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sion jusqu'à la production des documents que M. Gaudy vient de nous promettre. Il est entendu que M. Gaudy facilitera la besogne de l'Académie; le livre de clinique dont il parle doit être très-volumineux, son contenu doit être en rapport avec l'importance du sujet. Ayant observé de près la peste bovine, ayant obtenu des guérisons dans la proportion de 73 pour 400, tout ce qui concerne la nature et la cause du mal doit avoir été exposé dans tous ses détails scientifiques; contre une affection aussi rebelle, la puissance des remèdes homœopathiques a dû se révéler par des phénomènes qui doivent convaincre les plus incrédules; ces phénomènes, vous le comprenez, auront été recueillis avec le plus grand soin par M. Gaudy qui, avant tout, doit être un savant sérieux et honnête.

Les choses étant ainsi, et pour ma part, je ne doute pas que cela soit ainsi, notre honorable collègue voudra bien résumer son livre de clinique et épargner à l'Académie un travail de bénédictin et håter ainsi le moment heureux où nous pourrons faire jouir le public des bénéfices d'un traitement merveilleux guérissant une maladie qui, dans tous les pays, jusqu'à ce jour, s'est jouée des efforts des hommes les plus éminents et les plus expérimentés.

Vous le voyez, messieurs, il faut, avant de passer à un vote, résoudre l'incident que la tardive proposition de M. Gaudy vient de faire naître.

M. le Président : Comment voulez-vous résoudre l'incident?

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M. Thiry : Il faut que M. Gaudy nous dise sérieusement s'il est décidé à nous soumettre le fameux livre de clinique dont il vous a parlé.

M. Gaudy: Fameux livre!

M. Thiry: Je le répète, votre livre est fameux, s'il

nous fait connaître le moyen de guérir 73 pour 100 des animaux atteints de la peste bovine. Si votre affirmation peut se justifier, je proclame votre livre de clinique comme étant l'ouvrage le plus fameux des temps modernes. Il n'aura pas d'égal à moins que l'on ne finisse un jour par découvrir un spécifique, certain cette fois, pour guérir le cancer; — alors votre livre de clinique aura un rival; le nouvel inventeur et vous aurez bien mérité de la science et de l'humanité, la reconnaissance publique vous sera acquise sans conteste.

M. Vleminckx : Pour concilier l'opinion de M. Laussedat et celle de M. Gluge, voici comment on pourrait rédiger l'ordre du jour :

« M. Gaudy, mis en demeure de donner les renseignements qui lui sont demandés sur la nature et les symptômes de l'affection qu'il a traitée en Hollande, ainsi que sur les moyens dont il s'est servi, ayant refusé de les communiquer, l'Académie passe à l'ordre du jour.

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M. Thiry: J'entends que M. Gaudy accepte l'ordre du jour. Donc, il n'est plus question du livre de clinique.

- L'ordre du jour, rédigé comme vient de l'indiquer M. Vleminckx, est mis aux voix et adopté à l'unanimité, y compris M. Gaudy.

M. Gaudy: En présence de cet ordre du jour, je vous remettrai officieusement mon livre de clinique.

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M. Vleminckx : Il n'est pas permis que des choses semblables se passent dans une Académie. Le Président ne recevra pas officieusement le livre de M. Gaudy. Si M. Gaudy a une communication à faire, il la fera à l'Académie.

M. Laussedat: Il vient de se produire ici incidemment un fait de la plus haute gravité, un fait attentatoire à la dignité de l'Académie. Après le vote d'un ordre du jour motivé,

à la suite d'une discussion d'une heure et demie, le membre qui se trouve condamné par l'Académie, a recours à un moyen dilatoire et comminatoire. Eh bien, il est impossible que ce fait ne soit pas l'objet d'un blâme de l'Académie; sinon, on se jouera de ses délibérations et elle finira par perdre sa considération.

M. Michaux: Je trouve qu'il vaudrait mieux mépriser tout cela.

M. Vleminckx : Je demande que l'Académie prenne une décision, celle de refuser la communication officieuse de M. Gaudy, tout en blåmant l'offre qu'il vient de lui en faire.

— M. Laussedat: C'est, je le répète, un procédé dilatoire et comminatoire; c'est se jouer des délibérations de l'Académie. On accepte votre ordre du jour, et puis on vient faire des offres semblables!

