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lace, sur cette accusation vague, massacra et déchira cet infortuné seigneur. Agricola fut destitué lui-même, avec tous les capitaines, et le comman dement fut confié à cinq nouveaux chefs, dont le principal était Baudouin de Rycke, qui livra tout le pays à l'incendie et à la destruction.

Cependant, les Gantois commençaient à se lasser de cette guerre désastreuse : les officiers demandaient hautement leur paiement, et les finances épuisées, les ressources taries, mettaient les Gantois dans l'impossibilité d'y subvenir: ils furent donc forcés de les congédier, et de se soumettre à un gouverneur que le roi d'Angleterre leur donna; mais Agricola, avec tous les officiers qui avaient servi sous ses ordres, n'en poursuivit pas moins ses courses et ses brigandages: il prit d'emblée la ville de Dam, où il déploya une générosité qui parut démentir son caractère féroce. Les femmes des nobles, dont il avait été l'ennemi juré, retirées dans cette ville, attendaient en frémissant le sort auquel leur ennemi les condamnerait. Agricola, au lieu de se montrer, comme on devait s'y attendre, brutal et cruel, se montra humain et même galant: il défendit très - rigoureusement qu'on fit le moindre outrage à ces dames, et il leur donna un magnifique festin accompagné de fêtes et de divertissePont. Hent. mens. Je suis homme, dit-il, je ne veux com» battre que des hommes, mais je veux qu'on traite " bien les femmes; malgré l'exemple que nous en » donnent nos ennemis qui maltraitent nos épouses. >>

Rer. Burg, ad an. 1385.

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Mais ceux de Bruges, de l'Ecluse et d'Ardenbourg vinrent assiéger Agricola dans Dam. Les Gantois, qu'il avait su informer de sa position,

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envoyèrent à son secours un grand nombre de sol-
dats, dont l'arrivée força les assiégeans à lever le
camp. Ces fiers Gantois, dont ce succès avait ra-
nimé le courage et les espérances, fortifièrent la
ville de Dam, où ils mirent une forte garnison,
dans l'intention de s'y soutenir.

Sex Le duc Philippe, voyant l'indomptable obstina-
da tion des Gantois, réclama le secours du roi de
France, qui, à la première invitation, descendit
dans la Flandre avec un corps de quatre-vingt
mille hommes, qui, réunis aux troupes dn duc,
formèrent une armée de près de cent mille hom-
mes. Agricola, qui n'en avait guère que quinze
cents, eut cependant le courage de soutenir le siége
pendant six semaines; mais les vivres commençaient
à lui manquer,
et les secours qu'il attendait de Gand
et d'Angleterre n'arrivaient pas : il vit donc qu'une
plus longue résistance ne pouvait que lui préparer
une mort inévitable, et il eut l'adresse de sortir de la
ville à la faveur de la nuit. Le roi, dès le lende
main emporta la ville, où il fit impitoyablement
livrer à la mort tous les partisans des Gantois: il
remit la ville au pouvoir du duc Philippe, et il
retourna dans ses états.

Les honnêtes citoyens, affligés de voir leur padiver trie désolée par toutes ces calamités, désiraient areur demment la paix, et le duc, qui partageait ces serquottimens et ce désir, ne cherchait que les moyens d'y eamener les Gantois par les voies amiables: il envoya à cet effet le chevalier Jean Vanheille, genCilhomme aussi agréable au peuple qu'aux nobles, Pour traiter de ce grand objet avec ceux de Gand qu'il connaissait plus particulièrement. Les bouchers Meyan

