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ment de ne pas insérer au Bulletin ce qui se dit dans une discussion.

M. Vleminckx: Cela dépend.

M. Michaux : Je crois qu'il vaut même mieux, dans l'intérêt de l'Académie, que la communication de M. Gaudy soit insérée au Bulletin et suivie de la discussion.

M. Vleminckx: Soit.

M. Crocq : Je dois encore le répéter, le but qu'ont voulu atteindre les auteurs des interpellations n'a pas été atteint. Ils voulaient s'éclairer et en même temps éclairer le public. Ils ne se sont pas éclairés et ne peuvent éclairer le public. Que faut-il faire en conséquence? Publier la communication de M. Gaudy? Lui-même n'insiste pas pour que cette publication ait lieu, parce qu'il reconnaît qu'elle n'a pas un caractère scientifique. Que devons-nous donc faire? Nous pourrions mentionner purement et simplement la communication de M. Gaudy, résumer la discussion qui a eu lieu et passer à l'ordre du jour. Mais cet ordre du jour ne doit pas être un ordre du jour pur et simple et je viens vous proposer un ordre du jour motivé. Voici comment je voudrais qu'il fût conçu l'Académie, considérant que M. Gaudy se trouve dans l'impossi.bilité d'exposer les moyens de traitement qu'il à employés en Hollande...

M. Laussedat : Pas: se trouve dans l'impossibilité; mais ne veut pas.

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M. Crocq: Pardon. M. Gaudy est sommé de nous exposer son mode de traitement. Il nous répond : fournissezmoi des animaux malades. Donc, il est dans l'impossibilité d'exposer son mode de traitement. Sans doute, c'est là un fait étrange. Que diriez-vous, en effet, si, dans la discussion sur le choléra que nous allons reprendre, un membre, appelé à don

ner son avis, répondait je n'ai rien à vous dire; présentezmoi des cholériques et nous verrons.

Sans doute, on ne peut traiter la maladie en l'absence des malades; mais ce qu'on peut faire, et sans cela les académies. sont inutiles, c'est faire connaître une méthode de traitement, c'est exposer des vues générales applicables à la généralité des cas. Nous sommes assez intelligents et assez expérimentés pour comprendre qu'il peut y avoir des modifications dans la médication, selon les individus et les circonstances. De cela. on ne parlé pas; on doit nous supposer au courant de la science et des exigences de la pratique. Par conséquent, M. Gaudy pourrait nous exposer sa méthode. Il ne le fait pas. Pourquoi? Parce qu'il est dans l'impossibilité de le faire.

M. Laussedat: Cette longue et pénible discussion m'inspire des sentiments que je ne veux pas exprimer. Je ne la prolongerai pas. Les efforts parfois très-vifs des orateurs qui ont pris part à ce débat et qui voulaient atteindre un but utile, ont été impuissants.

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Il y a cependant une question qu'il est impossible de ne pas soulever ici c'est celle de savoir si l'on peut, devant une Académie, quand on parle d'un fait scientifique, refuser la démonstration de ce fait et demander, pour le prouver, qu'on présente des malades sur lesquels on fera la démonstration, l'étude de la maladie. C'est là un fait tellement anormal, qu'il est pour moi comme monstrueux, que dans une société scientifique, un membre à qui l'on dit : exposez-nous dans quel état étaient les malades que vous avez traités, décrivez-nous les symptômes et dites-nous ensuite par quels moyens vous avez traité, vienne répondre systématiquement: non, et se contenter de nous renvoyer à ce qu'il appelle des documents officiels. Mais, en matière de science, quelle garantie trouvezvous dans ces documents dits officiels, qui ne sont après tout

que la reproduction d'une opinion par un homme étranger à l'art et qui remplit une fonction purement administrative? Ce n'est pas avec des données pareilles que la science progresse, ce n'est pas par ces procédés qu'elle peut éclairer.

Je respecte parfaitement la conscience de M. Gaudy. Assurément il est étranger aux mauvaises manœuvres qui ont été employées. Mais il doit comprendre que son silence prête énormément, malgré lui, à répandre et à entretenir l'erreur.

Ce que M. Gaudy ne nous prouve pas, ce que les commissaires royaux et toutes les pièces officielles ne nous démontrent pas davantage, c'est qu'il a eu affaire à la peste bovine. Il y a plus, dans l'exposé qu'il nous a fait, M. Gaudy nous a parlé de prophylaxie, des suites du traitement, de malades laissés convalescents. Voilà les quelques points semi-scientifiques qui sont apparus dans son récit. Or, tous les jours on rencontre des difficultés à caractériser une maladie d'un nom déterminé, parce qu'il y a des formes diverses, dépendant de circonstances particulières.

