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Le second système, également facile à appliquer, est plus coûteux et n'agit pas, pour le maintenir, aussi directement sur le vagin; mais, en revanche, il offre aux cultivateurs une commodité plus grande. L'appareil, on peut en juger par la description que nous en avons donnée, doit coûter assez cher. Nous n'en connaissons pas le prix, nous le fabriquions nous-mêmes. De plus, les pièces s'égarent ou se perdent fréquemment, et il peut arriver des moments où le vétérinaire, en eût-il plusieurs à sa disposition, se trouverait encore embarrassé. D'un autre côté, plus pesant que le premier, il distend davantage les tissus et se trouve insensiblement entrainé hors de sa sphère d'action efficace, et, chassé par l'inflammation éliminatrice qui a plus de prise sur lui, il reste moins longtemps en place. Nous devons, en outre, ajouter à tous ces inconvénients que l'entretien du jeu facile des vis et des écrous réclame beaucoup de soins, surtout pendant son application. Néanmoins, lorsque le cas exige une contention permanente, cet appareil est plus commode : le cultivateur n'a que trois écrous à dévisser pour l'enlever et le replacer avec la mème facilité qu'une dame replace ses boucles d'oreille. Ainsi, on peut l'òter au moment de l'accouplement ou du part, et le replacer immėdiatement après l'accomplissement de ces actes.

Ce procédé et l'appareil, en passant de main en main, ont subi des modifications: les uns ont remplacé la tète en T par une autre plus petite, dans le genre de la tète d'un clou, pouvant retenir une rondelle en cuir souple; à l'autre extrémité, une pareille rondelle est maintenue par un petit écrou. Il faut reconnaitre que c'est là une simplification en même temps qu'une amélioration; étant moins façonné, l'appareil doit être d'un prix moins élevé; d'un

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autre côté, si la disposition en T des tètes et des écrous augmente son action en représentant deux tiges de fer placées longitudinalement à droite et à gauche de la vulve, dans toute la longueur des lèvres, elle est souvent la cause d'excoriations et de plaies. La rondelle de cuir, par sa souplesse, s'adapte mieux sur les parties et ne les blesse pas. En tout cas, la tète en T, n'exclut par l'usage de la rondelle de cuir.

D'autres contrefacteurs ont supprimé l'aiguille : ils terminent en pointe le bout de la vis, de façon à pouvoir la faire pénétrer à travers les tissus ; quand la rondelle en cuir et l'écrou sont fixés, ils rompent facilement, au niveau de l'écrou, cette pointe fortement entamée d'avance avec la lime. Ce procédé, moins chirurgical que le premier, ne permet pas plus que lui d'utiliser plusieurs fois l'appareil, et est à peu près aussi coûteux que le second. Il est bon de faire remarquer aussi qu'il n'est pas facile, tout fort que l'or puisse être des mains, d'enfoncer un clou à travers les lèvres de la vulve.

D'autres, enfin, ne placent que les deux pièces principales sans la traverse; ce moyen est mauvais, car il peut arriver que le vagin, en se renversant, écarte ces barres de fer, s'engage entre elles et s'y trouve fortement enchâssé par les efforts expulsifs; la douleur résultant de cette constriction exciterait la femelle à pousser avec une telle violence que les accidents les plus redoutables seraient à craindre.

Comme on le voit, la simplification du procédé de notre ancien condisciple par les engraisseurs de son district, le rapproche du second que nous venons d'exposer, avec des inconvénients beaucoup plus grands en plus et ses avantages en moins.

Notre second système serait préférable, comme bouclement, pour prévenir la saillie; c'est évidemment dans ce but qu'il mériterait la préférence, mais cet usage est abandonné.

Que vont dire les professeurs et les praticiens qui ont fait de la sensiblerie à propos de la suture de la vulve des femelles domestiques au moyen de lanières, de ficelles, etc.? Ils ne manqueront pas de jeter les hauts cris en apprenant qu'un fil métallique remplace, depuis plus d'un siècle, ces ligatures dans le cas de renversement chronique du vagin, sans que jamais, que nous sachions, on ait eu aucune mauvaise suite à en regretter.

