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dans les conditions spéciales que j'ai signalées, les bases de mon travail n'ont pas été ébranlées et je dois maintenir mes conclusions.

L'orateur termine en remerciant l'Académie de sa bienveillante hospitalité et de l'accueil empressé qu'elle a bien voulu faire à ses travaux.

M. LARREY croyait que M. J. Roux ne ferait qu'un résumé des débats. Comme l'orateur a jugé à propos de discuter à nouveau la plupart des questions soulevées, M. Larrey croit devoir déclarer que cette nouvelle argumentation n'a pas modifié sa manière de voir, et qu'il maintient toutes ses objections.

M. le président prononce la clôture de

la discussion.

Séance du 22 mai 1869.

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MÉTHODE A SUIVRE DANS L'ÉTUDE DE LA MÉDECINE. M. Ferrus lit un rapport sur un travail de M. Chapelle (d'Angoulême), portant ce titre. M. Ferrus est d'avis avec l'auteur qu'il faut associer les méthodes de Bacon et de Descartes, c'est-à-dire la méthode inductive et la méthode déductive. M. le rapporteur conclut en ces termes : L'importance attribuée par votre commission à l'examen du mémoire de M. Chapelle et les développements qu'a reçus ce rapport, indiquent que nous n'avons pas considéré ce travail comme une œuvre sans mérite. Si l'auteur eût accordé à cette étude intéressante les soins et le temps que le sujet réclame, nous n'aurions pas hésité à en proposer le renvoi au comité de publication. Les lacunes qui nous ont paru exister à cet égard ne le permettent pas. Nous croyons juste, toutefois, de vous demander d'adresser des félicitations à l'auteur pour ses vues sages et judicieuses, de déposer honorablement son mémoire aux archives de l'Académie, et d'inscrire son nom sur la prochaine liste des candidats au titre de correspondants natio naux. (Adopté.)

PURPURA HEMORRHAGICA, PERCHLORURE DE FER.-M. Devergie lit le rapport suivant sur un mémoire de M. Pizc, de Montélimar, intitulé: De l'emploi du perchlorure de fer dans le traitement du purpura hemorrhagica et de son action sédative sur le cœur.

Depuis l'application que le docteur Pravaz a faite, en 1853, du perchlorure de fer au traitement des anévrismes, ce médicament tend à reconquérir l'immense réputation qu'il s'était acquise, dans le commencement du dix-huitième siècle en Russie d'abord, sous le nom de Liqueur de

Bestuchef, et en France ensuite, sous celui de Gouttes d'or du général Lamotte.

Mais tandis que, à cette époque, cette réputation grandissait sous les auspices de l'inconnu et du merveilleux que l'on rattache toujours aux remèdes secrets, aujourd'hui, au contraire, il s'agit d'une substance parfaitement définie, et dont on connait la préparation, grâce à M. Soubeiran qui l'a vulgarisée, en l'introduisant en 1856 dans le Codex (la formule en avait été publiée par le Journal de pharmacie, en 1805, par Trommsdorff, qui le premier a donné une connaissance exacte de la liqueur de Bestuchef). Chacun s'empresse d'en étendre l'usage en l'appliquant au traitement d'un bon nombre de maladies.

C'est qu'en effet son importance, comme agent thérapeutique, a été reconnue assez grande pour que l'Académie ait jugé convenable d'en faire le sujet d'un prix, dont la valeur a été décernée l'année dernière, sous forme d'encouragements, à divers compétiteurs.

M. Pize, de Montélimar, il faut le reconnaître, a été le premier à signaler les avantages que donne le perchlorure de fer dans le traitement du purpura hemorrhagica, et à appeler l'attention des praticiens sur l'action sédative qu'il exercerait sur le cœur, en amenant le ralentissement du pouls.

C'est le 10 février 1857 qu'il insérait dans le Moniteur des hôpitaux les observations qu'il avait faites en ce qui concerne le purpura hemorrhagica. Ce n'est que dix mois plus tard, le 8 décembre 1857, que le docteur Bourguignon publiait dans le même journal une observation de purpura hemorrhagica guéri par l'emploi du même agent thérapeutique.

