Images de page
PDF
ePub

Depuis l'âge de 2 à 10 ans, la mortalité est moins grande, et alors la maladie. est moins dangereuse.

Dans l'âge adulte, la mortalité est proportionnellement plus grande que dans la première jeunesse.

J'ai toujours remarqué que chez les vieillards la fièvre typhoïde est une maladie excessivement sérieuse.

Signes tirés du sexe. — Il n'y a rien de bien tranché à ce sujet, et l'on peut dire qu'en général la fièvre typhoïde n'est pas plus grave chez la femme que chez l'homme.

Signes tirés de la constitution. Les individus bien constitués, forts, sanguins, devraient, selon toute apparence, mieux résister aux atteintes de la maladie que les sujets débiles, d'une frêle et chétive organisation; cependant il est loin d'en être toujours ainsi, et j'ai vu maintes fois, des colosses, des individus à force herculéenne être foudroyés par la dothinentérie, tandis que de misérables constitutions résistaient à ses terribles étreintes, et se rétablissaient même assez promptement.

Le développement précoce des symptômes adynamiques et ataxiques doit faire présager que le malade courra de grands dangers. La manifestation et la prolongation de ces symptômes, malgré un traitement méthodique, sont des signes de mauvais augure. Il en est de même de leur accroissement rapide ou progressif, de leur augmentation et diminution alternatives.

Il est toujours fâcheux que la maladie reste stationnaire, et qu'elle dépasse avec ses attributs, les limites ordinaires. On a lieu de soupçonner en ce cas la formation de quelques complications.

Plus les complications sont nombreuses, intenses, tenaces, moins il y a lieu d'espérer le rétablissement des malades.

Quand la fièvre typhoïde est compliquée d'affections inflammatoires qui nécessitent l'ouverture de la veine plusieurs fois répétée, l'affection primitive s'aggrave généralement et en proportion de la soustraction du sang qui a été faite.

Signes tirés de l'organe de l'ouïe.- Si la surdité arrive dès le commencement de la maladie, il y a lieu de craindre des accidents sérieux, surtout si les puissances dynamiques sont très-troublées et affaissées.

Selon Landré Beauvais, la surdité disparaît en général pendant la convalescence, mais elle peut durer bien au delà et même persister toute la vic.

-

Signes tirés de l'organe de la vue. Quand sous l'impression d'une vive lumière, la pupille ne se contracte que faiblement, c'est un symptôme d'un fâcheux pronostic.

Les hallucinations, la faiblesse de la vue qui surviennent pendant l'adynamie et l'ataxie sont encore des signes d'un très-mauvais présage.

L'injection des yeux annonce assez souvent l'explosion du délire.

La flétrissure de la cornée transparente et son opacité sont un indice que la vie ne tardera pas à s'éteindre.

Il y a du danger pour les malades dont les paupières s'ouvrent et se ferment avec une grande lenteur, dit M. de Larroque.

Signes tirés de l'organe de l'odorat.—Si la sensibilité de l'organe olfactif est sensiblement diminuée ou momentanément anéantie, c'est un assez mauvais signe, quand surtout, il est évident qu'elle est liée à une altération grave du système nerveux.

Il s'en faut de beaucoup qu'il en soit de même quand l'affaissement et la disparition de l'odorat sont dépendants de la sécheresse de la pituitaire, ou de l'obturation des fosses nasales par un corps étranger.

L'exaltation de l'odorat est extrêmement grave pendant le cours de la fièvre typhoïde; mais, selon M. de Larroque, quand elle existe, elle annonce le délire ou prouve que déjà le cerveau est surexcité.

Signes tirés du délire.—Il est toujours inquiétant de voir la manifestation du délire pendant le cours de la fièvre typhoïde.

Si le délire survient au milieu de symptômes adynamiques, s'il est continu, et s'il coexiste avec une congestion violacée des yeux, il annonce que les malades sont exposés aux plus grands dangers.

Il est toujours bon que les paroxysmes de délire soient séparés par des intervalles de calme; que cette intermittence ait lieu plutôt dans la matinée que le soir, attendu que la maladie ne sort pas alors de sa marche accoutumée.

Plus la raison paraît rétablie dans l'intervalle des paroxysmes du délire, moins ce phénomène est redoutable. Le délire survient presque constamment chez les sujets pléthoriques, robustes, excitables, mais il ne doit pas alors inspirer de sérieuses inquiétudes, pourvu qu'il ne soit pas continu ou furieux. Dans ce dernier cas, il y a à redouter l'explosion d'une méningite, complication presque constamment mortelle.