La suture avec des ficelles, des lanières, etc., occasionnerait, nous en convenons volontiers, des douleurs inutiles dans le cas dont nous nous occupons bien faite, c'està-dire exécutée avec intelligence et discernement, en moins de huit jours les liens seraient pourris et brisés; mal faite, les lèvres de la vulve seraient en morceaux. Aussi, ce procédé, que nous proclamons le plus sûr, le plus chirurgical et le plus rationnel pour contenir, chez la femelle domestique, les organes de la génération, dans le cas de chute récente, est-il insuffisant lorsqu'il s'agit d'un renversement ancien; ici, un lien plus solide, plus résistant, comme un fil métallique, est indispensable; mais l'opération doit être exécutée plus intelligemment encore qu'avec une ligature; et si des praticiens ont essuyé des mécomptes par l'emploi de ces moyens contentifs, nous ne craignons pas d'affirmer que c'est pour avoir agi sans discernement ou avec trop de timidité, ou, enfin, pour avoir pris au pied de la lettre la signification du mot suture. Nous sommes étonné que notre ami Walravens n'ait pas eu, lui aussi, à

s'en plaindre; c'est qu'il se conduit probablement autrement qu'il le laisse entendre, lorsqu'il recommande de prendre le fil le plus gros possible parce que, dit-il, il coupe moins les bords de la vulve. Cette recommandation implique évidemment, qu'il passe le fil de fer sur les bords de la vulve.

Nous ne sommes pas de ceux, que Dieu nous en garde! qui font du mal aux bètes pour le plaisir de les voir souffrir; nous aimons trop pour cela ces intéressants auxiliaires de notre bien-être ! Mais, pas plus que le chirurgien de l'homme, lorsque nous entrevoyons la possibilité de conserver à l'agriculture un animal précieux, en lui sauvant la vie, nous ne reculons devant aucune opération, fût-elle encore plus sanglante et plus douloureuse.

Que nos collègues, dont la sensibilité n'a heureusement pas été pervertie par la fréquentation des amphithéâtres et des cours de chirurgie pratique, se rassurent. Nous comprenons que l'imagination soit naturellement portée à exagérer l'organisation nerveuse des parties génitales de la femelle; aussi, nous empressons-nous de leur affirmer que cette opération n'est pas bien douloureuse; ce que témoigne la légère inflammation, sans la moindre apparence de trouble général, sans diminution de l'appétit et de la sécrétion laiteuse, qui en est la suite. D'ailleurs, cette opération, urgente chez la femelle de la brute, n'est-elle pas appliquée à un autre ètre, beaucoup plus digne de nous émouvoir, la femme de la haute fashion, chez les Hottentots, qui la subit volontairement pour satisfaire aux caprices de la mode et des hommes?

Les praticiens doivent être étonnés de nous entendre déclarer que le bouclement de la vulve n'a jamais été suivi

d'accidents. Cela ne nous surprend pas; nous avons nousmème éprouvé cet étonnement chaque fois que notre imagination, sollicitée par les faits qui se passaient sous nos yeux, s'est prétée à réfléchir sur ce sujet. Quand on pense qu'une simple piqûre, une saignée, une opération légère, enfin, bien que pratiquée avec toute la dextérité possible, entraînent quelquefois les suites les plus redoutables, la gangrène et la mort, comment expliquer que six piqûres profondes, presque des déchirures, à travers les tissus d'une région sensible, certainement moins, cependant, qu'on est porté à le croire, seraient inoffensives? Il faut bien admettre que la nature, dans sa prévoyante sagesse, a accordé des immunités à certaines parties, en raison de ce qu'elles sont plus exposées, par l'effet de ses desseins, à l'action des causes capables de les blesser. N'est-ce pas sur la vulve et le vagin que sont dirigées les furieuses attaques du måle, à qui la création a donné l'ardeur et la force de soumettre par la violence la femelle à ses lois ? D'autre part, le produit de la conception, par sa sortie, ne doit-il pas exercer sur ces organes une pression telle qu'il peut en résulter souvent des érosions, des déchirures même plus ou moins étendues? Il est évident que, si ces tissus ne jouissaient pas d'un certain privilége, ils deviendraient fréquemment le siége d'inflammations graves, suivies de gangrène; et notre opération, quoiqu'adroitement pratiquée, ne serait pas toujours exempte de conséquences fâcheuses!

Pendant les premières années de ma pratique, j'habitais Lessines; les nombreuses distilleries qui couvraient cette riche localité étaient en pleine activité; on y engraissait un nombre considérable de bètes bovines; les pousseuses n'étaient pas méprisées des distillateurs qui, au contraire,

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