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1222 (1345). Blanche obtint une prolongation de délai (1360); une première assignation fut faite le 17 avril 1222 (1403); mais cette affaire ne fut complètement terminée qu'au mois d'août 1227 (1779). Les agents chargés par la comtesse et le comte du choix des immeubles paraissent s'être attachés à donner à Erard une foule de petites propriétés éparses et trop éloignées les unes des autres pour pouvoir servir de fondement à une puissance politique ou militaire. Ce qu'Erard paraît avoir obtenu de plus important, c'est la prévôté d'Herbisse avec ses dépendances (1403, 1436, 1508, 1611), ce sont les seigneuries de Saint-Mards-en-Othe, de Marayeen-Othe et de Villeneuve-au-Chemin (1403, 1557, 1588, 1779). Erard vendit à Thibaut IV Herbisse et les dépendances pour 2,500 livres (1738); il céda à sa cousine Hélissende, fille de Hugues, comte de Rethel et de Félicité de Broyes, Saint-Mards-en-Othe et Maraye-en-Othe, en échange de la moitié de Ramerupt (1766) des quatre fiefs dont nous venons de parler, il ne conserva que Villeneuve-au-Che

min.

La soumission d'Erard de Chassenay suivit de près celle d'Erard de Brienne, et, deux ans plus tard, Milon de Noyers lui-même devait faire hommage lige à Thibaut (1589).

Le traité par lequel Erard et Philippine renoncérent à leurs prétentions sur le comté de Champagne est antérieur de quelques mois au terme de la régence de Blanche, et ce succès obtenu par une femme fait un égal honneur à son intelligence et à son énergique activité.

En même temps qu'elle sauvait l'héritage de son

fils, elle s'occupait de grandir, par un mariage avantageux, la position qu'elle lui avait conservée.

La première femme à laquelle elle paraît avoir songé pour lui fut Marguerite, sœur d'Alexandre II, roi d'Ecosse. Cette union semblait décidée au mois d'août 1219. Thibaut avait alors 18 ans. Sa future devait lui apporter en dot 12,000 marcs d'argent, au pouvoir d'environ trois millions; elle devait arriver en France, au plus tard, le 30 novembre (1221). Elle ne vint pas, et à sa place Thibaut épousa Gertrude, comtesse de Metz et de Dabo (a), veuve du duc de Lorraine, qui avait été assiégé et pris au château d'Amance par les armées combinées de Blanche et de l'empereur Frédéric II, en 1218. Ce mariage paraît avoir eu lieu au mois de mai 1220 (1273).

Gertrude était, dit-on, veuve depuis le mois de mars (b); sa première union remontait à septembre 1206 (c), et si l'on suppose qu'à cette époque elle avait au moins douze ans, il en résulte qu'au mois

(a) Dabo ou Dagsbourg, Meurthe, arrondissement de Sarrebourg, canton de Phalsbourg.

(b) Art de vérifier les dates, III, 48; Huillard-Bréholles, Hist. diplomatica Friderici II, introduction, p. 272. Cette indication de mois n'est donnée ni par Dom Calmet, Hist. de Lorraine, 1re édit., II, 219; ni par M. Digot, Hist. de Lorraine, II, 46; ni par Albéric, ap. Dom Bouquet, XVIII, 790 E; ni par le Chronicon Leodiense, ibid., 635 C. Ces deux derniers documents datent de l'année 1220 la mort de Thiébaut Ier, duc de Lorraine; mais peut-être pourrait-on dire que, cette année devant commencer à Pâques, c'est-à-dire au 29 mars, suivant l'usage de France, Thiébaut serait mort, au plus tôt, ce jour : argument peu concluant.

(c) Le traité de mariage a été publié par Dom Calmet, Hist. de Lorraine, 1re édit., II, p. 417.

de mai 1220 elle devait avoir atteint sa vingt-sixième année, au moins; elle était, par conséquent, de six ans au moins plus âgée que le comte de Champagne, qui dut entrer dans sa vingtième année le 30 mai 1220. Mais elle avait, de son premier mari, un douaire important : les deux châtellenies de Nancy, aujourd'hui chef-lieu du département de la Meurthe, et de Gondreville (a) (1273); elle y joignit les comtés de Metz et de Dabo, qui lui appartenaient par droit héréditaire (b). Nous ne saurions déterminer la nature des droits qu'elle avait sur la ville de Metz, en face d'une bourgeoisie privilégiée et d'évêques puissants, bien que la grande puissance des évêques de Metz soit postérieure à l'extinction de la maison de Dabo (c). Mais, en dehors de Metz, son autorité s'étendait sur des domaines considérables, parmi lesquels nous remarquerons, dans le département de la Meurthe, Sarrebourg, aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement, et le village de Turquestein (d); dans le département de la Moselle, Sarralbe, aujourd'hui chef-lieu de canton (e); dans le Bas-Rhin, le château de Bernstein (f), et dans le diocèse de Liége, Moha,

(a) Gondreville, Meurthe, arrondissement et canton de Toul. (b) Chronicon Senoniensis abbatiæ, ap. D. Bouquet, XVIII, 695.

