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un état semi-comateux qui se dissipe après un jour ou deux.

La variété des symptômes dans tous ces cas paraît devoir être attribuée au siége et aux degrés différents des diverses congestions, mais la cause, au fond, reste la même. Les attaques épileptiformes ne sont donc considérées que comme l'une des formes de l'hyperémie cérébrale.

Tels sont les caractères de ces attaques épileptiformes; j'arrive au point qui intéresse le diagnostic de l'épilepsie.

Dans un certain nombre de cas, ces attaques convulsives marquent le début de la démence paralytique, qui peut cependant encore passer inaperçue pendant plusieurs mois. On sait qu'il n'est pas de maladie cérébrale qui ait des prodromes plus éloignés et plus faciles à méconnaitre.

Il a donc dù arriver quelquefois qu'on a cru assister au début d'une épilepsie essentielle, quand on n'avait affaire qu'à une congestion épileptiforme.

En résumé, il ressortira, je crois, de cette discussion que, quand un médecin est consulté pour une congestion cérébrale apoplectiforme, il ne doit pas oublier de songer à l'épilepsie, et que le précepte formulé par M. Trousseau et par M. Herpin trouve d'assez fréquentes applications.

Je crois pouvoir ajouter, Messieurs, que s'il s'agit au contraire d'un premier accès d'épilepsie chez un adulte, il peut quel quefois être utile de se rappeler les congestions épileptiformes qui précèdent assez souvent l'invasion de la paralysie générale.

M. BOUILLAUD. Je voudrais, Messieurs, que la communication que vient de vous faire M. Baillarger cût éclairé assez le sujet pour que je pusse me dispenser de prendre la parole. Je demanderai à M. Malgaigne, par exemple, s'il se trouve suffisamment édifié; si oui, je renoncerai volontiers à la parole.

M. MALGAIGNE. Je prie M. Bouillaud de parler; je recevrai avec plaisir le supplément de lumière que, d'ailleurs, l'Académie attend comme moi.

M. BOUILLAUD. M. Trousseau, quand il saisit d'un sujet l'Académie, divise plutôt qu'il ne concilie. C'est peut-être un privilége de soulever ainsi des émotions au sein de cette compagnie. Mais cela me force à examiner quelle est la philosophie de M. Trousseau.

Moins la science dont on s'occupe est exacte, plus il semble qu'on doive ne ja mais s'écarter d'une méthode sévère, et

c'est surtout au médecin qu'il importe d'observer les lois de la logique générale. S'il y avait, parmi nous, une section de philosophie, je crois que M. Trousseau serait souvent, par elle, rappelé à l'ordre. Voyons si, dans le cas actuel, M. Trousseau s'est montré fidèle à ces principes sans lesquels toute science devient impossible.

Il avait à nous parler de la congestion cérébrale dans ses rapports avec l'apoplexie d'une part, et avec l'épilepsie de l'autre, la plus terrible des maladies après la rage. Le sujet était grave; il fallait, avant toutes choses, définir d'une manière étroite et précise les termes employés. M. Trousseau l'a-t-il fait? a-t-il défini même les mots nouveaux dont il a cru devoir se servir: l'étonnement cérébral, l'impatience du cerveau?

M. TROUSSEAU. J'y ai renoncé.

M. BOUILLAUD. Je le sais, mais je suis obligé d'y revenir; quelle était, disais-je, la règle à suivre? Il fallait recueillir patiemment un grand nombre d'observations, les classer, les coordonner, distinguer avec soin les diverses catégories formées mis de conclure. par elles, et alors seulement il eût été per

M. Trousseau, je le sais, n'est pas partisan de la méthode numérique, cela lui paraît grossier et indigne d'un esprit supéméthode si mal appreciée, il ne suffit pas rieur. Mais, pour la bien appliquer, cette d'être comptable, car la grande question est de ne compter que des observations scrupuleusement pesées. Elle ne date pas rite qu'a eu un de nos plus respectés cold'hier, au surplus, et, malgré tout le mélègues de la remettre en vigueur, on peut se convaincre, en lisant le livre des Epidémies, qu'elle était déjà appliquée du temps d'Hippocrate.

