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troupes demandées au comte de Champagne étaient arrivées. Le comte de Namur en plaça une partie à Bouine, il en avait le droit, mais il mit les autres à Durbuy, ce qui était contraire au traité. En conséquence, le comte de Hainaut, considérant le traité comme non avenu, garda Namur; puis il marcha sur Bouine. Dans ce château se trouvaient, outre les chevaliers envoyés par le comte de Champagne, un certain nombre de chevaliers et de sergents du comte de Namur. A cette garnison se joignirent les habitants de la ville, qui étaient fort bien exercés au métier des armes. On était alors au mois d'août 1188; les assiégés, qui comptaient sur un secours prochain du comte de Champagne, faisaient bonne contenance; mais Henri II était toujours à l'armée du roi de France, il ne put venir. On fit approcher d'une courtine un mangonneau qui fit brèche; ils ne cédèrent point. Mais, quand ils virent un pierrier commencer l'attaque de la tour voisine, ils capitulèrent et rendirent la place, moyennant la liberté, qu'ils obtinrent, de rentrer en paix chacun chez soi. Le siége avait duré quinze jours.

Pendant ce temps, le comte de Champagne avait quitté l'armée du roi de France, il voulait aller au secours du comte de Namur. Philippe - Auguste, mécontent de voir ce départ affaiblir ses forces, fit retomber sa colère sur le comte de Hainaut; et, au moment de la prise de Bouine, ce dernier reçut un exprès qui l'invitait à se rendre à la cour du roi; il obtempéra à cet ordre et fut très-mal reçu; ce qui, pendant son absence, n'empêcha pas ses chevaliers de continuer la conquête du comté de Na

mur (a). Mais la trève qui, le 18 novembre 1188, fut conclue entre les rois de France et d'Angleterre, remplit d'inquiétudes le comte de Hainaut. PhilippeAuguste, qui était oncle d'Henri II, Richard, fils du roi d'Angleterre, grand amateur d'aventures, et les autres parents et amis du comte de Champagne, promirent à ce jeune prince de mettre à sa disposition, contre le comte de Hainaut, leurs forces désormais inoccupées. Le comte de Champagne était, à lui seul, un adversaire redoutable, et, dans la guerre qui se préparait, il devait avoir, dans les rangs de son armée, plusieurs barons attachés à lui par les liens de la vassalité, et que jusque-là le comte de Hainaut avait eus pour auxiliaires; tels étaient : Manassés, comte de Rethel; Robert de Pierrepont; Geofroi de Balan; Nicolas de Rumigny. Cependant la saison était bien avancée, on ne fit aucun mou-vement de troupes important, on négocia. Après d'inutiles efforts, pour obtenir l'appui du comte de Flandre, le comte de Hainaut envoya un ambassadeur au roi de France. Quand cet ambassadeur obtint audience, le comte de Champagne se trouvait dans la pièce où Philippe-Auguste le reçut. L'ambassadeur demanda au roi un entretien sans témoins. Philippe lui répondit d'un air sévère : « Je ne veux » écouter rien que le comte de Champagne ne » puisse entendre. » L'envoyé chercha à se faire

(a) Gislebertus Montensis, ap. D. Bouquet, XVIII, 393-294. Annales aquicinctensis monasterii, ap. D. Bouquet, XVIII, 540 DE. Chronicon anonymi laudunensis canonici, ap. D. Bouquet, XVIII,

comprendre à mots couverts, mais il n'obtint que des paroles fort peu bienveillantes.

