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ville de Troyes; mais il a perdu, depuis plus de deux cents ans, la splendide couverture dont il était revêtu; cette couverture elle-même, employée, en 1641, à orner un évangéliaire imprimé dont les religieux trouvaient, sans doute, la lecture plus facile, a été probablement détruite pendant la Révolution (a).

A la mort d'Henri le Libéral, arrivée, comme nous l'avons dit déjà, le 17 mars 1181, Henri II avait 14 ans 7 mois et quelques jours; il devait être majeur à l'expiration de sa 21o année, c'est-à-dire le 29 juillet 1187. Jusque vers cette époque, Marie de France, sa mère, eut l'administration de la Champagne (b).

Marie de France fut mêlée aux luttes regrettables

d'Henri II et sur la donation faite à cette occasion par Henri le Libéral, voir une charte publiée par Camuzat, Promptuarium, fo 296 ro-298 v°, dont un extrait se trouve dans D. Bouquet, XIV, 493 A B.

(a) Ce manuscrit a été donné à la bibliothèque de la ville de Troyes par M. l'abbé Coffinet, il porte aujourd'hui le no 2275; on peut en consulter la description au Catalogue général des manuscrits des départements, tome II, pages 926 927; voir aussi la Notice de M. Harmand sur la bibliothèque de Troyes, publiée dans les Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres de l'Aube, 1re série, nos 87-88.

(b) Tous les actes relatifs à l'administration de la Champagne, pendant les années 1181-1186 (v. st ), sont émanés de Marie de France, voir notre catalogue, nos 524-553. Si quelquefois Henri II y figure, comme dans les nos 555, 356, 558, 342, 343, 348, 349, 350, c'est en second ordre. On peut même remarquer, no 346, qu'en 1186 Henri II n'avait pas encore de sceau. La régence de Marie est mentionnée par Albéric, ap. D. Bouquet, XVIII, 745 DE.

qui altristèrent les premières années du règne de Philippe-Auguste. Soeur consanguine du jeune roi, elle était en même temps sa tante par alliance, puisqu'elle avait pour belie-sœur Adèle de Champagne, sœur d'Henri le Libérai, troisième femme de Louis VII et mère de Philippe. Or, on sait que ce dernier, du vivant même de son père, commença son règne par se brouiller avec sa mère, avec Guillaume, archevêque de Reims, avec Thibaut, comte de Blois, et avec Etienne, comte de Sancerre, ses oncles, en épousant malgré eux, sur le conseil de Philippe, comte de Flandre, Elisabeth, fiile de Baudouin, comte de Hainaut. L'année suivante le comte de Flandre devint d'ami ennemi. On en vint aux armes et, chose singulière, le roi de France eut pour allié, dans cette guerre, l'éternel ennemi de sa couronne, le roi d'Angleterre, heureux de cette diversion qui suspendait, et non à son détriment, les luttes souvent si désastreuses des deux monarchies.

Au début de la guerre du comte de Flandre contre les rois de France et d'Angleterre, Marie se rangea du côté du comte. C'était pour elle une sorte de nécessité politique belle-sœur de l'archevêque de Reims, des comtes de Blois et de Sancerre, qui étaient chefs de parti, elle devait suivre les mêmes errements qu'eux. Mais il paraît que ce fut d'une manière purement morale, nulle part il n'est question des troupes qu'elle aurait envoyées contre le roi. Un contemporain, qui écrivait en France, nous dit formellement que le comte de Flandre avait pour alliés Hugues, duc de Bourgogne, et le comte de Sancerre, que le comte (lisez la comtesse) de Champagne, le comte de Blois et l'archevêque de Reims, gardaient

la neutralité. Seulement, il était évident qu'en refusant leur concours au roi, ils prenaient par cela même parti contre lui (a). Pour se venger de cette abstention, Philippe-Auguste fit une expédition en Champagne et saccagea quelques parties de cette province. Mais cette expédition, qui ne nous est connue que par un historien anglais, paraît avoir eu peu d'importance (b).

Le 4 avril de l'année suivante, 1182, la paix se fit entre le comte de Flandre et le roi de France, par la médiation du roi d'Angleterre, dans une entrevue qui eut lieu en rase campagne, près de Gerberoy. Le duc de Bourgogne et la comtesse de Champagne furent compris dans le traité; mais, comme ils n'étaient pas présents, on réserva qu'ils se trouveraient le dimanche suivant, 11 avril, entre Senlis et Crépy, pour ratifier ce qui avait été convenu (c). Au jour dit, le vieux roi Henri d'Angleterre, PhilippeAuguste, Henri, évêque d'Albano, légat du SaintSiége, un certain nombre d'archevêques, d'évêques, d'abbés et de membres de l'aristocratie féodale arri

(a) Liber III historiæ regum Francorum, apud D. Bouquet, XVII, 425 A.

