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sentent avec des caractères physiques tellement complets que l'on peut sans crainte de se tromper reconnaître les écorces qui les ont fournis, ce qui est impossible pour les extraits obtenus par les procédés ordinaires. Enfin, les extraits préparés par le procédé Grandval ont atteint le but que le savant professeur auteur du Traité de pharmacie théorique et pratique, M. Soubeiran, désirait. « Le but général qu'on se >> propose, écrivait-il, dans sa quatrième » édition, de 1853, dans la préparation des » extraits, c'est d'obtenir sous un petit vo>> lume les principes médicamenteux des > plantes ou des animaux, sans leur faire >> éprouver aucun changement dans leur » nature, et plus on se rapproche de ce ré»sultat, plus on est près de la perfection.»

M. le professeur Grandval, par l'heureuse application de son procédé de préparation des extraits pharmaceutiques dans le vide, s'est rendu surtout recommandable par l'avantage immense qu'il procure au médecin en lui permettant de faire usage de produits sur la fidélité desquels il peut compter. Pour ce motif j'ai l'honneur de vous proposer de lui conférer le titre de membre correspondant.

Personne ne demandant la parole, M. le président met aux voix la conclusion de ce rapport; elle est adoptée et M. Grandval est, en conséquence, proclamé membre correspondant de la Société.

M. Bougard obtient ensuite la parole pour lire, tant en son nom qu'au nom de MM. Dieudonné et L. Martin, un rapport sur les travaux présentés par M. le docteur Ragaine, de Mortagne (Orne).

M. BOUGARD. M. le docteur Ragaine a adressé à la Société deux mémoires manuscrits et une brochure, dont vous nous avez confié l'examen le premier de ses travaux manuscrits porte le titre : Mémoire sur une épidémie de variole observée dans les communes de Saint-Jouin et de Coulimer pendant les années 1857 et 1858; par M. le docteur Ragaine, médecin vaccinateur cantonal, médecin de l'Hôtel-Dieu et des prisons de Mortagne, médecin des épidé

mies, etc., etc..

Persuadé que des observations bien prises et des faits consciencieusement exposés peuvent avoir de l'influence sur la marche de la science, dit l'auteur, je viens vous dire le résultat de mes observations pendant l'épidémie de variole dont il est question.

L'auteur donne d'abord un aperçu de la topographic des deux communes où l'épidémic à sévi. En général les conditions

hygiéniques en sont assez favorables. Population 1783 habitants.

M. Ragaine fait, d'une manière très-détaillée, l'historique de l'épidémie. Il donne un tableau statistique des individus atteints de variole et de varioloïde. Dans la commune de Saint-Jouin, cinquante-cinq per sonnes furent atteintes de la maladie épidémique. Sur ces cinquante-cinq malades, trente étaient vaccinés, vingt-cinq ne l'étaient pas. Presque tous ceux qui avaient été vaccinés n'ont eu que des varioloïdes ou des varioles discrètes sans complications graves, un seul excepté, âgé de dix ans. Parmi les enfants qui ont été frappés, il s'en trouve vingt-sept au-dessous de quinze ans, beaucoup d'entre eux étaient vaccinés; cinq au-dessous de sept ans ; quatre n'avaient que trois ans et un dix-huit mois; ces cinq malades portaient des cicatrices apparentes de vaccine. Deux malades seulement dépassaient quarante-six ans.

Dans la commune de Coulimer dix-neuf personnes furent atteintes, quatorze étaient vaccinées, cinq ne l'étaient pas. A Coulimer, la variole confluente n'épargna pas, comme à Saint-Jouin, les porteurs de traces vaccinales. Pour les enfants vaccinés, quatre sont au-dessous de sept ans, mais ils n'ont eu que la varioloïde.

