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Les rues étaient tapissées d'étoffes de soie, l'encens brûlait sur les places publiques, les femmes y dansaient en choeur; le clergé conduisit solennellement le nouveau roi à l'église, et lui fit baiser devant l'autel la croix et les reliques. La fête se termina par un banquet.

Quand Henri fit sa jonction avec le roi d'Angleterre, ce dernier venait d'emporter la forteresse de Daroum; le siége, commencé le 1er juin, avait fini le 5 du même mois; le nombre des prisonniers était de 1,900, et Richard les livra immédiatement à notre comte (a), qu'il mit en possession de cette place (b). Les Croisés étaient pleins d'espérances, il semblait qu'aucun obstacle ne devait désormais les empêcher d'aller porter vainqueurs le tribut de leurs adorations sur le tombeau de Jésus-Christ, et de délivrer la ville sainte du joug honteux des Musulmans. Mais cette confiance fut trompée, et, le 5 juillet (c), l'armée qui depuis un mois campait à une journée de Jérusalem et qui avait reçu d'Acre

(a) Rogerus de Hoveden, ap. D. Bouquet, XVII, 547 E-548 A; L'Estoire de Eracles, empereur, liv. XXVI, chap. x, ap. Historiens occidentaux des Croisades, II, 189. Suivant Ibn Alatir et Schehab Eddin, la prise de Daroum aurait eu lieu le 9 de gioumadi premier, c'est-à-dire le 24 mai, par conséquent quelques jours plutôt, Bibl. des Croisades, 1re éd., II, 528, 660. Raoul de Diceto, fixe le commencement de ce siége au 14 mai, la fin au 17, et le nombre des prisonniers à 5,000, D. Bouquet, XVII, 643 D. (b) Vinisauf, liv. V, chap. XL.

(c) 21 de gioumadi second. Boha Eddin, ap. Bibl. des Croisades, 2o édit., IV, 345. Cet auteur s'accorde avec Vinisauf, livre VI, chap. IX.

[1192.]

sous la conduite du comte Henri un renfort considérable (a), commença à battre en retraite ; jamais elle n'avait été plus divisée : au milieu du découragement général, les vieilles haines s'étaient ranimées plus violentes que jamais. Le désir de la paix prit la place de celui des victoires un député envoyé par Henri se présenta devant Saladin et lui transmit un message ainsi conçu : « Le roi Richard » m'a mis en possession des anciennes provinces » chrétiennes, ainsi elles sont à moi. Rendez-moi >> tout ce que vous avez pris et je vous accorderai >> la paix. Je consens à être auprès de vous comme » un de vos enfants. » A ces mots, le sultan ne put contenir son indignation, et fut sur le point de se jeter sur le député. Celui-ci, prenant les choses de moins haut, parla ainsi : « Le comte Henri m'a chargé de vous dire qu'il vous reconnaît pour le » souverain légitime de ce pays, et que, si par un » effet de votre bonté vous lui en cédiez une partie, >> il vous en serait très-obligé. » Le roi d'Angleterre continua sur le même ton les négociations commencées par son neveu: «< Faisons la paix, » écrivit-il à Saladin. «< Voilà que je viens de mettre le comte >> Henri, mon neveu, à la tête de l'armée chrétienne ; » je le laisse à votre disposition, il sera lui et ses

(a) Vinisauf, liv. VI, ch. vi. Cet auteur, liv. V, ch. LII, parle d'une caravane chrétienne, commandée par Ferri de Vienne, qui fut attaquée par les Turcs le 17 juin, pendant le séjour de l'armée croisée près de Jérusalem. Ferri de Vienne était probablement Champenois et un des hommes de notre comte; il est témoin de chartes d'Henri II et de Marie en 1186 et en 1187, voir notre Catalogue, nos 345, 346, 358 et 363.

»

>> troupes à votre service; si vous avez besoin de >> lui pour quelque guerre, il sera à vos ordres (a).» Richard proposait que chacune des deux nations conservât les places dont elle était en possession, sauf un point il demandait la cession de l'église du Saint-Sépulcre aux Chrétiens. Le sultan répondit qu'il acceptait ces offres: « Ton neveu, » disait-il, <«< sera pour moi comme un de mes enfants; » mais, il mettait une condition nouvelle, c'était qu'Ascalon, Daroum et les forteresses voisines de l'Egypte seraient rasées (b). Richard fit démolir Daroum, mais refusa de consentir à la destruction d'Ascalon, qu'il avait fortifié lui-même, et, marchant vers le nord, il atteignit Acre, d'où il menaçait Beyrout. Mais Saladin, plus prompt, arriva devant Jaffa et en commença le siége le 28 juillet (c). Le 31 du même mois (d), son armée pénétra dans la ville; la cita

(a) Nous ne connaissons cette correspondance que par une traduction arabe. Il est probable que si nous possédions le texte latin nous y verrions en termes formels qu'Henri consentait à devenir vassal de Saladin.

