaient évidemment les traces qui existaient aux deux commissures des lèvres. Les cheveux, d'un blond foncé, contrastaient par leur couleur avec celle de plusieurs mêches du côté droit, qui offraient une coloration jaune semblable à celle de la face. A la partie laté rale gauche et postérieure du cou, escharre superficielle de la peau légèrement grisâtre, entourée de quelques excoriations rougeâtres l'escharre correspond à la partie du collet de la camisole qui offrait les taches jaunes. Paupières fermées; globe de l'œil sans injection notable; pupilles avec dilatation moyenne; excoriations de la peau sur divers points du front; plusieurs autres sur l'aile droite du nez, derrière l'oreille droite, en tout semblables à celles qui résultent de l'impression des ongles. Deux excoriations semblables à ces dernières se remarquent à la partie antérieure et latérale droite du cou, deux travers de doigt au-dessous de la base de la mâchoire inférieure, sur laquelle existent deux ecchymoses. Nulle trace sur le col d'impression circulaire par un lien ou tout autre corps. Sur plusieurs points de la périphérie du crâne et surtout en arrière, ecchymoses circonscrites : dans aucun de ces points on ne distingue de fracture des os du crâne. Sur le reste du corps, on ob

serve une ecchymose et une excoriation à la partie postérieure de l'épaule droite, trois escharres superficielles, grisâtres, à la partie moyenne et antérieure du bras droit, correspondant à cette partie de la camisole qui avait été entièrement brûlée par la liqueur corrosive: la peau qui entoure ces escharres a une teinte jaune semblable à celle des autres parties où cette couleur a été indiquée; contusion à la partie externe du bras droit, au-dessus du poignet, et à la partie moyenne de l'avant-bras gauche, enfin, excoriations superficielles aux coudes, aux genoux, tout à fait semblables à celles qui résultent d'un froissement contre une surface inégale comme celle du sol. Les deux mains n'offrent aucune espèce de lésion exté rieure et aucune trace de teinte jaune. Nulle marque de violence extérieure sur les parois de la poitrine et de l'abdomen. La région épigastrique est le siége d'une chaleur qui contraste avec le refroidissement du reste du cadavre.

La face supérieure de la langue, la voûte du palais, l'arrière-gorge, la face interne des joues, avaient une teinte jaunecitron très-foncée. L'épiderme qui recouvre la face interne des lèvres était excorié, celui de la langue était plus dense, comme raccorni. Le pharynx était rempli d'un mucus très-tenace et sanguinolent; la teinte jaune de cette cavité se prolon geait, mais en diminuant successivement d'intensité, jusqu'au quart supérieur seulement de l'œsophage. L'épiderme qui tapisse ce conduit était blanc, comme desséché, fendillé dans toute l'étendue de ce canal, mais sans teinte jaune : il était évident que la liqueur corrosive n'avait pas pénétré au delà de la portion colorée. L'es tomac était parfaitement sain; il renfermait des aliments en partie digérés, colorés fortement par le vin rouge; ces aliments répandaient une odeur vineuse très-prononcée. La membrane muqueuse de l'estomac, ainsi que celle du canal intestinal, examiné dans toute sa longueur, était rosée et injectée comme on la trouve toujours chez les individus qui succombent pendant la digestion; les follicules muqueux étaient généralement visibles sur tous les points de sa surface, il n'y existait aucune trace d'inflammation. Les intestins contenaient dans diverses portions de leur longueur des débris d'aliments, comme ceux de l'estomac, colorés par du vin rouge et répandant de même une odeur vineuse qui s'était aussi dégagée au moment où l'on ouvrit l'abdomen. Cette cavité ne renfermait aucun liquide épanché; péritoine blanc et transparent dans toute son éten

due. Le foie et la rate, sains, contenaient un sang noir liquide; vésicule du fiel presque vide. Les reins et la vessie dans l'état naturel cette dernière était toute fois contractée sur elle-même et ne contenait pas d'urine. L'utérus et ses dépendances étaient dans l'état normal.

Le larynx, la trachée-artère et les bronches sont libres : la membrane muqueuse qui tapisse ces conduits n'offre pas d'injection notable; elle est blanchâtre. Les deux poumons ont une teinte noirâtre et violette, celui du côté gauche surtout ce dernier est à peine crépitant dans sa partic supérieure; son tiers inférieur est excessivement dur, hépatisé, d'un brun rouge; il s'en écoule à la coupe une grande quantité de sang très-noir, non écumeux : le centre de la portion hépatisée contient un amas de matière tuberculeuse, du volume d'une grosse noix et semblable à du fromage de Gruyère pour la couleur et la consistance. Le poumon droit est un peu plus crépitant que le gauche; mais son tissu est également engorgé de sang noir, abondant, très-fluide, peu écumeux. Le cœur est mou, flasque; ses cavités contiennent un sang très-noir et fort liquide, de même que tous les vaisseaux du cou et les sinus de la dure-mère. La substance cérébrale est ferme, elle laisse exsuder par gouttelettes, à chaque incision, beaucoup de sang très-liquide. Les ventricules ne contiennent qu'une petite quantité de sérosité très-limpide et nullement sanguinolente. Le cervelet est moins injecté que le cerveau. La moelle allongée et la moelle épinière ont une consistance plus grande que celle de l'encéphale : leurs vaisseaux sont peu injectés. Le canal vertébral ne renferme pas notablement de sérosité.

