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quement par des amas de vaisseaux lymphatiques capillaires, provenant de la division des troncs et se réunissant pour reconstituer de nouveaux troncs. Malpighi et Morgagni croyaient qu'ils étaient constitués par des acini, comme les autres glandes. Cruikshank prétend que l'injection y démontre des dilatations celluleuses offrant 50 fois le diamètre des vaisseaux qui s'y rendent. M. Noll croit que des cloisons fibreuses partics de la capsule externe constituent dans la glande un réseau, dont les mailles renferment des granules. Dans ces mailles se rendent et d'elles partent les vaisseaux afférents et efférents, de telle façon que leurs parois se continuent avec la charpente de la glande.

M.O. Heyfelder a approfondi cette question si difficile, et est arrivé à des résultats positifs et satisfaisants. Il examine successivement: 4" la charpente de ces organes; 2o la distribution des vaisseaux lymphatiques; 3° celle des vaisseaux sanguins. Après avoir enlevé le tissu cellulaire condensé qui enveloppe les ganglions, on tombe sur une membrane dense, lisse, polie, constituée par des fibres de tissu cellulaire et par des fibres musculaires lisses, semblables à celles de la tunique musculeuse de l'intestin. Ces fibres musculaires forment à elles seules toute une couche chez la souris, le rat et le lapin. Chez la chauve-souris, le chien, le mouton, le bœuf, elles sont seulement éparses parmi les fibres de tissu cellulaire; c'est chez l'homme qu'elles sont le moins abondantes et le plus disséminées.

De la face interne de cette enveloppe partent des cloisons offrant la même structure cellulo-musculeuse.

Les vaisseaux lymphatiques, après s'être divisés et avoir traversé la membrane d'enveloppe, ne gardent plus que leur tunique interne, fine, sans structure, et parsemée de noyaux allongés. Ces vaisseaux ont 0,016 à 0,02 ligne de diamètre; ils se divisent, s'anastomosent et forment, par places, des dilatations ou varicosités de 0,068 à 0,076 de ligne de diamètre. Ces dilatations ont été observées sur des vaisseaux non injectés, ce qui écarte l'idée qu'elles pourraient être le produit de la préparation. Ces vaisseaux renferment des granules élémentaires et les corpuscules de la lymphe et du chyle.

Les vaisseaux sanguins forment des réseaux serrés sur les parois fibreuses; ils accompagnent et entourent les vaisseaux lymphatiques.

Pour faire ces observations, il faut prendre des glandes fraiches et d'autres injectées. M. Noll recommande la gélatine

colorée au moyen du carmin traité par l'ammoniaque. M. Heyfelder a trouvé que cette injection, trop fine, traversait les parois des vaisseaux; il préfère la gélatine colorée par l'outremer. Pour observer l'enveloppe et les cloisons, il faut faire durcir les glandes dans l'alcool et les traiter ensuite par l'acide acétique. Celles des rongeurs, et surtout de la souris, sont les plus convenables pour faire ces observations.

Un dernier paragraphe est consacré à la physiologie du système lymphatique. Les capillaires renferment un liquide trouble, plein de corpuscules moléculaires. Dans les troncs, le liquide est clair, les corpuscules sont peu nombreux, et les globules le sont davantage. Après le passage à travers les ganglions, ceux-ci augmentent encore, et ils sont surtout abondants dans les ganglions eux-mêmes. Les capillaires lymphatiques renferment aussi des amas de noyaux libres, qui diminuent surtout après le passage à travers les ganglions. De ces faits, M. Oscar Heyfelder conclut que ceux-ci sont destinés au perfectionnement et à la formation des globules. Ceci s'accorde parfaitement avec l'existence des anastomoses et des dilatations des lymphatiques intra-glandulaires, qui ralentissent le cours de la lymphe.

On a objecté à l'existence de dilatations ou varicosités, que le liquide n'en serait plus expulsé, une fois entré. L'existence des fibres musculaires lisses répond à cette objection. L'auteur a prouvé expérimentalement la contractilité de la capsule dans les ganglions du lapin, par l'application de l'électricité.

