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l'ovariotomie n'aboutit point à des résultats plus defavorables que ces dernières. Il conclut enfin que l'ovariotomie est admissible au même titre que les grandes opérations, lorsqu'il est reconnu qu'elle est devenue la seule planche de salut des malades.

Ajoutons que le mémoire soumis à notre appréciation est écrit avec simplicité et avec clarté, de plus, avec beaucoup de méthode.

En conséquence, votre Commission pense, Messieurs, que le prix intégral peut lui être accordé; il ne sera pour l'auteur que la juste récompense des peines que son œuvre lui a coûtées.

Personne ne demandant la parole, cette conclusion est mise aux voix et adoptée.

Le pli cacheté, annexé au mémoire couronné, est ouvert et M. le Président constate que l'auteur de ce travail est M. le docteur Louis Gallez, à Châtelet, correspondant de l'Académie, dont le nom est accueilli par les applaudissements de l'Assemblée.

S. COMMUNICATION relative à l'épidémie de variole qui règne à Verviers; par M. LARONDELLE, correspondant.

Messieurs,

Il y a quelque temps déjà que je voulais vous faire une communication touchant l'epidémie régnante à Verviers; mais les devoirs de ma profession m'ont retenu loin de vous pendant plusieurs mois.

Depuis l'introduction de la vaccine sur le continent, on n'a jamais été témoin dans notre pays d'une épidémie de variole si généralisée et si meurtrière. A diverses époques

antérieures, notre ville a été éprouvée également par des épidémies de petite vérole; la dernière a sévi en 1864. Mais aucune n'a revêtu le caractère de malignité qui distingue l'épidémie actuelle; la mortalité était relativement petite.

C'est en février 1870 que l'on a constaté à Verviers les premiers cas de variole; voilà donc un an et plus que dure cette épidémie qui, nous sommes heureux de le dire, est aujourd'hui entrée dans une voie de décroissance très-marquée. Au début, elle était très-bénigne, et ne frappait qu'un petit nombre de sujets dont la plupart guérissaient; alors elle n'emportait guère que des enfants non vaccinés; mais après quelques mois elle changea de caractère; la maladie devint réellement terrible, effrayante quant au nombre de sujets atteints et quant à la terminaison des cas. C'est pendant les mois d'octobre, novembre, décembre et janvier que les décès furent le plus nombreux. Ainsi, pendant le mois de décembre, sur 272 décès enregistrés à l'hôtel de ville, 185 sont dùs à la variole. Au mois de janvier on a enregistré en un jour 24 décès causés par la maladie. En 1870, sur 1,472 déclarations de décès pour la population, qui est de 33,000 âmes, 428 sont dus à l'épidémie. Aujourd'hui, aut moment où je vous parle, le chiffre de la mortalité depuis le premier janvier 1871 s'élève à 408; dans ce nombre 268 ont succombé à l'épidémie: au mois de janvier 180, et au mois de février, jusqu'au 23 inclus, 88 décès par suite de variole. Ainsi l'épidémie, depuis le commencement jusqu'à ce jour, nous a enlevé 696 personnes.

La maladie variolique s'est répandue dans toutes les classes de la societé; riches et pauvres lui payèrent un égal tribut. Elle n'a pas fait plus de distinction dans les âges; des enfants de quelques semaines, comme des vieillards de 75 ans ont succombé à la variole. Elle attaque les vaccinés comme les

non vaccinés; le nombre de personnes vaccinées qui ont succombé est proportionnellement considérable. Les personnes vaccinées depuis peu de temps ont été seules préservées de l'épidémie. Grand nombre d'enfants de sept, huit, dix ans ont succombé à des varioles graves, confluentes et malignes et cependant nous avons constaté qu'ils portaient aux bras les cicatrices évidentes d'une ancienne vaccination. Il en est de même des adultes et de beaucoup de personnes âgées de plus de cinquante ans.

J'ai connu une demoiselle de forte constitution qui avait été vaccinée à l'âge de huit mois; quatre pustules s'étaient développées à chaque bras; elle fut revaccinée en pension en 1864; une seule pustuie suivit la revaccination; eh bien! malgré la vaccination et la revaccination elle a succombé, il y a quinze jours environ, à une variole confluente hémorrhagique. Cette jeune fille avait vingt ans.