M. Trousseau, il faut bien que je le lui dise, au tort de ne pas rendre à la méthode numérique la justice qui lui est due, joint le tort d'aimer à marcher dans les ténèbres, au contraire d'Ajax, qui aimait combattre à la clarté des cieux, D) et de Gaubius, qui avait dit excellemment : Meliùs est sistere gradum quàm progredi per tenebras. Mais je rentre directement dans notre sujet. M. Trousseau nous a fait la description d'un homme qui tombe tout à coup, comme foudroyé, et qui voit tous ces symptômes si alarmants se dissiper au bout d'un temps plus ou moins long, quelques heures à peine; c'est, dit-on, de l'apoplexie, ou du moins, on peut s'y tromper, et c'est la première idée qui viendra

à l'esprit du spectateur de cette scène. Je le conteste formellement. J'ai vu peut-être deux ou trois cents cas d'apoplexie, dans lesquels les choses ne se sont pas passées ainsi quelques vertiges, un peu d'embarras de la parole, de l'incertitude dans les mouvements; c'est là tout. Le malade rentre souvent scul et sans aide chez lui; il est plus ou moins inquiet; on n'observe rien autre au début. Dans tout cela, il n'y a rien absolument qui ressemble au tableau qu'a tracé M. Trousseau.

Pourquoi donc avoir dit: Apoplexie? Pourquoi congestion apoplectiforme, puisque les symptômes fréquents de l'apoplexie ne sont pas ceux qu'on a décrits comme appartenant à l'accident dont il est question? Eh! il fallait s'en tenir simplement à ce que l'on voyait et dire qu'il y avait perte de sentiment.

A côté de ce premier tableau, notre collègue en a présenté un second dans lequel les symptômes sont moins prononcés, et il nous a dit qu'il s'agissait alors d'une congestion légère. J'ai demandé la définition de la congestion; M. Trousseau l'a donnée avec une complaisance dont je me plais à le remercier, et c'est de cette définition que M. Malgaigne ne s'est pas montré complétement satisfait.

Dans cette définition de la congestion, M. Trousseau ne nous a pas parlé de congestion, mais bien de véritables hémorrhagies; car les petites ecchymoses qu'il a fait ici intervenir hypothétiquement sont bien de véritables hémorrhagies.

Il en résulte que je suis désorienté, je ne sais plus ce qu'est la congestion, et, avant cette discussion, je croyais savoir ce que c'était. Je distinguais, avec tout le monde, les congestions en actives et passives. Les premières, déterminées comme chez les poëtes au moment de l'inspiration, par exemple, par l'activité plus grande de l'organe lui-même, analogues, qu'on me passe la comparaison, à une véritable érection nul organe ne se gonfle de sang aussi facilement que le cerveau, et les chirurgiens le savent bien, eux qui enlèvent quelquefois des portions de cet organe, qui leur paraissent énormes et qui se réduisent à fort peu de chose, quand elles ne sont plus distendues par le sang ; les secondes, déterminées par la position déclive, par la constriction d'un lien autour du cou, par le mécanisme de l'effort (occlusion

de la glotte) si bien étudié par notre collègue M. Bourdon.

Si la congestion n'est pas cela, qu'estelle? En quoi la congestion apoplectiforme diffère-t-elle de l'autre?

Si M. Trousseau avait raison, s'il ne fallait plus voir nulle part la congestion, on verrait partout l'épilepsie, et, à mon sens, cette méprise serait bien autrement funeste que celle qu'il prétend détruire.

Je continue: M. Trousseau dit : « Si un

homme est frappé d'apoplexie, soit par hémorrhagie, soit par ramollissement, soit par suite d'une embolie, etc. » Mais d'abord, messieurs, apoplexie, depuis Lacnnec, d'immortelle mémoire, est synonyme d'hémorrhagie, à ce point qu'il a créé, et qu'on a répété après lui, l'expression d'apoplexie pulmonaire. Ensuite, messieurs, il peut exister une apoplexie, c'est-à-dire une hémorrhagie cérébrale sans plusieurs des symptômes énumérés par M. Trousseau. Cela dépend des parties du centre nerveux dans lequel s'est fait l'épanchement sanguin.

M. TROUSSEAU. Si M. Bouillaud veut bien me le permettre, je reconnaitrai dès à présent que j'ai eu tort de me servir du mot apoplexie; c'est hémiplégie que j'au

rais dû dire.

M. BOUILLAUD. A la bonne heure! nous finirons par nous entendre. Je ferai seulement remarquer qu'il n'est pas possible de confondre les divers symptômes produits soit par l'hémorrhagie, soit par le ramollissement, etc.

Ici, l'honorable orateur entre dans la description de ces symptômes et discute leur valeur différentielle; il rapporte à l'appui, des observations empruntées à M. Cruveilhier et à M. Lherminier et publiées depuis 1828; il termine en regrettant que les aliénistes n'aient pas mis davantage à profit ces travaux pour la localisation des lésions qui produisent les divers genres de folie.

M. Bouillaud, à ce propos, professe qu'il considère, dans beaucoup de cas, la folie comme une névrose, analogue, si l'on veut, à l'épilepsie, et il critique la dénomination de paralysie générale imposée à une nouvelle affection que les travaux des aliénistes contemporains ont, d'ailleurs, si bien fait connaitre.

