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Ai-je poussé trop loin la torréfaction? Devais-je m'arrêter quand les vapeurs d'un beau jaune passaient au jaune verdâtre? Je n'en sais rien; aucun ouvrage, que je sache, ne donne à ce sujet aucun renseignement. Cette substance doit contenir beaucoup de sels terreux, qui se décomposent pendant la torréfaction et passent sans doute à l'état de carbonate. Est-ce à leur présence que seraient dues les propriétés particulières qu'on aurait reconnues à la rhubarbe torréfiée? Je l'ignore encore; des essais à cet égard devraient être faits par les médecins.

Torréfaction des éponges. — Quoique la découverte de l'iode ait fait abandonner l'emploi fréquent qu'on faisait autrefois de la poudre d'éponges torréfiées pour le traitement du goître, il est encore des médecins qui tiennent à son emploi, et les pharmaciens sont tenus d'en avoir.

J'ai dû m'occuper aussi de leur torréfaction. On fera choix de petites éponges rondes, bien sèches, qu'on coupera avec des ciseaux en petits morceaux, autant que possible égaux; on aura soin de les débarrasser des petits coquillages ou des fragments de coraux, si elles en contiennent; ainsi placées dans le tambour on les soumet à l'action d'un feu modéré, jusqu'à ce que des vapeurs blanchâtres, âcres et d'odeur iodée commencent à se dégager. Elles diminuent considérablement de volume; elles ont une couleur rougeâtre et se pulvérisent avec la plus grande facilité. Pour les obtenir telles, il faut leur faire perdre 120 gram. pour 500.

De la carbonisation. Dans sa séance du 27 décembre 1849, l'Académie nationale de médecine a fait un rapport favorable sur un mémoire du docteur Belloc, con

cernant l'emploi du charbon végétal dans le traitement des gastro-entéralgies, des gastralgies, des affections nerveuses de l'estomac, emploi suivi des meilleurs succès. Cet honorable docteur recommande de préparer ce charbon végétal avec du bois de peuplier, préférablement aux autres bois; de choisir des branches de trois ou quatre ans, fournies par des arbres croissant dans des terrains pas trop humides; de les dépouiller de leur écorce à l'époque de la séve, et de les dessécher pour les charbonner au besoin (1).

L'appareil à torréfaction que j'ai décrit au commencement de cette notice se prête on ne peut mieux à la préparation de ce bois. Voici comment il faut opérer.

On prend des branches sèches de peuplier privées de leur écorce, on les fend

(1) Voir notre tome X, p. 304, et notre cahier de juillet, p. 75.

longitudinalement en baguettes ayant 2 on 3 centimètres carrés; puis les remettant en faisceau qu'on lie fortement, on les découpe au moyen d'une scie, en morceaux longs de 3 centimètres. On peut remplir aux trois quarts le tambour avec ces morceaux, car ils diminuent beaucoup en volume, quoiqu'ils conservent la forme cubique. Pendant que le calorique agit, et il est nécessaire qu'il soit très-actif, on voit se dégager d'abord de l'eau, puis une fumée acide très-abondante, aussi doit-on placer l'appareil sous le manteau de la cheminée ou en plein air. Quand la fumée cesse, il se dégage une grande quantité de gaz hydrogène carbonisé qui s'enflamme au fur et à mesure qu'il sort du tambour; quand il ne s'en dégage plus, la carbonisation est complète.

1,000 grammes de bois de peuplier perdent 780 grammes.

Le charbon obtenu est très-léger, brillant, très-poreux. D'après M. le docteur Belloc, il faut le placer dans un vase plein d'eau et l'y laisser tremper pendant deux ou trois jours, en ayant soin de changer l'eau plusieurs fois; on le fait sécher d'abord, puis on le réduit en poudre un peu grosse, avant qu'il soit entièrement sec. On doit le tenir dans des bocaux bouchés.

Ce docteur le prescrit à la dose de 4 ou 5 cuillerées à soupe par jour, administré dans un verre d'eau pure. (Ibid.)