Quant à l'étiologie, l'auteur ne trouve, dans les conditions météorologiques qui ont précédé l'explosion de l'épidémie, rien qui puisse rendre compte d'une prédisposition pathologique quelconque qui aurait existé dans les communes où elle a régné. C'est un étranger, convalescent de la variole, qui a apporté le germe du mal dans la commune de Saint-Jouin, et il est impossible, dit-il, de reconnaître aucun autre mode de propagation de l'épidémie que la contagion. Selon M. Ragaine, dont l'opivés, la contagion peut avoir lieu depuis le nion est établie sur les faits qu'il a obserqu'à celui de la chute entière et complète moment de la formation de la pustule jusdes croûtes. Il admet aussi que la contagiosité du mal survit au malade.

matologie. Il admet que la variole discrète, L'auteur s'occupe ensuite de la symptola variole confluente, la varioloïde et la varicelle ne sont que des degrés divers d'une même affection. L'élément variolique se modifie suivant les individus qu'il atteint, mais il est un dans sa nature. Un de ses malades a puisé les germes d'une variole confluente au milieu d'une épidémie de varioloïdes très-bénignes. Un autre meurt d'une variole hémorrhagique et communique une varioloïde aux deux personnes vaccinées qui l'ont soigné; auprès

de ces dernières, un enfant non vacciné contracte une variole confluente à laquelle il succombe; une fille vaccinée visite ce dernier, elle a une varioloïde. Un enfant vacciné atteint de varioloïde communique à sa mère, non vaccinée, une variole confluente dont elle meurt. Un adulte, non vacciné, contracte une variole confluente auprès de ses nièces affectées de varioloide. L'auteur pourrait multiplier les exemples, mais ceux qu'il signale suffisent, dit-il, pour prouver que la variole et la varioloïde sont deux variétés d'une même affection, qu'elles sont produites par le même virus et que la varioloïde n'est qu'une variole modifiée, une variole bâtarde comme l'ont dit quelques auteurs.

A l'article anomalies et complications, l'auteur signale deux cas de variole sans éruption, c'est ce que Sydenham appelait la fièvre varioleuse. Il énumère ensuite les complications qu'il a observées.

En traitant du développement simultané de la vaccine et de la variole, il rapporte des faits d'un intérêt réel: c'est une femme atteinte de variole confluente qui allaitait une enfant de cinq mois non vaccinée; M. Ragaine la vaccina le 22 novembre. Cette enfant fut sevréc, mais elle ne quitta pas la chambre de sa mère. Le 50, trois pustules vaccinales caractéristiques s'étaient développées régulièrement. Le 8 décembre, l'enfant était affectée de varioloïde. Le frère et la sœur, qui avaient été vaccinés l'année précédente, furent eégalment atteints d'une varioloïde bénigne.

Un enfant de trois ans fut vacciné le 26 décembre; le 28 des symptômes prodromiques se manifestent; le 50 des points rouges nombreux apparaissent à la face et sur le corps; le 2 janvier l'éruption variolique est parfaitement caractérisée. Les pustules vaccinales se développèrent à peu près régulièrement; mais à mesure que cette évolution acquérait de l'importance, l'éruption varioleuse, qui s'annonçait confluente et terrible, diminuait d'intensité; les pustules se trouvèrent en quelque sorte arrêtées dans leur développement, entrèrent promptement en suppuration et ne tardèrent pas à se flétrir. L'auteur relate d'autres observations où des phénomènes analogues se présentèrent.

Le traitement prophylactique de la variole, dit l'auteur, c'est la vaccine. Il présente quelques considérations sur cette opération. Quant aux revaccinations, l'au teur admet le principe suivant: en temps ordinaire, la revaccination au bout d'une dizaine d'années, et en temps d'épidémie

la revaccination quand même, quelle que soit l'âge de la vaccine.

L'auteur s'occupe ensuite du traitement abortif; à cet effet, il cautérise, à l'aide du nitrate d'argent, les pustules que l'on ne peut pas recouvrir et il recouvre les autres d'un emplâtre de Vigo, Il expose ensuite le traitement curatif auquel il a eu recours, et qui consiste dans les moyens ordinaires. Enfin, il résume son mémoire en une longue série de conclusions.

L'ouvrage de M. Ragaine est essentiellement pratique. L'auteur a observé une épidémie de variole, il a suivi avec attention, recueilli avec soin les diverses particularités qui se sont présentées, et il rclate avec beaucoup de talent ce qu'il a vu et ce qu'il a fait.