Aussi M. Pize revendique-t-il, en tête du mémoire dont nous avons à vous rendre compte, la priorité de cet emploi.

Ce mémoire se compose de deux parties très-distinctes : l'une a trait à l'exposition de faits pratiques; l'autre, au mode d'action que le perchlorure exerce sur l'économie dans les maladies.

Vos commissaires, MM. Bouchardat, Bouillaud et moi, suivront l'auteur dans l'ordre naturel et logique qu'il a adopté.

Observations relatives au purpura he

morrhagica.

Dans le premier fait, il s'agit d'une fille de douze ans qui, pendant six jours, a offert tous les prodromes d'une fièvre typhoïde, et chez laquelle survinrent à la fois épistaxis, turgescence et exsudations sanguines des gencives, expectorations,

vomissements, selles et urines sanguinolentes ; de nombreuses ecchymoses étaient disséminées à la surface des membres. Cet état persiste pendant huit jours malgré la limonade sulfurique, l'extrait de ratanhia, le seigle ergoté, les sinapismes, etc.

On prescrit une potion de 100 grammes de liquide contenant 1 gramme de solution de perchlorure de fer. Dans les vingt-quatre heures, la plupart des hémorrhagies sont arrêtées, les urines restent seules sanguinolentes. Le pouls, très-fréquent, revient à 80 pulsations; le jour suivant. il n'y a plus de sang rendu ; les taches de purpura ont pris une teinte brune. A partir de cette époque, la maladie suit une marche rapide vers la guérison.

Dans un deuxième cas, il s'agit d'un jeune homme de seize ans qui, après une croissance considérable et des travaux pénibles accomplis sans une nourriture suffisante, fut pris de prodromes fébriles, avec une prostration extrême des forces, et, au quatrième jour, de l'apparition de nombreuses taches de purpura sur les membres, avee selles sanguinolentes, épistaxis, pouls à 100 pulsations.

Une potion avec un gramme de perchlorure arrête les hémorrhagies en vingtquatre heures, relève le pouls, qui ne bat plus que 90 pulsations. La potion est continuéc le lendemain, et tous les accidents cessent. On la suspend pendant deux jours. Le malade a deux épistaxis, mais moins fortes que les précédentes. Le pouls remonte à 100 pulsations. On reprend la potion. Le jour suivant, pas d'hémorrhagie; le pouls descend à 82. La convalescence est très-rapide, sous l'influence du perchlorure continué pendant quelques jours; on y joint des aliments substantiels en petite quantité et du vin.

Le dernier fait, propre à M. Pize, est celui d'une fille de vingt-cinq ans, chlorotique deux ans auparavant. Malade depuis cinq à six jours, elle a été prise d'hémorrhagies intestinales, d'épistaxis, et des taches nombreuses de purpura se sont montrées sur les membres. Le pouls est faible, il donne 119 pulsations.

Le lendemain de l'usage de la potion ferrugineuse, les hémorrhagics ont cessé ; le pouls est revenu à 86. Le surlendemain il était descendu à 62. La maladie s'est terminée comme dans les deux cas précédents.

M. Pize rappelle ensuite l'observation analogue, publiée postérieurement aux siennes par M. le docteur Bourguignon. Nous pouvons ajouter un quatrième cas qui a été publié récemment dans la Ga

zette de Strasbourg par M. Leroy de SaintYbars.

Il ressort, suivant M. Pize, de ces quatre observations qui sont toutes relatives au purpura hemorrhagica :

1° Que le perchlorure de fer est l'agent par excellence de la guérison de cette madans l'espace de vingt-quatre ou quaranteladie, puisqu'il arrête les hémorrhagies huit heures, et que, continué pendant le malade en convalescence; quelques jours, il fait rapidement entrer

2o Que, puisqu'il produit un ralentissement immédiat dans la circulation, puisqu'il fait descendre les battements du pouls en vingt-quatre heures de 110 à 80 pulsations, le perchlorure de fer exerce une action sédative immédiate sur le cœur.

