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de la guérite. Il est incontestable que les ganglions de la région cervicale s'engorgent -consécutivement lorsque les vaisseaux lymphatiques qui s'y abouchent sont enflammés, irrités par un état pathologique de leurs membranes ou des organes circonvoisins. Il est également vrai qu'en raison de leur coiffure, ces soldats à la suite de la sortie brusque d'un corps-de-garde, dont la température est, pendant les gardes de nuit, presque toujours très-élevée, ont la face, le cou, la tête, soumis le plus souvent sans précaution à l'action du froid rigoureux qui, non-seulement supprime la transpiration, mais encore détermine des ophthalmies, des rhinites, des otites, des fluxions dentaires, aggrave les excoriations du nez, des lèvres, qui sont autant de causes d'adénite cervicale, dont les infirmiers sout rarement atteints, quoique militaires, parce qu'ils ne montent pas de garde en plein air. Elle est rare chez les sous-officiers qui ne font pas de faction, et les officiers en présentent peu d'exemples. Parmi les causes capables de produire l'adénite cervicale, il en est une qui est spéciale à l'état militaire, c'est la pression du col d'uniforme, lorsque surtout il est raide, haut, trop serré; parfois l'action de cette cause est appréciable dès les premiers temps du service chez les jeunes soldats qui n'étaient pas habitués à porter des cols, lors qu'à cette cause s'ajoute la pression du collet de l'uniforme, celle du bouton de la chemise; objets d'habillement qui ne sont pas confectionnés sur mesure, et qui gênent plus ou moins les fonctions des parties sur lesquelles ils sont appliqués. Les jeunes soldats, tels que les zouaves et les spahis, dont le cou n'est exposé à aucune pression, n'ont présenté aucun exemple d'adénite cervicale.

L'adénite cervicale est beaucoup plus fréquente dans les garnisons situées dans un climat froid, humide, auprès des grandes rivières, que dans celles qui se trouvent dans des conditions opposées. Les garnisons de l'Alsace sont celles dans lesquelles la maladie se développe le plus fréquemment, tandis que sous l'influence du climat d'Afrique nos jeunes soldats en présentent peu d'exemples.

De l'anatomie chirurgicale des cinq régions du cou, M. Larrey déduit des conséquences pratiques puisées dans les meilleurs auteurs et dans son observation personnelle, dont le résultat serait d'empêcher des erreurs de diagnostic tant sur l'organe qui est le siége de l'engorgement que sur les adhérences qu'il doit présenter selon le siége qu'il occupe, et d'indiquer d'une manière aussi précise que possible le siége de l'adénite cervicale dans ces diverses

régions, la cause qui la produit le plus ordinairement, les parties qu'elle envahit dans son développement et les divers accidents qu'elle détermine, variables en raison de la structure anatomique de ces parties.

La symptomatologie et le diagnostic différentiel de l'adénite cervicale, sont établis par l'auteur du mémoire avec une précision et une clarté remarquable, une grande érudition et une saine critique.

Il en est de même des divers modes de développement de la maladie.

Le pronostic de l'adénite est toujours fâcheux, non en ce que la maladie est mortelle, mais parce que presque toujours elle est susceptible de devenir grave par ses complications, et inquiétante par l'incertitude de ses terminaisons et par les craintes de la récidive; elle est fâcheuse surtout par sa tendance à l'incurabilité et par la résistance à toutes les ressources thérapeutiques qui fait un de ses caractères essentiels.

M. Larrey examine le traitement de l'adénite cervicale sous le triple rapport de l'hygiène, du traitement local simple et du traitement chirurgical proprement dit. Quoique M. Larrey ait cherché à établir dans tout le cours de son mémoire que, dans un grand nombre de cas, l'adénite cervicale doit être attribuée à des causes locales et traitée par des moyens locaux, il ne pousse pas l'exclusion jusqu'à proscrire les moyens hygiéniques, impressionné qu'il est, avec juste raison, par la crainte de la connexion de cette maladie avec les scrofules; aussi donne-t-il les conseils les plus éclairés et les plus rationnels.

