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mais n'est-il pas plus probable que le chancre perd peu à peu de sa puissance ulcérative et se transforme, au bout d'un certain laps de temps, en ulcère simple? Chez certaines personnes, cette puissance persiste pendant des années, comme des auteurs modernes en rapportent encore des observations; chez d'autres, elle a une durée de quelques semaines; du reste, on remarque la mème chose pour le virus blennorrhagique, qui possède une action très-capricieuse. Quelques praticiens croient que le chancre devient phagédénique plus facilement chez les personnes qui ont eu ou ont encore la syphilis ou dont les parents ont eu la vérole, c'est possible. Aussi est-il bon de donner l'iodure de potassium ou l'iodure d'ammonium. Certains médecins attribuent le phagédénisme aux scrofules. Il est, selon moi, simplement déterminé par l'active virulence du chancre qui ronge par des inoculations successives. La durée ordinaire de l'ulcère syphilitique est de six septénaires, à moins qu'une complication ulcérative ne vienne s'y ajouter; les pustules vaccinales elles-mêmes sont quelquefois suivies d'ulcérations assez rebelles. La cautérisation ne hâte sa cicatrisation que lorsqu'elle est profonde et qu'elle enlève tout l'ulcère, mais il paraît que ce mode de traitement n'empêche pas la vérole d'éclater plus tard. Il est certain que l'ulcère primitif se guérit par le pansement avec l'onguent mercuriel et les mercuriaux à l'intérieur. Néanmoins, on doit toujours cautériser profondément, non dans l'intérêt du malade, mais pour détruire un foyer d'infection; c'est une loi sociale d'en agir ainsi. Qu'on ne croie point que nous assimilions la vaccine à la syphilis. Dans un autre travail, nous avons déjà démontré que leur action est dissemblable. Le vaccin ne forme pas une diathèse, mais crée une assuétude. I impressionne le système nerveux. Le sang peut être imprégné désormais de miasmes varioliques ou de virus-vaccin, le cerveau ayant acquis l'habitude de leur contact, ne répondra plus à leur excitation, il y restera insensible, ce qui explique la non-récidivité de la variole, de la scarlatine et de toutes les maladies épidémiques qui, primitivement, impressionnent les centres nerveux. La syphilis, au contraire, vicie le sang, l'altère, et c'est cette altéra tion particulière qui donne naissance à ses éternelles bigarrures. On cite des individus atteints deux fois de chancres indurés, ce qui prouve que la syphilis est curable et qu'elle récidiverait fréquemment si l'on parvenait à la combattre avec plus de succès. Pour le moment, ce que nous avons voulu faire comprendre au praticien, c'est qu'il y a un virus chancreux et un virus syphilitique, que l'on détruit les effets du premier par les cautérisations coup sur coup, et que l'on prévient les manifestations du second par les mercuriaux. Aussi n'attendez pas pour formuler leur emploi que l'induration soit évidente, ce signe n'a d'autre avantage sur les plaques muqueuses, la roséole et la céphalée nocturne que de les précéder de quelques jours. Administrez donc le mercure lorsque l'ulcère est unique ou multiple simultanément, ou si, ayant une certaine étendue, il l'a acquise d'emblée.

CANCER DE L'ESTOMAC. - CONCRÉTION GASTRIQUE. ERREUR DE DIAGNOSTIC.

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GUÉRISON; par M. le docteur CAPELLE, de Roulers.

La femme V..., âgée de quarante-trois ans, est d'un tempérament lymphatique, d'une constitution physique faible. Depuis sa jeunesse elle souffre de l'estomac, et plus d'une fois elle a été soumise au traitement de la gastrite.

