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Dans le chapitre qui traite de l'exploration des organes de l'enfant, il appelle l'attention sur une cause d'erreur qu'il importe de bien noter. Chez les enfants de moins de trois ans, la percussion, pratiquée à l'état de calme sur la partie dorsale du thorax, donne un son plein, plus ou moins tympanique, et égal des deux côtés; mais si l'enfant fait des efforts ou jette des cris, le côté droit devient mat; si l'on percute d'une manière continue, on s'aperçoit bientôt qu'au moment de l'inspiration la matité disparait pour reparaître immédiatement après. Ce phénomène est dù au refoulement du poumon droit par le foie que la contraction des muscles abdominaux tend à chasser vers le thorax; il pourrait conduire à des erreurs de diagnostic, en faisant croire à l'existence d'une pleurésie ou d'une pneumonie là où il n'y a qu'un tissu pulmonaire sain.

Il rejette l'existence du ramollissement de l'estomac comme état pathologique, ne le considérant que comme une altération cadavérique, et donne à cet égard raisons convaincantes.

des

li définit le croup un ensemble de symptômes bien définis, qui peuvent résulter de lésions anatomiques différentes. Celles-ci sont: 1ola laryngite intense, folliculeuse, avec production abondante de mucus; 2o la laryngite pseudo-membraneuse, avec pseudo-membranes fibrineuses, faciles à détacher de la muqueuse, à la surface de laquelle elles sont déposées, et formées de fibres de fibrine entremêlées de globules de pus; 5o la laryngite diphtheritique, avec exsudation grisàtre déposée dans l'épaisseur même du tissu muqueux, et ne présentant au microscope ni fibres, ni globules. Ces deux dernières formes, que souvent le microscope seul fait distinguer, peuvent être réunies ensemble; mais il me semble que la première a été confondue abusivement avec le croup; il me semble que ce nom devrait être exclusivement réservé aux deux autres, où une exsudation solide toute spéciale est déposée sur la muqueuse et y séjournë. Agir autrement serait nuire à la thérapeutique, et donner raison à tous ces guérisseurs de croup, qui ne savent ou ne veulent pas le distinguer de la simple laryngite suraiguë. Avec la plupart des médecins anglais et allemands, il rejette la tracheotomie comme une opération incertaine et défavorable. Du reste, il déclare qu'il n'existe jusqu'à présent aucun moyen thérapeutique efficace à opposer à cette terrible maladie, dans le traitement de laquelle, par conséquent, le praticien est autorisé à essayer et à expérimenter de

nouvelles méthodes et de nouveaux agents.

M. A. Vogel réunit, sous le nom de spasme de la glotte, les cas décrits sous les noms de suffocation ou angine striduleuse, laryngisme striduleux, apnée infantile, croup cérébral, asthme de dentition, asthme thymo-cyanotique, asthme aigu et chronique de Millar, asthme thymique de Kopp. Les autopsies ont démontré qu'il n'existe aucun rapport entre cette affection et le développement du thymus, et la percussion pratiquée avec soin conduit au même résultat.

Je me bornerai à vous signaler ces quelques points, parmi tous ceux que l'auteur a traités. Son ouvrage est du reste complet, et écrit avec soin et clarté. Je vous proposerai donc de voter des remerciments à M. Alfred Vogel, et de le nommer membre correspondant de la Société.

M. HENRIETTE. L'auteur ne fait pas de distinction entre la diphthérite et l'angine croupale : il y a confusion complète dans l'ouvrage de M. Vogel. Il existe cependant une différence tellement radicale entre ces deux affections que je ne comprends pas qu'elle ne soit pas reconnue et admise généralement; car, comme le disait M. Crocq, il y a un instant, il existe des guérisseurs de croup: il y a des médecins qui prétendent guérir toujours le croup, même quand il a revêtu la forme diphthéritique. Quant à moi je cherche encore le moyen de le guérir et je crois que si l'on consulte les tables de mortalité on acquiert la preuve que la mort c'est la règle et la guérison l'exception.