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ART. 2. Quelle que soit l'époque de la publication des premières parties d'un ouvrage, il est admis au concours de la période dans laquelle a paru la dernière partie.

ART. 3. L'édition nouvelle d'un ouvrage ne donne pas lieu à l'admission de celui-ci, à moins qu'il n'ait subi des changements ou des augmentations considérables.

ART. 4. Le jugement est attribué à un jury de sept membres nommés par nous, sur une liste double de présentation, faite par l'Académie royale de médecine.

ART. 5. Les ouvrages des membres du jury ne peuvent faire l'objet de son exa

men.

ART. 6. Le jury ne pourra délibérer qu'au nombre de cinq membres au moins. Lorsqu'il aura pris connaissance des ouvrages soumis à son examen, il décidera si, parmi ces ouvrages, il en est un qui mérite le prix quinquennal à l'exclusion des autres et lequel.

La question sera mise aux voix sans division.

Elle ne pourra être résolue affirmativement que par quatre voix au moins.

Aucun membre n'aura la faculté de s'abstenir de voter.

ART. 7. Le jugement du jury sera proclamé dans une des séances publiques que l'Académie royale de médecine tiendra pendant l'année qui suivra la période quinquennale.

ART. 8. Notre ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.

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de médecine; Fallot, membre de l'Académie royale de médecine; Hairion, prof. à l'Université de Louvain et membre de l'Académie royale de médecine; Marinus, membre de l'Académie royale de médecine; Seutin, prof. à l'Université de Bruxelles et membre de l'Académie royale de médecine; Soupart, prof. à l'Université de Gand et membre de l'Académic royale de médecine; Vleminckx, président de l'Académic royale de médecine.

PRIX PROPOSÉ.

La Société allemande de psychiatric et de psychologie légale met au concours pour 1864, la question suivante :

Quelle est, au point de vue de la médecine pratique et de la médecine légale, la meilleure classification des affections mentales?

Le jury se compose de M. le Dr Bergmann, conseiller supérieur de médecine, à Hildesheim; M. le Dr Mansfeld, consciller de médecine, à Brunswick; M. le Dr Kelp, à Wehnen près Oldenbourg; M. le Dr Sponholz, directeur, à Neu-Ruppin; M. le Dr Riedel, conseiller de la régence, à Vienne, remplacé, en cas d'empêchement, par M. le Dr Dawosky, conseiller de santé, à Celle.

Le prix est de 100 thalers de Prusse (argent courant) et pourra être porté à 200 thalers, si le prix de l'année 1860 n'est pas décerné.

Les mémoires, écrits en allemand, français ou latin, doivent être envoyés affranchis, dans les formes usitées (bulletins cachetés avec épigraphe, etc.) avant la fin de l'année 1861 au secrétaire M. le Dr Erlenmeyer, directeur de l'établissement pour les malades, atteints d'aliénation mentale et d'affections du système nerveux, à Bendorf près Coblence.

QUESTION DE SURVIE. M. le docteur Jacquet, propriétaire à Rians, canton des Aix-d'Angillon (Cher), vient de mourir dans cette commune. Par son testament, il avait institué pour légataire universelle une dame de Paris, qui avait également testé en sa faveur. Par une singulière coin

cidence, cette dame est décédée le même jour et presque à la même heure que notre confrère. Il est dès lors d'un grand intérêt pour les héritiers d'établir lequel des deux a survécu à l'autre.

Le journal de M. Caffe, auquel nous empruntons ces détails, fait remarquer que si, après enquête, il subsistait du doute sur ce point, le fait de survivance est acquis au moins âgé des deux décédés; et dans le cas d'identité d'âge, au sexe mâle appartient la présomption de survie. Plusieurs arrêts ont déjà prononcé dans des espèces analogues, en invoquant ces données de la physiologie. (L'Union médicale, No 27.)

NECROLOGIE.

La Société des sciences méd. et natur. de Bruxelles a de nouveau à regretter la perte de trois de ses membres correspondants : 1° celle de M. le docteur MEISSNER, mort à Dresde à la fin de décembre, bien connu dans la science par ses importants écrits sur les maladies des femmes et des enfants, et qu'elle avait admis au nombre de ses membres le 5 octobre 1840; 2o celle de M. le docteur H. W. NEUMEISTER de Leipzig, également mort dans les derniers jours de décembre; il était chevalier de la Croix de Fer, commandant de la garde communale de Leipzig et avait été ci-devant le rédacteur d'un recueil scientifique trèsestimé, de l'Allgemeines Repertorium des gesammten deutschen medizinisch-chirurgischen Journalistik; la Société se l'était adjoint le 7 novembre 1842; 3° celle de M. le docteur A.-A. BERTHOLD, professeur à la Faculté de médecine de Goettingue, mort le 3 février, à l'àge de cinquantehuit ans environ, après plusieurs années de souffrance. Il a publié des travaux importants sur la zoologie, l'anatomic comparée et la physiologie, branches qu'il enseignait avec un talent remarquable; ce fut lui qui, après la mort de Blumenbach en 1840, fut chargé de la direction du Muséc zoologique de Goettingue. La Société lui avait décerné un diplôme de membre correspondant le 7 juillet 1845.