(b) Radulfus de Diceto, Imagines Historiarum, ap. D. Bouquet, XVII, 619 B. On doit remarquer que cet auteur était contemporain de l'événement. Nous dirons aussi que, dans les Annales aquicinctensis monasterii, ap. D. Bouquet, XVIII, 535 D, il est question de la comtesse de Champague comme alliée au comte de Flandre et faisant la guerre au roi, ce qui est en contradiction avec le Liber III historiæ regum Francorum, cité plus haut.

(c) Geraldus Cambrensis, De Instructione principis, dist. II, 2p. D. Bouquet, XVIII, 133 D-134 A.

vèrent au rendez-vous. Il paraît que le duc de Bourgogne et la comtesse de Champagne étaient représentés par des ambassadeurs. L'envoyé du pape offrit sa médiation et la paix fut conclue (a).

Elle ne dura qu'un an. Le 26 mars 1183, le comte de Flandre perdit Isabelle de Vermandois, sa femme, et prétendit garder le comté de Vermandois, qu'il avait jusque-là détenu du chef d'Isabelle. PhilippeAuguste réclama ce comté qui, faute d'héritier, devait revenir au suzerain. On en vint aux armes, et la guerre dura, sauf quelques intermittences, jusqu'en 1186. Au début, le comte de Flandre, séduisant Marie de France par une promesse de mariage, l'attira dans son parti où paraissent être entrés aussi les trois princes champenois (b); mais, comme il y avait, entre le comte et Marie, parenté, cette union ne pouvait se réaliser sans une dispense du SaintSiége. Le comte de Flandre envoya l'abbé d'Andres à Rome pour la solliciter. L'abbé fit au pape et aux cardinaux les visites d'usage, et il comptait déjà sur le succès quand, tout à coup, des envoyés du comte lui apportèrent l'ordre d'arrêter les négociations et de revenir immédiatement. Quelle était la cause de ce changement? On faisait là-dessus diverses suppositions: quelques-uns disaient que Marie de France avait poussé la passion jusqu'à s'abandonner au comte de Flandre, qui dès lors la méprisait;

(a) Annales aquicinctensis monasterii, ap. D. Bouquet, XVIII, 535 D.

(b) L'entrevue du comte de Flandre et de l'archevêque de Reims à Arras, en 1183, eut, sans doute, rapport à cet affaire, Annales aquicinctensis monasterii, ap. D. Bouquet, XVII,11, n.

suivant d'autres, il songeait à un autre mariage (a), et, en effet, il épousa l'année suivante Thérèse de Portugal. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'après avoir été, avec les comtes de Blois et de Sancerre et le duc de Bourgogne, alliée du comte de Flandre contre Philippe-Auguste, en 1183 (b), Marie de France recouvra les bonnes grâces du roi. Durant la campagne de l'année 1185, le comte de Blois et l'archevêque de Reims, ses beaux-frères, marchent dans les rangs de l'armée royale (c); pendant l'avent 1185, elle reçoit du monarque, à Sens, un excellent accueil dans une assemblée où sont également ses beaux-frères, l'archevêque de Reims, le comte de Blois et le comte de Sancerre, onclés du roi, et le duc de Bourgogne (d). Le 40 mars de l'année suivante, Marie est présente à l'assemblée de Gisors où Philippe-Auguste, le roi d'Angleterre, le comte de Flandre et Marguerite, sœur de Philippe, veuve du jeune Henri d'Angleterre, traitèrent amiablement les questions en litige entre eux (e). Le 19 août suivant, Geofroi, comte de Bretagne, fils d'Eléonore de Guienne et du roi d'Angleterre, par conséquent,

(a) Chronicon andrensis monasterii, ap. D. Bouquet, XVIII, 568 D-569 A. L'auteur de cette chronique date, mais à tort, ces événements de 1185.

(b) Voir une note écrite dans un manuscrit de l'abbaye d'Arouaise et reproduite par Martène, Deuxième Voyage littéraire, p. 61. Cf. Art de vérifier les dates, III, 13.

(c) Rigord, ap. D. Bouquet, XVII, 13 B.

(d) Gislebertus Montensis, Hannoniæ chronicon, ap. D. Bouquet, XVIII, 583 E-384 A.

(e) Raduphus de Diceto, Imagines historiarum, ap. D. Bouquet, XVII, 627 CD.

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