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bulle de Grégoire IX prescrit en général de les excommunier s'ils exécutent ce projet (2239). Dix jours après, des bulles adressées personnellement aux comtes de Bar-le-Duc et de Châlon-sur-Saône et au duc de Lorraine leur font défense de porter à un autre l'hommage qu'ils ont fait à Thibaut (22482250). Au mois de mai, nous trouvons des bulles semblables envoyées à Marguerite de Flandre, dame de Dampierre, aux comtes de Chiny, de Chartres et de Nevers; le pape souhaite à ce dernier l'esprit d'un conseil plus sain (2258-2261). Le 22 avril, le pape fait, à l'évêque de Langres, défense d'accepter l'hommage d'Alix pour les fiefs de Champagne mouvant de son évêché (2246). Le 3 juin, l'évêque et le doyen de Soissons, agissant en vertu des pouvoirs qu'ils ont reçu contre les vassaux rebelles de Thibaut au temps de la guerre contre Erard de Brienne, font citer Simon de Châteauvillain à comparaître devant eux (2268). Le 28 août, les sujets fidèles de notre comte, convoqués par lui, se réunissent en armes à Montéclair (a), avec des vivres pour un mois (2276). La même année, probablement à la suite de cette. convocation, Thibaut fait le siége de Nogent-enBassigny (b), qui appartenait à Renier de Nogent, dont le fils André avait été jadis excommunié pour avoir soutenu le parti d'Erard de Brienne. Il paraît que Nogent succomba, car, en juin 1235, cette petite ville faisait partie du domaine de nos comtes

(a) Montéclair, près d'Andelot, Haute-Marne, arrondissement de Chaumont.

(b) Albéric, ap. D. Bouquet, XXI, 610 G.

(2359), comme plus tard de celui des rois de France, d'où le nom sous lequel elle est connue encore aujourd'hui : Nogent-le-Roi. Ainsi, Alix avait fait contre Thibaut un appel inutile à la force.

L'autorité ecclésiastique ne lui était pas plus favorable, puisqu'au point de vue du droit canon la reine de Chypre était bâtarde comme la femme d'Erard de Brienne. Dès l'année 1219, les prétentions d'Alix sur le comté de Champagne avaient préoccupé la papauté, et Honorius III avait fait rédiger deux bulles contre cette princesse : l'une, datée du 24 juin, était adressée à l'évêque de Châlons-surMarne et aux abbés de Saint-Jean-des-Vignes et de Valsecret dans le cas où la fille aînée du comte Henri viendrait réclamer le comté de Champagne, ces trois prélats devaient la citer à comparaître devant le pontife romain pour faire préalablement juger si elle était enfant légitime (1203). La seconde bulle, sous la date du 29 octobre, invitait PhilippeAuguste à fermer son tribunal à la même Alix, si elle demandait à être mise en possession du comté de Champagne avant la décision pontificale sur cette question de légitimité (1229). Une invitation semblable fut adressée par Honorius III à Louis VIII en 1223 (1566), et par Grégoire IX à Louis IX et à la reine Blanche en 1227 (1777, 1778); et quand Alix fut venue en France, en 1233, Blanche et Louis IX ayant montré des dispositions favorables, dans de certaines limites, aux désirs de cette prétendante, Grégoire IX fit au comte de Flandre, aux évêques de Langres, de Laon, de Châlons-sur-Marne et de Chartres, défense de prendre part à aucun jugement que Louis IX et Blanche voudraient faire

prononcer par la cour des pairs sur la succession de Champagne, avant que le pape n'eût tranché la question de savoir si Alix était enfant légitime (2238, 2243-2245, 2251). Enfin, une décision, rendue la même année par des juges que le pape avait délégués (2241), déclarait Alix excommuniée dans le cas où elle ferait un procès de succession au comte de Champagne avant la sentence pontificale, et étendait celte menace d'excommunication à tous ceux qui recevraient ou jugeraient sa plainte (2285).