Je ne puis pas accepter la proposition de M. Vogel quand il dit que la trachéotomic est une opération qui donne peu de résultats favorables. Il me suffira pour motiver mon opinion de vous rapporter ce qui m'est arrivé. L'an dernier, tant à l'hôpital que dans ma clientèle civile, j'ai opéré treize croups, sept ont été guéris, six sont morts. Il me semble que cette statistique est un magnifique résultat et répond victorieusement à l'opinion émise par M. Vogel.

M. Daumerie. Il paraît que M. Zimmermann n'a pas non plus confiance dans la trachéotomie; il cite un cas où il l'a employée sans succès.

M. HENRIETTE. Nous en avons eu un il y a huit jours.

M. CROCQ. Dans le cas auquel il vient d'être fait allusion par M. Henriette, je dirai que le traitement de M. Zimmermann a été essayé et qu'il n'a amené aucun résultat.

M. Henriette. Quant à l'opinion de

M. Zimmermann vous avez dit, à la dernière séance, que vous ne contestiez pas les résultats qu'il disait avoir obtenus à Valenciennes ou à Anzin, que vous les acceptiez pour vrais. Pour ma part, je les accepte aussi comme tels, quelque extraordinaires qu'ils soient; je veux bien croire qu'il a obtenu les succès qu'il dit, mais il a cu affaire à une épidémie. Il s'agirait de savoir s'il obtienrait le même résultat dans d'autres conditions épidémiques en employant la même méthode.

Depuis que cette brochure a paru, voici ce qui m'est arrivé chez trois malades que j'ai vus depuis trois semaines; le traitement de M. Zimmermann a été employé d'abord chez un enfant de six mois. Le badigeonnage a provoqué chez lui un érysipèle

démateux tellement intense que je suis porté à croire que son développement a eu pour résultat de hâter la mort. Cet enfant a succombé en moins de vingt-quatre heures.

Le second exemple, c'est celui qui est fourni par un enfant de neuf ans, le fils de M. R... Cet enfant était très-robuste et bien constitué; il avait une angine couenneuse commune avec symptômes de croup datant de cinq jours. On avait employé infructueusement les antiphlogistiques, les vomitifs, les révulsifs. Au bout de deux jours, voyant que la maladie augmentait, que les symptômes d'asphyxie commençaient, on a eu recours à la méthode de M. Zimmermann. Aussitôt le cou est devenu énorme, le menton touchait la fourchette du sternum, le cou était rouge, tendu, douloureux; il s'était produit chez cet enfant un érysipele presque phlegmoneux, avec un erapidité effrayante.

Le troisième cas est celui que j'ai observé dimanche dernier chez un enfant qui avait une angine pseudo-membraneuse et croupale; on avait également employé la teinture de Zimmermann et l'on avait obtenu le même résultat que chez les deux autres, cependant avec un engorgement moins considérable; on avait eu la précaution de ne pas badigeonner sur la ligne médiane, on avait respecté la région soushyoïdienne.

Je dois, à propos de cette troisième application, faire une observation pratique sur laquelle j'appellerai toute votre attention. C'est que, Messieurs, s'il entrait dans vos vues de faire la trachéotomie après avoir échoué avec le traitement médical, n'employez jamais la teinture de Zimmermann parce que vous vous mettriez dans l'impossibilité de la pratiquer ou tout au moins vous rendricz l'opération beaucoup

plus difficile et vous en compromettriez les résultats. C'est ainsi que chez cet enfant de M. R..., où il y avait beaucoup de chances pour l'opération, il m'a été impossible de la tenter. Je n'ai pas pu faire la trachéotomie, attendu que, pour arriver dans la trachée-artère, j'aurais dù avoir une canule du double de longueur que celle dont on se sert. Je l'ai regretté parce que le cas offrait beaucoup de chances de réussite.

Voilà, Messieurs, ce que mon expérience m'a appris de la teinture iodo-bromurée de Zimmermann.