(c) Sur l'histoire de la maison de Dabo, voir Dom Calmet, Notice de la Lorraine, 2 édit., I, 265.

(d) Turquestein, Meurthe, arrondissement de Sarrebourg, canton de Lorquin.

(e) Sarralbe, Moselle, arrondissement de Sarreguemines.

(f) Bernstein, Bas-Rhin, arrondissement de Schlestadt, canton de Bar, commune de Dambach.

qui, dans les documents contemporains, porte le nom de comté (a). Thibaut prit possession de ces domaines. Nous savons notamment qu'il fit hommage à Hugues, évêque de Liége, pour le comté de Moha (b); qu'il confirma la fondation de l'abbaye du Val-Notre-Dame par Albert, comte de Dabo, père de Gertrude (1326); et que le duc de Lorraine prit l'engagement de lui remettre tous les titres concernant les biens héréditaires de Gertrude, soit que ces titres fussent des lettres émanées d'Othon IV, de Frédéric II, son concurrent, de l'évêque de Metz, ou de toute autre personne, soit qu'ils concernassent le comté de Metz, le comté de Dabo ou tout autre domaine (1273).

:

Cette magnifique acquisition était grevée de charges le duc Thiébaut avait laissé des dettes. Celles qu'il avait contractées envers des habitants du comté de Dabo furent mises à la charge du comté de Cham pagne. Quant aux autres sommes que devait Thiébaut, Mathieu, duc de Lorraine, en devint débiteur, sauf la moitié des créances qu'avaient sur Thiébaut les bourgeois de Metz. Cette moitié fut mise au compte de Gertrude de Dabo, et son mari promit de la payer (1290).

Mais ces charges étaient peu considérables relativement aux avantages que Blanche retira de ce ma

(a) Gislebertus Montensis, et Chronicon Leodiense, ap. D. Bouquet, XVIII, 418 A B, 619 BE. Sur l'étendue des possessions de la maison de Dabo, voir le Chronicon Senoniensis abbatiæ, ap. D. Bouquet, XVIII, 695-696, et Digot, Hist. de Lorraine, II, 52. (b) Chronicon Leodiense, ap., D. Bouquet, XVIII, 635 C. Moha, Belgique, province de Liège, arrondissement de Huy, canton de Héron.

riage; il subordonnait à l'influence de la comtesse de Champagne le duché de Lorraine, trop éloigné de Frédéric II pour lui être sérieusement soumis, et où le duc de Lorraine avait trop d'embarras pour repousser le patronage d'un voisin puissant. Mathieu, en effet, avait alors à lutter à la fois contre Agnès de Bar, sa mère, et contre plusieurs seigneurs lorrains que la guerre put seule désarmer (a). Agnès ne prit pas les armes; elle consentit même à faire, au profit de Gertrude, l'abandon de son droit de douaire sur Nancy (1274, 1275); mais elle se fit évidemment indemniser, quoique les historiens lorrains ignorent ce qu'elle reçut en échange. Mathieu dut prendre l'engagement solennel de ne se porter contre sa mère à aucun acte de violence; Blanche et son fils en furent caution (1276). Ces derniers profitèrent de la situation pour exiger de Mathieu un un hommage lige (b): Mathieu jura de leur venir en aide contre les filles du comte Henri et contre toute créature, le roi des Romains seul excepté; il abandonna à Blanche et à Thibaut la mouvance de Gondrecourt et de la châtellenie tenus de son prédéces

(a) Digot, Hist. de Lorraine. II, 49-54.; Dom Calmet, II, 225.

(b) Nous avons déjà plus haut fait observer qu'au temps d'Henrile-Libéral, le due de Lorraine devait hommage au comte de Champagne (voir plus haut, p. 155). Mais cet hommage n'était point lige. L'hommage fait par Thiébaut Ier, sous les murs d'Amance, ne l'était pas d'avantage, car, dans l'acte qui nous a été conservé, Thiébaut se réfère aux engagements pris par ses prédécesseurs : Eyo redii ad fidelitatem quam debebam dictis comitissæ et filio ejus, de servitio scilicet et justicia quæ prædecessores mei comitibus Campania debuerunt (1117).

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