Eh bien! en vérité! tout ceci n'a rien qui ressemble à une communication scientifique. Il y a un parti pris, qui résulte de je ne sais quoi, de ne pas vouloir parler science et c'est de cela seul que nous devrions parler.

Quant au mode de traitement, il est impossible'd'admettre qu'on vienne dire au sein d'une Académie : je ne vous montrerai mon traitement qu'en l'appliquant à des malades. Cela est tellement inadmissible que véritablement j'en suis confondu. Je cherche le sentiment qui anime M. Gaudy. Est-ce une timidité extrême? Est-ce indifférence? Est-ce impuissance, comme le prétend M, Thiry? Plus je cherche, plus mon incertitude augmente.

Comme conclusion, je demande qu'on publie la communication de M. Gaudy, lors même qu'il en ferait très-bon marché

et qu'il serait le premier, comme il le disait tout à l'heure, à demander qu'on la supprime. C'est peut-être après tout le seul châtiment que vous puissiez imposer à son auteur. D'ailleurs, comme l'a dit M. Michaux, tout ce qui se dit ici, à moins qu'il ne s'y rencontre quelque chose d'inconvenant, doit figurer dans le compte rendu.

Quant à l'ordre du jour proposé par M. Gluge et amendé par M. Crocq, je suis de l'avis de ces messieurs; seulement je demande que l'on dise: non pas seulement que M. Gaudy n'a pas pu donner les explications demandées, mais que, mis en demeure par l'assemblée de s'expliquer, il s'y est refusé.

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M. Gaudy: Je persiste à croire qu'il est impossible de discuter les doctrines médicales.

Quant à la nature de la maladie, je crois qu'on a vu que nous ne pouvions nous tromper sur le diagnostic, puisqu'il était établi par une Commission.

Maintenant, l'Académie veut-elle que je fasse le dépôt de mon livre de clinique? je suis prêt à le faire. Mais entamer une discussion qui nous entraînerait dans celle des doctrines médicales, cela n'aboutirait à rien.

M. le Président : Voici l'ordre du jour proposé par M. Gluge.

« L'Académie n'ayant pas reçu de M. Gaudy la réponse à la question de savoir par quels moyens il a guéri la peste bovine en Hollande, passe à l'ordre du jour. »

Voici l'ordre du jour proposé par M. Crocq :

« L'Académie considérant que M. Gaudy se trouve dans l'impossibilité d'exposer le traitement par lequel il prétend avoir réussi en Hollande dans le traitement de la peste bovine, passe à l'ordre du jour.

-M. Gaudy: J'offre de déposer mon livre de clinique. Vous y verrez les moyens que j'ai employés.

M. Laussedat: Je voudrais que l'ordre du jour fût conçu en termes plus explicites et plus conformes aux faits. Affirmer que M. Gaudy n'a pas pu fournir des explications, est peut-être bien l'expression de la vérité, mais M. Gaudy n'a pas, lui, déclaré reconnaître son impuissance; ce qu'il déclare, c'est refuser péremptoirement les explications scientifiques que l'Académie lui demande.

Je propose donc de dire :

L'Académie, considérant que M. Gaudy, mis en demeure par elle d'indiquer la nature et les symptômes de la maladie qu'il à traitée en Hollande et les moyens qu'il a employés, s'est refusé à fournir des explications sur ces deux points scientifiques et fondamentaux, passe à l'ordre du jour.

M. Thiry: Un instant, messieurs; les paroles que vient de prononcer M. Gaudy changent l'état des choses. Je crains maintenant que si vous adoptez l'ordre du jour sans une explication qui me paraît indispensable, on ne dénature vos intentions et on ne transforme la situation devant le public. M. Gaudy vous accorde enfin ce que je lui demandais vainement, il n'y a qu'un instant: il va soumettre à votre appréciation son livre de clinique, il va vous faire connaître les procédés qui lui ont donné les succès dont il se vante. Ne craignezvous pas qu'on ne dise : l'Académie a prononcé un ordre du jour injuste; elle a refusé de s'éclairer, lorsqu'on lui en donnait le moyen; elle a fui devant la lumière éclatante que l'on voulait faire briller devant ses yeux, en lui fournissant des éléments cliniques complets sur la nature de la maladie épizootique et sur l'efficacité des agents homœopathiques employés pour la combattre.

Vous ne pouvez accepter cette position. Il faut que vous sachiez ce que c'est que ce livre de clinique, si toutefois il existe. Ajournons, comme nous l'avons fait déjà, toute déci

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