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vifs remercimens, allèrent reprendre leurs places sur leurs siéges, et le duc, après plusieurs explications, déclara que le roi Charles, le duc Philippe et la duchesse Marguerite, à la très-humble requête des duchesse de Brabant et comtesse de Nevers, recevaient ceux de Gand en gráce, leur pardonnant tous leurs méfaits, et confirmant tous leurs priviléges, coutumes et usages.

Les députés de Gand s'inclinèrent enfin dans ce moment devant le duc, en promettant de lui demeurer dorénavant humbles et loyaux sujets, et ils lui présentèrent le lendemain une requête sur plusieurs points majeurs, qu'il importait de régler pour prévenir des contestations ultérieures, comme la confirmation des priviléges, la liberté du commerce le rachat des prisonniers, le rappel des bannis, la confiscation des fiefs, la restitution des biens, etc. Le duc, après l'avoir communiquée à son conseil, fit rédiger un traité par lequel il leur donnait, sur ces divers points, des appointemens favorables, et il exigea au surplus que les Gantois renonçassent à toutes alliances, sermens et obligations qu'ils pouvaient avoir contractées avec le roi d'Angleterre, et renouvelassent le serment de fidélité au duc et à la duchesse, et il défendit à tous ses sujets de molester de fait ou de parole, les Gantois ou leurs adhérens à raison des troubles passés, à peine d'infraction de paix. Ce traité mémorable, qui mit fin ces longues dissentions, fut conclu et arrêté le 18 décembre 1385.

Les députés de Gand, ajoute le commen»tateur d'Oudegherst, qui ne devaient pas sans

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» doute se flatter d'obtenir la paix à des condi »tions si favorables, remercièrent le duc de son

indulgence, et le supplièrent de venir en per»sonne recevoir, au milieu de leurs concitoyens, » les hommages de la reconnaissance qu'il venait d'acquérir sur leurs coeurs: il se rendit à leurs » prières, et fut reçu des Gantois avec de grandes » démonstrations de joie et d'allégresse. »

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CHAPITRE XXV...

MORT de Wenceslas.

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Sage administration de la duchesse Jeanne. Guerre au sujet de la ville de Grave. Concession faite par la duchesse au seigneur de Gaesbeke: représentations d'Everard T'Serclaes à ce sujet. -La duchesse révoque la concession. Assassinat de T'Serclaes. - Siége, prise et démolition du château de Gaesbeke. Jeanne appelle à sa succession, Marguerite, sa nièce, femme de Philippe, duc de Bourgogne. L'empereur Wenceslas y forme des prétentions. Antoine, second fils de Philippe, est désigné pour succéder à Jeanne. Mort de Philippe, de Marguerite et de

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Jeanne.

LA duchesse Jeanne, depuis la perte de son mari, mort à Luxembourg, le 7 décembre 1385, fut seule chargée de l'administration des affaires du Brabant, qu'elle gouverna avec tant de prudence et de douceur, que pendant les vingt années que dura son administration, le feu des dissentions entre les deux ordres fut par-tout éteint, ou s'il en reparais sait quelquefois une faible étincelle, elle était promp tement étouffée. Elle savait appaiser les murmures dès le principe, en conciliant sagement les droits des deux partis sans partialité et sans aigreur.

Son gouvernement fut cependant agité par une guerre longue et ruineuse, qu'elle dut soutenir au

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sujet de la petite ville de Grave, dans le Brabant hollandais, dont le duc s'était injustement emparée. Les Brabancons mirent deux fois inutilement le siége devant Grave.

Les parties belligérantes avaient conclu une trève qui avait ramené la tranquillité dans le Brabant; mais un événement inopiné vint porter le trouble parmi tous les bons citoyens. Suédérus, seigneur de Gaesbeke, à qui ses richesses et sa naissance avaient acquis une haute considération, désirait de réunir à ses possessions une partie des hameaux dépendans de la juridiction de Rhode, dans le territoire de Bruxelles, et il en avait fait la demande à la duchesse. Cette princesse, qui ignorait que cette concession portait atteinte aux droits des Bruxellois, avait accédé à sa demande. Le magistrat de Bruxelles comptait au nombre de ses membres un vieillard vénérable, ce fameux Everard T'Serclaes, qui, par un stratagême aussi hardi qu'ingénieux, avait arraché Bruxelles aux Flamands qui avaient dépouillé Wenceslas et Jeanne de leurs légitimes possessions. Ce défenseur ardent des droits de ses concitoyens parla à la duchesse avec tant d'énergie, que sur-le-champ cette injuste conces sion fut révoquée. Le seigneur de Gaesbeke, irrité contre T'Serclaes, s'était vivement répandu, en présence de son épouse et de deux officiers de sa maison, en injures et en menaces contre ce vertueux magistrat. Ces deux officiers, croyant rendre un bon office à leur maître, formèrent contre les jours de T'Serclaes un complot tramé, selon l'opinion commune du temps, à l'insu de Suédérus, mais du consentement de son épouse. Un jour

donc que T'Serclaes revenait de sa maison de campagne, de jeunes furieux, accompagnés d'une troupe de soldats, l'attaquent sur le chemin, lui coupent un pied, lui arrachent la langue, et le laissent expirant et couvert de blessures. Un prêtre, qui passa par cet endroit, ému d'horreur et de pitié à cet affreux spectacle, fit reconduire le malheureux T'Serclaes sur une charrette, à Bruxelles. Les habitans de cette ville, pénétrant la cause de cet horrible attentat, ne cherchèrent plus qu'à assouvir leur vengeance dans le sang des meurtriers, qui s'étaient retirés au château de Gaesbeke. Les Bruxellois du consentement du duc, ayant appelé les autres villes à leur secours, se rendirent à Gaesbeke avec tous les instrumens de siége; mais le seigneur s'était soustrait par une fuite précipitée, au péril dont il se voyait menacé, ayant laissé une forte garnison dans son château, qui était très-bien fortifié: il essuya un siége de trente-cinq jours. On fit venir de Liége des pionniers pour sapper les murs. Les assiégés furent donc forcés de se rendre, et il fut stipulé qu'ils sortiraient du château avec la dame, et que le château serait entièrement démoli, avec une défense expresse de jamais le rétablir. Cet article fut ponctuellement exécuté, quoique dans la suite Suédérus fût rentré en grâce avec la duchesse. Cette princesse, qui voyait approcher le terme de ses jours, craignant que sa mort n'entraînât des troubles et des guerres, appela à sa succession, 1399; par un diplome daté de Tournai, Marguerite, femme de Philippe, duc de Bourgogne, comte de Flandre, avec ses enfans, comme étant fille de Marguerite de Brabant, soeur de la duchesse Jeanne,

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