De son côté, le comte de Champagne vint, sans armes, trouver le comte de Namur qui, avec l'assentiment d'Henri II, engagea une partie de ses états à Godefroi, duc de Brabant, moyennant une somme de cinq mille marcs d'argent. Vers le même temps, Henri envoya, à l'empereur et au roi des Romains, Pierre, évêque de Toul, pour demander la révocation des lettres patentes qui, au commencement de l'année, avaient confirmé la donation des comtés de Namur et de Luxembourg au comte de Hainaut, et pour solliciter des lettres semblables en faveur du comte de Champagne. L'évêque de Toul offrit d'acheter, moyennant cinq mille marcs d'argent, les bonnes grâces de l'empereur; il aurait payé celles du roi des Romains une somme égale, aurait donné mille marcs à la reine et deux mille deux cents marcs à partager entre les conseillers de l'Empereur, total : treize mille deux cents marcs, c'est-à-dire environ 700,000 francs, au pouvoir d'à peu près 4,000,000 de notre monnaie. Dans l'hypothèse où l'empereur, abandonnant le comte de Hainaut, aurait refusé de se prononcer pour le comte de Champagne et serait demeuré neutre, l'évêque de Toul réduisait ses offres de moitié. Sur ces entrefaites, arrivèrent à la cour de l'empereur les ambassadeurs du comte de Hainaut qui offrirent pour toutes choses quinze cent cinquante marcs; l'empereur les accepta et envoya à l'évêque de Toul ses passeports, 8 novembre 1188(a).

(a) Gislebertus Montensis, ap. D. Bouquet, XVIII, 395-396.

Pour faire valoir ses prétentions, Henri II n'avait plus d'autre voie que celle des armes; le seul allié sur lequel il pût compter sérieusement était le duc de Brabant, auquel le voisinage et le prêt qu'il avait fait donnait un intérêt dans la guerre. Au printemps de l'année 1189, il mit son armée en mouvement, et les habitants du comté de Namur s'attendaient à le voir arriver, mais il ne parut pas; il fut sans doute obligé de se rendre à l'armée du roi de France, toujours en lutte avec le roi d'Angleterre. La mort de ce dernier, qui eut lieu le 6 juillet 1189, amena la paix entre les deux monarchies. Philippe, voulant réconcilier aussi son neveu et son beaupère, invita le comte de Champagne et le comte de Hainaut à se trouver près de lui dans une assemblée qui se tint à Pontoise, au mois d'août, et là il proposa une transaction. Le comte de Hainaut aurait eu Namur et les dépendances, le comte de Champagne La Roche et Durbuy; et le Luxembourg restait à la disposition de l'empereur. Henri II était représenté par ses oncles Thibaut, comte de Blois, et Guillaume, archevêque de Reims, qui donnèrent en son nom leur assentiment; mais lui ne voulut pas accorder sa ratification et, au mois de septembre, il mit de nouveau des troupes en marche. On croyait qu'il allait enfin attaquer le comte de Hainaut; mais de nouveaux obstacles l'empêchèrent d'aller rejoindre son allié, le duc de Brabant, qui, au mois d'octobre, fit sa paix avec le comte de Hai

naut.

L'année suivante, notre comte partit pour la croisade. Ses projets sur le comté de Namur semblaient abandonnés, il devait même bientôt, oubliant

Ermesende, épouser une autre héritière. Cependant, en se mettant en route pour Jérusalem, il ne renvoya pas sa fiancée au comte de Namur, et les gardiens auxquels il avait confié cette pauvre enfant tardèrent encore longtemps à s'en dessaisir (a). Ermesende eut, de la succession de son père, le comté de Luxembourg, La Roche et Durbuy, qu'elle apporta successivement en dot à Thibaut, comte de Bar-le-Duc, et à Waleran, marquis d'Arlon (b).

(a) Gislebertus Montensis, ap. D. Bouquet, XVIII, 405 C. Un des obstacles qui empêchèrent Henri II de faire la guerre au comte de Hainaut, semble avoir été une guerre qu'il eut avec Hugues III, seigneur de Broyes, l'un de ses vassaux, et sur laquelle nous n'avons pas de détails. Nous savons seulement qu'il prit Broyes Albéric, ap. D. Bouquet, XVIII, 751 C; cf. Duchesne, Hist. de la maison de Broyes, p. 23.

(b) Art de vérifier les dates, III, 112.

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