Jusqu'en 1233, la bulle du 24 juin 1219 (1203) était restée sans exécution, puisque Alix n'avait pas quitté l'Orient. Grégoire IX, renouvelant cette bulle en 1227 (1786), s'était, par la même raison, donné une peine inutile; mais les choses se passèrent autrement quand, le 17 avril 1233, prescrivant pour la seconde fois l'exécution des ordres de son prédécesseur, il chargea les abbés de Saint-Jean-des-Vignes, Chezy et Valsecret de faire citer Alix à comparaître devant lui (2241). Le 30 juillet suivant, Jean, abbé de Nesle, délégué par les trois prélats (2272), trouvait Alix à l'abbaye de Saint-Severin de ChâteauLandon (a), et lui signifiait la citation; le jour fixé à la reine de Chypre pour comparaître en cour de Rome était le 3 février 1234 (2274). Elle savait bien comment son affaire serait jugée; aussi fit-elle défaut; et, le 3 août suivant, le pape donnait de nouveau l'ordre de l'assigner (2308).

En même temps, Grégoire, recommençant de tout point contre Alix la procédure entamée autrefois

(a) Château-Landon, Seine-et-Marne, arrondissement de Fontainebleau, chef-lieu de canton.

contre Philippine, sa sœur, ordonnait une double enquête sur la question de savoir s'il était vrai que le comte Henri II, partant pour la Terre-Sainte, eût désigné comme successeur son frère Thibaut III (2240, 2247).

L'exemple d'Erard de Brienne était trop récent pour n'être pas présent à tous les esprits; aussi était-il évident qu'Alix ne pouvait élever sur le comté de Champagne aucune prétention sérieuse; elle ne pouvait songer qu'à obtenir une indemnité pécuniaire analogue à celle qu'avait reçue Erard; le seul point qu'il fût possible de discuter était la question de chiffre, car Alix était l'aînée de Philippine, et n'avait pas compromis sa position en luttant personnellement à main armée contre l'autorité du roi et contre celle de l'Eglise. Une sentence des juges délégués par le pape l'avait menacée d'excommunication pour le cas où elle ferait la guerre à Thibaut (2285). Mais il n'y avait là rien que de comminatoire; sa participation à l'insurrection dont nous avons parlé n'était pas judiciairement constatée, aucun jugement n'avait prononcé contre elle une peine quelconque.

Des négociations commencèrent entre elle et notre comte. Après de longs pourparlers, ce dernier offrit 8,000 livres de rente et autant une fois payées. Le comte de Boulogne, qui n'avait point pardonné à Thibaut et qu'Alix avait pris pour conseiller, fit rejeter cette offre; il comptait bien obtenir davantage: mais, sur ces entrefaits, il mourut (a). On

(a) Chronique de Baudoin d'Avesnes, ap. D. Bouquet, XXI, 162 EF.

répandit le bruit qu'il avait été empoisonné, et la malignité publique en accusa le comte de Champagne (a); il paraît, au contraire, que Philippe fut tué d'un coup de lance par l'effet d'une vengeance à laquelle notre comte était complètement étranger (b).

Quoi qu'il en soit, Thibaut en profita. Alix n'avait plus personne pour la soutenir. Le comte de Nevers, qui avait pris, comme Philippe, son parti contre Thibaut, était réconcilié avec ce dernier et le donnait pour caution à ses créanciers (2296, 2299). L'archevêque de Lyon, Robert, autre ennemi de Thibaut, était décédé le 6 janvier (c). Le 5 mars, Robert III, comte de Dreux, avait eu le même sort (d). Au mois d'avril, le duc de Bourgogne qui, malgré l'invitation du roi, avait précédemment refusé de s'engager à rester en paix avec Thibaut, avait été contraint de faire réparation au monarque français (e). Enfin notre comte venait d'hériter du trône de Navarre et allait rentrer en Champagne plus puissant que jamais.

Alix accepta les offres des représentants que ce prince, alors en Espagne, avait laissés en France et qui étaient au nombre de sept: Archambaud de

(a) Voir la même chronique, ibidem, celle de l'abbaye d'Andres, ap. D. Bouquet, XVIII, 583 C; et Philippe Mousket, vers 28128-28135, 29193-29195, édit. Reiffenberg, II, 582, 619.

(b) Chron. rimée de Hollande, citée dans l'Art de vérifier les dates, II, 767.

(c) Gall. Christ. nov., IV, 140 CD; Albéric, ap. D. Bouquet, XXI, 612 D.

(d) Albéric, ap. D. Bouquet, XXI, 612 D.

(e) Tillemont, II, 228.

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