Le traitement local est l'exposé de tous les moyens qui ont été employés et auxquels on a encore recours dans cette affection, appréciés selon les résultats qui ont été la conséquence de leur emploi.

Quant à l'extirpation, dont M. Larrey indique avec raison l'introduction dans la pratique chirurgicale en faveur de la chirurgie militaire, il en fait d'abord l'historique, il en apprécie ensuite les avantages et les inconvénients, et il démontre, par l'observation des faits, que les premiers sont incomparablement supérieurs aux seconds. Il indique les précautions à prendre dans cette opération, qu'il décrit en chirurgien habile qui en possède aussi bien la théorie qu'il sait l'appliquer utilement dans les circonstances qui nécessitent son emploi.

Enfin, M. Larrey établit, d'après les faits observés, que cette opération est presque toujours suivie de succès.

Le mémoire de M. Larrey, dit en terminant M. le rapporteur, est un travail consciencieux, traitant tous les points d'une maladie qui frappe plus spécialement, en

raison de circonstances particulières, une classe de jeunes hommes qui ne paraissent y avoir aucune disposition. Chacun des articles de ce mémoire porte la précision et la lumière sur le point qu'il traite, et l'ensemble en est coordonné de manière à en faire une monographie aussi complète que possible, dans laquelle M. Larrey a fait preuve d'une vaste érudition, d'une rare lucidité d'exposition des faits, d'une logique sévère d'appréciation, d'une critique judicieuse et d'une application chirurgicale pratique bien entendue qui caractérisent un chirurgien distingué.

Nous avons, en conséquence, l'honneur de vous proposer de porter honorablement le nom de M. Larrey sur la liste des candidats à la place vacante dans la section de pathologie chirurgicale; de le remercier de sa communication et d'envoyer le mémoire au comité de publication.

M. Roux On voit, d'après le mémoire de M. Larrey, que l'affection qu'il y décrit est beaucoup plus commune actuellement qu'elle ne l'était autrefois dans l'armée, du temps de l'Empire, par exemple. Je crois pouvoir dire qu'il en est de même pour la population civile. En partageant ma carrière chirurgicale en deux moitiés, je trouve un bien plus grand nombre de cas d'adénite cervicale dans ma pratique de ces vingt dernières années que dans les vingt années précédentes. Une telle augmentation dans la fréquence de cette maladie ne peut pas être un fait purement fortuit; il est impossible qu'il n'y ait pas une cause. Cette cause, je crois que c'est l'usage abusif, que j'appellerai immonde, du tabac. Je suis surpris que, dans le beau rapport que nous a fait M. Mélier sur l'influence hygiénique du tabac, cette idée ne soit point venue dans l'esprit si lucide de notre collègue. Ce serait, à mon avis, un sujet digne de l'Académie, que de rechercher si cette affection, aujour d'hui si commune dans l'armée, ne tient pas, en effet, au moins en grande partie, à la cause que je viens de signaler. Je recommande ce point à l'attention de M. Larrey. Ce que je viens de dire pour les adénites, je l'appliquerai aussi aux cancers des lèvres et de la langue, dont je remarque aussi une plus grande propagation depuis un certain nombre d'années, et qui, je n'en doute pas, reconnaissent aussi la même cause.

M. GIMELLE: M. Larrey n'a pas négligé de signaler la circonstance dont parle M. Roux; il l'a indiquée non pas comme la cause unique, mais comme une des causes de l'adénite cervicale.

M. PIORRY présente, à cette occasion, quelques considérations sur l'origine des engorgements lymphatiques en général,

qu'il attribue à l'existence d'ulcérations ou de diverses lésions locales situées à une distance plus ou moins rapprochée du siége de ces engorgements.

M. ROCHOUX pense qu'on exagère aujour d'hui les inconvénients du tabac, comme on exagérait jadis ses avantages. Le tabac devait guérir le scorbut et une foule d'autres maladies; or, l'expérience a démontré qu'il n'en était rien. Il en sera de même des maladies qu'on voudrait maintenant lui attribuer. Les Turcs, qui fument beaucoup, sont des hommes très-robustes.