Au commencement du mois de janvier 1856, elle me fit appeler pour une recrudescence de son affection stomacale. Voici l'état dans lequel je la trouvai : digestions pénibles; dégoût pour les aliments; vomissements de boissons, de glaires, parfois d'aliments; douleurs épigastriques augmentant par la pression et offrant des exacerbations qu'elle désigne sous le nom de crampes d'estomac; bouche mauvaise; langue chargée; constipation habituelle; pouls petit et faible; dépérissement progressif. En palpant l'épigastre, je sentis manifestement au-dessous de l'appendice xyphoïde du sternum, une dureté parfaitement limitée, fixe et immobile, du volume d'un œuf de pigeon. Cet examen, répété à plusieurs reprises pendant quatre semaines, me fit arriver chaque fois au même résultat. Ces symptômes ainsi que la marche aggravante de la maladie me firent redouter un dénoùment prompt et funeste. En effet, rien ne m'autorisait à soupçonner la présence dans l'estomac d'un corps étranger. Les douleurs épigastriques et les vomissements, symptômes communs, m'auraient fait songer à toute autre affection plutôt qu'au cancer de l'estomac, sans la tumeur de l'épigastre. J'étais done fondé à croire à l'existence d'un cancer soit de la région pylorique de l'estomac, soit du duodénum, et j'optai pour la premiére de ces deux affections: 1° à cause du commémoratif; 2° à cause des symptômes actuels; 5° à cause de la situation et des caractères de fixité et d'immobilité de la tumeur. Je prescrivis un régime convenable, des analeptiques, des calmants, des lavements, parfois de légers purgatifs. Le 6 du mois de février suivant, ayant administré des pilules de coloquinte et de calomel, en vue de vaincre une constipation opiniâtre et devenue insupportable, le purgatif provoqua des douleurs atroces, des vomissements et des selles copieuses contenant des mucosités, des matières stercorales et un corps mou se durcissant par l'action de l'air atmosphérique, irrégulièrement arrondi et mesurant une circonférence de neuf centimètres. En allant de l'extérieur à l'intérieur, on voit qu'il est formé : 1° d'une couche corticale couleur marron; 2o d'une couche blanchâtre; 3° d'une couche jaunâtre. Sans avoir été soumis à l'analyse chimique, il semble être composé de matières calcaires. Le contenu de la garde-robe attire naturellement mon attention sur la tumeur, et je ne fus pas peu surpris de constater qu'elle avait disparu. Les premiers jours qui suivirent cette rude épreuve, la malade était dans un état déplorable, mais peu à peu les symptómes s'amendèrent et bientôt l'estomac rentra dans son état normal. La santé de cette femme, bien que faible, se maintient depuis cinq ans.

Il résulte de cette observation : 1° que la tumeur n'était autre chose que la

concrétion et que celle-ci était la cause de la maladie actuelle: Naturam morborum ostendit curatio; 2° que la concrétion était fixée dans un lieu invariable, puisqu'aucune manœuvre pratiquée dans l'intention d'arriver à un diagnostic exact, n'était parvenue à la déplacer. Dans ce cas, s'était-elle développée dans l'épaisseur des parois de l'estomac? C'est peu probable. Ou bien, formée primitivement dans la cavité de l'organe, était-elle engagée dans une loge anomale congénitale ou accidentelle? Sans prétendre l'expliquer, pour faciliter l'intelligence de cette dernière hypothèse, je ferai observer: 1° que le sujet de cette histoire était une personne cacochyme, à fibres molles et flasques, état constitutionnel auquel participait l'estomac; 2° que l'organe de la digestion, malade depuis longtemps, avait peut-être subi diverses altérations pathologiques; 5o que le siége était à l'endroit où les parois' offraient le moins de résistance; 4.0 que le corps étranger avait une consistance suffisante pour écarter, distendre et peut-être rompre certains tissus; 5° à ces considérations j'ajouterai la possibilité d'une anomalie dans la structure de l'estomac. Quod est probandum.

COMPTE-RENDU DU SERVICE DE CLINIQUE CHIRURGICALE DE M. LE DOcteur Seutin, chirurgien en chef de l'hôpital Saint-Pierre, par M. le docteur TIRIFAHY, agrégé de la Faculté de médecine de Bruxelles. (Suite. Voir notre cahier de janvier, page 24.)