Le délire qui alterne avec un assoupissement profond, est très-souvent fâcheux.

Si après être entré en convalescence et avoir même tout à fait recouvré la santé, les malades éprouvent une altération de la mémoire, il ne faut pas trop se préoccuper de cet accident qui se dissipe assez souvent de lui-même. Quelquefois cependant, la perte de la mémoire subsiste pendant toute la vie.

Signes tirés des organes de la respiration. — L'embarras de la respiration par suite de mucosités dans les ramifications bronchiques est toujours d'un mauvais augure.

La pneumonie franche est une complication qui entraîne souvent la mort, parce qu'elle nécessite l'emploi des émissions sanguines. J'ai cependant en ma possession plusieurs cas de guérison.

La pneumonie typhoïde n'est pas non plus sans danger.

Signes tirés des organes de la circulation. — C'est un mauvais signe dans la fièvre typhoïde, quand le pouls passe, avec plus ou moins de rapidité, de l'état de force et d'élévation, à la débilité et à la faiblesse.

Quand la fréquence du pouls, déjà assez considérable au début de la maladie,

semble augmenter de jour en jour, et devient réellement très-grande, elle annonce presque toujours que l'affection sera très-dangereuse, sinon mortelle. Si dès le matin, le pouls est très-fréquent, on peut annoncer que le reste de la journée et la nuit seront agités.

L'irrégularité et l'intermittence de la circulation doivent toujours être regardées comme des symptômes excessivement graves.

Chez les malades dont la fièvre dure depuis longtemps, il arrive un moment où tous les symptômes s'amendent et où la circulation conserve une activité incroyable; il ne faut pas craindre alors d'alimenter et de tonifier. J'ai vu des jeunes gens chez lesquels le pouls battait encore 150 fois par minute, et qui buvaient et mangeaient, comme s'ils eussent été en parfaite santé.

Signes tirés des organes de la digestion. Les vomissements bilieux qui surviennent à une époque déjà avancée de la dothinentérie sont presque toujours d'un très-mauvais augure. Il en est de même, si les liquides ingérés dans l'estomac sont immédiatement rejetés.

On peut espérer que la convalescence ne tardera pas à s'établir, lorsque les malades sentent et expriment le besoin de prendre des aliments, et que les aliments sont facilement digérés.

Il faut toujours réprimer un appétit vorace, car une indigestion est souvent mortelle. J'ai vu plusieurs rechutes à la suite de repas trop copieux, et quelques-unes de ces rechutes ont entraîné la mort.

Si la convalescence une fois établie, l'appétit ne se fait pas sentir, il faut administrer un purgatif, car il y a probablement embarras gastrique.

On doit être très-réservé sur le pronostic, quand, dans la fièvre typhoïde, les dents, les lèvres et la langue se couvrent de fuliginosités, et lorsque ce phénomène coïncide avec une faiblesse et une prostration générales.

L'humidité permanente de la langue dans le cours d'une fièvre typhoïde, indique que l'affection sera légère, et se terminera par le retour à la santé. Il faut craindre pour les malades qui oublient de rentrer leur langue, quand une fois ils l'ont montrée.

Le météorisme qui survient dans la période ataxique peut être considéré comme de mauvais présage.

Les évacuations alvines involontaires sont un signe fâcheux.

La constipation est une circonstance défavorable qu'il faut combattre à l'aide des évacuants.

Signes tirés de l'état des forces. Si au début d'une fièvre typhoïde, les malades sont dans un accablement extrême et se trouvent dans l'impossibilité de se transporter seuls d'un endroit à un autre, on peut en général annoncer que la maladie sera grave.

Le décubitus dorsal constant dénote une très-grande faiblesse.

C'est un bon signe, quand les malades commencent à se coucher sur les côtés, et qu'ils reprennent les attitudes qu'ils avaient coutume de prendre dans l'état de santé.

Les malades qui, dans la dernière période de l'affection typhoïde, éprouvent des mouvements convulsifs dans les muscles de la face, des soubresauts de tendons, sont en général sur le point de succomber.

Signes tirés des hémorrhagies. Les hémorrhagies qui se manifestent pendant le cours des fièvres continues graves, affaiblissent constamment les malades et ne peuvent leur procurer aucun soulagement. Elles sont d'autant plus à redouter qu'elles sont plus fréquentes, plus abondantes, et qu'elles surviennent chez des sujets déjà épuisés.

Si les hémorrhagies soit nasales, soit intestinales ne sont pas toujours une cause de mort, elles entravent cependant la convalescence, la retardent et la rendent longue et pénible.