Au moment où nous allions quitter B..., après avoir terminé le procès-verbal de l'autopsie, on vint nous annoncer que l'individu qui avait été vu la veille au soir avec G. C... venait d'être arrêté, rôdant autour du village. Convaincu que les lésions extérieures observées sur le cadavre et les taches des vêtements étaient produites par l'acide nitrique, on pensa qu'il pouvait exister des taches semblables sur les vêtements du prévenu, s'il était l'auteur de cette tentative d'empoisonnement: les renseignements fournis par l'instruction et les traces de la liqueur corrosive sur le cadavre montraient assez que G. C... n'avait point cherché elle-même à s'em poisonner. Dès lors, il était probable qu'au milieu de la lutte qui avait dû exister entre l'assassin et sa victime, la liqueur corrosive avait rejailli en partie sur les vête ments de l'un et de l'autre. Cette conjecture

se trouva confirmée par la présence dé nombreuses taches, semblables à celles déjà indiquées, sur l'habit, le pantalon et les mains du prévenu. Quoiqu'il ne fût pas douteux que ces taches étaient dues à dé l'acide nitrique, il importait de démontrer directement que fa liqueur corrosive qui avait laissé des tracés sur les vêtements de G... et de G. C... était de la même nature: il fallait en même temps examiner celles que présentait le cadavre, et s'assurer s'il en existait dans l'estomac et les intestins, pour quoi nous procédâmes à cet examen le lendemain, à la morgue, en présence de M. le juge d'instruction et de M. le substitut du procureur du roi. Voici les faits constatés :

Taches des vêtements. Ces différentes taches conservaient un reste d'acidité, ainsi que nous nous en sommes assurés en les touchant avec un papier de tournesol, légèrement mouillé, qui, à l'instant, a pris une couleur rouge. Un morceau du drap de l'habit a été enlevé dans les points où il était taché, et plongé dans de l'eau distillée tiède; celle-ci a bientôt acquis la propriété de rougir le papier de tournesol. Cette eau acidulée, saturée par du bicarbonate de potasse, a été soumise ensuite à l'évaporation: une partie de cette liqueur étendue sur du papier, celui-ci séché et mis en contact avec la flamme d'une bougie, a brûlé avec scintillation, comme le fait le papier imprégné de nitrate de pótasse. Cette expérience, répétée à plusieurs reprises, a fourni des résultats d'autant plus marqués, que la liqueur s'était de plus en plus concentrée par l'évaporation. Une partie de cette liqueur, qui était devenue jaunâtre, mise en contact avec une petite quantité d'acide sulfurique, s'est décomposée en laissant dégager des vapeurs d'acide nitrique. Une autre partie de la même liqueur, mêlée avec de la limaille de cuivre et traitée par l'acide sulfurique, a fourni des vapeurs d'acide nitreux. Enfin, le résidu de la liqueur évaporée, jeté sur les charbons ardents, a brûlé rapidement avec scintillation.

Les mêmes expériences furent répétécs avec les portions tachées du pantalon : elles donnèrent les mêmes résultats. De plus, une partie de l'eau distillée dans laquelle on avait fait bouillir quelque temps ces morceaux de drap, et qu'on avait ensuite saturée de bicarbonate de potasse, fut introduite dans une petite cornue de verre et traitée par l'acide sulfurique à l'aide de la chaleur. La décomposition du sel s'étant opérée, on obtint une petite quantité d'acide nitrique qui, traité à son tour par la potasse, fut soumis lentement

à l'évaporation. Le résidu, examiné à l'aide de divers réactifs, a présenté tous les caractères du nitrate de potasse. Mèmes expériences et mêmes résultats pour les vêtements qui recouvraient le cadavre. Pour compléter ces épreuves, nous avons touché tous ces vêtements avec les acides nitrique, hydrochlorique et sulfurique: l'acide nitrique seul a produit des taches semblables à celles que nous venions d'examiner.