On a souvent comparé les globules lymphatiques aux globules de la rate, et les corpuscules de la rate aux espaces celluleux des ganglions. M. Heyfelder trouve une analogie de plus dans l'existence des fibres musculaires lisses, qui existent aussi dans la capsule fibreuse de la rate. Il en conclut à l'analogie complète, au point de vue anatomique et physiologique, de la rate et des ganglions lymphatiques. Il y a là une vue qui mérite attention sur les fonctions d'un organe dont le rôle est resté jusqu'à présent très-obscur, malgré toutes les recherches dont il a été l'objet.

Dans ce travail, M. O. Heyfelder a fait preuve d'un grand talent d'observation; il a découvert un fait important, l'existence des fibres musculaires dans les ganglions lymphatiques, soupçonnées seulement par Malpighi et Nuck. Ses idées sont exposées avec beaucoup de clarté et de simplicité. Dr J. CROCQ.

IV. ACADÉMIES ET SOCIÉTES SAVANTES.

Académie de Médecine de Paris.

Séance du 3 janvier.

M. DEPAUL donne lecture du rapport suivant :

SUR LES CONVULSIONS DES FEMMES ENCEIN

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TES; par M. Mascarel.- Messieurs, dans votre séance du 16 novembre 1852, vous avez reçu de M. Mascarel, chirurgien en chef de l'hôpital de Chatellerault, un mémoire sur les convulsions des femmes enceintes, et vous avez chargé une commission composée de M. Paul Dubois et de moi de vous en rendre compte. Je viens aujourd'hui m'acquitter de ce devoir, tout en m'excusant d'avoir été empêché par des circonstances indépendantes de ma volonté de répondre plus tôt à la légitime impatience de notre honorable confrère.

La maladie qui fait l'objet de son travail est une de celles qui ont été beaucoup étudiées depuis quelques années, et cependant des recherches aussi consciencieuses que celles qui en font la base méritent d'être accueillies avec intérêt et examinées avec soin. Pour mon compte, elles m'ont intéressé d'autant plus que j'y ai trouvé sur divers points importants la confirmation de quelques idées que j'ai cherché à mettre en relief dans une note que j'ai eu l'honneur de lire il y a quelques années devant la Compagnie.

Le mémoire de M. Mascarel est divisé en deux parties. La première comprend tout ce qui est relatif aux causes, aux formes variées de l'affection, à ses complications et à sa nature. La seconde s'occupe exclusivement des divers modes de traitement qui ont été conseillés. Je me propose de vous faire connaître les idées qui ont été suggérées à l'auteur par son expérience personnelle sur ces divers points, me réservant d'apprécier, chemin faisant, ce qu'elles ont de conforme à une bonne et saine pratique.

Les modifications profondes que la grossesse imprime à l'organisation de la femme lui paraissent une prédisposition très-grande aux phénomènes convulsifs de toutes sortes. Toutefois, avec la plupart des auteurs, il établit une première distinction et admet des convulsions partielles et des convulsions générales, réservant à ces dernières le nom d'éclampsie

introduit dans la science par Sauvages et généralement adopté de nos jours. Tout en admettant que les premières peuvent se montrer sur divers points des deux systèmes musculaires, il pense qu'on les observe plus particulièrement sur le col utérin, et il trouve l'explication de cette préférence dans les pressions et les froissements divers auxquels est soumise cette partie de la matrice, surtout pendant l'acte de la parturition. Il termine le court chapitre qu'il consacre à cette forme particulière par une observation dont voici les traits principaux.

Une femme de 40 ans, d'une forte constitution et d'un tempérament sanguin, était parvenue à la fin d'une première grossesse, qui n'avait offert rien de particulier jusqu'au commencement du huitième mois. A partir de cette époque, on avait observé un peu d'œdème aux nembres inférieurs et de la céphalalgie.