Mais nous devons cependant faire remarquer que M. Pize ne donne aucun fait de maladie du cœur dans lequel il ait obtenu les résultats qu'amène ce médicament dans le purpura hemorrhagica.

Occupons-nous d'abord de la première assertion, celle qui a rapport au traitement du purpura hemorrhagica par le perchlorure de fer.

Votre commission, qui a été nommée dans le mois de mai de l'année dernière, espérait être à même de vérifier l'action de ce médicament ; mais le purpura hemorrhagica est une maladie rare. Malgré les chaleurs si élevées de l'été dernier, il ne s'est présenté aucun malade, soit dans le service de M. Bouillaud, soit dans le mien, qui ait offert les caractères de cette affection.

Nous nous sommes donc trouvés dans l'impossibilité de vérifier cette assertion par l'observation. Toutefois les faits que nous avons résumés dans ce rapport sont tellement nets, tellement tranchés, que votre commission les considère comme constituant une preuve de l'efficacité du perchlorure de fer dans le traitement de cette maladie; d'autant plus qu'il s'agit de sujets jeunes, dont l'un avait été chlorotique, dont l'autre était affaibli par le travail et un défaut d'alimentation suffisante.

Mais il existe une maladie très-voisine du purpura hemorrhagica, et beaucoup plus commune, surtout à l'hôpital St-Louis, c'est le purpura simplex. Onze malades ont été traités par le perchlorure de fer, et nous ne prétendons revendiquer à cet égard aucune priorité. Déjà M. Pize avait fait pressentir les bons effets que devrait amener l'emploi de ce médicament dans le scorbut, et M. Deleau l'a, je crois, em

ployé le premier dans un cas de purpura simplex.

L'administration du perchlorure, à la dose de 1 gramme 5 décigrammes dans 100 grammes de liquide, a donné, sous nos yeux, les résultats les plus remarquables, en ce sens que dans l'espace de quatre à cinq jours les taches de purpura étaient assez atténuées pour être abandonnées à elles-mêmes, en même temps que l'état général s'était singulièrement amélioré. Les forces du malade se relevaient très-rapidement, et l'appétit reprenait d'une manière remarquable.

Or le purpura simplex est une maladie très-commune chez l'adulte fatigué ou chez le vieillard affaibli. A Bicêtre, tous les étés on en observe des cas très-nombreux, et l'on avait remarqué jusqu'alors qu'il cédait à un traitement consistant à faire sucer aux malades, dans le cours de la journée, des tranches de citron, en même temps qu'on leur donnait des ferrugineux et des toniques.

Ce traitement, nous le mettions en usage chaque année à l'hôpital Saint-Louis; nous en avions constaté les bons résultats lorsque nous étions médecin de l'hospice de Bicêtre. Mais aujourd'hui nous n'hésitons pas à déclarer qu'il est très-distancé par le perchlorure de fer. Les effets de ce dernier agent sont presque immédiats, et la maladie marche beaucoup plus rapidement vers la guérison. D'après nos propres observa tions, nous n'hésitons donc pas à abandonner une ligne de conduite que nous avons suivie depuis vingt-cinq ans.

L'emploi du perchlorure de fer, sur une assez grande échelle, nous a conduit à faire une observation qui ne nous paraît pas avoir été consignée dans la science.

On sait que le purpura simplex peut se montrer sous deux formes très-distinctes en dehors de l'existence ou de l'absence de fièvre. Il peut être à forme pétéchiale, lenticulaire, ressemblant à des piqûres de puces, ou, au contraire, sous forme de plaques irrégulières, diffuses, uniques ou multiples, et toujours d'une dimension assez grande, depuis 5 centimètres, par exemple, jusqu'à 15, 20, 25 centimètres et plus.

Dans le premier cas, c'est-à-dire dans le purpura lenticulaire, l'éruption peut suivre deux marches distinctes: apparaître principalement aux membres inférieurs, comme dans l'autre variété, et la maladie se montrer sous forme de poussées successives, en suivant une marche progressive, jusqu'à son maximum d'intensité; ou bien il se fait alors en vingt

quatre heures une poussée de taches qui mettent huit, dix ou douze jours à disparaître; on croit le malade guéri, lorsque surgit une éruption nouvelle.