CONSERVATION DES PRÉPARATIONS MAGISTRALES ALTÉRABles, qui doivenT ÊTRE DÉLIVRÉES PAR PETITES DOSES; par M. SOURISSEAU. · On est souvent dans le cas de délivrer des médicaments par petites doses renfermés dans des capsules, comme des poudres par exemple; ces médicaments ainsi conservés peuvent, selon leur nature, s'altérer en perdant de leurs principes volatils, ou en attirant l'humidité de l'air, ou encore en éprouvant une altération chimique, sous l'influence de certains agents.

Pour obvier à ce grave inconvénient, qui devient une cause d'erreur pour le médecin et un obstacle à la guérison du malade, j'ai imaginé de délivrer dans de petits tubes

les médicaments d'une altération facile et

devant être pris par doses faites d'avance. Ces tubes, dont un bout est scellé, se ferment avec de petits bouchons en liége; ils marché: ceux du poids de 1 gr. 50 revienoccupent un petit espace et sont très-bon nent à 50 centimes le cent. Ce prix est insignifiant, surtout par rapport aux avantages qu'ils offrent pour la conservation de

certains médicaments.

(Cercle pharmaceutique du Haut-Rhin.)

MANIÈRE DE PRÉPARER LES ÉCUSSONSEMPLATRES; par M. SOURISSEAU.-Quel que soit l'emplâtre, il suffit de l'étendre suffisamment ramolli sur une peau d'après la manière ordinaire; quand il a acquis une épaisseur convenable et tant soit peu égale, on se sert d'un tube en verre creux, ou, à défaut, d'un flacon dit à eau de Cologne, rempli d'eau fraiche et aussi égal que possible (1); on le mouille exactement, puis on le roule ou on le frotte sur l'emplâtre placé entre deux réglettes d'une épaisseur appropriée; par ce moyen il devient en un instant très-lisse, brillant et égal sur toute son étendue; ceci est surtout avantageux pour les emplâtres vésicatoires. Par la méthode ordinaire, on obtient habituellement un emplâtre inégal, offrant même des creux, ce qui peut bien aussi contribuer à ce que l'épiderme ne lève pas sur toute la surface de la peau en contact avec l'emplâtre.

Pour l'emplâtre de poix de Bourgogne, il est indispensable de se servir d'une plaque bien unie en métal et chauffée.

Quand il s'agit d'entourer un emplâtre d'une bande de diachylon, on termine l'emplâtre comme il vient d'être dit, puis on roule un magdaléon de diachylon, que l'on porte tout autour de l'emplâtre; on le fixe, avec le doigt, sur la peau; après, on le soumet de même au rouleau, jusqu'à ce qu'il soit de niveau avec l'emplâtre.

Quand on a à saupoudrer un emplâtre de camphre, par exemple, on y porte la poudre au moyen d'un tamis, on couche une feuille de papier par-dessus, et l'on frotte légèrement la feuille pour fixer le camphre.

Il me reste à parler de la manière d'étendre une poudre médicamenteuse sur le sparadrap, de manière à ménager un bord qui doit rester collant. Le moyen en est bien simple et exact la grandeur étant donnée, on enlève, dans le milieu d'un carré de papier, un morceau de la grandeur de la surface du sparadrap, qui doit être couvert de la poudre médicamenteuse (on enlève exactement la grandeur voulue, en pliant une feuille en quatre, plaçant un modèle en papier également plié en quatre par-dessus, de manière que les coins qui représentent le centre soient superposés, on trace avec le crayon; la ligne tirée doit conduire les ciseaux); on l'étend sur un morceau de sparadrap; la partie enlevée laisse à jour la surface qui doit recevoir la

(1) L'eau fraiche renfermée dans le tube ou le flacon, par son mouvement, tient toujours fraiche la surface du verre et porte par là obstacle à un grand ramollissement de l'emplâtre qui, autrement, finirait par adhérer au verre. Avec

poudre; on la presse légèrement, afin qu'elle n'offre point de creux, qui laisseraient pénétrer la poudre sur le bord qui doit rester intact; cela fait, au moyen d'un tamis, on porte la poudre bien également sur toute la surface du sparadrap mis à nu; on couche alors une feuille de papier par-dessus, et l'on presse légèrement pour lui donner assez de fixité.