os épous

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et les mariniers étaient les deux corps qui avaient à Gand le plus de crédit et d'influence. Le che valier commença donc par s'insinuer dans les bon nes grâces et dans la confiance des doyens de ces deux métiers. Ce politique rusé avait formé le projet d'amener doucement les Gantois au point de faire eux-mêmes les premières démarches auprès du prince pour lui demander la paix, et il parvint, par sa conduite adroite, à disposer si finement les esprits à remplir ses vues, que les Gantois consentirent enfin à envoyer leurs députés au duc pour cet effet. Le chevalier, assuré de cette heureuse dis position, vint en faire son rapport au duc, qui dé signa la ville de Tournai pour y suivre cet important objet. Le roi Charles, au jour marqué, y envoya ses ambassadeurs : le duc Philippe et la duchesse Marguerite y comparurent en personne, accompagnés de la duchesse de Brabant, de la comtesse de Nevers, du duc Albert de Bavière et d'un grand nombre de princes et de princesses, de seigneurs et de nobles, tant de la Flandre que des pays voisins, et les Gantois y députèrent deux cent cinquante des plus notables et des plus qualifiés de leur ville; mais ces députés montrèrent tant de hauteur, d'obstination et d'endurcissement, que, malgré toutes les sollicitations et toutes les remontrances qu'on leur fit, par forme d'avis et d'exhortation, ils refusèrent constamment de plier le genon pour demander grâce, alléguant que leurs principaux ne leur avaient pas donné cette commission, et que d'ailleurs ce n'était pas les Gantois qui avaient fait les avances pour traiter de la paix.

Le duc fut si vivement choqué de ce maintien

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(qui annonçait peut-être plus de dig é que d'insolence), qu'il était décidé à dissoudre i assemblée; mais le duc de Bavière, prévoyant avec raison que cette brusque rupture, en augmentant le mécontentement des deux partis, renouvellerait ou plutôt redoublerait tous les maux auxquels il était plus que temps de mettre une bonne fin, conjura la duchesse de Brabant et la comtesse de Nevers de vouloir prendre la place et remplir le devoir des députés de Gand, en faisant pour eux la démarche pour laquelle ils témoignaient tant d'éloignement et d'aversion. Les deux princesses, cédant aux instances du duc Albert, se mirent à genoux, et se dispo = saient à in la clémence du duc Philippe pour les Gantois; mais la duchesse son épouse, voyant ces princesses dans cette humble posture, en fut si pénétrée que, quittant spontanément la place où elle était assise, à côté du duc, elle vint se jeter à genoux avec les deux princesses, et prit elle-même la parole. Monseigneur, dit-elle, la grande » compassion que j'ai pour notre pauvre peuple C de Gand, me force à vous supplier très-humble»ment que, sans avoir égard aux grandes fautes qu'il a faites en prenant les armes contre vous, ni même à la mince satisfaction que pourrait vous donner l'insouciance des députés de Gand, il vous plaise, en considération de la très-instante » et très-humble requête que ces deux vertueuses >> princesses et moi vous adressons, non-seulement » de décharger les Gantois du poids de votre juste indignation, mais de leur rendre la grâce de vo» tre protection, en confirmant leurs droits et priviléges, à condition qu'à l'avenir ils vous seront,

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comme je m'y engage et vous en assure pour eux, fideles et obéissans autant ou plus que tous les autres sujets ou vassaux que vous ayez dans toutes vos provinces et pays. »

Les députés de Gand eurent la constance de tenir une contenance assurée pendant toute cette scène, et les princesses attendaient à genoux la réponse du duc qui, aussi touché de l'humble démarche des princesses, qu'irrité de la conduite altière des députés, sentait son coeur partagé entre la clémence et la rigueur; mais les ambassadeurs français et les princes qui assistaient à cet intéressant spectacle, déterminèrent enfin le duc à prendre le parti de la clémence : c'était celui que son cœur lui suggérait; car il était naturellement humain et bienfaisant. « Mesdames, dit-il, avec un de concert » avec cette noble assemblée, désirez que non-seu"lement je sacrifie mon mécontentement, mais en

»ton plein d'émotion, puisque vous, puisque vous, de come

core que je rende ma protection au peuple de » Gand, en le maintenant dans ses anciens droits » et priviléges, je déclare que, quoique le farouche » maintien des députés de Gand, qui manifeste as»sez la dureté de leur coeur, aurait du m'engager à les renvoyer comme ils le méritent, cependant, forçant ma volonté pour satisfaire à la vôtre, je suis content d'oublier le passé, et même » sous l'espoir que je conçois et la promesse que » vous m'en donnez, je suis prêt à leur accorder

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un pardon général, et à les traiter dorénavant » coinme un bon et vertueux prince doit traiter et » gouverner de bons et loyaux sujets. »

Les princesses, après lui avoir adressé leurs plus

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