Le travail se déclara le 13 août 1851, à six heures du matin; trois heures après, le col étant un peu dilaté (2 centimètres environ), le liquide amniotique s'écoula. A partir de ce moment, malgré les douleurs les plus fortes et les plus régulières, l'orifice utérin resta dans le même état, et lorsque, trente heures plus tard, on réclama les soins de M. Mascarel, ce dernier constata que les bords étaient durs, épais et tellement résistants que les tractions qu'il exerça sur eux avec les doigts restèrent impuissantes et ne purent les écarter. Ce fut alors que, pour faire cesser un état qui avait déjà compromis la santé de cette femme et dont la prolongation n'avait d'autre cause que la résistance exagérée de l'orifice, il se décida à recourir au débridement. Plusieurs incisions furent pratiquées; elles produisirent une dilatation beaucoup plus grande, et bientôt le col devint complétement dilatable. La tête s'étant beaucoup engagée dans l'excavation, on fit une application de forceps. Un enfant très-volumineux fut extrait. Mais il était mort déjà depuis quelque temps, car depuis plus de vingt-quatre heures la mère n'avait plus senti ses mouvements, et l'auscultation pratiquée avant l'opération avait donné des résultats négatifs.

Je suis loin de nier l'existence des rétractions véritablement spasmodiques du col de la matrice, mais je ne trouve pas que notre confrère ait bien choisi son exemple

pour en donner une nouvelle preuve.

En effet, l'âge de la malade, qui avait 40 ans, ne permet-il pas de supposer avec plus de raison qu'il s'agissait ici d'une véritable induration qui existait déjà, même avant le début de la grossesse?

Les cas de cette nature dans les conditions analogues ne sont pas extrêmement rares. Il est bien entendu que je ne parle pas de ces altérations organiques qui, même à un degré très-avancé, n'empêchent pas toujours la fécondation, mais de certaines indurations comme fibreuses, qui n'ont rien de commun avec un état spasmodique, qui préexistent au travail de l'accouchement, et qui ne disparaissent pas sous l'influence d'une saignée générale et des narcotiques, comme cela est si commun dans les cas de rétraction purement spasmodique.

Je me borne à ces quelques observations, qui m'ont paru indispensables. M. Mascarel n'a consacré qu'un très-court chapitre aux convulsions partielles, et n'a voulu en parler pour ainsi dire qu'en passant. Le but essentiel de son mémoire, c'est l'histoire des convulsions générales.

Il commence par l'étude de l'anatomie pathologique. Les trois autopsies qu'il a faites, et dont il donne les détails, n'ajoutent rien à ce qui est généralement admis aujourd'hui. Les congestions séreuses ou sanguines, les épanchements de sang qu'on trouve quelquefois à la surface ou dans l'épaisseur des centres nerveux sont considérés non comme des causes de la maladie, mais comme ses conséquences. En cela, il est d'accord avec la plupart des observateurs modernes.

Après avoir divisé les causes de l'éclampsie en prédisposantes et occasionnelles, il énumère presque toutes celles qui ont été admises par les divers auteurs, et chacun sait combien elles sont nombreuses et souvent contradictoires. Toutefois il regarde comme des prédispositions toutes spéciales la primiparité, les tempéraments sanguins et lymphatico-sanguins, l'infiltration des membres inférieurs; mais il ne considère pas l'albuminurie, et avec raison selon moi, comme une cause essentielle de la maladie.

Ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire dans une autre circonstance, je suis loin de contester que l'albuminurie ne coïncide le plus habituellement avec l'éclampsie; mais il n'est pas exact de dire avec notre collègue M. Cazeaux qu'on trouve toujours de l'albumine dans l'urine des éclampsiques. Les cas qui prouvent que cette assertion n'est pas fondée sont maintenant assez nombreux pour qu'il faille les pren

dre en sérieuse considération. J'en ai déjà fait connaître un dans une autre occasion, observé par moi-même il y a environ quatre ans sur une dame de la rue Montmartre, et qui se termina par la mort après un très-grand nombre d'accès. Il me fut impossible de découvrir la moindre trace d'albumine dans l'urine extraite de la vessie à différentes époques et soumise à l'action de la chaleur et de l'acide nitrique. Le dernier examen, fait quelques instants avant le décès, donna le même résultat. Il est bien entendu que cette malade n'était pas épileptique, car antérieurement à sa grossesse elle n'avait jamais été sujette à aucun phénomène convulsif. Je sais d'ailleurs que d'autres observateurs ont enregistré des faits analogues.