Eh bien, dans deux cas de cette dernière forme, et ce sont les seuls de cette espèce qu'il nous ait été donné d'observer, si chaque éruption ou poussée a paru disparaitre un peu plus vite au moyen du perchlorure de fer, les récidives n'en ont pas moins eu lieu, malgré la continuation du médicament; de sorte que, dans cette forme morbide de la même maladie à poussées successives, le perchlorure de fer n'a pas eu l'efficacité qu'il a montrée dans l'autre ; le purpura lenticulaire à éruption soutenue, progressant uniformément, cède au contraire très-vite au perchlorure, ce que nous avons vérifié.

A quelles circonstances faut-il attribuer ce résultat négatif?

La maladie est la même, la forme et la marche scules diffèrent. La cause, dans la presque totalité des cas, est toujours unique. Nous avons insisté, dans notre Traité des maladies de la peau, sur sa nature; nous la spécifions en disant que le chagrin, la misère et la fatigue déterminent le développement du purpura, trois ordres de conditions qui agissent en produisant un même résultat : un défaut de nutrition, de réparation suffisante du sang, qui devient la cause définitive et directe du développement du purpura. De là, la fréquence de cette maladie chez les vieillards, chez les artisans, chez les personnes qui ne peuvent pas s'alimenter durant les chaleurs de l'été, à cause du mauvais état de leurs voies digestives.

Mais, si nous nous expliquons alors comment le perchlorure de fer remédie au purpura diffus, nous ne nous expliquons pas comment il se trouve un purpura plus rebelle à son action dans le purpura lenticulaire successif, quoiqu'il paraisse se rattacher à la même cause.

C'est que dans les maladies la cause n'est pas tout, comme quelques dermatologistes semblent le prétendre aujourd'hui. La forme et la marche de la maladie sont pour quelque chose dans l'efficacité de tel ou tel agent thérapeutique, et, s'il nous fallait rapprocher une autre affection cutanée du purpura, en ce qui concerne la liaison thérapeutique avec la forme, il nous serait très-facile de citer des exemples analogues.

Toujours est-il que le perchlorure de fer, administré à la dose de 20 ou 30 gouttes dans un julep de 100 grammes durant les vingt-quatre heures, nous paraît être la

médication par excellence du purpura simplex et du purpura hemorrhagica.

Occupons-nous maintenant de ce qui se rattache à l'action sédative du perchlorure de fer sur le cœur.

A cet égard, M. Pize ne cite aucun fait en dehors de ceux qui sont relatifs au purpura hemorrhagica, et dans lesquels on a vu le pouls, qui était arrivé à donner 110 et même 119 pulsations, descendre, par l'emploi du perchlorure, à 80 ou 62 pulsations.

Partant de cette donnée, M. Pize en a conclu une action sédative du perchlorure sur le cœur.

Personne, plus que notre honorable confrère M. Bouillaud, n'était apte à juger la question, et nous n'hésitons pas à vous faire connaitre son opinion, tout en lui en laissant la responsabilité.

Suivant lui, M. le docteur Pize a raisonné comme il suit: Post hoc, ergo propter hoc.

Et, en effet, l'accélération dans les battements du cœur peut être la conséquence directe des hémorrhagies. Si l'hémorrhagie s'arrête, la fréquence perd de son intensité. Quelle part faut-il faire alors au perchlorure de fer dans le ralentissement des battements du cœur? M. le docteur Pize se serait donc trop hâté de conclure.

Il est vrai de dire qu'il faut invoquer à l'appui de sa manière de voir les observations qui ont été faites à ce sujet par d'autres médecins.

Et d'abord par M. Meran, de Bordeaux, qui, dans ses essais sur le perchlorure de fer, a constamment observé le même phénomène de ralentissement du pouls.