Taches de la peau et des cheveux. - Des portions de téguments du bras, du crâne et des cheveux, furent soumises à des expériences analogues à celles faites sur les vêtements. Ainsi, mises en contact avec du papier de tournesol, celui-ci a rougi assez fortement; lavées avec de l'eau distillée, ce liquide a été saturé ensuite de bicarbonate de potasse, et son évaporation a fourni un résidu dans lequel on a reconnu la présence du nitre. Une dissolution concentrée de potasse, versée sur une partie de ces téguments jaunis, y a déterminé une coloration jaune-rougeâtre. Enfin, une autre portion de la peau et des cheveux, qui n'offraient aucune teinte jaunâtre, a été touchée par de l'acide nitrique, et nous n'avons pas tardé à voir se manifester des taches analogues à celles que présentaient les parties examinées.

Estomac et intestins. Dans toute l'étendue du canal alimentaire, il n'existait pas de teinte jaune citron, semblable à celle de l'intérieur de la bouche et des lèvres, excepté dans le quart supérieur de l'œsophage; cette portion, touchée avec une solution concentrée de potasse, a pris une teinte jaune-rougeâtre. Quelques valvules de l'intestin présentaient une coloration analogue à celle de l'œsophage; mais touchées avec la même solution de potasse, leur couleur n'a éprouvé aucun changement : elle n'était due qu'à la bile. Plusieurs portions de l'estomac et des intestins, soumises à l'analyse, n'ont offert aucune trace d'acide nitrique. Les matières contenues dans l'estomac et l'intestin étaient légèrement acides; délayées dans de l'eau distillée, puis filtrées, la liqueur a été saturée par le bicarbonate de potasse et soumise à l'évaporation. Le résidu, jeté sur les charbons ardents, brûlait lentement et sans scintillation. Une portion de ce résidu, traitée par l'acide sulfurique,

(1) Ce n'est pas sans surprise que nous apprimes d'un des membres du parquet, que M. A..., questionné sur cette affaire, avait prétendu qu'il était inutile que l'acide nitrique pénétrat dans l'estomac pour causer la mort; qu'il avait vu beaucoup d'exemples d'empoisonnement de cette espèce, suivis de mort, dans lesquels l'acide n'avait pas pénétré au delà de l'arrière-gorge. Avant

n'a pas laissé dégager de vapeurs d'acide nitrique, mais bien de l'acide carbonique et de l'acide acétique.

Enfin, nous avons constaté que les taches existant sur les mains du prévenu étaient produites par l'acide nitrique.

Il résultait positivement de ces expériences que les taches remarquées sur les vêtements du prévenu et sur ses mains, que celles des vêtements de la femme C... et les lésions extérieures observées sur le cadavre, étaient produites par l'acide nitrique; qu'il n'existait aucune trace de cet acide dans l'estomac, l'intestin et dans les matières que ces organes contenaient. D'après ces expériences et les lésions cadavériques, nous conclûmes qu'il y avait eu tentative d'empoisonnement par l'acide nitrique; mais que la mort de la femme C... ne pouvait être attribuée à l'ingestion de cet acide, d'autant mieux que l'empoisonnement n'avait pas été consommé, soit parce que l'état comateux dans lequel l'ivresse avait plongé cette femme l'avait empêchée d'exécuter les mouvements de déglutition nécessaires pour que l'acide pùt pénétrer dans l'estomac, soit parce que la femme C... y avait mis elle-même obstacle en rejetant le liquide qui lui avait été versé dans la bouche (1). D'un autre côté, l'examen du cadavre fit penser que la mort pouvait être le résultat d'une asphyxie par suffocation, du moins l'engorgement sanguin très-considérable des poumons, la liquidité et la couleur noire du sang dans tous les vaisseaux, venaient à l'appui de cette opinion; quant à la manière dont cette asphyxie avait été produite, on peut dire que les contusions et les excoriations de la face et du col, excoriations dont plusieurs avaient toute l'apparence des déchirures faites par les ongles, pouvaient indiquer, jusqu'à un certain point, que la suiÏocation avait été déterminée par l'application des mains au-devant du nez, de la bouche et du cou. Les taches d'acide nitrique qui couvraient la face palmaire des mains du prévenu ajoutaient à la probabilité de cette explication. En outre, la congestion cérébrale résultant de l'état d'ivresse dans lequel était la femme C..., et l'altération profonde et étendue du poumon gauche par suite de laquelle la respiration ne s'effectuait complétement que par le poumon

d'adopter cette opinion, il serait nécessaire que les faits sur lesquels on l'appuie soient connus et bien constatés. On pourrait admettre que la cauterisation brusque de l'orifice du larynx par cet acide détermine un resserrement subit de l'entrée des voies de la respiration, et l'asphyxie; mais cette explication ne serait encore qu'une hypothèse.

droit, étaient autant de circonstances qui avaient du rendre la suffocation plus facile et conséquemment plus rapidement fu

neste.