Séance du 23 avril.

MORT DE M. CAPURON. LEGS POUR LA FONDATION D'UN PRIX. M. Demanche, notaire à Paris, adresse à M. le président la lettre suivante :

• Monsieur le président,

J'ai eu ce matin le regret de vous an noncer la mort du docteur Capuron. Je viens de faire ouvrir son testament, et j'ai l'honneur de vous annoncer qu'il a fait à l'Académie un legs de 1,000 fr. de rente sur l'Etat, à perpétuité, pour la fondation d'un prix dont l'Académie déterminera le programme et les conditions.

» Je dois en même temps vous faire connaitre les dispositions relatives à ses funérailles, que je transcris littéralement.

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Je veux que mes funérailles soient simples, modestes et conformes à la ma»nière dont j'ai vécu; que nul discours ne soit prononcé sur ma tombe.

» Je me recommande seulement aux

prières des personnes charitables qui » voudront s'intéresser au salut et au re»pos de mon âme. »

-

ÉLECTION. L'Académie procède à la nomination d'un membre dans la section de pathologie chirurgicale. Au premier tour de scrutin, les voix se répartissent ainsi : 59 voix. 32

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MM. Ricord. Larrey. Gosselin . Maissonneuve

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En conséquence, M. Ricord est proclamé membre de l'Académie, sauf approbation du pouvoir exécutif.

La Société a encore reçu deux mémoires pour le concours de 1850, l'un intitulé: Des polypes du rectum dans l'enfance, et l'autre Du choléra asiatique, au point de vue de ses causes et des moyens d'en prévenir le retour.

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DE MÉDECINE.

(SEPTEMBRE 1850.)

I.-MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.

RAPPORT AU CONSEIL GÉNÉRAL D'ADMINISTRATION DES HOSPICES ET SECOURS DE LA VILLE DE BRUXELLES; par le docteur Joseph Bosch, médecin des pauvres des paroisses de Notre-Dame de Finisterre, de Saint-Nicolas et de Saint-Jacques sur Caudenberg. (Suite et fin. Voir notre cahier d'août, p. 126.)

MALADIES DE L'appareil nerveux CÉRÉBRO-SPINAL (Voir 7o tableau particulier ci-contre.)

Les inflammations du cerveau et des méninges ont été la plupart du temps chroniques chez les hommes et les femmes et aiguës chez les enfants. La dentition en a été la cause la plus fréquente chez ces derniers qui, sur les 14 cas pour lesquels j'ai été appelé, m'en ont offert cinq de mortels, ordinairement à la suite d'un épanchement par hydrocéphale aiguë.

Les congestions cérébrales, que j'ai rencontrées bien plus fréquemment chez les hommes que chez les femmes, étaient le plus souvent produites par des excès de boissons alcooliques.

Les névralgies se sont au contraire montrées bien plus souvent chez les femmes et siégeaient presque toujours dans les branches de la 5o paire.

Les deux dernières maladies ont été fort rares chez les enfants et surtout chez les filles, qui ne m'en ont offert qu'un exemple.

Les convulsions, par contre, ont été nulles chez les hommes et les femmes; les garçons en ont été bien plus souvent atteints que les filles. Sur les 17 cas annotés, j'ai dû délivrer six déclarations de décès dont cinq pour garçons et une pour fille, et c'était particulièrement pendant le mois d'avril que j'ai eu à lutter contre cette terrible manifestation qui s'est presque toujours développée à l'époque de la première dentition.

Un seul cas de sciatique sur les 12 observés m'a fait envoyer à l'hôpital la femme qui en était affectée.

Les apoplexies ont été, comme on le voit, plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes et sur 11 cas, les 4 plus graves, dont 3 femmes et un homme, ont été évacués sur l'hôpital. Les embarras dans la circulation veineuse abdominale, plus fréquents chez les femmes que chez les hommes,

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