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Monsieur, lui dis-je, vous me voyez tremblant de l'aveu que je vais vous faire. Ce n'est pas assez de solliciter le consentement de mon père; et puisque vous avez tant de bonté pour moi, c'est d'abord mon pardon, ma grace qu'il faut implorer. Votre grace, reprit mon père avec étonnement ? Seriez-vous criminel? Oui, Monsieur, je le suis. Oui, c'est un fils coupable et repentant qu'il faut mettre à ses pieds; si mes larmes vous touchent, c'est par-là qu'il faut l'attendrir; car pour ne rien dissimuler à mon généreux protecteur, ma première jeunesse a peut-être causé de cruels chagrins à mon père. Comment cela, me demanda-t-il d'un air interdit et troublé ? Par má violence indomptable, par mes fougueux emportemens.

Il m'écoutoit, il frémissoit, ses yeux étoient attachés sur les miens 2 et je voyois le tremblement de ses genoux et de ses mains redoubler à cha

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cune de mes paroles. Ah! m'écriai-je enfin, au nom de la nature, au nom de votre sang, Monsieur, demandez grace pour un jeune insensé qui s'est dérobé à son père, et qui depuis sept ans n'ose paroître devant lui. A ces mots je me prosternai. Ah! malheureux! c'est toi, s'écria-t-il en se précipitant sur moi et en me serrant dans ses bras; et moi, suffoqué de sanglots, je me sentois inondé de ses larmes. Ah! celles-ci sont douces, me dit-il; laisse-les couler. J'en ai versé de plus amères. Ah! mon père! mon père ! Me les pardonnez-vous ? te les pardonne, et tout est oublié puisque tu m'es rendu. Mais tu ne viens pas affliger, désoler encore ma vieillesse; quelle est donc cette jeune fille

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Oui, je

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lle que tu veux épouser? - Rassurez-vous, mon père: Mademoiselle de Léonval n'est pas indigne de porter votre nom; à ces mots tout fut éclairci.

Venez, Monsieur, dit-il à M. de Nelcour, venez que je vous remercie. Que ne vous dois-je pas! Vous me rendez mon fils; vous me le rendez corrigé. Et vous, fille d'un homme dont je chéris le sang, et dont j'honore la mémoire, venez faire avec votre époux les délices de mes vieux ans. Nous fûmes mariés dans ce même village; et pour habits de noces, nous voulûmes garder ceux que nous avions à Fleury.

Tel fut le récit d'Alexis; et quand il eut fini, nous retournâmes vers son père.

Cideville, me dit celui-ci, à présent que vous savez tout, soyez notre conseil. Mes enfans se trouvent heureux auprès de moi; dois-je les y laisser? M. de Nelcour est d'avis que, dans ce petit coin du monde, menant ensemble obscurément une vie active et paisible, élevant nos petits enfans, heureux à peude frais, et assez riches pour nous donner

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