J'ai cru devoir vous en parler, afin que vous n'employiez pas cette teinture si jamais vous deviez, dans un moment donné, recourir à la trachéotomie. Le traitement de Zimmermann ne doit pas être adopté avec un trop grand enthousiasme. Il est bon que les médecins soient instruits des résultats qu'il nous a donnés et ne comptent pas sur une médication qui, à mon avis, ne détermine la plupart du temps que de malheureuses illusions.

M. BOUGARD. Je demanderai à M. Henriette qu'il veuille bien nous citer quelques expériences autres que celles qu'il vient de rapporter. A-t-il fait préparer la teinture de Zimmermann exactement comme ce dernier l'indique.

M. HENRIETTE. Exactement.

M. BOUGARD. Dans les cas que vous avez traités y avait-il engorgement glandulaire! M. HENRIETTE. Oui; mais faible.

:

M. BOUGARD. C'est que M. Zimmermann a eu affaire à une épidémie qui présentait pour caractère particulier un énorme gonflement glandulaire, et c'est précisément cette circonstance qui l'a porté à faire usage de la teinture iodo-bromurée. Ensuite, il appliquait sa teinture au début de l'affection; M. Henriette l'a employée à une époque très-avancée l'enfant était dans la période asphyxique, dit-il. Je conçois dès lors que le traitement de M. Zimmermann n'ait pu réussir, car ce traitement n'est réellement efficace que quand il est employé au début de l'affection. Comme dans les faits signalés par M. Henriette il n'y avait pas d'engorgement glandulaire, il est probable que ce sont des cas sporadiques qui ne présentaient pas le même caractère que ceux que M. Zimmermann a traités; il se pourrait bien aussi que dans ce cas l'iode bromuré ne fût pas efficace comme il l'a été entre les mains de M. Zimmermann.

M. HENRIETTE. Du reste, M. Zimmermann signale lui-même les inconvénients de la teinture; il rapporte des observa

tions où elle a déterminé un érysipèle œdémateux. Or, je crois qu'il faut être sur ses gardes; et que ce moyen est dangereux; qu'il est bon de ne pas s'en enthousiasmer et qu'il faut attendre les observations ultérieures.

Maintenant M. Bougard dit que M. Zimmermann emploie cette teinture dans les cas où il y a un fort engorgement glandulaire; mais cet engorgement est sympathique, il est en rapport avec la profondeur, l'étendue des fausses membranes qui siégent dans la gorge. Quand le mal envahit le haut du gosier par les deux côtés du pharynx vous avez les ganglions de droite et de gauche qui sont pris; de même quand il n'affecte qu'un côté, vous ne voyez survenir que du côté correspondant le gonflement ganglionnaire. Ce gonflement n'est qu'un symptôme, il ne constitue pas la maladie, par conséquent, je ne vois pas l'utilité, le but de cette observation.

M. JANSSENS. La teinture que M. Zimmermann emploie n'est-elle pas un accessoire de son traitement?

M. HENRIETTE. Non; mais il donne concurremment l'eau d'Adélaïde.

M. JANSSENS. Je croyais avoir remarqué qu'il l'employait souvent seule.

M. DAUMERIE. J'ai lu aussi le travail de M. Zimmermann, et j'avoue qu'il me parait extrêmement bien fait; il est rempli d'une foule d'observations tendant à établir la vérité de ce qu'il avance; je dois dire cependant que je n'ose partager entièrement la confiance de l'auteur dans les moyens qu'il préconise.

Je suis tenté de lui attribuer un peu de cet amour paternel et de cet enthousiasme qui s'emparent de tout homme à l'endroit du fruit de ses œuvres.

J'ai lu depuis le rapport de M. le docteur Bougard sur l'ouvrage susdit de M. le docteur Zimmermann; ce rapport est remarquable à plus d'un titre. Notre savant confrère, M. Bougard, parait avoir pleine et entière confiance dans les faits et déclarations de M. Zimmermann. M. le professeur François de Louvain a présenté à l'Académie de médecine, dans sa dernière séance, un travail presque identique à celui de M. Bougard, au fond comme dans la forme. Mais, je vous le répète, Messieurs, je ne puis partager, sans quelque crainte, la foi vive de mes deux honorables confrères précités, et je fais un peu dans tout cela la part d'une exagération possible.