Le docteur Lever a cité un cas dans lequel l'albumine n'existait pas davantage, et où à l'autopsie on constata les traces d'une inflammation des méninges.

M. le professeur P. Dubois m'a dit avoir observé à l'hospice de la Maternité une femme qui devint éclampsique et chez laquelle, malgré les nombreux accès qui se succédèrent, l'urine ne présenta à aucune époque de la maladie la moindre trace d'albumine.

D'un autre côté, on trouve dans le mémoire de M. Mascarel deux nouvelles observations dans lesquelles le même résultat négatif a été très-positivement observé. La première se rapporte à une femme de la campagne, âgée de 29 ans, primipare, d'une forte constitution, et chez laquelle n'avait existé aucune espèce d'infiltration. Après quelques heures d'un travail qui n'avait été remarquable que par l'énergie des contractions, on vit apparaitre une première attaque d'éclampsie. Quatre autres se succédèrent en peu de temps, sans que dans l'intervalle la malade reprit ses sens. La dilatation du col permettant d'intervenir, on fit une application du forceps, et on put extraire un enfant vivant. Peu de temps après la sortie du délivre une nouvelle attaque eut lieu, mais ce fut la dernière. Elle fut suivie d'une somnolence qui dura dix heures sans interruption, puis la connaissance revint petit à petit, et les suites de couches se passèrent très - naturellement. Notre confrère ne manque pas de dire que, désirant constater l'état des urines. il avait eu soin d'en retirer un demi-verre avec la sonde, et qu'il s'était assuré qu'elles ne contenaient pas d'albumine.

La seconde observation est relative à une femme de 22 ans, également primipare, mais qui, contrairement à la première, avait les membres ædématiés.

Le 5 avril 1852 elle venait de se lever, lorsque subitement elle perdit connaissance et tomba dans le foyer de la cheminée; le feu se communiqua promptement à ses vêtements, et sans les secours qui lui furent donnés par les personnes du voisi nage, elle aurait infailliblement péri. Elle fut transportée dans son lit, où ne tardèrent pas à se déclarer de nouvelles attaques convulsives qui laissaient entre elles des intervalles de deux à trois heures, mais sans retour de la connaissance. Un chirurgien demandé à trois heures de l'après-midi pratiqua une saignée du bras. A huit heures du soir, nouvelle crise tellement violente, qu'on crut que la malade allait succomber. Deux heures plus tard, lorsque M. Mascarel fut appelé, un état comateux profond existait. De l'urine retirée à l'aide de la sonde ne contenait pas trace d'albumine. De nombreuses brùlures aux deuxième et troisième degrés existaient sur les jambes et les cuisses. La vulve elle-même était horriblement brû→ lée et convertie en eschare blanchâtre parcheminée. Une sixième attaque se déclara pendant l'examen. Peu d'instants après l'enfant fut expulsé d'abord inanimé; mais on fut assez heureux pour le rappeler à la vie à l'aide de soins convenables. Une septième attaque suivit de près sa naissance, mais ce fut la dernière. L'état comateux cessa six heures après, et dès ce moment la convalescence marcha rapidement sans nouveaux accidents.

Je n'ai pas cru devoir m'étendre plus longuement sur ces deux observations, qui renferment tous les détails désirables pour qu'aucun doute ne puisse s'élever sur la véritable nature des accidents observés. Il s'agissait bien d'attaques éclampsiques.

