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Pâques, 22 avril (1105); il n'était pas possible d'exécuter plus rigoureusement la prescription des deux conciles précités, qui défendait tout acte de guerre de la Quinquagésime à l'octave de Pâques (a). Mais malgré l'observation ponctuelle de ces vieux règlements, Erard persistait à ne pas tenir compte des injonctions qui lui étaient personnellement adressées; il multipliait les subterfuges pour contester la validité des actes de la procédure dirigée contre lui.

Quand toutefois eut été publiée la bulle du pape qui excommuniait et lui et ses partisans, l'hésitation et le doute se répandirent dans les rangs de ses alliés. Blanche jugea que pour elle le moment de l'action décisive était venu.

Le plus redoutable des adhérents d'Erard était Thiébaut Ier, duc de Lorraine, qui avait été jusquelà contenu par Henri II, comte de Bar-le-Duc. Ce dernier avait, à la bataille de Bouvines, marché dans les rangs de l'armée de Philippe-Auguste, et pendant cette journée glorieuse, il avait combattu vaillamment; il était un des adversaires déclarés de ce parti d'Othon qui avait pour champion principal le duc de Lorraine, et dont les intérêts s'étaieut associés aux intérêts d'Erard de Brienne. En 1216, il avait fait épouser une de ses sœurs à Hugues de Châtillon, fils de Gaucher, comte de Saint-Pol (1017), bouteiller de Champagne, un des fidèles et zélés vassaux de Blanche (946, 1137); et dès cette année, il avait pris les armes contre le duc

(a) Voir les canons cités dans la note précédente.

de Lorraine. Après le premier arrêt de la cour des pairs et des barons de France, Philippe-Auguste avait dû notifier au comte de Bar et au duc de Lorraine la trève conclue en conséquence entre Erard de Brienne et Blanche; cette signification est datée du mois d'octobre 1216 (1022). Dans le traité par lequel fut conclue la trève du 5 décembre 1217, le comte de Bar-le-Duc fut l'arbitre désigné par Blanche pour juger, de concert avec Erard de Chassenay, arbitre désigné par Erard de Brienne, les contestations relatives à l'exécution de cette trève (1095). Le duc de Lorraine fut nominativement compris dans la trève du 24 février 1218 (1105). En même temps, par représailles des actes d'hostilités commis par lui, les biens possédés à Bar-sur-Aube par Bernefrid de Neufchâteau, son sujet, étaient saisis par Blanche (1160). Et, pour s'assurer les moyens d'aller attaquer le duc jusque dans ses états, la veuve de Thibaut III obtenait d'Aubert de Darney (Vosges), un des vassaux de Thiébaut (931), l'engagement de prendre parti contre Erard de Brienne et contre les adhérents d'Erard, et de recevoir dans son château de Darney les troupes du comte et de la comtesse de Champagne (1053). Nous ne pouvons pas donner, avec certitude, des indications plus complètes sur la part prise à la guerre par le duc de Lorraine et le comte de Bar jusqu'à l'époque où nous sommes parvenus; on peut toutefois supposer que c'est à cette guerre que se rapportent les travaux faits par ordre du comte de Bar aux fortifications du chàteau de Foug, en 1218 (a).

(a) Foug, Meurthe, arrondissement et canton de Toul.--Albéric, ap. D. Bouquet, XVIII, 788 A.

La même année, après l'expiration de la trève, 22 avril, les circonstances les plus favorables pour Blanche se présentèrent et invitèrent notre comtesse à porter de ce côté son principal effort. Le duc de Lorraine, qui s'était momentanément réconcilié avec Frédéric II, après la bataille de Bouvines, avait depuis, par une imprudente attaque contre la ville de Rosheim, soulevé contre lui la colère de ce prince, qui venait d'envahir la Lorraine et tenait ce vassal rebelle assiégé dans le château d'Amance (a). Blanche, prévenue par l'empereur, se mit elle-même à la tête de ses troupes, qu'elle avait rassemblées et approvisionnées à Wassy (b), et prit la route de Lorraine; le duc de Bourgogne l'accompagnait. Après avoir fait sa jonction avec le comte de Bar-le-Duc, elle marcha sur Nancy, où elle passa la nuit, et que le lendemain matin elle livra aux flammes (c), puis elle arriva avec ses deux alliés au camp impérial (d). Le duc de Lorraine reconnut que toute résistance

(a) Amance, Meurthe, arrondissement et canton de Nancy. Le château d'Amance s'élevait sur un monticule isolé qui domine le village actuel, situé lui-même au sommet d'une colline escarpée. C'était un octogone irrégulier dont chacun des angles était défendu par une grosse tour, et au centre duquel se dressait un donjon. Digot, Hist. de Lorraine, II, 34.