En conséquence, nous avons l'honneur de vous proposer, Messieurs, d'adresser des remerciments à M. Ragaine, de faire imprimer son travail dans notre Journal et de lui conférer le titre de membre correspondant.

M. LE PRÉSIDENT. Je vous demanderai, Messieurs, si vous désirez ouvrir la discussion sur ce premier rapport, ou si vous voulez la différer jusqu'à ce que vous ayez entendu les deux autres rapports qui restent encore à lire sur les travaux de M. Ragaine.

L'assemblée désirant entendre d'abord les deux autres rapports, la parole est continuée à M. Bougard.

M. BOUGARD. Le second mémoire de M. Ragaine est intitulé: Mémoire sur la vaccine et les revaccinations.

Bien que la question des revaccinations soit résolue depuis assez longtemps déjà et que la Société s'en soit occupée à différentes reprises, le mémoire d'un médecin distingué, possédant une expérience aussi vaste que fertile, est toujours accueilli avec autant de satisfaction que de gratitude par une Société dont le seul but est la recherche de la vérité, le progrès de la science et le bien-être de l'humanité.

M. Ragaine trace d'abord à grands traits l'historique de l'épidémie de variole qui a régné à Saint-Jouin depuis le 5 septembre 1857 jusqu'au 30 janvier 1858. Cinquantecinq individus sont atteints, trente et un portaient des cicatrices vaccinales évidentes et de bonne nature, vingt-quatre n'étaient pas vaccinés. Tous ceux qui avaient été vaccinés n'ont eu que la varioloïde ou la variole discrète sans complication grave, un seul excepté, enfant de dix ans, emporté par une variole confluente qui s'est compliquée d'accidents hémorrhagiques et adynamiques.

A Coulimer l'épidémie ne dura que quatre mois environ, du 10 novembre 1857 au 5 mars 1858. Dix-neuf personnes furent atteintes, quatorze étaient vaccinées, cinq ne l'avaient pas été. Mais la même immunité pour les individus vaccinés ne se manifesta pas, six sont frappés de variole confluente dont trois avec complication, aucun ne succomba. Il est suffisamment établi aujourd'hui que la vaccine ne jouit pas d'une vertu préservatrice absoluc, pas plus que la variole elle-même, d'où la nécessité des revaccinations. Néanmoins on ne saurait mettre en doute l'influence de la vaccination sur l'aptitude à contracter la maladie. Sur trente-cinq cas de variole confluente, vingt-neuf individus n'avaient pas été vaccinés et, sur les sept autres, quatre seulement offraient des cicatrices caractéristiques. Au point de vue de la mortalité, sur les six personnes qui ont été victimes de l'épidémie, toutes figurent, moins une, dans la catégorie des non vaccinées. L'auteur constate encore qu'il a arrêté l'épidémie par ses nombreuses revaccinations, car aucune des personnes revaccinées n'a été atteinte à partir du moment où l'évolution de la vaccine a été complète.

L'auteur traite longuement de la vaccine; nous ne trouvons dans cette dissertation aucune donnée nouvelle.

Revaccinations. En temps ordinaire, dit l'auteur, on ne voit presque jamais la variole se développer chez des individus qui ont été vaccinés heureusement à une époque ne remontant pas à plus de dix ans. Si une épidémie survient, il semble que cette préservation est amoindric et diminuée, mais encore, dans ce cas même, la variole est avantageusement modifiée; c'est surtout dans la période de suppuration que cette modification se manifeste d'une manière sensible, la maladie marche plus rapidement vers la guérison. Sur trois cents revaccinations que l'auteur a pratiquées depuis deux ans, il a observé sur un tiers au moins, un ou plusieurs boutons caractéristiques. A dix ans, la moitié des individus sont revaccinés avec succès. Cette proportion, moindre au-dessous de cet âge, augmente à mesure que l'âge est plus avancé. Il a observé toutefois, fait constaté par tous ceux qui ont pratiqué des revaccinations, que l'évolution des boutons n'a pas la même durée ni la même marche que dans une première vaccine. L'auteur fait suivre ce paragraphe d'un tableau statistique des revaccinations qu'il a opérées.