Je termine cet article en faisant une observation au sujet de la préparation de l'emplâtre vésicatoire. Dans cette préparation, on prescrit de faire fondre ensemble les matières qui doivent former la masse emplastique; on a l'habitude de la passer alors à travers un linge pour en séparer les impuretés; après, on y ajoute la poudre de cantharides et l'on agite jusqu'à ce que l'emplâtre soit figé.

En procédant ainsi, la poudre de cantharides, au lieu de céder son principe vésicant à la masse emplastique, s'y trouve tout simplement englobée; alors l'emplâtre agit faiblement ou point du tout ce doit être ainsi, car la fusion de la masse emplastique devant être faite à une douce chaleur et les opérations suivantes tendant à la refroidir rapidement, l'emplâtre se fige avant que le principe vésicant ait été dissous. Si, dans le but d'opérer la dissolution de ce principe, on chauffait assez fortement la masse emplastique, on courrait risque de l'altérer; de plus, on déterminerait la volatilisation partielle du même principe, sorte que l'emplâtre laisserait encore beaucoup à désirer.

de

On remédie facilement à ces inconvénients en tenant en fusion, à une douce chaleur, le mélange de la masse emplastique et de poudre de cantharides; inutile de dire que l'on doit aider la dissolution de la cantharidine par une agitation continuelle.

Dans la préparation d'un médicament de premier ordre, comme l'emplâtre vésicatoire, il est important de la placer dans toutes les conditions favorables à exercer sûrement et rapidement son action. Pensant avoir atteint ce but, j'ose espérer que la Société de pharmacie voudra bien accueillir favorablement cet article.

(Ibid.)

DE LA LIQUEUR DES HOLLANDAIS COMME AGENT ANESTHÉSIQUE; par M. ALVARO REYNOSO. Nous trouvons dans le Journal de pharmacie une courte note concernant

un tube plein ou un rouleau massif quelconque, la masse interne étant fixe, ne recevrait pas avec rapidité la chaleur de la couche externe; celle-ci devenant plus facilement chaude, déterminerait l'adhérence de l'emplâtre.

deux agents chimiques, le protochlorure de carbone et la liqueur des Hollandais, que l'auteur a été conduit à expérimenter sur les animaux et sur lui-même, par certaines analogies de leurs propriétés chimiques avec le chloroforme. Mais le protochlorure de carbone, à raison de sa mauvaise odeur, ne saurait convenir pour l'inhalation pulmonaire; la liqueur des Hollandais, au contraire, pourrait rivaliser avec le chloroforme pour son odeur agréable. Or, M. Reynoso annonce :

Qu'elle possède, ainsi que le chloroforme, la propriété anesthésique ;

Que des animaux soumis à son action peuvent en aspirer impunément une quantité beaucoup plus grande que de chloroforme;

Que l'état d'insensibilité dure plus longtemps qu'avec le chloroforme ou l'éther.

La liqueur des Hollandais est un chlorure d'hydrocarbone; elle avait été essayée par M. Simpson, qui y avait renoncé parce que ses vapeurs causaient une violente irritation à la gorge. Peut-être les nouveaux essais de M. Reynoso sont-ils de nature à faire revenir sur ce premier jugement.

(Revue médico-chirurgicale.)

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On sait que le caoutchouc est très-impressionnable aux changements de température; la chaleur le détruit et il durcit au froid. Tout récemment M. Hancock est parvenu à le rendre insensible à ces influences en l'unissant au soufre.

Plusieurs procédés ont été imaginés pour arriver à ce but :

Le premier, dit par conversion, consiste à exposer le caoutchouc à un mélange de sulfure de carbone et de chlorure de soufre.

Par ce procédé, le caoutchouc n'est pénétré qu'à la surface; on ne peut donc pas l'employer pour la préparation de grandes masses de matières.

