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Philippe, pour laver cet affront, rassembla, dans Fespace d'un mois, une armée de soixante mille hommes d'infanterie et de dix mille de cavalerie, avec laquelle il reparut en Flandre, au commencement de l'automne. Jean, comte de Namur, que les Flamands avaient nommé régent de Flandre, pendant la captivité de son père, vint à la rencontre du roi. Ce monarque, qui espérait qu'en temporisant il parviendrait à lasser et à exténuer les Flamands, ne voulut point hasarder de combat. Mais les Flamands, dont cependant la plupart étaient des artisans chargés de famille, restèrent constamment fidèles à leurs drapeaux, sans néanmoins recevoir de paie. Les pluies continuelles qui survinrent, forcèrent enfin le roi à retourner dans ses états, se bornant à laisser de fortes garnisons dans les places les plus exposées.

Les Flamands, enhardis par la retraite du roi, ayant résolu de pousser vigoureusement la guerre, employèrent tout l'hiver à faire de grands préparatifs ils tâchèrent de se ménager l'alliance du duc Jean, qui entra dans leurs vues avec d'autant plus d'empressement, qu'il cherchait avidement toutes les occasions et tous les moyens d'humilier et d'affaiblir la maison d'Avesnes. Ils formèrent le hardi projet d'attaquer au même moment leurs ennemis sur les deux points les plus opposés de leurs états, dans P'Artois et dans la Zélande.

Le duc Jean, de son côté, qui était secrètement attaché au parti, et associé aux secrets d'Edouard, postposa, il faut en convenir, et sacrifia même, en quelque sorte, et l'honneur de sa dignité et le bien de son pays, au désir de servir les projets et de mériter la faveur et la protection du roi d'An

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gleterre, et peut-être plus certainement encore d'af faiblir la puissance du comte de Hollande, peut-être même encore plus vraisemblablement, à l'espoir d'atteindre ce double but.

Le duc en effet était depuis un assez long-temps brouillé avec le comte de Hollande. Cette brouillerie remontait à une cause éloignée qu'il importe de développer, et à une époque reculée qu'il convient de rappeler, parce que ce fait n'est pas un des moins embrouillés de l'histoire Belgique. Desroches, Jean I. er, méditant les moyens d'entreprendre avec Epit., lib. 5, succès la guerre au sujet de la succession au duché de Limbourg, tâcha d'attirer et d'attacher à son parti Florent, comte de Hollande, en renonçant, pour le gagner avec plus de sûreté, au droit de souveraineté qu'il exerçait sur la Hollande méridionale, dont il abandonna la suzeraineté absolue au comte Florent. Mais le duc Jean II ne voulut point ratifier l'acte de cette cessión, à laquelle une espèce de nécessité avait forcé son prédécesseur de consentir.

Une autre cause avait également contribué à mettre la dissention entre ces deux princes. Le comte Florent avait conçu le projet de chasser les Flamands de l'ile de Walkeren pour s'en emparer. Le duc Jean l'avait engagé à renoncer à ce projet, et à entamer des conférences avec le comte de Flandre, pour régler une paix solide plutôt que d'entreprendre une guerre incertaine. La ville de Biesvliet fut indiquée pour le lieu du congrès, et le comte Florent, s'y étant rendu sur la parole du duc Jean, y fut arrêté et jeté dans une étroite prison, d'où il ne fut relâché que sous la condition que duc Jean, dont la parole avait été si indignement

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netten attendant que ce dernier ou vint

méprisée, reprendrait la place du comte de Holse remettre au pouvoir du comte de Flandre, ou voulût se soumettre à ses volontés, et se plier à ses intérêts et à ses vues, en acceptant la paix qu'il lui dicterait; mais le comte Florent ne remplit ni l'une ni l'autre de ces conditions, de sorte que le duc Jean ne sortit de sa prison que quand il plut 1 au comte de Flandre de lui rendre sa liberté. Ces différentes circonstances avaient donc engendré un fort germe de discussion entre le duc Jean et le comte Florent.