En temps d'épidémie, dit-il, soit de va

riole, soit de varioloïde, il faut revacciner quand même, quelle que soit l'âge de la vaccine précédente, en admettant toutefois qu'elle date d'au moins un an.

M. Ragaine traite ensuite du développement simultané de la vaccine et de la variole et de leur influence réciproque. Il dit que la vaccine pratiquée alors que les individus ont subi l'intoxication varioleuse, modifie la variole si elle ne l'arrête pas complétement. Il cite des faits à l'appui de son opinion.

L'auteur soulève ensuite une question bien délicate et bien intéressante, il s'agit de la fixation de l'époque à partir de laquelle la vaccine fait jouir l'opéré de l'immunité. Il déduit des faits qu'il a observés, que la vaccine, pratiquée pendant la duréc de l'incubation, ne détruit pas les germes de la maladie, mais qu'elle la modifie néanmoins. Il est probable, dit-il, que durant les premiers jours qui suivent l'opération, l'opéré est apte à contracter le germe de la maladie, s'il est soumis à la contagion, et qu'il n'y a pour lui de garantie assurée qu'au moment où l'éruption vaccinale commence à se développer.

Le virus vaccinal et le virus variolique ne sont pas incompatibles, dit-il, puisqu'il rapporte deux cas où ils se sont développés simultanément. Il lui semble aussi qu'ils ne sont pas identiques, car ils se seraient confondus et ajoutés. Que sont-ils donc l'un par rapport à l'autre? se demande-t-il. Il avoue qu'il n'est pas à même de résoudre cette question, et nous le croyons volontiers.

En terminant, M. Ragaine exprime le vœu que les Sociétés savantes sanctionnent la pratique des revaccinations après dix ans en temps ordinaire, et en masse sur tout le monde en temps d'épidémie. Il est probable que M. Ragaine ne lit pas notre journal.

Comme vous avez pu le remarquer, messieurs, ce second mémoire renferme pourquoi nous croyons devoir vous propobeaucoup de redites du premier, c'est ser de le renvoyer au comité de publication pour en tirer tel parti qu'il jugera convenable.

Le troisième travail de M. Ragaine, dont nous avons à vous rendre compte, est une brochure intitulée : Mémoire sur une épidémie de fièvres typhoïdes observées à Moulins-la-Marche pendant les années 1855 et 1856. Paris, Germer-Baillière, 1858, in-8° de 120 p.

La fièvre typhoïde a toujours le privilége d'attirer l'attention des observateurs. Sa

fréquence, sa gravité, les formes qu'elle revêt, les nombreuses variations qu'elle présente, la divergence d'opinions dont elle est l'objet, les incertitudes du traite ment, etc., justifient assez la prédilection des auteurs pour cette redoutable maladie. M. Ragaine expose d'abord la topographie de la localité; on y remarque un grand nombre de ruelles étroites, non pavées, fangeuses et très-sales. L'eau pluviale aussi bien que les eaux ménagères des masures qui les bordent, séjournent dans ces cloaques encombrés de fumiers de toute espèce, infectés de toutes sortes de déjections et de débris des animaux abattus par les charcutiers et les bouchers.

L'auteur s'étend très-longuement sur les conditions hygiéniques des habitants de cette localité; ce que nous venons de signaler suffit amplement pour donner la raison de l'apparition de la fièvre typhoïde.

C'est pendant les quatre derniers mois de 1855 et les deux premiers de 1856 que l'épidémie sévit avec violence. L'auteur en décrit les symptômes, puis il parle des complications qu'il a observées.