Les hémorrhagies intestinales sont beaucoup plus graves que les épistaxis. Signes tirés des sueurs. Les sueurs qui apparaissent à la fin du second septénaire sont quelquefois d'un bon augure. Les sueurs profuses peuvent amener la mort des malades; j'ai cependant plusieurs fois été à même de constater la guérison à la suite de ces phénomènes.

Une sueur froide et visqueuse sur tout le corps est le signe avant-coureur d'une mort prochaine.

Signes tirés des urines. La rétention d'urine, de même que son émission involontaire, est un signe fàcheux. Cependant je dois dire, pour rendre hommage à la vérité, que j'ai vu guérir un assez grand nombre de malades chez lesquels l'émission de l'urine avait été involontaire, même pendant fort longtemps.

Signes tirés des complications. Je n'ai pas besoin de beaucoup insister pour faire comprendre que les complications ajoutent beaucoup à la gravité du pronostic.

Les perforations intestinales sont presque constamment mortelles, et la mort arrive rarement plus de 48 heures après la production de cette terrible complication.

Les pneumonies et les apoplexies pulmonaires sont des affections qui compromettent singulièrement les jours des malades déjà atteints de la dothinentérie.

L'érysipele de la face et du cuir chevelu détermine quelquefois des accidents cérébraux rapidement mortels.

Les affections cérébrales compliquent la fièvre typhoïde de la manière la plus affreuse. La mort survient presque toujours à la suite de la manifestation de ces symptômes cérébraux qui jettent le malade dans un délire et dans une agitation continuels.

Je n'ai jamais observé que les individus atteints du muguet pendant le cours de la fièvre typhoïde eussent guéri.

Les parotides sont très-rarement et très-exceptionnellement critiques : elles peuvent amener une catastrophe assez rapide par suite du développement de l'inflammation.

Les escharres gangréneuses et la suppuration qui les accompagne lors de la délimitation entre le mort et le vif, sont des causes d'épuisement pour les malades, et doivent peser dans la balance lorsqu'il s'agit d'établir le pronostic. Si elles sont peu étendues, elles n'offrent pas une extrême gravité, si elles sont considérables, elles sont souvent une cause de mort.

CHAPITRE XI.

TRAITEMENT.

Bien des médications ont été vantées, ont été essayées dans le but de guérir la fièvre typhoïde. Presque toujours la thérapeutique de tel ou tel praticien a été basée sur la théorie qu'il s'était formée relativement à la nature de la maladie. Ainsi l'école physiologique qui admet la nature inflammatoire de cette affection, vante outre mesure la méthode antiphlogistique.

Ceux qui croient à une intoxication, conseillent la méthode évacuante.

Les auteurs qui pensent qu'il y a adynamie profonde, exaltent les propriétés des toniques.

Ceux qui reconnaissent dans la fièvre typhoïde une affection ayant une certaine analogie avec la variole, emploient dans le but de la faire avorter les préparations mercurielles.

Ceux qui voient dans la dothinentérie des fièvres rémittentes ou des fièvres pernicieuses, administrent le sulfate de quinine.

Les uns veulent conseiller le froid intùs et extrà, les autres préconisent les bienfaits des bains chauds.

Ceux-ci affirment que le tartre-stibié à haute dose est héroïque, ceux-là que l'eau de goudron, en lavement et en boisson, est un spécifique.

Quelques-uns assurent que les révulsifs cutanés font merveille, quelques autres disent que la méthode expectante est la meilleure de toutes, etc., etc, etc. Vous le voyez, voilà de grandes richesses!... Quel luxe de médication pour une seule maladie!... Hélas! il faut en convenir, en thérapeutique, lorsqu'il s'agit de combattre une affection, on n'est jamais si pauvre, jamais si malheureux que lorsqu'on est trop riche. En voulez-vous une preuve? Quand il s'agit du traitement du choléra, peut-on citer un médicament qu'on n'ait pas essayé? Est-on aujourd'hui plus avancé? Chacun croit avoir raison, avoir découvert une méthode merveilleuse et plus sûre que telle ou telle autre, et cependant la mortalité est toujours la même, toujours terrible, toujours effrayante !...

Je vais successivement passer en revue les médications que j'ai énumérées et discuter au fur et à mesure si chacune d'elles a une prise réelle sur la maladie, et est de nature à l'enrayer ou à la juguler; puis je donnerai quelques observations à l'appui de chacune des méthodes que j'aurai expérimentées.

1° DES ÉMISSIONS SANGUINES.

Les auteurs qui ont employé la méthode antiphlogistique dans le traitement de la dothinentérie n'ont pas tous sacrifié à la même idée, à la même penséc.

« PrécédentContinuer »