Le second procédé, dit par sulfuration, volcanisation ou vulcanisation, a été inventé par M. Hancock, et consiste à plonger le caoutchouc dans du soufre en fusion à différentes températures, ce qui le rend noir et lui communique la consistance de la

corne.

On peut encore pétrir le caoutchouc avce du soufre, puis exposer le tout à l'action de la chaleur, ou bien faire dissoudre le caoutchouc dans de l'essence de térébenthine préalablement saturée de soufre.

Un troisième procédé a été imaginé par M. Parkes, de Birmingham; ce manufacturier opère par voie sèche ou par voie humide :

1o Par voie humide: On plonge le caoutchouc dans un mélange de 40 parties de sulfure de carbone et de 1 partie de chlorure de soufre, et on, l'y laisse plus ou moins longtemps suivant son épaisseur. Une feuille de 1716 de pouce d'épaisseur est suffisamment modifiée au bout d'une ou deux minutes.

Si les feuilles sont très-épaisses, il faut prendre un peu moins de chlorure de soufre pour que ce dernier agisse plus lentement sur la masse, car une forte dissolution altère la surface du caoutchouc.

Lorsque le caoutchouc a séjourné assez longtemps dans la composition ci-dessus décrite, on le suspend dans une chambre chauffée à 21° Réaumur. Puis, quand le dissolvant est évaporé, on lave à grande eau, et l'on fait bouillir le caoutchouc pendant une heure dans une lessive caustique contenant, pour 10 kilogr. d'eau, 500 gr. de potasse ou de soude caustique.

2o Par la voie sèche : On mélange dans une machine à pétrir 4 à 5 kilogrammes de caoutchouc avec 500 grammes de chlorure de soufre solide.

Le temps nécessaire à cette opération dépend de la vitesse de la machine et de la masse employée. Quand la modification est opérée, on comprime la masse dans une forme encore chaude.

Pour modifier la gutta-percha, il faut employer un peu moins de chlorure de soufre.

On peut encore vulcaniser le caoutchouc en le suspendant dans une chambre de plomb ou de fer dont les parois intérieures sont recouvertes d'une couche de gomme laque, et y faisant arriver pendant une heure un mélange de 10 volumes d'acide sulfureux et de 1 volume de chlore, renfermant de la vapeur de perchlorure de carbone ou d'un autre dissolvant, pour ramollir le caoutchouc et faciliter de la sorte l'action du mélange gazeux.

M. Parkes applique aussi ses procédés en combinant différentes substances avec le caoutchouc ou son mélange avec la guttapercha; ainsi des substances fibreuses, telles que du coton, du lin, de la laine, des copeaux, de la poudre de laine, du bronze, des oxydes métalliques, etc.

Quel que soit le procédé de vulcanisation

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CONSERVATION DU LAIT ET DE LA CRÈME.— Bien des procédés divers ont été formulés en ces dernières années pour la conservation du lait; celui que nous signalons, et pour lequel, du reste, son inventeur, M. Bethel, a pris un brevet d'invention, nous paraît des plus simples. Ce procédé consiste, en effet, à faire bouillir le lait ou la crème et à les charger ensuite d'acide carbonique à l'aide de la machine dont on se sert pour fabriquer le soda-water. Le lait, ainsi chargé, est mis en bouteilles et cellesci sont bouchése. Cette manière de faire est la plus simple, mais elle présente un inconvénient, c'est qu'en débouchant la bouteille, tout le liquide s'échappe, comme il arrive pour l'eau de Seltz. Pour y obvier, l'auteur propose de garnir d'un robinet syphoïde les vases dans lesquels on place le lait ; par ce moyen, on peut ne soutirer que la quantité de liquide dont on a besoin. Lorsqu'il ne s'agit que de conserver le lait ou la crème pendant peu de temps, l'opération peut se faire dans des vases à robinet, sans recourir à la machine; à cet effet, on chauffe le lait, on l'introduit dans le vase et on le charge d'acide carbonique par le robinet même. Ce gaz, obtenu de préférence au moyen d'un mélange d'acide et de carbonate de soude, doit être préalablement lavé à l'eau pure.