Ensuite par M. Socquet, qui, en expérimentant le perchlorure de fer à l'HôtelDieu de Lyon, a constaté son action sédative sur le cœur.

M. Baradel a signalé le même phénomène dans le Bulletin de thérapeutique, et M. Mathey, dans une bonne thèse sur ce médicament, a rappelé le même fait.

M. Bouillaud fait remarquer avec raison que, si l'on prenait pour point de comparaison les observations de M. Pize, le perchlorure de fer laisserait très-loin derrière lui la digitale et tous les agents sédatifs des battements de cœur.

Pour nous, dans les cas de purpura assez nombreux que nous avons traités à l'hôpital. Saint-Louis à l'aide du perchlorure de fer, il ne nous a pas été donné de vérifier ce fait, attendu que, contrairement à ce qui a lieu pour le purpura hemorrhagica, le pouls est généralement lent dans le purpura simplex ou chronique.

Mais nous avons eu dans notre service un jeune homme de dix-huit ans qui, avec une affection de la peau, avait une dilatation assez notable des cavités du cœur, avec fréquence extrême des battements du pouls, et chez lequel le perchlorure de fer n'a amené aucune diminution dans cette fréquence.

Néanmoins nous ne préjugeons pas la question, et nous laissons à notre collègue M. Bouillaud le soin de démontrer au besoin s'il y a eu erreur à cet égard.

Nous arrivons actuellement à la seconde partie du mémoire de M. Pize, celle qui a trait à la question de doctrine.

Elle est, dans l'état actuel de la science, d'un grand intérêt.

On peut dire, en effet, qu'aujourd'hui les praticiens sont divisés sur la question du mode d'action des médicaments.

Les uns, suivant avec intérêt toutes les recherches et toutes les découvertes de la chimie moderne, se contentent, pour expliquer l'action médicamenteuse du perchlorure de fer, des analyses chimiques qui tendent à démontrer sa présence dans le sang, son action directe et spéciale sur ce fluide, ses propriétés coagulantes, et ils s'arrêtent là.

Les autres, dont la tendance à faire jouer aux forces vitales un rôle tout aussi exclusif que le ròle chimique précédent, admettent que le perchlorure de fer ne produit, lorsqu'il est administré à l'intérieur, que des effets dynamiques en raison de sa nature, et cette force, ce dynamisme, variable comme la nature de l'agent médicamenteux, suffit, à leurs yeux, pour rendre compte des effets curatifs si divers auxquels chaque médicament donne naissance.

L'auteur du mémoire, prenant en considération, d'abord, les premières applications qui ont été faites par M. Pravaz du perchlorure de fer au traitement des anévrismes externes, ensuite les expériences si multipliées de M. Burin-Dubuisson, et de quelques autres chimistes ou médecins, se range du côté de la théoric toute chimique.

Cette théorie, M. Burin-Dubuisson, auquel l'Académie a décerné la première médaille d'encouragement pour le concours de 1859, l'a exposée en détail, et en a entouré l'exposition de tous les faits qui pouvaient venir à l'appui.

Suivant lui, une petite quantité de perchlorure de fer suffit à épaissir le sang dans une proportion assez notable pour ralentir ou empêcher son passage dans le système capillaire. De là, l'arrêt des hémorrhagies; de là aussi, la concentration du sang dans

les vaisseaux veineux et artériels; de là, l'élévation du pouls, son ralentissement et sa plénitude.

Mais cette action n'est que passagère; il ne faut pas la confondre avec celle qui résulte de la régénération du sang par les ferrugineux.

Dans ce dernier cas, et avant de la formuler, M. Burin-Dubuisson fait observer que M. Quevenne, dans un mémoire trèsremarquable sur l'action physiologique des ferrugineux, mémoire inséré dans les Archives de physiologie et de thérapeutique en 1854, pose en principe: 1° que cette régénération est en raison de la plus grande stypticité des sels ferrugineux protoxydés à acide minéral;

2o Que le fer se localise dans les globules sanguins.

