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promit qu'elle et son fils, tant qu'ils vivraient, feraient toujours à Philippe bon et fidèle service contre tous hommes et femmes qui pourraient vivre ou mourir; elle s'engagea à ne faire faire sans le con-sentement du roi aucun travail de fortification à Meaux, à Lagny, à Provins ni à Coulommiers, jusqu'à la majorité de Thibaut. Elle reconnut à Philippe le droit de conserver Montereau et Bray jusqu'à la même époque, et de ne pas recevoir l'hommage de Thibaut avant l'échéance de ce terme. Comme garantie de l'exécution de ce traité par elle, Blanche promit des lettres patentes et le serment de ses principaux vassaux, de Gui de Dampierre, connétable de Champagne; de Gaucher de Châtillon, comte de Saint-Pol, bouteiller; de Thibaut VI, comte de Blois; de Guillaume, comte de Sancerre; de Guillaume, comte de Joigny; d'Henri V, comte de Grandpré; d'Hugues II, comte de Rethel; de Garnier, seigneur de Marigny; d'Anseau, seigneur de Traînel, du seigneur de Marolles-sur-Seine, des chevaliers et hommes des châtellenies de Meaux, Chàteau-Thierry, Lagny, Provins et Coulommiers. Blanche devait payer à Philippe 20,000 livres parisis, qui représenteraient aujourd'hui plus de deux millions, dans le cas où, quinze jours après la prochaine fête de Noël, c'est-à-dire le 8 janvier 1214, les serments n'auraient pas été prêtés et les lettres livrées au roi (a). L'exigence du roi augmentait avec les difficultés de la position de la comtesse; il savait

(a) Il est probable que Blanche n'eut pas à payer ce dédit; nous avons encore les lettres patentes de Gui de Dampierre; de Thibaut, comte de Blois; de Guillaume, comte de Joigny; d'Henri V, comte

que la mère de Thibaut IV était à sa discrétion et ne pouvait rien lui refuser. Tout ce que celle-ci put obtenir, ce fut le renouvellement de la promesse de n'entendre aucune réclamation relative à la succession de Champagne avant que Thibaut n'eût atteint l'âge de vingt-et-un ans (834, 835, 838).

On comprend du reste, jusqu'à un certain point, que le roi ait alors voulu des sûretés nouvelles : la plus importante de celles qu'il avait eu jusqu'alors allait lui échapper. On se rappelle qu'au mois de juillet 1209 il s'était engagé à rendre Thibaut à Blanche le 2 février 1214 (707-709); toutefois, pour obtenir l'exécution de cette convention et la liberté de son fils, la comtesse dut payer à Philippe une somme dont nous ignorons le chiffre, mais qui dut être considérable; elle se la procura au moyen d'une aide levée sur les habitants de son comté, et les habitants seuls de la petite ville de Chaource contribuèrent à cette imposition pour 400 livres qui, aujourd'hui, équivaudraient à quarante mille francs (a).

Grâce à ces concessions, l'appui de PhilippeAuguste était assuré à Blanche et à Thibaut. En août 1214, il reçut l'hommage du jeune comte qui ne devait être majeur et n'aurait dû régulièrement être admis à l'hommage que huit ans plus tard (869, 870, 881). Il n'était pas possible de déclarer plus hautement que l'on considérait Thibaut comme lé

de Grandpré; de Hugues, comte de Rethel (836, 837, 843, 844, 846). Il y a aussi une charte semblable d'Ide, dame de Traînel (845).

(a) Catalogue, no 848, et Voyage paléographique dans le département de l'Aube, p. 73-74.

gitime possesseur de la Champagne. Au mois de mars 1215, le roi et Louis VIII, son fils, réitérèrent la promesse d'accorder au jeune comte le bénéfice de l'exception dilatoire de minorité, et le monarque français fit confirmer cet acte par le pape (907, 908, 922), qui manda aux archevêques et aux évêques de France d'excommunier Erard de Brienne s'il prétendait s'emparer de la Champagne avant la majorité de Thibaut (922). Enfin, quand la guerre fut commencée et que Blanche crut nécessaire de compléter les défenses de certaines places, notamment d'IsleAumont (1040) et de Provins, Philippe autorisa les travaux projetés dans cette dernière ville, aux fortifications de laquelle on ne pouvait toucher sans son consentement, suivant le traité du 21 novembre 1213 (962).

