Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

constatés par une lettre d'Adam, abbé de Perseigne, qui, sur sa demande, lui envoie ses sermons. Plusieurs auteurs ont déjà fait une remarque, c'est que ces sermons étaient rédigés en latin et que l'abbé exprime la crainte de ne pouvoir pour cette raison être compris par la comtesse sans une traduction que redoute son amour propre d'écrivain (a).

reuse de Jean de Brienne, et Philippe-Auguste de Blanche, d'où jalousie de Philippe-Auguste, et cette jalousie serait la cause qui aurait fait désigner par Philippe-Auguste Jean de Brienne aux députés des barons du royaume de Jérusalem en quête d'un souverain. (L'Estoire de Eracles, empereur, livre, XXX, chap., XIII, ap. Hist. occ. des Croisades, II, 307.) Il va sans dire que cette anecdote ne mérite aucune confiance.

(a) Martène, Ampliss. coll., 1, 1025-1028. Sur Adam, abbé I, de Perseigne, voir l'Hist. litt. de la France, XVI, 437-447, et le Gall. Christ., XIV, 519-521.

Thomas de Cantimpré nous apprend que la comtesse Marie avait appelé à son lit de mort Adam de Perseigne (1197); malheureusement cet abbé était arrivé trop tard, et quand déjà les domestiques de Marie vendaient son mobilier. Nous devons cette indication à M. Hauréau; Gall. Christ,, XIV, 520 A.

CHAPITRE II.

Depuis la majorité de Thibaut IV jusqu'à son avènement au trône de Navarre.

1222-1234

Thibaut devint majeur à la fin de mai 1222. 11 avait été armé chevalier quelque temps auparavant. Le jour de la Pentecôte, Philippe, comte de Boulogne, bâtard légitimé du roi Philippe-Auguste et d'Agnès de Méranie, et un grand nombre d'autres jeunes nobles, avaient, en même temps que lui, été solennellement ceints du ceinturon des chevaliers à Etampes, de la main du roi Philippe-Auguste (a). En 1222, la Pentecôte tombait le 22 mai; c'est du 30 de ce mois qu'est daté le premier acte qui nous montre Thibaut sorti de tutelle et administrant sans

(a) Albéric, ap. D. Bouquet, XVIII, 792 A; Philippe Mousket, vers 23411-23426 (édit. Reiffenberg, II, 416-417). - Albéric se trompe quand il place après cette cérémonie le mariage de Thibaut avec Gertrude de Dabo, qui est antérieur de deux ans. Sur les cérémonies avec lesquelles on armait un chevalier, voir Du Cange, au mot Miles, édit. Henschel, IV, p. 397 et suivantes; Boutaric, Institutions militaires de la France, p. 183 et suivantes. L'élévation du suzerain à la chevalerie donnait lieu à la levée d'une aide, auxilium pro militia domini (Du Cange, édit. Henschel, I, 512). Deux actes de notre Catalogue paraissent se rapporter à cette aide : le n° 1422, qui nous apprend que le 31 mai

[ocr errors]

le contrôle ni le concours de sa mère; mais nous ne parlerons pas ici de l'administration de ce prince. Ses relations avec le roi de France, son suzerain, et avec les autres grands barons de France suffiront pour occuper dans ce chapitre l'attention de notre

lecteur.

Philippe-Auguste survécut peu à la majorité de Thibaut; il mourut le 14 juillet 1223, et Louis VIII lui succéda. L'année suivante, le nouveau roi reprit les armes contre Henri III, roi d'Angleterre; Thibaut fit partie de l'expédition qui commença au mois de juin 1224 (a). Les principaux événements de cette campagne furent la prise de Niort et de Saint-Jeand'Angély, et le siége de La Rochelle. Les deux premières places cédèrent très-rapidement, car Louis, qui se trouvait à Tours le 24 juin (b), était maître de Niort le 5 juillet, et il avait le 15 atteint les murs de La Rochelle (c). Les évêques lui conseillaient l'at

1222, les Juifs de Champagne s'engagèrent à payer 70,000 livres et le no 1467 où, sous la date de février 1223, nous voyons Thibaut reconnaître qu'il a reçu 1,500 livres des hommes de Châblis.