M. Kuborn: Nous demandons que l'Académie passe purement et simplement à l'ordre du jour sur l'incident, cette discussion portant atteinte à sa dignité.

M. Crocq: Il est entendu qu'en passant à l'ordre du jour, l'Académie n'accepte pas le dépôt officieux que lui offre M. Gaudy.

M. Thiry: L'Académie n'est pas complice de ces choses-là. Elle s'y refuse.

M. Vleminckx : Et le Président tout le premier.

- L'ordre du jour pur et simple sur ce nouvel incident est prononcé.

M. le Président : Avant d'aborder le premier objet à l'ordre du jour, je vous demanderai l'autorisation pour M. Thiernesse de donner lecture de la note de M. Dèle. Elle se rapporte du reste à la discussion qui vient d'avoir lieu.

M. Thiernesse : Messieurs, ce travail donne des

renseignements circonstanciés sur la question qui vient de donner lieu à de si tristes débats. Il ne peut donc manquer de vous intéresser. Le voici :

2. NOTE de M. DÈLE sur le traitement homœopathique de la peste bovine et ses résultats en Angleterre en 18631966,

Lorsqu'en septembre 1865 on apprit en Angleterre, par la voie des journaux politiques, les résultats merveilleux attribués au traitement de la peste bovine en Hollande, par la méthode homœopathique, on ne tarda pas à y soumettre celle-ci à l'expérimentation. Une Association homœopathique s'y constitua et contribua largement à favoriser cette expérimentation. Elle se mit en rapport, le 18 novembre 1865, avec la Commission officielle de la peste bovine et lui demanda les résolutions qu'elle avait prises, à la suite des données qui avaient été fournies par le docteur Hamilton. On sait que ce médecin homœopathe s'était rendu en Hollande et qu'il avait appris :

1° Du professeur Hengeveld, président de la Commission officielle hollandaise, que le chiffre des guérisons des bêtes typhisées, par des traitements variés, était de 45 pour 100;

2o De M. Van Dyk, bourgmestre de Mathenisse, que le chiffre des guérisons dues à l'emploi exclusif de l'homœopathie, s'était élevé à 75 pour 100.

La Commission officielle anglaise répondit - 22 novembre — à l'Association qu'elle avait décidé de tenter la méthode homœopathique, tant sur les animaux infectés naturellement que sur ceux infectés par inoculation.

Elle avait arrêté pour cette seconde catégorie les dispositions suivantes :

Quatre bêtes bovines seront inoculées en même temps et

avec la même matière par le docteur Sanderson; le vétérinaire homœopathe pourra en choisir deux; il aura également le choix de l'étable, de la nourriture, etc. Il commencera le traitement d'une bête inoculée, dès qu'il le voudra, et de l'autre, dès que M. Sanderson la déclarera atteinte de la maladie. Il prescrira une dose double du médicament dont il voudra faire usage, et en remettra la moitié au docteur Sanderson, pour la soumettre à l'analyse, s'il y a lieu, etc., etc.

Ces expériences seront répétées trois fois au moins et plus; si on le désire.

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Quant aux animaux de la première catégorie, j'apprends du docteur Hamilton écrit le secrétaire de la Commission

officielle que les personnes avec lesquelles il s'est entendu, sont en correspondance avec des propriétaires de bétail dans différentes parties du pays, et espèrent bientôt être à même d'instituer les expériences désirables sur une grande échelle et sous une surveillance compétente. Il semble, d'après votre lettre, que l'Association poursuit ses tentatives dans ce but, et je suis autorisé à dire que la Commission examinera volontiers tout projet de l'espèce que l'Association voudra lui soumettre, etc., etc. »>

L'Association soumit ces deux propositions à son Comité médical qui, après examen, élabora un rapport qu'il adressa à la Commission officielle le 30 novembre.

Il résulte de ce rapport que le Comité médical ne put nonseulement accepter, mais qu'il rejeta carrément la première proposition tendant à soumettre deux des quatre animaux inoculés au traitement homoeopathique, parce qu'une affection inoculée n'a pas toujours la même gravité chez tous les êtres qui la contractent: témoin la variole de l'homme, etc. Il fonde encore le rejet de la proposition sur le petit nombre de vétérinaires homœopathes dont les services ne peuvent être

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