Voici, Messieurs, ce que je voudrais vous proposer:

N'avons-nous pas dans la ville de Valenciennes ou dans les environs un corres

pondant en qui nous pourrions avoir confiance? Ne pourrions-nous pas lui écrire et lui demander s'il ne lui serait pas possible de nous donner sur cette épidémie des renseignements propres à nous éclairer ? La science et surtout l'humanité ont le plus grand intérêt à ce que la lumière se fasse.

M. CROCQ. Messieurs, ainsi que je vous l'ai dit dans la dernière séance, quand M. Bougard a lu son rapport, je n'étais pas tenté d'être enthousiaste d'un traitement que je n'avais pas encore expérimenté. Je me suis tenu sur la réserve et j'ai bien fait. J'ai cependant dit qu'on pouvait accepter comme vrais tous les faits rapportés par M. Zimmermann; mais, comme M. Bougard l'a fort bien fait remarquer, il s'agissait d'une épidémie, et bien souvent les épidémies présentent des caractères tellement particuliers qu'on ne peut pas des faits qu'on y observe tirer de conclusions générales. Je vous rappellerai à ce propos ce qui s'est passé dans la province d'Anvers. Vous savez qu'un médecin de ce pays nous a envoyé un mémoire sur le choléra, dans lequel il prétend avoir guéri vingt cholériques sur vingt-quatre, au moyen des opiacés à doses modérées, traitement banal qui n'a nulle part obtenu les mêmes succès. Qu'est-ce que cela prouve? Que le médecin a exagéré les faits? Je ne le pense pas, je crois qu'il est tombé sur une série de cas favorables; qu'il s'est trouvé dans une circonstance telle que, par ce moyen, il a pu réussir; peut-être même que ce choléra eût guéri par les seules forces de la nature. Il est possible qu'il en soit ainsi de M. Zimmermann. Je pense qu'il n'a appliqué son traitement que dans une seule épidémie, et je crois que c'est au temps à confirmer ou à infirmer ces résultats.

M. Bougard a parlé de l'engorgement glandulaire; ce n'est là qu'un phénomène tout à fait consécutif. Je ne sais pas jusqu'à quel point cette circonstance peut influer sur le traitement.

L'honorable M. Bougard dit que les succès de M. Zimmermann doivent être attribués peut-être à ce qu'il avait pris le croup dès le début. Je demanderai s'il ne serait pas possible qu'il y eût eu erreur de diagnostic. Il arrive qu'on rencontre des enfants qui ont la respiration croupale, la voix croupale, la toux croupale, chez lesquels on ne sait pas si l'on a affaire à un croup ; et sous l'influence d'une application de sangsues ou même spontanément ils guérissent; ce ne sont évidemment pas là des cas de croup.

Nous devons prendre en grande considération les faits énoncés par M. Henriette.

La trachéotomie est toujours un de ces moyens que le praticien doit tenir en réserve; quand on est devant un cas de croup on ne sait jamais où l'on s'arrêtera, et si on ne devra pas y avoir recours; si vous la rendez impossible, vous vous enlevez en quelque sorte toute ressource. Je crois que c'est une considération qui doit attirer l'attention du praticien.

Cette action de la teinture d'iode pouvait être prévue. Nous savons que certains individus ne supportent pas la teinture d'iode, que d'autres la supportent parfaitement. Ainsi je prescrivis, il n'y a pas longtemps, à une dame la teinture d'iode en applications sur le cou; au bout d'une seule application l'irritation devint tellement intense que le lendemain elle n'était pas encore dissipée. Du reste, souvent en faisant seulement une application par jour, il se produit déjà une vésication qui détermine un érysipele œdémateux si l'on continue.