(a) Gesta Ludovici VIII, ap. D. Bouquet, XVII, 304 D; Chroniques de Saint-Denis, ibid., 419 B; Chronicon Turonense, ap. D. Bouquet, XVIII, 303 B; Tillemont, Vie de saint Louis, I, 333.

(b) Chronicon Turonense, ap. D. Bouquet, XVIII, 305 B.

(c) Suivant le Gesta Ludovici VIII (D. Bouquet, XVII, 305 D) et le Chronicon Turonense (D. Bouquet, XVIII, 305 C), ce siége aurait commencé le 13 août, cette indication erronée tient à à une faute de copiste signalée par les savants éditeurs et précédemment démontrée par Tillemont, I, 335.

taque, les barons étaient d'un avis différent (a) : une partie de ces derniers voulaient se retirer, parce que sans doute les quarante jours de service militaire qu'ils devaient comme vassaux à leur suzerain étaient expirés; mais ils ne l'emportérent point dans les conseils du roi. Il serait difficile de dire quelle opinion avait soutenu Thibaut: tout ce que nous savons, c'est qu'il resta dans l'armée royale pendant le siége et qu'il prit même, sous la foi du serment, l'engagement de ne pas quitter Louis VIII avant la reddition de la ville; mais Louis, par une charte qui existe encore, reconnut que, si notre comte avait agi ainsi, c'était pour donner au monarque français une marque d'affection et non pour faire acte d'obéissance, et qu'on ne pourrait pas à l'avenir exiger de lui, sous prétexte de coutume, la prolongation de service qu'il avait bénévolement accordée (1637).

Les Rochellois, après s'être défendu pendant dixhuit jours, ouvrirent leurs portes le 3 août. Pour s'assurer leur fidélité, Louis VIII leur accorda ou leur confirma, par une charte, divers priviléges; et, comme la dignité royale s'opposait à ce qu'il jurât l'observation de cette charte, il fit jurer pour lui plusieurs seigneurs, entre autres le comte de Champagne (b). La soumission des Rochellois eut pour conséquence celle de tous les barons des pays situés au nord de la Garonne (c), 1224.

(a) Chronicon Turonense, ap. D. Bouquet, XVIII, 305 C. (b) Tillemont, I, 339, indique cet acte qu'il date du mois. d'août 1224.

(c) Gesta Ludovici VIII, ap. D. Bouquet, XVII, 306 A;

Ces conquêtes furent complétées l'année suivante par une autre expédition qui rendit les Français maîtres de Limeuil et de Bergerac, et l'on ne peut savoir ce qui serait resté de possessions aux Anglais sur le sol de la France, si la belliqueuse ardeur de Louis VIII n'eût changé d'objet.

La croisade entreprise contre les Albigeois, pour rétablir l'autorité de l'Eglise dans le midi de la France, était depuis plusieurs années la constante préoccupation du Saint-Siège. Après la mort de Simon de Montfort (25 juin 1218), le comte de Toulouse, Raimond VI, presque entièrement dépouillé par les armes de Simon, avait reconquis une grande partie de ses domaines. Amauri de Montfort, fils de Simon, avait fait d'inutiles efforts pour résister à Raimond, et les représentants de l'autorité pontificale en France avaient d'abord cherché en vain, pour l'armée de l'église, un chef plus capable et plus puissant.

Dès l'année 1218, le légat Conrad avait exprimé à Blanche de Navarre le désir de confier à Thibaut le commandement de cette armée. Nous possédons encore une lettre curieuse écrite à ce sujet par Philippe-Auguste à Thibaut. Ce dernier avait envoyé Lambert Bouchu demander le consentement du roi : « Nous voulons votre intérêt et >> votre honneur,» répondit Philippe; « si vos gens >> et votre conseil sont d'avis que vous vous mêliez >> de cette affaire, cela ne nous déplaira point, pourvu » que vous ne vous mettiez pas dans l'impossibilité

Chronicon Turonense, ap. D. Bouquet, XVIII, 305 DE; Tillemont, I, 336-341.

« VorigeDoorgaan »