A l'article Traitement l'auteur donne sa théorie sur la production de la fièvre typhoïde. D'abord il constate un état saburral des premières voies accompagné de réaction fébrile. Il admet que l'état pyrétique est l'effet de l'action que les saburres exercent sur les organes digestifs; que le séjour dans l'intestin de ces matières infectes est le principe de la fièvre bilieuse adynamique; que ces matières, en se répandant dans le système circulatoire, vont porter l'infection dans tous les organes. C'est alors, dit-il, que cette infection amène une véritable altération du sang, altération qui, comme l'inflammation intestinale, n'est que consécutive. Il trouve la preuve de ce qu'il avance dans le succès ordinaire des éméto-cathartiques et des purgatifs employés dès le début de l'affection. Puis, partant du principe que la fièvre typhoïde ne change point de nature essentielle en passant de la première période à la scconde, nous avons dù, dit-il, l'attaquer dans la dernière par des agents médicamenteux identiques à ceux qui nous avaient rendu de si grands services dans la première. Ainsi done, d'après M. Ragaine, la première période de la maladie constitue la fièvre bilieuse, et ce n'est que lorsqu'elle passe à la seconde période qu'il y a fièvre typhoïde. Sur tous ces points nous nous trouvons en conflit d'opinion avec l'auteur d'abord nous sommes d'avis que l'infection précède l'explosion de la fièvre

qui n'en est que la conséquence; que l'infection est primitive et non consécutive à l'état saburral. Nous trouvons la preuve de ce que nous avançons dans le mode même de production de la fièvre typhoïde. Il est inutile de répéter ici ce qui est généralement admis et écrit partout, que la fièvre typhoïde est le résultat d'une intoxication miasmatique; que l'infection s'effectue instantanément par l'introduction dans l'économie du principe typhogenétique arrivé à son apogée de léthalité, ou qu'elle se produise lentement, progressivement selon l'activité du miasme et la force de réaction du corps qui en subit l'atteinte, il n'y a pas moins empoisonnement, infection miasmatique. Les annales de la science renferment un très-grand nombre d'observations d'empoisonnements miasmatiques produisant la fièvre typhoïde pour ainsi dire instantanément. Il ne peut donc être question, dans ces cas, d'état saburral, ni d'infection consécutive.

M. Ragaine a obtenu de très-remarquables succès, dans les diverses épidémies de fièvre typhoïde qu'il a observées, de la méthode évacuante préconisée par M. de Larroque; c'est à peu près l'unique traitement qu'il ait employé et toujours avec un égal succès, puisque sur trois cent et huit malades qu'il a traités, il ne compte que vingt-six décès, ce qui nous fait supposer que la maladie ne sévissait pas avec une grande violence. Quoi qu'il en soit, M. Ragaine, dans ce mémoire, rapporte de nombreux faits en faveur de la doctrine des contagionistes ainsi qu'à l'appui de la médication évacuante à laquelle il accorde toute sa confiance. Nous ajouterons que ce mémoire est fort bien conçu et bien rédigé et qu'il dénote un observateur consciencicux et de beaucoup de mérite.

M. LE PRÉSIDENT. Messieurs, la discussion est ouverte sur les rapports dont il vient de vous être donné lecture.

M. BOUGARD. Je dois vous dire, messieurs, que si la Commission a posé ses conclusions dans le premier rapport, c'est que le mémoire qui en fait l'objet est le seul qui offre réellement de l'intérêt. Le second mémoire n'est en quelque sorte que la reproduction du premier, sauf que l'auteur a donné un peu plus d'extension à ses commentaires sur les faits qu'il a observés.

M. HENRIETTE. Émet-il quelques idées nouvelles?

M. BOUGARD. Il a constaté des faits que j'ai résumés. Le plus important, selon moi, est celui qui consiste dans la vaccination

d'un enfant pendant qu'il était sous l'influence des prodromes de la variole. Il a observé à plusieurs reprises, qu'à mesure que les pustules vaccinales se développaient, les pustules varioliques se flétrissaient progressivement. Je ne sais si ce fait est réel.

M. RIEKEN. Je crois qu'il est réel : j'ai vu le même fait se produire.

M. BOUGARD. Il a de l'importance.

M. RIEKEN. J'ai fait la même observation dans l'épidémie de 1828. J'ai d'ailleurs communiqué ce fait dans un rapport que j'ai fait à cette époque, et qui a été imprimé.