Devant les cas si nombreux de variole mortelle chez les vaccinés, je dois avouer que je pense comme tant d'autres médecins, que l'ancien vaccin avait fini par perdre toute vertu préservatrice.

La maladie ne s'est pas localisée dans notre ville; elle a envahi d'abord les localités les plus voisines, ensuite les communes plus éloignées, et à l'heure qu'il est, peut-être n'y a-t-il pas une seule localité dans tout notre arrondissement qui puisse se dire exemple des atteintes de ce redoutable ennemi. Voyons maintenant quelques particularités que la maladie a offertes.

Comme dans toutes les épidémies de variole, les cas de varioloïde et de variole discrète ont été beaucoup plus nombreux que les cas de variole confluente. Cependant plusieurs varioloïdes et varioles discrètes sont devenues graves à la suite de complications diverses.

La variole des muqueuses a rarement manqué, même dans les varioloïdes.

Plusieurs cas foudroyants se sont présentés, la mort emportant le malade en vingt-quatre heures ou deux fois vingtquatre heures, pendant la fièvre prodromale et avant que l'éruption eût le temps de se produire.

Le degré d'intensité de la fièvre initiale ne correspondait pas toujours au degré de gravité de la maladie. A un appa reil febrile formidable nous avons vu succéder bien souvent une variole discrète légère. Cependant les confluentes graves étaient toujours précédées d'une fièvre intense.

Le délire dù à l'alcoolisme s'est manifesté généralement chez tous les buveurs, dès le début de la maladie.

Des convulsions, des pneumonies lobulaires, des diarrhées sont venues souvent compliquer la variole chez les enfants. et ont puissamment contribué à augmenter la mortalité.

Des pneumonies ont été relativement moins fréquentes chez les adultes que chez les enfants. En revanche, d'autres complications non moins redoutables, ont été très-fréquentes dans la variole des adultes. La maladie revêtait souvent la forme ataxique ou la forme adynamique, et emportait le sujet soit pendant la période de suppuration, soit pendant la période de dessiccation. Pendant ces mêmes périodes j'ai vu la fièvre putride se déclarer et enlever le malade.

Très-fréquemment encore on a constaté une des plus terribles complications de la variole; c'est le pourpre variolique soit simple, soit hémorrhagique, mais qui a été presque toujours mortel. Cette complication surgissait dans les varioles discrètes comme dans les varioles confluentes, soit pendant la fièvre prodromale, soit pendant la période d'éruption, exceptionnellement pendant la période de dessiccation. Rare chez les enfants, elle était au contraire très-fréquente chez

les adultes et surtout chez les personnes àgées de l'un et de l'autre sexe; elle n'épargnait pas plus les constitutions. robustes que les personnes faibles. Dès qu'on apercevait des taches de pourpre on pouvait à coup sûr prédire une fin prochaine. La maladie tuait alors en vingt-quatre ou en quarante-huit heures, rarement elle donnait un repit de cinq ou six jours.

Quand les taches de pourpre se montraient pendant la fièvre initiale, avant l'éruption variolique, alors celle-ci ne se produisait pas, si ce n'est dans des cas très-rares. Les macules hémorrhagiques se montraient-elles au commencement de la période d'éruption variolique, alors les pustules, au lieu de s'aplatir et de blanchir, prenaient une forme conique et une coloration livide, puis elles disparaissaient complètement en vingt-quatre heures. Si le pourpre survenait plus tard, alors que les boutons varioliques étaient plus avancés, ceux-ci ne disparaissaient pas, mais se remplissaient de sang et devenaient noirâtres et des pétéchies apparaissaient sur la peau entre les pustules. Quelquefois l'épiderme était soulevé sous forme de bulles par de la sérosité sanguinolente.

Les taches pourprées se manifestent sur toutes les parties du corps, en commençant d'ordinaire par les extrémités inférieures. Elles apparaissent sous forme de très petites taches rondes, isolées ou agglomérées, ne disparaissant pas sous la pression des doigts. Quelquefois elles sont peu nombreuses, d'autres fois elles se montrent en grand nombre, se réunissent même sous forme de petites stries bleuâtres, d'autres fois encore elles se réunissent sous forme de larges bandes ecchymotiques qui, à leur tour, finissent par se confondre en s'etendant sur toute la surface du corps, qui alors présente une coloration noiràtre uniforme. La conjonctive palpebrale el oculaire présente des sugillations comme on en voit sou

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