(L'Abeille médicale.)

NOUVEAU MODE DE PRÉPARATION ET DE CONSERVATION des pilules d'iodure de fer; extrait d'un mémoire présenté à l'Académie de médecine par M. BLANCARD, pharmacien. L'iodure de fer, comme chacun le sait, est un excellent médicament qui participe à la fois des propriétés du fer et de l'iode. Malheureusement l'iodure du Codex, qui n'est qu'un mélange en proportions variables de proto-iodure de fer, d'iode libre et de peroxyde de fer, n'offre la plupart du temps au médecin qu'un produit impur sur lequel il ne peut pas compter. En outre, l'altérabilité de ce produit sous l'influence de l'air et de l'humidité est tellement prompte et facile, que sa transformation en médicament administrable à l'inté

rieur (qu'on me passe cette expression), est une des opérations pharmaceutiques les plus minutieuses et les plus difficiles.

Dans ces derniers temps, plusieurs praticiens, et entre autres M. Dupasquier, ont dirigé leurs efforts vers ce point délicat de la manipulation. Toutefois, les pilules d'iodure de fer préparées suivant la formule de M. Dupasquier, quoique supérieures à celles faites d'après les données du Codex, n'ont point encore atteint le degré de perfection désirable, car elles ont le défaut de s'altérer au contact de l'air, et cela pour ainsi dire à vue d'œil.

Outre l'inconvénient de varier sans cesse dans leur composition, d'offrir de l'iode libre, ces pilules attirent encore fortement l'humidité de l'air, ont une odeur nauséabonde, une saveur désagréable propre aux sels de fer, saveur dont il n'est pas toujours facile de se garantir à cause de la grande solubilité de l'iodure ferreux.

Obtenir des pilules d'iodure de fer, inaltérables à l'action de l'air, de l'humidité, sans odeur ni saveur de fer et d'iode, et susceptibles de se conserver indéfiniment, tel est le but que s'est proposé d'atteindre M. Blancard, et disons-le, il l'a atteint avec bonheur. Voici en peu de mots le procédé qu'il suit pour arriver à ces heureux résultats :

La première partie de l'opération est à peu près semblable à celle décrite par M. Dupasquier; elle en diffère cependant en ce que M. Blancard, après avoir précisé au moyen de l'analyse les circonstances les plus favorables à la formation de la masse pilulaire, roule celle-ci, ainsi que les pilules qui en résultent, dans la poudre de fer, pour empêcher l'altération de l'iodure ferreux pendant la manipulation. La seconde partie de l'opération, qui a pour but spécial la conservation des pilules, est tout à fait nouvelle elle est basée sur ce fait que le proto-iodure de fer étant complétement insoluble dans l'éther pur, on peut se servir d'une teinture éthérée résineuse comme enduit, pour les soustraire à l'action de l'air, de la lumière et de l'humidité. En raison de ses propriétés toniques connues, de son odeur agréable, M. Blancard donne la préférence au baume de Tolu privé d'acide benzoïque par une digestion prćalable dans l'eau. Il fait une dissolution de cette résine dans de l'éther pur, et verse celle ci dans une petite capsule de porcelaine, sur 80 à 100 pilules. Il imprime à la capsule un mouvement rapide de rotation, et quand l'éther est volatilisé, il projette les pilules sur des plaques métalliques, et les abandonne à elles-mêmes pendant vingtquatre heures. Pour les détacher des pla

ques, il suffit alors de frapper celles-ci légèrement sur un plan résistant: on finit de les sécher en les exposant à l'étuve à une douce chaleur. Si les pilules doivent être soumises à l'action prolongée d'une grande humidité, il convient de leur appliquer une seconde couche de vernis; elles n'en sont que plus brillantes, d'un aspect plus flat

teur.