- Le docteur J.-P. MAUNOIR, ancien professeur à l'Académie de Genève, est décédé dans cette ville, le 15 janvier à l'âge de quatre-vingt-treize ans. Chirurgien et ophthalmologue distingué, il a enrichi la science d'un bon nombre de productions estimées; on lui doit en outre des ciseaux pour l'opération de la pupille artificielle, une pince à double érigne et une pince à lentille.

Le docteur WILLIAM BALY, médecin de la reine d'Angleterre, a perdu la vie dans l'épouvantable catastrophe qui a eu lieu le 28 janvier, par suite du déraillement de quelques voitures sur le chemin de fer du Sud-Ouest. Il avait été mandé par télégramme en consultation à Guildsford et c'est en s'y rendant qu'il périt si malheureusement. Il était un des médecins les plus réputés de Londres, et jouissait d'une grande estime dans la maison royale. Le docteur W. VOGT, professeur de pathologie et de thérapeutique spéciales et de clinique médicale à l'Université de Berne, est mort en cette ville le 1er fé vrier, à l'âge de soixante-treize ans.

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Un des médecins les plus distingués de Paris, M. le docteur F. ARAN, médecin de l'hôpital Saint-Antoine, professeur agrégé de la Faculté de médecine, a succombé le 22 février, à l'âge de quarante-quatre ans, à des accidents cérébraux survenus tout à coup dans le cours d'un rhumatisme qui ne semblait d'abord présenter aucune gravité. Aran avait déjà produit de nombreux et importants travaux, et la science avait le droit de compter sur les services que pouvait lui rendre cette belle intelligence, pour laquelle l'étude et le travail étaient une véritable passion.

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DE MÉDECINE.

(AVRIL 1861.)

I. MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.

ÉPIDÉMIE DE DIPHthérie observée A ÁLOST PENDANT LES ANNÉES 1858-1859. ESSAI SUR L'HISTOIRE DE CETTE AFFECTION; par le docteur DE WINDT, membre correspondant, à Alost. (Suite. Voir notre cahier de mars, page 223.)

Parmi les accidents consécutifs il en est un, la paralysie, dont il importe d'établir le diagnostic. On le rattachera sa véritable cause par le souvenir d'une diphthérie dont l'existence est facile à reconnaître, par son début, la paralysie commençant toujours par le voile du palais, par sa marche, la versatilité des phénomènes, la mutabilité des symptômes étant le caractère de cette paralysie. Tantót les malades ont de l'engourdissement soit dans un bras, soit dans un pied, tantôt dans les mains ou dans les jambes, tantôt dans les bras, les mains, les jambes et les pieds à la fois. (Trousseau.) Souvent ces symptômes alternent dans ces différentes parties, jamais ils ne restent invariablement fixés sur un seul système de muscles. Il y a une absence complète de symptômes pouvant indiquer une lésion organique de la moelle, du cerveau ou de leurs membranes. Tous ces caractères qui font reconnaître la paralysie diphthéritique, permettent aussi de la distinguer et des maladies organiques des grands centres nerveux et de leurs enveloppes, et de la paralysie saturnine.

Pronostic. Considérée d'une manière générale, sans distinction de forme, ni de siége, la diphthérie est une affection grave et elle présente ce caractère non-seulement par sa propagation au larynx, mais par son essence même. M. Bouillon-Lagrange a perdu 23 sur 73 malades (angine épidémique de 1857-1858, dans le département de Seine-et-Oise.) Dans nos observations, nous comptons 19 morts sur 37 guérisons. Dans ces 1) cas, la mort est survenue 3 fois par accidents cérébraux; 6 fois par sidération du système nerveux; 5 fois par propagation au larynx; 1 fois par propagation au larynx et gangrène; 4 fois d'une manière inconnue.

Ce résultat démontre que l'affection n'est pas seulement grave par son extension au larynx, et qu'elle est erronée l'opinion de ceux qui pensent, comme Bretonneau, Valleix, que la guérison est presque constante, lorsque la diphthérie reste bornée au pharynx. L'invasion insidieuse du mal en augmente les

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