L'instruction d'une affaire aussi grave fit naître plusieurs questions sur lesquel les nous fùmes appelés à répondre; voici les principales et le résultat des observations et des expériences que nous fimes. pour fournir les éclaircissements qu'on nous demanda:

L'acide nitrique laisse-t-il des traces différentes sur la peau, suivant qu'il y est appliqué pendant la vie ou après la mort?

Pendant la vie, cet acide produit des effets qui varient selon le degré de concentration et la durée de son application. Tantôt ce sont des escharres grisâtres, entourées d'une teinte jaune plus ou moins foncée la profondeur de l'escharre est généralement d'autant plus grande que l'acide est plus concentré et l'épiderme moins épais. Tantôt il n'existe que de simples taches, d'un jaune-serin d'abord, qui deviennent insensiblement d'un jauneorangé plus ou moins foncé au bout de quelques heures, et restent les mêmes jusqu'à la chute de l'épiderme. Appliqué sur la peau d'un cadavre, l'acide nitrique forme des taches qui sont d'un jaune de soufre, puis d'un jaune-verdâtre, et dix à douze heures après, on observe autour de la partie colorée une teinte grise plus ou moins large, évidemment due à l'imbibition d'une portion de l'acide, vers le troisième jour, une teinte d'un violet pâle se manifeste sur les limites de cette tache grise. Ces différents caractères sont restés ensuite à peu près les mêmes jusqu'au septième jour.

2o Quelle peut être la durée des taches de cet acide sur la peau lorsqu'il la colore simplement sans produire d'escharres?

Cette question nous fut adressée parce que les mains du prévenu n'offraient plus aussi manifestement de taches jaunes au bout de dix jours environ. L'expérience nous a prouvé que ces taches existent tant que l'épiderme n'est pas enlevé; car cette partie de la peau est ordinairement la seule ainsi colorée. Cette circonstance explique comment le frottement répété de la peau contre une surface rude et inégale peut accélérer la disparition de ces taches en usant l'épiderme. Quant aux taches des ongles, le même moyen peut aussi les faire disparaître rapidement.

3o D'autres acides peuvent-ils laisser sur le cadavre des traces semblables à celles de l'acide nitrique?

Nous avons appliqué sur la peau de plusieurs cadavres de l'acide nitrique, de

l'acide sulfurique, de l'acide hydrochlorique et de l'acide oxalique. Chacun de ces acides nous a présenté des caractères particuliers, mais tous différents de ceux de l'acide nitrique, lesquels ont été indiqués plus haut. Nous avons remarqué que l'état de la peau apportait quelques modifications à ces différents caractères.

(Journal de chimie médicale. )

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SUR LES PROPRIÉTÉS VÉNÉNEUSES DE L'IF (TAXUS BACCATA.) Une note de M. Dujardin, médecin-vétérinaire à Bayeux, fait connaître qu'ayant été appelé pour constater la mort de deux juments qui avaient péri la veille, pendant qu'elles étaient attelées à la même voiture, il reconnut, par l'autopsie, qu'elles avaient succombé pour avoir mangé des feuilles de l'if commun, taxus baccala.

Je me suis procuré depuis, dit M. Dujardin, un cheval auquel j'ai fait manger des feuilles du même arbre; l'empoisonnement a été si rapide que l'animal est tombé comme foudroyé, environ une heure et demie après avoir commencé à manger, et lorsque de légers signes de coliques s'étaient à peine manifestés. Je fis l'autopsie et je trouvai dans son estomac les mêmes caractères que chez les deux autres juments.

Depuis, il a été porté à ma connaissance que des moutons, des vaches et autres bêtes à cornes, des ânes, ont péri subitement dans des herbages où se trouvaient des ifs.

Note de la rédaction. Les propriétés toxiques de l'if ont été signalées depuis bien longtemps d'après Plutarque, sa fumée tuait les rats; son suc servait, dit Strabon, à empoisonner les flèches des Gaulois; Théophraste dit que les feuilles sont un poison pour les chevaux, mais qu'elles n'empoisonnent pas les ruminants; Pline a écrit que le vin renfermé, en Espagne, dans des tonneaux faits avec le bois de l'if avait causé la mort de ceux qui en avaient bu. Si l'on en croit les Commentaires de César, Cativulcus, roi des Éburoniens, se serait donné la mort avec le suc des feuilles.

Dioscoride dit que les fruits de l'if empoisonnent les oiseaux; d'autres auteurs établissent que les racines de ce végétal, jetées dans l'eau, empoisonnent et font mourir les poissons. Beaulieu cite la mort de chevaux qui avaient mangé des feuilles d'if, et le fait avancé par Beaulieu a été vérifié à l'école d'Alfort.

(Journal de chimie médicale.)

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