Ce comte, ayant d'un autre côté pris, par la suite, le parti du roi de France, à qui il fit le ser་ ment de fidélité, en promettant de lui donner du secours contre les Anglais, irrita d'autant plus vivement le roi Edouard, par cet acte de perfidie, que ce monarque destinait à sa fille le fils du comte Florent, qu'il élevait à sa cour dans ce dessein. 1 Le roi d'Angleterre, pour se venger de cette of fense, forma contre Florent un exécrable complot, dans lequel il fut secondé par le duc Jean, qui parvint par ses menées secrètes à engager les mé i contens (car il existait dans les seigneurs hollandais un parti contre leur prince) à lui livrer le comte » Florent, qu'il s'était engagé de son côté à livrer au eroi Edouard. Ces lâches intrigues eurent une issue qui peut-être surpassa les intentions du duc. L'infortuné comte fut en effet enlevé par les conspirateurs. que le duc Jean avait gagnés. Ses peuples, qui lui étaient attachés, étant accourus à son secours cherchèrent à l'arracher des mains de ses ennemis; mais ceux-ci, voyant probablement qu'ils seraient.

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forcés de le làcher, prirent un parti extrême : un des plus acharnés contre ce malheureux prince, le massacra impitoyablement.

Le fils du comte Florent mourut presque dans son enfance. Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, comme plus proche héritier, lui ayant succédé au comté de Hollande, conclut une paix peu solide avec le duc Jean, qui, comme ayant été la cause indirecte de l'assassinat du comte Florent, promit, pour expier ce crime, d'entreprendre quelques pélerinages, et de bâtir quelques chapelles. Mais le duc, qui n'était pas très-religieux observateur de sa parole, n'aura certainement exécuté ni l'une ni l'autre de ces conditions: il saisit au contraire la première occasion qui se présenta, d'inquiéter les Hollandais. Les Flamands avaient fait une irruption dans la Hollande, sous le gouvernement de Jean d'Avesnes, qui se vit tout-à-coup accablé par toutes les forces de la Flandre réunies, auxquelles le duc Jean joignit celles du Brabant, dans l'espérance et dans l'intention de forcer le comte, accablé par tant d'ennemis, à lui rendre la Hollande méridionale avec la ville de Dordrecht, que cependant son père, comme il a été dit plus haut, avait cédée au comte Florent. Mais le duc Jean n'était pas plus scrupuleux à respecter les intentions de son père, qu'il n'était rigide à tenir ses propres engagemens.

Le duc Jean demanda le service aux Brabançons pour cette expédition : ils ne s'y refusèrent pas; mais ils témoignèrent qu'ils désapprouvaient cette guerre, et qu'ils la regardaient comme étrangère et même comme contraire au bien de leur pays. Le duc, pour apaiser leurs mécontentemens, déclara que,

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dans cette occasion, il ne demandait pas aux Brabançons le service comme une obligation, mais simplement comme une grâce.

Les Flamands, renforcés par les puissans secours du duc Jean, entrèrent dans l'Artois et le Tournaisis, où ils portèrent le ravage et la dévastation: ils ruinèrent la ville de Térouanne, et assiégèrent, Г avec une armée de cinquante mille hommes, celle de Tournai, qui résista à leurs efforts. Philippe, craignant que cette place importante ne tombât au pouvoir des Flamands, leur proposa une suspension d'armes depuis le 1.er d'octobre jusqu'au 1.cr de mars suivant. Les conditions de cette trève furent que le comte Gui retournerait dans la Flandre pour tâcher d'engager, pendant cet intervalle, les Flamands à accepter les conditions de paix que le roi leur offrait; que si, après ce terme, la paix n'était pas conclue, il retournerait dans sa prison, et que, dans l'intervalle, il laisserait ses fils en otage.

Les armes des Flamands dans la Zélande n'étaient pas moins heureuses. L'esprit de mécontentement et de rebellion qui agitait cette province, depuis que, par la mort du dernier comte de Hollande, elle avait été réunie au Hainaut, avait infiniment contribué à y faciliter et à y accélérer les succès des Flamands, qui avaient dans cette île un puissant parti. Les opérations de la première campagne avaient abouti à une trève jusqu'au mois de mars suivant. Guillaume, comte d'Ostrevant, fils du comte de Hainaut, ayant réuni ses armes à celles de Gui, évêque d'Utrecht, son oncle, vint, immédiatement après l'expiration de la trève, débarquer auprès

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