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Caries. 26° L. D...., âgé de quinze ans, atteint de carie du bassin, suite de phlegmon iliaque, séjourna dans le service sans amélioration pendant plusieurs mois, malgré les injections irritantes de toute espèce faites dans les trajets fistuleux et malgré l'usage de l'iodure de potassium, de l'iodure de fer, de l'huile de poisson et d'un régime analeptique. Fatigué d'un long séjour à l'hôpital, il en sortit pour retourner à la campagne où il guérira probablement plus vite que dans les salles encombrées d'un service de chirurgie.

27° 28° Un second et un troisième malades vinrent à Saint-Pierre se faire traiter d'une carie des phalanges du second orteil. Chez l'un et l'autre les injections caustiques de nitrate d'argent provoquèrent la nécrose des os malades. Les séquestres furent extraits au moyen de la pince à pansement. Les deux sujets sortirent guéris au bout de quelques semaines en conservant les parties molles de leur orteil. Le périoste étant resté en place, il est probable qu'il se reformera de nouveaux os qui, au doigt de pied, remplaceront sans inconvénient les phalanges primitives.

Contusions. - 29° 40° Douze malades atteints de contusions vinrent réclamer des secours à l'hôpital. Parmi ces blessés, deux seulement méritent une attention particulière le premier était atteint de contusion de l'œil. Elle avait été produite par un coup de canne porté directement sur les paupières fermées. Un épanchement sanguin considérable s'était fait instantanément dans les téguments et s'étendait jusque dans les fosses sous-orbitaire et temporale et vers

le front. La conjonctive était boursoufflée et présentait un chémosis séroso-sanguin énorme, encadrant complétement la cornée. Le globe oculaire lui-même était très-proéminent, ce qui faisait présager un épanchement intra-orbitaire. Le massage de l'épanchement extra-orbitaire, la compression directe sur les parties contusionnées, des lotions continuelles d'eau froide alunée, une saignée générale et l'émétique en lavage amenèrent rapidement la résolution. Le sujet quitta l'hôpital au bout de dix-huit jours; l'iris conservait un peu de paresse. La pupille était un peu plus dilatée que du côté sain, mais les fonctions visuelles s'exécutaient comme à l'état physiologique.

Le second était atteint de contusion du pied et de l'articulation tibio-astragalienne. Une roue de voiture chargée de charbon avait passé sur ces organes. La collection sanguine causée par cet accident était excessivement abondante et s'étendait de la région sus-malléolaire à la racine des orteils; il n'y avait pas de fracture. Le massage fit arriver les liquides épanchés jusqu'auprès du genou. La position, la compression, les lotions froides et astringentes, une saignée générale de 500 grammes et 10 centigrammes d'émétique en lavage amenèrent la résorption rapide de presque tout l'épanchement. Cependant au bout d'une dizaine de jours, lorsque le sujet se servait de son pied pour la marche depuis quarante-huit heures, un petit abcès se déclara au niveau du troisième. mélatarsien. Ouvert promptement, il laissa sortir du pus louable et un petit caillot. Huit jours suffirent à la guérison radicale.

Coxalgie. 41° 42° Deux malades atteints de coxalgie entrèrent dans le service. Chez le premier, l'affection était au premier degré. Un bandage amidonné, le repos et trois cautères en firent promptement justice. L'autre est une femme malade depuis plusieurs années qui a une luxation coxo-femorale et qui l'année dernière, au mois d'août, dans une chute qu'elle fit sur le grand trochanter, se fractura le col du femur. Malgré son infirmité, cette femme guérie de sa fracture, sortit de l'hôpital en février 1860, et marchait sans béquilles sur un soulier dont la semelle mesurait plusieurs pouces d'épaisseur. Mais la fatigue qu'elle se donna produisit des abcès dans la fosse iliaque externe tout autour et peut-être à l'intérieur de la nouvelle articulation. C'est le motif qui la retient encore aujourd'hui à l'hôpital. On n'a pas perdu l'espoir que le bandage amidonné, l'huile de morue, l'iodure de potassium et un régime tonique ne Soustrairont cette malheureuse à la désarticulation de la cuisse..