Après le roi, ce fut des autres suzerains de Thibaut que Blanche se préoccupa. Déjà le traité de juillet 1209 qui avait, le premier, établi les droits de Thibaut contre les filles du comte Henri, avait été soumis à l'approbation d'Eudes, duc de Bourgogne, d'Albéric, archevêque de Reims, et de Guillaume, évêque de Langres, et il avait été confirmé par ces hauts personnages, tous trois suzerains du comte de Champagne. Pour donner au fils de Blanche un témoignage plus éclatant de leur bonne volonté, le duc et les deux prélats, suivant l'exemple du roi de France, admirent le jeune comte à l'hommage (865, 866, 871, 872, 873), et, sur la demande de Blanche, ils furent imités par l'archevêque de Sens et par les évêques de Châlons-sur-Marne, d'Auxerre et d'Autun (874, 875, 877, 878, 895), dont les comtes de Champagne tenaient aussi des

fiefs; enfin, en février 1216, le duc de Bourgogne prit l'engagement formel de venir en aide à Thibaut. contre les filles du comte Henri et contre Erard de Brienne (951).

Après les suzerains, vint le tour des vassaux. Blanche obtint de plusieurs d'entre eux qu'ils fissent hommage à son fils: tels furent, en 1214, Simon de Joinville, sénéchal de Champagne (867); en 1215, Guillaume des Barres (897); Jean, comte de Beaumont (a) (898); Philippe de Nanteuil (b) (906); Pierre de Courtenay, comte d'Auxerre et marquis de Namur (911); Eudes de Cornay (c) (914); Thomas de Coucy, seigneur de Vervins (d) (915, 927); Gui de Joinville, seigneur de Sailly (e) (919); Thibaut

(a) Jean, comte de Beaumont-sur-Oise, depuis chambrier de France, était fils de Mathieu II et frère de Mathieu III, successivement comtes de Beaumont, ses prédécesseurs. (Anselme, Hist. généal., VIII, 397.)

(b) Sur Philippe Ier, seigneur de Nanteuil-le-Haudouin (Oise, arrondissement de Senlis, chef-lieu de canton), fils de Thibaut de Crespy et de Clémence de Bar-le-Duc, voir Duchesne, Hist. de la maison de Châtillon, p. 658-659; Du Plessis, Hist. de l'église de Meaux, 1, 715; Anselme, Hist. généal., II, 268-269. Philippe II, son fils, a un article dans l'Histoire littéraire de France, XXIII, 669-679.

(c) Cornay, Ardennes, arrondissement de Vouziers, canton de Grandpré.

(d) Thomas de Coucy était fils de Raoul Jer et frère d'Enguerrand III, seigneurs de Coucy. (Art de vérifier les dates, II, 718.)Vervins, Aisne, chef-lieu d'arrondissement.

(e) Gui de Joinville, fils de Geofroi IV, dit Trouillart, sire de Joinville, était frère de Simon de Joinville. (Art de vérifier les dates, II. 596.) Sailly, Haute-Marne, arrondissement de Wassy, canton de Poissons.

de Neufchâtel (a) (929); Aubert, seigneur de Darney (b) (931); Gaucher de Nanteuil (c) (955); en 1216, Hugues de Beaumont (d) (967); Henri, comte de Grandpré (1018); Pierre des Barres (1924).

Mais la prudente comtesse ne se contenta pas de cette garantie et demanda à ses vassaux de jurer qu'ils prendraient parti pour elle et pour Thibaut contre les filles du comte Henri. Le premier qui prêta ce serment fut le sénéchal Simon de Joinville (867), dont Blanche se défiait et non sans motifs, comme l'événement devait le démontrer. Guillaume, évêque de Langres, frère de Simon, pour donner plus de poids à la parole de ce dernier, promit que, si elle n'était pas tenue, il frapperait la terre de Simon d'interdit et sa personne d'excommunication (868). Gautier, seigneur de Vignory, se fit aussi caution du sire de Joinville (876), août et septembre 1214.

Au mois de février 1216, un engagement analogue à celui qu'avait contracté Simon de Joinville fut pris par Ponce, seigneur de Grancey (e); Anseric de Mont

(a) Thibaut de Neufchâtel, d'une maison célèbre de FrancheComté, qui tire son nom du village de Neuchâtel-Urtière, Doubs, arrondissement de Montbéliard, canton de Pont-de-Roide. (Anselme, Hist. généal., II, 358.)

(b) Darney, Vosges, arrondissement de Mirecourt.

(c) Gaucher de Nanteuil était frère de Philippe Ier, seigneur de Nanteuil, dont il a été question plus haut. (Anselme, Hist. généal., II, 268-269.)

(d) Hugues de Beaumont, seigneur de Persan, était fils de Mathieu ler, comte de Beaumont et oncle du comte Jean dont il vient d'être question. (Anselme, Hist. généal., VIII, 397, 398.)

(e) Ponce de Grancey, connétable de Bourgogne, mort en 1218 (Plancher, Hist. de Bourgogne, II, 267, 333), était seigneur de

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