Quant au moyen de vérifier les faits qui ont été avancés, je crois qu'il est excessivement chanceux; si nous écrivons à un correspondant à Valenciennes, il est toujours excessivement délicat de s'assurer de pareilles choses; car, supposons que les succès signalés soient véritables, n'est-il pas possible que la jalousie cherche à les cacher ou à les amoindrir? Ne peut-il pas se faire que les renseignements obtenus ne soient pas à l'abri d'influences de cette nature? Voilà ce à quoi il faut bien faire attention.

Je crois que le seul moyen de savoir ce qu'il peut y avoir de fondé dans les assertions de M. Zimmermann, c'est d'attendre que le temps nous l'ait appris par des expériences consécutives, pratiquées avec toutes les précautions que la chose comporte.

M. BOUGARD. J'ai accepté les faits tels qu'ils ont été présentés par M. Zimmermann et je vous avoue, Messieurs, qu'il n'est pas entré dans ma pensée de croire que ces faits pussent être faux, par cette raison que l'auteur pratiquait dans une localité où il y avait beaucoup d'autres praticiens qui pouvaient en quelque sorte contrôler ses assertions et qu'il dit que ceux qui ont suivi les anciens errements ont presque toujours échoué, tandis qu'il a réussi. Pourquoi a-t-il réussi? Peut-être cela tient-il au caractère de l'épidémie; car, quoi qu'en aient dit MM. Henriette et Crocq que l'engorgement est consécutif à l'affection, il n'en est pas toujours ainsi, et il n'en était pas ainsi dans l'épidémie que M. Zimmermann a observée, car il a considéré l'engorgement ganglionnaire comme constituant

une affection très-grave qui menaçait trèssouvent d'étouffer le malade. Il le dit en propres termes dans ses observations. Vous voyez donc que dans ce cas-ci l'épidémie avait un caractère tout particulier; elle se manifestait au début par un engorgement glandulaire très-considérable con tre lequel il a dirigé son traitement.

Quant à l'action de la teinture d'iode, il est des malades qui la supportent très-bien; mais cette teinture n'est pas toujours la même chez tous les pharmaciens. Si l'on emploie la teinture d'iode préparée depuis longtemps, elle occasionne un érysipele ou même une vésication qui ne se produit pas aussi vite quand la teinture est récente, et qui même ne se produit pas du tout. Aussi il m'est arrivé d'appliquer la teinture d'iode à des malades chez lesquels elle produisait une espèce de vésication, tandis qu'ils la supportaient parfaitement quand je faisais changer de pharmacien. Les chimistes nous expliqueront peut-être cela; mais le fait est patent. Cela m'explique que M. Zimmermann n'ait pas, dans un grand nombre de cas, rencontré les inconvénients que l'on vient de signaler.

Je demanderai à M. Leroy pourquoi la teinture d'iode est irritante dans certains

cas.

M. LEROY. Parce qu'elle donne naissance à un acide.

M. BOUGARD. La qualité de l'alcool n'y est-elle pas pour quelque chose aussi ?

M. LEROY. On remarque assez fréquemment, dit-on, que la teinture d'iode se décompose, qu'elle abandonne un dépôt boueux. Je pense que ce fait doit être attribué plutôt à l'évaporation d'une partie de l'alcool qu'à une décomposition. L'alcool, en s'évaporant, laisse se déposer une partie de l'iode.

Dans beaucoup de pharmacies on a souvent occasion d'observer que l'iode a une forte odeur de chlore. La présence de ce dernier corps dans l'iode ne serait-elle pas cause d'une action énergique beaucoup plus grande que celle de l'iode seul. Je ne puis pas me permettre de l'expliquer, mais je suis tout disposé à croire que les deux corps en dissolution dans l'alcool se transforment réciproquement en acides.

M. BOUGARD. Ne se forme-t-il pas de l'acide iodique qui est caustique?

M LEROY. Vous devez vous rappeler, messieurs, que M. Ant. Commaille, pharmacien aide-major à l'hôpital français de Rome, dans un article très-bien fait, intitulé Recherches chimiques sur la teinture d'iode, qui a été reproduit dans notre Journal, numéro du mois de septembre

1859, vous a démontré qu'il ne se forme point de l'acide iodique, mais bien de l'acide iodhydrique et que cette formation ne se fait que d'une manière très-lente.