(b) Le compte de l'année 1219, publié par M. Bourquelot, parle des vivres envoyés à l'armée de Wassy, Fragments de comptes du XIIIe siècle, page 14 du tirage à part.

(c) Suivant le chroniqueur Erard, cité par M. Digot, Hist. de Lorraine, II, 35, ce serait le duc de Lorraine qui aurait fait brûler Nancy. Erard était chambellan de ce prince.

(d) C'est par anticipation que nous donnons le titre d'Empereur à Frédéric II. Ce prince, roi des Romains depuis 1212, ne fut cou

était inutile, sortit du château sans armes, se jeta aux pieds de Frédéric et lui demanda grâce (a). C'était le neuvième jour depuis que la trève avait pris fin; c'était le 1er juin. Frédéric accepta les promesses de soumission que lui fit le duc; mais une des conditions qu'il lui imposa fut une paix aussi humiliante pour ce haut feudataire de l'empire que glorieuse pour Blanche. Frédéric jouait avec orgueil le rôle de protecteur à l'égard de la comtesse de Champagne, qui tenait de lui quelques fiefs; on se rappelle que Henri Ier avait mis neuf châteaux de Champagne dans la mouvance de l'empire (b).

Le duc de Lorraine promit à Blanche une indemnité pécuniaire (c) et se reconnut son vassal, comme les ducs, ses prédécesseurs, l'avaient été des comtes de Champagne (d). Il s'engagea par serment, non

ronné empereur qu'en 1220. Huillard - Bréholles, Hist. dipl. Friderici secundi, Introduction, p. 48.

(a) Chronicon Senoniensis abbatiæ, ap. D. Bouquet, XVIII, 694, Huillard-Bréholles, Historia diplomatica Friderici secundi, Introduction, page 270-271. Suivant les Mémoires de Bar, cités par Digot, Hist. de Lorraine, II, 36, Amance aurait été pris d'assaut.

(b) Voir notre tome III, p. 62-63; Huillard-Bréholles, Historia diplomatica Friderici secundi, Introduction, p. 269.

(c) Ce fait, non mentionné dans les actes que nous avons conservés, nous est certifié par le chroniqueur lorrain, Erard. Voir Jean Cayon, Chronique de Richer, p. 116, note.

(d) Suivant M. Digot, Hist. de Lorraine, II, 37, les prédécesseurs de ce duc de Lorraine n'auraient pas été vassaux des comtes de Champagne. Mais il est établi par le Premier livre des vassaux de Champagne, art. 23 de notre édition (voir notre tome II, p. IV), que, dès le temps d'Henri Ier, comte de Champagne, le duc de Lorraine était vassal de Champagne pour un fief mouvant de

seulement à quitter l'alliance d'Erard, mais à venir en aide à Blanche et à Thibaut contre Erard, contre Philippine, contre les héritiers d'Henri II, comte de Champagne, et contre leurs partisans. Comme garantie de sa fidélité, il promit de mettre pour cinq ans, entre les mains de la comtesse de Champagne et de son fils, les fiefs tenus des ducs de Lorraine par le comte de Bar et le seigneur de La Fauche (a); il s'obligea à livrer, pour le même temps, au duc de Bourgogne, le château de Châtenois (b). Les difficultés auxquelles pouvait donner lieu l'exécution de ce traité devaient être jugées par un tribunal composé de deux arbitres. L'arbitre désigné par Blanche fut Jean d'Arcis, un de ses vassaux fidèles, comme on l'a vu plus haut (945). Le duc de Lorraine choisit pour arbitre le duc de Bourgogne, qui était son oncle; et prévoyant l'absence ou la possibilité de la mort prochaine de ce dernier, qui était croisé, il lui donna pour suppléant André d'Epoisses, baron bourguignon, l'un des partisans excommuniés d'Erard de Brienne (1068). Dans le cas où les deux arbitres n'auraient pu s'entendre, le tiers-arbitre devait être Robert, évêque de Clermont (1117-1120).

Robert d'Auvergne, évêque de Clermont, depuis archevêque de Lyon, était frère de Gui II, comte d'Auvergne, avec qui il avait été plusieurs fois en

Vitry. Les ducs de Lorraine, contemporains d'Henri Ier, étaient Mathieu Ier et Simon II.

(a) Hugues II de La Fauche, dont il s'agit ici, était seigneur de La Fauche, Haute-Marne, arrondissement de Chaumont, canton de Saint-Blin. Sur lui, voir Jolibois, La Haute-Marne, p. 286.

(b) Châtenois, Vosges, arrondissement de Neufchâteau, cheflieu de canton.

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