M. Quevenne admet que les sels de fer peroxydés sont décomposés par les fluides muqueux et albumineux dans l'estomac avant d'arriver dans le sang; qu'il y a même arrêt ou ralentissement dans leur marche par la stypticité qu'ils exercent sur les organes; de là, la préférence qu'il donne aux sels de protoxyde.

M. Burin-Dubuisson cherche à démontrer que les faits prouvent le contraire de ces deux assertions, et que, dans deux cas de chloro-anémie qui seraient traités, l'un par le perchlorure de fer, l'autre par un sel ferrugineux à base de protoxyde, les effets d'assimilation seraient beaucoup plus prompts dans le premier cas que dans le second.

Il explique l'absorption plus rapide du perchlorure de fer par ce fait que le sel rencontre des acides libres dans l'estomac qui tendent à le maintenir dans le même état de composition. Mais on peut objecter que la même condition existe pour les sels de protoxyde.

Il admet, avec M. Mialhe, que l'assimilation du fer pour la formation des globules sanguins a lieu lorsque le fer est à l'état de peroxyde, et non pas de protoxyde;

Que les sels ferrugineux à base de protoxyde n'exercent pas d'action sur l'albumine; qu'ils sont absorbés, qu'ils circulent avec le sang, passent dans les poumons à l'état de peroxyde, sous l'influence de l'oxygène de l'air, et qu'ils concourent ensuite à la formation des globules sanguins et à la plasticité du sang;

Que le fer réduit par l'hydrogène s'oxyde d'abord dans l'estomac, passe à l'état de sel pour suivre la marche des protoscls;

Que les persels ou les perchlorures n'ont pas besoin de ces transformations préalables; qu'ils passent directement dans la

circulation; que l'acide du sel s'unit à la soude du sang, et le peroxyde à l'albumine, pour former un composé albuminoïde qui n'a plus qu'à concourir directement à la formation des globules sanguins; de là, les effets si rapides, et beaucoup plus rapides, du perchlorure de fer comme médicament.

Les partisans du dynamisme, ou du vitalisme, en ce qui concerne l'action des préparations ferrugineuses, opposent à ces données les données suivantes :

1o Tout en admettant avec MM. Andral et Gavarret et d'autres expérimentateurs que dans la chlorose il y ait une réduction considérable des globules du sang qui, par exemple, d'un chiffre de 127 millièmes les fait descendre à 37 millièmes ;

Tout en reconnaissant qu'en administrant du fer à des chlorotiques, on voit la richesse des globules renaître au bout d'un certain temps, de manière à revenir peu à peu à son état normal, il ne trouve pas dans ces faits la preuve de l'absorption du fer. Il n'est pas encore démontré en effet, ainsi que le fait observer M. Cl, Bernard, que la cause de la chlorose réside dans l'absence du fer. Il y a plus, il résulte des expériences de M. Réveil que, malgré la diminution des globules du sang, le sang contient les mêmes proportions de fer.

2o D'une autre part, on arrive à guérir des chlorotiques en leur faisant prendre des préparations à base de manganèse.

Il est vrai que MM. Milon, Melsens, Béchamp, Bruck et Dribourg ont constaté que le fer, administré comme médicament, entrait dans la masse du sang.

Aussi les vitalistes, tout en reconnaissant les bons effets des préparations ferrugineuses, tout en admettant même qu'elles peuvent être absorbées, pensent qu'elles exercent une action favorable à la digestion et à la nutrition, en vertu de leur nature et de l'excitation qu'elles exercent sur l'appareil digestif. Ils sont même portés à croire qu'en faisant la part de leur absorption, cette action stimulante peut bien s'étendre à la membrane interne du système circulatoire, sans que les préparations ferrugineuses viennent concourir directement à la formation des globules sanguins. C'est l'opinion de MM. Trousseau et Pidoux.

M. Meran a émis, dans le Journal de la Gironde, une idée qui se rapproche de celle-là, mais qui en diffère cependant. Il pense que le perchlorure de fer agit sur le système capillaire directement, en vertu d'une action stimulante et tonique, qui amène le resserrement de ces vaisseaux,

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