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M. DAUMERIE. Messieurs, la plupart d'entre vous paraissent disposés à admettre toujours et partout dans la presse médicale sincérité et véracité. Quant à moi, cet optimisme, je nejle possède pas, et une expérience de quarante années me pousse fréquemment dans une voie toute contraire.

Je me rappelle qu'il y a trente-cinq ans environ, les journaux de médecine étaient remplis de cas de cancers aux seins et à l'utérus, guéris par une ou deux applications de sangsues; on nous citait nombre de fièvres typhoïdes avortées ou guéries à l'aide de fortes déplétions sanguines. Je me rappelle que vers la même époque on guérissait à Bruxelles tous les cas de surdité sans exception en perforant la membrane du tympan. Il n'y a pas bien longtemps, on a vanté le nitrate de potasse ainsi que le sulfate de quinine à haute dose dans le traitement du rhumatisme; il n'y avait pas d'affection de cette nature qui pût résister à ces modes de traitement. Eh bien, aujourd'hui on en est revenu de tout cela et personne n'y croit plus. Mais, Messieurs, si nous devions croire tout ce que l'on nous a dit et tout ce que l'on a publié en fait de médications, nous devrions avoir la plus grande confiance dans le traitement homœopathique, car toujours les journaux de cette nuance sont remplis de cas de guérison obtenus par cette mé

thode.

Je dis qu'il est dangereux parfois d'avoir une confiance illimitée, passionnée et sans réserve dans les faits que nous livre la presse médicale, et qu'il est bon et sage de n'accepter qu'après contrôle, réflexions et observations.

Quant au moyen que j'ai l'honneur de vous proposer, je conçois qu'il est peutêtre un peu anormal et qu'il pourrait peutêtre aussi blesser la susceptibilité de M. le docteur Zimmermann; mais ne pourrionsnous pas écrire à des correspondants et leur demander purement et simplement s'ils ont assisté à cette épidémie et quel traitement ils ont mis en usage, soit celui de M. Zimmermann ou tout autre, et quels résultats ils en ont obtenus.

M. BOUGARD. Si l'on ne croit pas M. Zimmermann, on ne doit pas en croire d'autre.

M. DAUMERIE. Sans être incrédule à l'égard de M. Zimmermann, dont j'accepte

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M. le Président. La parole est à M. Crocq pour faire rapport sur un travail manucrit, présenté par M. le docteur Schmit, d'Ettelbruck (grand-duché de Luxembourg), intitulé: Observations de fièvre typhoïde due à l'usage de l'eau corrompue.

M. CROCQ. M. Schmit nous avait adressé dernièrement un travail dans lequel, se basant sur quelques observations, il attribuait les fièvres typhoïdes à la corruption des caux, et aujourd'hui M. Schmit nous envoie une nouvelle observation dans laquelle il croit que le développement de la fièvre typhoïde a été causé par l'altération de l'eau et non par la viciation de l'air atmosphérique.

Je me permettrai de vous faire remarquer, Messicurs, que dans le travail de M. Vogel dont je vous ai rendu compte précédemment, cette idée se trouve déjà indiquée. Ainsi, M. Vogel attribue le développement plus fréquent du typhus dans les grandes villes à cette circonstance que leur sol est imprégné de toutes sortes de déjections et que les eaux qui en proviennent sont chargées de principes organiques plus ou moins décomposés.

M. Schmit a déjà envoyé à la Société divers travaux qui ont été l'objet de rapports favorables et qui témoignent de son zèle et du succès avec lequel il cultive notre art. En conséquence, Messieurs, je vous propose de lui voter des remerciments et de le proclamer membre correspondant de la Société.

Personne ne demandant la parole sur ce rapport, M. le Président en met les conclusions aux voix; elles sont adoptées à l'unanimité. En conséquence, M. le docteur Schmit, d'Ettelbruck, est proclamé membre correspondant de la Société.

La séance est levée à huit heures troisquarts.

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