(b) Boha-Eddin, ap. Bibl. des Croisades, 2e éd., IV, 346-347. Les démarches personnelles faites par Henri pour obtenir la trève sont rapportées par l'Estoire de Eracles, empereur, liv. XXVI, chap. xvII, ap. Hist. occ. des Croisades, II, 198; Vinisauf n'en parle pas voir livre VI, chap. II,

(c) Vinisauf, livre VI, chap. II, dit que Saladin aurait commencé le siége de Jaffa le lundi avant la fête de Saint-Pierre-ès-Liens, c'est-à-dire le 27 juillet. Suivant Boha-Eddin, Bibl. des Croisades, 2e éd., IV, 349, l'arrivée de Saladin n'aurait eu lieu que le mardi 15 regeb, c'est-à-dire le 28 juillet; cet auteur doit être le mieux informé.

(d) Le vendredi, d'après Boha-Eddin, Bibl. des Croisades,

delle seule résistait encore, mais, d'après les conventions faites, elle devait se rendre le lendemain, si elle n'était secourue. Richard avait été prévenu : le 30 juillet, confiant à son neveu le commandement de l'armée qui devait se rendre à Jaffa par terre, il s'était embarqué, et, avec sept vaisseaux, il arriva dans le port au moment où les Chrétiens vaincus, exécutant leur promesse, commençaient l'évacuation de la citadelle (a). Il mit les Musulmans en fuite, les chassa de la ville et s'empara de leur camp. Toutefois, le petit nombre de ses soldats rendit bientôt courage aux troupes ennemies. Une galère lui avait amené le comte Henri accompagné de quelques guerriers, et le reste de l'armée était retenue à Césarée par la crainte des embuscades semées sur sa route par les Turcs; le 6 août elle n'avait pas encore rejoint le roi d'Angleterre Musulmans voulurent en profiter, mais Richard

les

2e éd., IV, 350, et d'après Vinisauf, livre VI, chap. XIII; la veille des calendes d'août, suivant Raoul de Diceto, ap. D. Bouquet, XVII, 643 D.

(a) Le jour du départ de Richard est fixé par cette circonstance, qu'il arriva le troisième jour, (Rogerus de Hoveden, ap. D. Bouquet, XVII, 549 A), mais Roger de Hoveden se trompe d'une semaine, quand il fixe l'arrivée du monarque anglais au samedi après la fête de Saint-Pierre-ès-Liens. Cette arrivée eut lieu le samedi jour de la fête de Saint-Pierre-ès-Liens, c'est-à-dire le 1er août. Raoul de Diceto, ap. D. Bouquet, XVII, 643 D, dit en effet que ce fut le jour des calendes d'août, Boha Eddin le samedi 19 de regeb (Bibl. des Croisades, 2e éd., IV, 352), et Vinisauf, liv. IV, chap. xv, s'accorde avec ces deux derniers auteurs.

attaqué fit des prodiges de valeur et remporta une victoire qui termina la guerre (a).

Chacun était las de cette lutte inutile. Le duc de Bourgogne venait de mourir; Henri était presque le seul Français qui restât près du roi d'Angleterre (b). Les instances de notre comte et de l'évêque de Salisbury triomphèrent de l'opiniâtreté du belliqueux monarque (c). Richard consentit à la destruction d'Ascalon, et reçut en indemnité la moitié de Lidda et de Ramla. Les préliminaires furent arrêtés le 28 août (d); et la trève conclue définitivement le 2 septembre 1192 (e). Elle devait commencer immédiatement, et durer, à comp

(a) La date de cette bataille nous est donnée par Boha Eddin, (Bibl. des Croisades, 2o éd., IV, 353), qui nous dit qu'elle eut lieu le jeudi, 24 de regeb.

(b) Richard de Devizes, sect. 94.

(c) Richard de Devizes, sect. 98.

(d) Vendredi 17 schaban, suivant Boha Eddin (Bibl. des Croisades, 2e éd., IV, 355).

(e) Le mercredi 22 de schaban; Boha Eddin (Bibl. des Croisades, 2e éd.. IV, 356). Les autres historiens arabes donnent à cette trève des dates différentes, suivant qu'ils prennent comme définitif tel ou tel état des négociations ainsi, suivant Schehab Eddin (Bibl. des Croisades, 1re éd., II, 662), on l'aurait conclue le mardi 21 de schaban, c'est-à-dire le 1er septembre; suivant Ibn Alatir (Bibl. des Croisades, 1re éd., II, 531) le 20 de schaban, 31 août; suivant Aboulfeda (Bibl. des Croisades, 1re éd., II, 332) le samedi 18 de schaban, 29 août. Le mercredi 22 schaban, 2 septembre, est sans doute le jour de la ratification du traité par Richard, le comte Henri, les barons chrétiens, par Saladin et ses émirs. De tous ces détails, il résulte que Raoul de Diceto se trompe quand il nous dit que ce traité se fit le 4 des ides d'août, veille de

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