Si l'albuminurie des femmes enceintes était, comme on l'a prétendu, la cause essentielle de l'éclampsie, comment comprendre qu'on rencontre si fréquemment de l'albumine dans l'urine des femmes grosses, et qu'absolument et même relativement parlant les convulsions soient un accident fort rare? Sur 41 femmes qui étaient albuminuriques et qui ont été observées par le docteur Blot à l'hospice de la Maternité, 7 seulement furent atteintes d'éclampsie. Pour recueillir ces 41 observations, notre confrère fut obligé d'examiner l'urine de 205 femmes enceintes, prises indistinctement dans les salles de l'hôpital. Ainsi 7 éclampsiques sur 41 albuminuriques! Une proportion aussi minime permet-elle d'admettre sans discussion une relation évidente de cause à effet?

Une autre circonstance mérite aussi d'être prise en sérieuse considération. Si l'albuminurie avait l'influence qu'on lui prête, il serait tout naturel qu'on observât les convulsions chez les femmes dont l'urine renferme la plus grande proportion d'albumine; mais il suffit de jeter un coup d'œil sur le tableau donné par M. Blot pour voir qu'il n'en est pas toujours ainsi. Plusieurs parmi celles dont l'urine offrait les proportions d'albumine les plus considérables n'ont rien éprouvé.

Et d'ailleurs, dans les cas d'éclampsie où on a constaté dans l'urine la présence de l'albumine, est-on bien sûr que celle-ci ait préexisté aux attaques? Ce point de la question ne me semble pas avoir été suffisamment étudié.

Jusqu'à ce jour, dans la plupart des observations, l'urine n'a été examinée qu'après le développement des phénomènes convulsifs. Or, sous le rapport étiologique, les faits ainsi recueillis laissent beaucoup à désirer. Les recherches de M. Blot sont presque les seules qui aient été entreprises dans cette direction, et, quoique nombreuses et d'ailleurs fort intéressantes elles ne répondent pas encore complétement à la question. Pour mon compte, j'appelle très-sérieusement l'attention de mes confrères sur ce point, qu'il sera facile d'éclairer en se donnant la peine d'examiner fréquemment l'urine des femmes enceintes et des femmes en travail. Depuis que je me suis engagé dans cette voie d'expérimentation, j'ai recueilli deux observations qui prouvent que l'albumine peut très-bien n'apparaitre qu'après le développement de l'éclampsie. Dans les deux cas, l'urine avait été examinée quelques jours avant le travail, et dès le début de cet acte physiologique, sans qu'aucune trace d'albumine pût y être décelée. Des convulsions à forme éclampsique parfaitement caractérisée survinrent, et dans le premier cas je trouvai de l'albumine après le deuxième accès, et après le quatrième dans le second.

Je suis loin de prétendre qu'il en soit toujours ainsi; je suis très-disposé à peuser au contraire que, dans le plus grand nombre de cas, l'urine contient de l'albumine bien avant l'apparition des convulsions; mais je trouve dans ce nouvel ordre de faits un puissant argument contre l'opinion de ceux qui prétendent mettre l'éclampsie sous la dépendance nécessaire de l'albuminurie.

J'ai déjà prouvé que la première de ces maladies pouvait suivre toutes ses phases et même se terminer par la mort sans qu'il y eut trace d'albumine dans l'urine, et je

viens de faire voir que l'albumine peut ne se montrer qu'alors qu'un ou plusieurs accès ont déjà eu lien. En faut-il davantage pour commander une sage réserve quand il s'agit de remonter à la cause première de l'éclampsie?

Une autre circonstance me frappe dans l'histoire de l'albuminurie des femmes enceintes; c'est la rapidité avec laquelle l'albumine disparaît lorsque l'accouchement est terminé. Peu d'heures suffisent habituellement pour amener ce résultat. I n'est pas rare cependant de voir les convulsions n'apparaître que quelques heures et même quelques jours après la parturition.

Est-il probable que dans ces cas, en admettant qu'il y ait eu de l'albumine pendant la grossesse, on la voie exceptionnellement persister aussi longtemps? N'est-il pas raisonnable de supposer, au contraire, ou bien qu'elle n'a pas existé un seul instant, ou qu'elle ne s'est montrée qu'après avoir été précédée par un nombre variable d'accès?

