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Son mal ne cessait de s'aggraver. Le jeune prince comprit qu'il était perdu, et, faisant son testament, détermina l'emploi des fonds qu'il avait recueillis dans la prévision de son départ pour la Terre-Sainte. Il prescrivit qu'après sa mort une partie serait versée dans la caisse de l'armée de la Croix, et que le reste serait partagé entre un certain nombre de chevaliers, qui s'engageraient, par serment, à faire la pieuse expédition projetée (a). Il désignait spécialement pour le représenter en Palestine et pour le remplacer dans l'exécution de son vou, Renaud de Dampierre (Marne) auquel il assignait une somme assez forte pour subvenir à tous les frais du voyage (b).

Peu après il expira, 24 mai 1201 (c); il était âgé

(a) Villehardouin, ap. D. Bouquet, XVIII, 438 A. Un de ses légataires fut Eustache de Conflans, auquel il légua 500 livres que Blanche de Navarre paya au mois d'août suivant, Catalogue, no 553. (b) Albéric, ap. D. Bouquet, XVIII, 763 D.

(c) Cette date nous est donnée par Rigord (D. Bouquet, XVII, 53 E). Suivant les nécrologes de Saint-Etienne de Troyes (Bibl. de Troyes, ms. 1079), de la cathédrale de Meaux (Bibl. imp., lat. 5185 G; Toussaint Du Plessis, Hist. de l'église de Meaux, II, 456), de Rebais (Du Plessis, Hist. de l'Eglise de Meaux, II, 475), il serait mort le lendemain, 25. Cette date est probablement celle de son enterrement. Nous avons déjà vu dans notre tome III, p. 111, que les mêmes nécrologes placent l'obit d'Henri Ier au lendemain du jour anniversaire de son décès. D'autres nécrologes donnent une date évidemment erronée, telles sont celle du 15 mai, Nécrologe du grand Hôtel-Dieu de Meaux (Du Plessis, II, 474), celle du 17 mai, Obituaire de Farmoutiers (Ms. du XIIIe siècle dans la bibliothèque du séminaire de Meaux, Du Plessis, II, 466). Albéric (D. Bouquet, XVIII, 763 D) nous dit vaguement que Thibaut mourut aux environs de la Pentecôte; or, en 1201, cette fête se célébrait le 13 mai.

de vingt-deux ans onze jours (a); son règne, à dater de la mort de Marie, sa mère, avait duré trois ans deux mois et quelques jours. Geofroi de Villehardouin nous dit qu'il fut vivement regretté, qu'il avait beaucoup d'amis et que personne de son temps ne sut inspirer plus d'affection à ses vassaux ni aux étrangers (b) : la vie de Thibaut avait été trop courte pour lui donner le temps de soulever autour de lui un grand nombre d'inimitiés. Il fut enterré

(a) Vingt-un ans onze jours, d'après Raoul de Diceto (D. Bou quet, XVII, 660 A). Le nombre des jours est précisé d'une manière trop exacte pour que le nombre des années ne fût pas aussi exactement indiqué dans le manuscrit original. Une faute de transcription est sans doute la cause qui nous fait lire aujourd'hui vingt et un ans au lieu de vingt-deux. Les autres auteurs indiquent inexactement l'âge de notre comte, qui serait mort dans sa vingt-cinquième année, c'est-à-dire, à vingt-quatre ans, suivant Albéric (D. Bouquet, XVIII, 763 D), à vingt-cinq ans, suivant Rigord (D. Bouquet, XVII, 53 E), et Guillaume le Breton (D. Bouquet, XVII, 75 B). Ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est que Geofroi de Villehardouin, maréchal de Champagne, ne savait pas exactement l'âge de son suzerain. Il nous dit qu'au commencement de décembre 1199 Thibaut n'avait pas plus de vingt-deux ans (D. Bouquet, XVIII, 433 A); or, ce prince était alors âgé de vingt-ans six mois et quelques jours.

(b) D. Bouquet, XVIII, 438 A; cf. Chronologia Roberti altissiodorensis, ibid., 264 A; et Chronicon Turonense, ibid., 295 B; Chron. Guill. de Nangiaco, ap. D. Bouquet, XX, 749 D. Un de ses amis était Guillaume, frère du comte Gautier de Brienne et du fameux Jean de Brienne, depuis roi de Jérusalem et empereur de Constantinople (468). Quand Thibaut III fit hommage à PhilippeAuguste, Guillaume de Brienne fut une de ses cautions (454). En octobre 1201, il était mort, et Thibaut donnait à l'abbaye de SaintMichel de Tonnerre une rente pour le repos de l'âme de son ami défunt (524).

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près de son père, à Saint-Etienne de Troyes (a).