Ainsi préparées, ces pilules sont d'un gris noir de fer, brillantes, d'une odeur et d'un aspect qui n'inspirent aucune répugnance aux malades; roulées pendant dix minutes dans la bouche, elles ne décèlent en aucune manière la présence d'un sel de fer. Si l'expérience se prolonge plus longtemps, il arrive un moment où, s'étant gonflées sous l'influence de la salive, elles se déchirent, et l'iodure apparaît; à plus forte raison, doit-il en être ainsi dans l'estomac, en présence du suc gastrique dont l'action dissolvante est si grande. On peut donc mettre à profit ce début momentané de solubilité pour en placer un certain nombre dans une cuillerée d'eau simple, ou mieux d'eau sucrée, et en faciliter ainsi la déglutition.

Jamais ces pilules ne laissent dégager de l'iode. Depuis plus de six mois, la commission de l'Académie de médecine en possède plusieurs centaines renfermées dans un flacon, et qu'on a pu tenir dans un parfait état de conservation. Le cachet d'argent qui est fixé à la partie inférieure du bouchon, et qui sert de réactif permanent, n'a pas changé de couleur. Maintenant, voici la composition des pilules:

Chaque pilule est formée, entre autres principes, de 0,05 d'iodure ferreux, 0,01 de fer porphyrisé, le tout recouvert d'une couche de baume de Tolu, qui pèse à peine 3 milligrammes, si elle est simple, et 5 à 6 milligrammes si elle est double. Si on fait attention que l'iodure ferreux est formé, sur 100 parties, de 82,30 d'iode et de 17,70 de fer à l'état de combinaison; si, d'un autre côté, on consulte les propriétés de l'iodure ferreux et du fer pris isolément, il ne sera peut-être pas téméraire de conclure qu'une fois introduit dans les voies digestives, le petit excès de fer libre qui existe à la surface des pilules, concourt aussi à augmenter leur efficacité; c'est d'ailleurs l'avis de la commission de l'Académie, exprimé par l'organe de son savant rapporteur, M. Lecanu.

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blir que c'est uniquement dans la canthart> dine, contenue dans les cantharides, que réside la propriété vésicante de ces dernières, que, par conséquent, on peut se passer des cantharides en substance comme remède épispastique, et qu'un taffetas de cantharidine non-seulement peut tenir lieu d'un emplâtre de cantharides, mais offre sur celui-ci plusieurs avantages.

Le but que je me propose, c'est de faire connaître une solution de cantharidine qui pourra servir de base à plusieurs préparations épispastiques, et de présenter quelques observations au sujet d'un nouveau vésicatoire, le collodion cantharidal.

Les cantharides traitées par l'éther sulfurique, donnent l'huile verte de cantharides, composée de cantharidine, d'huile verte et d'une matière jaune cérifère; ce n'est qu'en séparant ces deux dernières substances qu'on obtient la cantharidine pure. Cette opération est difficile, coûteuse et entraîne une perte notable en matières actives; d'ailleurs, comme je l'ai fait remarquer, l'action vésicante reste la même après cette séparation; aussi nous servirons-nous simplement de l'huile verte de cantharides. Cette huile s'obtient de la manière la plus simple et dans la plus grande proportion au moyen de l'extraction par l'éther sulfurique cet extrait se combine facilement avec les résines, la graisse et le collodion, et pourrait, à mon avis, être adopté dans la matière médicale sous la dénomination d'éther cantharidal ou vésicant. deux couches successives appliquées, à l'aide d'un pinceau à poils bien flexibles, sur l'endroit de la peau où le vésicatoire doit être placé, l'éther cantharidal y fait naître, chez les enfants, des ampoules abondantes, une ou deux heures après son application; chez les adultes, on doit en enduire la peau à trois reprises différentes, et le même effet n'est produit qu'après une application de trois à quatre heures. Les ampoules produites sont ensuite traitées comme après l'application de l'emplâtre de cantharides ordinaire. L'éther se dissipe peu après son application, et l'huile fixe qui y reste agit comme les cantharides en substance.

Après

L'éther cantharidal, en combinaison avec la térébenthine et la colophane, fournit, par son application sur du taffetas, de la toile, du papier, et par son mélange avec la graisse et le collodion, diverses préparations épispastiques que nous détaillerons

successivement.

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