A la rigueur, une autre supposition pourrait être faite encore. On pourrait penser qu'après avoir paru pendant une certaine période de la grossesse, elle aurait disparu peu d'instants après la déplétion de l'utérus, pour se montrer de nouveau à l'occasion de phénomènes con→ vulsifs survenant tardivement.

Chacun comprendra combien il serait facile de s'égarer dans le champ des hypothèses. Le temps seul pourra dissiper tous les doutes qui règnent encore à cet égard, mais à la condition de ne laisser échapper, à l'avenir, aucune des occasions qu'une observation attentive ne tardera pas à faire naître.

Quoi qu'il advienne, l'albuminurie est trop souvent observée pendant le cours de la grossesse, elle coïncide surtout trop fréquemment avec les convulsions puerpérales, pour qu'il ne faille pas rechercher à quel titre cette coïncidence existe. Car, si nous avons démontré que ces dernières peuvent apparaitre alors qu'un examen attentif et complet ne fait rien constater dans l'urine, nous ne nous croyons pas autorisés à refuser toute espèce d'influence à l'albuminurie qui préexiste à l'éclamp

sie.

Mais si la science n'est pas encore fixée sur le rôle que ces deux états jouent l'un par rapport à l'autre, est-elle plus avancée quand il s'agit d'expliquer l'albuminurie des femmes enceintes? Je ne le crois pas. Je ne sais pas si la grossesse prédispose beaucoup, comme l'ont prétendu quelques auteurs, aux maladies des voies

urinaires, mais je ne puis admettre qu'il faille chercher dans la néphrite l'explica tion ordinaire de l'albuminurie.

Le résultat des autopsies que j'ai faites est parfaitement conforme à celui qui a été obtenu par M. Blot. Nous n'avons pas rencontré les altérations qui sont regardées par tout le monde comme caractéristiques de la néphrite albumineuse. Ou bien les reins étaient parfaitement sains, ou ils étaient simplement congestionnés à des degrés divers. Ce n'est pas que je veuille contester la possibilité de la néphrite albumineuse chez la femme enceinte. Certes, l'état de grossesse n'est pas de nature à faire disparaître cette affection si elle avait débuté avant la fécondation, ou à s'opposer à son développement; je suis même très-disposé à lui accorder une certaine influence. Tout ce que j'ai voulu dire, c'est que, sans nier la possibilité de la néphrite albumineuse comme de toute autre maladie, je suis convaincu qu'elle est beaucoup plus rare qu'on ne l'a prétendu, et que ce n'est pas à elle qu'il faut demander l'explication de la plupart des albuminuries qu'on observe chez les femmes grosses. Le véritable point de départ me parait être, en général, dans les modifications que la grossesse fait subir au sang de la

femme.

Presque tous les auteurs qui dans ces derniers temps se sont occupés de l'analyse de ce liquide sont d'accord sur ce point, à savoir que la quantité d'albumine est notablement diminuée. Je me

contenterai de rappeler les recherches de Scanzoni, celles de MM. Becquerel et Rodier, et enfin celles de M. Regnaud, qui a donné le résultat de 25 analyses, lesquelles montrent que le chiffre de l'albumine est presque toujours au-dessous de la moyenne, et que cette diminution pouvait déjà être sensible à partir du troisième mois.

On me pardonnera d'avoir insisté de nouveau sur une question que j'ai déjà soulevée devant l'Académie en 1851, question qui a au moins un intérêt scientifique incontestable, et je me hâte de revenir au mémoire de M. Mascarel, dans lequel j'ai trouvé des observations qui me confirment de plus en plus dans les réserves que j'ai cru devoir faire.

Le chapitre consacré à la symptomatologie est fait avec soin. Suivant l'exemple de Mme Lachapelle, l'auteur divise les symptômes en trois groupes :

10 Ceux qui précèdent l'accès;
2o Ceux qui l'accompagnent;
3o Ceux qui le suivent.

Partout il a fait preuve d'une instruc

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