Encephaloide. 45° 44° Il est entré à l'hôpital, pour s'y faire opérer, deux sujets atteints de cancer encéphaloïde. L'un est un homme de quarante ans. La tumeur cancéreuse a son siége dans le testicule droit. Cette glande a commencé à être malade il y a neuf ans. L'affection a débuté par le développement d'une petite tumeur dépendante du testicule, qui, grossissant progressivement, a fini par acquérir le volume d'une bouteille. Elle est douloureuse, d'un poids considérable, opaque et offre une sensation de fausse fluctuation. On ne sent aucune glande engorgée ni à la région inguino-crurale, ni dans la fosse iliaque interne. Rien dans l'extérieur de l'individu n'indique que l'économie est infec

tée. Sur les vives instances du malade, on lui fait l'extirpation de la tumeur au moyen d'une incision verticale et de l'énucléation avec les doigts. L'examen microscopique de la pièce pathologique vint confirmer le diagnostic. Trois tumeurs enkystées parfaitement distinctes constituaient la masse de cet encéphaloïde. La plaie était presque tout à fait cicatrisée lorsque le sujet exigea sa sortie de l'hôpital, dix-huit jours après l'opération.

L'autre sujet est une femme de 72 ans. Elle est atteinte d'une tumeur encéphaloïde siégeant à l'angle interne de l'œil droit. Depuis son enfance cette femme portait une verrue dans cette région. Cette verrue dégénérée s'accrut rapidement depuis deux ans. Elle a aujourd'hui le volume d'un gros œuf. Elle s'étend jusqu'au milieu du dos du nez, recouvre les deux tiers supérieurs de la face droite de cet organe et le tiers interne de la paupière supérieure en respectant les points lacrymaux. Elle a un aspect bleuâtre, est le siége de douleurs lancinantes et d'une fluctuation douteuse. Elle est ulcérée à son sommet et au pourtour de sa base. La moindre violence y cause des hémorrhagies. Malgré la période avancée du mal, il ne paraît pas encore avoir agi sur l'économie. Le teint est rosé, l'embonpoint prononcé et les ganglions cervicaux ne sont pas engorgés. A la prière de la malade, on enlève la tumeur qui menace prochainement l'existence de l'œil. L'ablation en est faite au moyen du scalpel. La dissection met à nu les muscles droit interne et grand oblique, et démontre que l'altération s'étend le long de la paroi orbitaire interne beaucoup plus profondément qu'on ne l'avait cru d'abord. Le cautère actuel légèrement chauffé fut appliqué sur la plaie. En moins de six semaines la cicatrisation complète eut lieu. L'avenir décidera si ces deux opérations de complaisance auront le succès qu'elles ont paru promettre.

Érysipèle de la face. 45°-46°.—Il est entré dans la salle deux malades atteints d'érysipele de la face. L'un survint sans cause connue, l'autre à la suite de l'opération de l'entropion pratiquée à la consultation gratuite. On doit peut-être le rapporter au sparadrap dont on fit usage dans le pansement. La diète et l'émétique en lavage produisirent, au bout de six ou sept jours, la résolution de cette inflammation cutanée.

Entorse. 47o-54o.- Huit malades atteints d'entorse du pied furent traités par la position élevée, l'immobilité et le repos de l'articulation lésée et par le bandage amidonné. Si l'on se rappelle les lésions de l'entorse, on a peine à croire qu'autrefois cette affection se traitait par des applications de sangsues. En effet, que viennent faire les sangsues contre l'entorse? Elles ne réunissent assurément pas les tissus déchirés par cette altération pathologique. Elles ne combattent pas mieux l'élément douloureux qui l'accompagne. Il dépend de la distension, de la déchirure des fibres nerveuses qui rampent dans les tissus péri-articulaires, et les sangsues n'enlevant pas la cause, ne peuvent enlever l'effet. Elles n'extraient pas non plus le sang épanché. Elles ne sucent que le sang en circulation et ne font qu'affaiblir le malade sans profit. Elles ne préviennent pas enfin l'inflammation. Le petit nombre qu'on emploie, et la douleur que leur

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