M. BOUGARD. Il n'est pas prouvé jusqu'ici que la vaccination ait pu arrêter une variole commençante.

M. HENRIETTE. Vous venez de dire qu'au fur et à mesure que les pustules vaccinales se développaient, les pustules de la variole se flétrissaient.

M. BOUGARD. J'ai dit que la vaccination avait été pratiquée pendant la période prodromique. Il n'y avait donc pas encore d'éruption; elle s'est produite après. Avant que les pustules vaccinales se fussent développées, l'éruption variolique s'est manifestée, et puis à mesure que les pustules vaccinales augmentaient, les pustules varioliques diminuaient.

M. RIEKEN. J'ai fait, du reste, un rapport sur des faits semblables.

M. PIGEOLET. Ce fait n'est pas nouveau. M. LE PRÉSIDENT. Dans un mémoire que M. le Dr Schuermans a publié dans notre journal (1), il conseille comme méthode générale, quand une épidémie de variole existe, d'inoculer le virus vaccin, non seulement dans la période d'incubation, mais même dans la période prodromique; il n'y a donc rien de nouveau dans les faits rapportés par M. Ragaine, car ils ont été observés depuis longtemps par un grand nombre de médecins.

M. HENRIETTE. Cela nous est arrivé à tous bien naturellement de vacciner des

enfants parmi lesquels il s'en trouvait qui étaient dans la période prodromique de la variole.

Personne ne demandant plus la parole, les conclusions du rapport sont mises aux voix ; elles sont adoptées. Par conséquent, M. le Dr Ragaine est proclamé membre correspondant de la Société.

M. le président. La parole est à M. Crocq pour donner lecture de son rapport sur un

(1) Voir dans notre tome xvi (1853), p. 29, l'article Influence de la vaccination au debut

de la variole sur la marche de cette maladie.

ouvrage présenté par M. le docteur Alfred Vogel, de Munich.

M. CROCQ. Vous m'avez chargé, Messieurs, de vous faire un rapport sur le Traité des maladies des enfants (Lehrbuch der Kinderkrankheiten), publié par le docteur Alfred Vogel, de Munich, en 1860.

Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que je vous fasse un compte-rendu détaillé d'un ouvrage aussi étendu et aussi volumineux que celui dont il est ici question. Je me bornerai donc à vous donner une idée de son but et de l'esprit dans lequel il est conçu.

Le but de l'auteur a été de résumer et de compléter les leçons cliniques qu'il donne sur les maladies des enfants. C'est vous dire assez que son œuvre est entièrement pratique. Cependant ne croyez pas, Messieurs, qu'il tombe dans l'empirisme pur et dans la polypharmacie; non, il a pris comme point de départ l'anatomie et la physiologie pathologiques, ces seules bases solides et réellement scientifiques de la médecine. Tout ce qu'il dit est basé sur une observation exacte et consciencieuse; les conseils thérapeutiques qu'il donne sont sages, simples et rationnels; il a su éviter à la fois le scepticisme outré de l'école de Vienne, et le fatras pharmaceutique auquel sacrifient un si grand nombre de ses compatriotes.

Je vais maintenant, en quelques mots, résumer le plan adopté par l'auteur, et indiquer quelques points qui m'ont surtout paru importants. La première partie est consacrée à des explication sur les particularités physiologiques et pathologiques que présente l'organisme de l'enfant : la respiration, la circulation, les sécrétions, sivement passées en revue; puis viennent la croissance, la dentition y sont succesdes préceptes sur l'exploration des enfants et sur leur éducation physique. La seconde partie, ou partie spéciale, est consacrée à la description des maladies. Celles-ci sont rangées, non par classes ou catégories, mais par organes, ce qui est préférable au point de vue du diagnostic, et ce qui coupe court aussi à ces discussions interminables et oiscuses auxquelles on se livre sur la place que telle maladie doit occuper dans le cadre nosologique, selon qu'on se forme de sa nature telle ou telle idée. Il décrit successivement les maladies qui sont la suite immédiate de la naissance, celles du tube digestif, des organes respiratoires, des organes circulatoires, du système nerveux, des organes génito-urinaires, de la peau, et les dyscrasies ou diathèses.

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