Il avait épousé Blanche, fille de Sanche VI, dit le Sage, roi de Navarre, mort le 27 juin 1194, sœur de Sanche VII, dit le Fort, qui avait succédé à Sanche VI, et de Berengère qui, par son mariage avec Richard Coeur-de-Lion, était, en mai 1191, devenue reine d'Angleterre. L'union de Thibaut et de Blanche paraît avoir été célébrée à Chartres le 1er juillet 1199 (b), c'est-à-dire peu de temps après la mort de Richard Coeur-de-Lion. Nous avons encore la charte par laquelle notre comte avait constitué un douaire à sa femme, les témoins étaient Adèle, reine de France, mère de Philippe-Auguste et tante de Thibaut; Bérengère, reine d'Angleterre; Renaud de Bar, évêque de Chartres; Rotrou du Perche, évêque de Châlons-sur-Marne; Garnier de Traînel, évêque de Troyes; Geofroi III, comte du Perche; Guillaume I, comte de Joigny; Gautier, comte de Brienne; Geofroi V, sire de Joinville et sénéchal de Champagne; Gaucher de Châtillon, bouteiller de Champagne et, plus tard, comte de Saint-Pol, et Geofroi de Villehardouin, maréchal de Champagne. Le douaire se composait des sept châteaux d'Epernay, Vertus, Sézanne, Chantemerle, Pont-sur

(a) Albéric, ap. D. Bouquet, XVIII, 765 D; Villehardouin, ibid., 438 B; cf. Radulfus de Diceto, ap. D. Bouquet, XVII, 660 B. (b) Nous ne savons pas sur quelle autorité les auteurs de l'Art de vérifier les dates (II, 621) datent ce mariage de l'année 1195. L'époque à laquelle il eut lieu est fixée par la constitution de douaire dont nous allons parler, et qui est précisément du 1er juillet 1199. Lepelletier l'a constaté avant nous dans son Histoire des comtes de Champagne, tome I, page 351.

Seine, Nogent-sur-Seine, Méry-sur-Seine, et de leurs dépendances (485).

Quand Thibaut mourut, il était né de ce mariage une fille qui vivait, et de plus Blanche était grosse d'un fils dont elle accoucha quelques jours après et qui fut le célèbre Thibaut le Chansonnier (a).

Blanche fit construire à son mari un tombeau qui pendant des siècles servit de pendant à celui d'Henri I, dont nous avons parlé dans notre tome troisième (b).

De ce monument élevé à la mémoire de Thibaut III, il nous reste une description écrite en 1704 par Jean Hugot, chanoine de Saint-Etienne de Troyes; nous allons la reproduire en y ajoutant quelques notes.

« Il est au pied du tombeau précédent (c), mais >> plus beau et enrichi d'un grand nombre de pier» reries et d'émaux de différents dessins, et de plu>> sieurs figures d'argent qui représentent la famille » des comtes de Champagne. Il est de même hau» teur, longueur et largeur que le précédent (d) et » sur le même piédestal...

» La plinte de la base est garnie d'argent et enri

(a) Rogerus de Hoveden, ap. D. Bouquet, XVII, 612 D; Rigord, ibid., 53 E; Chronologia Roberti altissiodorensis, ap. D. Bouquet, XVIII, 264 A; Chronicon Turonense, ibid., 295 B; Villehardouin, ibid., 438 B ; Chron. Guill. de Nangiaco, ap. D. Bouquet, XX, 749 E.

(b) Pages 311-319.

(c) De celui d'Henri Ier.

(d) Six pieds de long, sur deux pieds et demi de large, et deux pieds deux pouces de haut.

>> chie de vingt-huit grands émaux, dont les diffé>> rents dessins et l'or rendent cet ouvrage d'une >> grande magnificence. Entre chacun des émaux, il » y a une espèce de bassin poussé sur l'argent qui » en fait la séparation, la doucine est aussi couverte » d'argent ciselé. Le liteau ou réglet est couvert de >> bandes de bronze doré sur lesquelles sont gravés >> en lettres relevées en émail ces mots qui commen>> cent à la tête du tombeau du côté de l'évangile :

Hac Deus urbe mori mihi contulit, ut genitori,
Judeam penetrare, pium votum meditanti
Solvere; quod vovi Domino probat ista figura (a).
Ut requies detur mihi, qui legit ista, precetur.
Filius hoc tumulo genitori proximus heret,
Muniat ut Stephano (b) duplici sua dona sigillo.
Annis a Christo completis mille ducentis,

Me caput evi, finis maii, claudit in urna (c).

>> De dessus la base s'élèvent trente-quatre co>> lonnes à huit pans de bronze doré et ciselé dont >> le chapiteau est d'ordre corinthien et qui avec » leurs accompagnements forment plusieurs niches

(a) La statue du comte Thibaut III couchée sur ce tombeau et dont il sera question plus loin.

:

(b) Saint Etienne, patron de l'église où se trouvait ce tombeau. (c) Ces deux derniers vers peuvent se traduire littéralement ainsi douze cents années complètes s'étaient écoulées depuis le Christ, quand au commencement d'un siècle nouveau, la fin de mai, m'a enfermé dans la tombe. Ce sont probablement ces vers qui ont fait mettre par Pithou la mort de Thibaut III en 1200, et qui ont fait hésiter les auteurs de l'Art de vérifier les dates, entre les années 1200 et 1201 (II, 621). Cependant, cette inscription n'est pas en contradiction avec les autres documents qui, en si grand nombre, établissent d'une manière certaine la date réelle de

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