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1298. Id.

guerre à l'empereur. Ces deux princes, d'alliés deve nus rivaux, se préparèrent à la guerre. Le duc d'Au triche engagea les principaux seigneurs allemands à se réunir contre l'empereur Adolphe, qu'il représentait comme un traître et un parjure qui, séduit par l'or de la France, avait lâchement trahi les engagemens sacrés qui l'attachaient au comte de Flandre et aux autres confédérés. Le duc Albert avait par ce moyen attiré à son parti, le duc Jean, le comte de Luxembourg et le comte de Gueldre : il parvint à rassembler une armée de quatorze mille hommes, avec laquelle il vint mettre le siége devant Aix-laChapelle. L'empereur, de son côté, avait levé dans la Frise, la Hongrie et la Bavière un corps qui montait à dix-huit mille hommes. Les rois de France et d'Angleterre,poussés par des motifs différens, aidaient tous les deux de leur côté le duc d'Autriche de leur argent. Edouard, indigné de la trahison de l'empereur, cherchait à l'en punir en soutenant son rival: Philippe tâchait de les détacher l'un et l'autre du comte de Flandre, en les armant l'un contre l'autre, et même en les détruisant, s'il était possible, l'un par l'autre. Il était d'ailleurs guidé par un motif secret : il espérait, selon les vues que paraissait manifester le pape Boniface, que si l'empereur Adolphe succombait dans cette guerre, le comte de Valois pourrait, par la protection du pontife, parvenir à la couronne impériale. Les deux rivaux se livrèrent, le 2 de juillet, dans les plaines de Worms, un sanglant combat, dans lequel Adolphe fut vaincu et tué. Le duc d'Autriche fut élu à sa place, et Philippe, indigné de voir ses espérances renversées, en conçut contre le pape, un profond ressentiment, qui fut une des causes de

tes dissentions fameuses que le pontife et le monarque portèrent aux plus scandaleux excès.

Cependant la trève était expirée. Philippe-le-Bel envoya dans la Flandre le comte de Valois, avec une armée nombreuse, pour achever de soumettre cette province. Le comte Gui, à qui le grand âge avait ôté la vigueur nécessaire pour diriger par lui-même les opérations d'une guerre si difficile, en confia le soin. à son fils, Robert de Béthune. Gui, abandonné de ses alliés, détesté et méprisé de ses peuples, crut que, dans cette extrémité, le seul moyen de se sauver était de s'humilier et de se soumettre. Il vint donc se rendre au comte de Valois, sous la garantie d'Amédée. comte de Savoie. Le comte de Valois persuade à Gui de se rendre à Paris avec ses deux fils aînés, Robert et Guillaume, et cinquante seigneurs flamands, pour implorer la clémence du roi: il se donna lui-même pour garant de leur sûreté et de leur liberté, les assurant de sa protection auprès du roi son frère, que cette démarche, disait-il, engagerait à lui accorder sa grâce: il leur promettait même solennellement que, si le roi lui refusait sa demande, il les ramenerait tous dans la Flandre sous sa sauvegarde. L'infortuné Gui de Dampierre, se reposant sur la foi de ce traité, se rend à Paris: l'inflexible monarque ne rougit point de désavouer son frère: il refusa de voir les princes flamands, qu'il fit tous arrêter sous prétexte qu'ils n'avaient point de sauf-conduit: il poussa même la dureté au point d'arracher le père à ses enfans, en leur assignant pour prison des villes différentes. Le comte de Valois, indigné de cet affront, abandonna le service du roi, pour se retirer en Italie. Philippe, bravant le mépris dont cette infamie l'avait couvert

Id.

1302. Divæus

Meyer.

aux yeux de l'Europe, déclara la Flandre confisquée à son profit pour crime de félonie.

en

Jacques de Châtillon, que le comte de Valois, partant, avait nommé gouverneur de la Flandre pendant son absence, avait aliéné, par sa dureté et ses exactions, les cœurs des Flamands. Déjà les murinu res et les mécontentemens éclataient dans toute la Flandre. Les habitans de Bruges donnèrent le premier signal de la révolte. Le penple, ameuté par les menées d'un nommé Leroi, chef des tisserands, massacra en un jour (c'était le 23 de mai 1502) tous les Français qu'ils trouvèrent dans la ville, dont le nombre montait à trois mille cinq cents. Châtillon, qui dans ce temps était à Bruges, ayant trouvé le moyen d'échapper au carnage, s'était sauvé à Courtrai, Gand et la plupart des autres villes, enhardies par l'exemple de Bruges, chassèrent tous les Français. Gui, fils du comte de Flandre, Guillaume de Juliers et Jean de Cuyck, profitant de cette circonstance pour assouvir la haine qu'ils portaient au nom français, se mirent à la tête des révoltés.

Les Français, après avoir rasé les fortifications. des villes, s'étaient rétirés dans Courtrai. Le roi, in formé de ces événemens, envoya dans la Flandre Robert d'Artois, avec une armée de soixante mille hommes d'infanterie et de douze mille de cavalerie: le connétable Raoul de Nesle, Gui, comte de S.-Pol; Robert, comte de Boulogne; Godefroid, comte de Vierzon, oncle du duc Jean II, avec Jean,

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son

s'étaient joints au comte d'Artois. Le bruit courut dans le temps que le but du comte Godefroid et de son fils était, si les Français étaient battus dans la Flandre, de faire une invasion dans le Brabant, pour

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en chasser le duc, et qu'ils n'avaient jeté une forte garnison dans Termonde, que pour faciliter ce projet.

Le comte d'Artois vint, avec sa formidable armée, Divans; camper sous les murs de Courtrai, pour délivrer cette place. Les Flamands vinrent camper vis-à-vis des Français: ils n'avaient point de troupes réglées : leur armée n'était composée que d'artisans, que le désir et l'espoir de se soustraire à la domination française avaient arrachés de leurs ateliers. Cette troupe mal composée était encore plus mal équipée et plus mal exercée : ils n'étaient armés que de fourches, de hâches et de marteaux; et ils ignoraient absolument l'art des manoeuvres; mais leurs chefs, Jean comte Meyer. de Namur, et Guillaume de Juliers, son cousin, prévôt de Maestricht, aussi bon capitaine que mauvais prêtre, suppléerent à tous ces défauts par l'avantage du terrain, en choisissant une position qui convenait à une semblable troupe. Ils occupaient un terrain plat: leurs derrières étaient défendus par la Lis, leur droite par les retranchemens qu'ils avaient formés devant Courtrai, leur gauche et leur front par un large fossé qui avait la forme d'un croissant, et dont les bords étaient, à-peu-près, au niveau de la surface de l'eau : ils avaient recouvert ce fossé de branchages et de gazon, et ils avaient employé les nuits à cet ouvrage pour cacher leur ruse aux ennemis. Les Français, emportés par leur impétuosité na→ turelle, s'avancèrent ou plutôt se précipitèrent sur les Flamands, en poussant de grands cris, qui, joints au bruit des fanfares et des timbales, épouvantèrent tellement les Flamands peu accoutumés aux combats, que la plupart prirent la fuite. Le comte d'Ar

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tois, profitant de ce désordre, court sur les Flamands à la tête de sa cavalerie, et l'abîme s'ouvre sous ses pas. Déjà la première ligne avait été engloutie dans ce gouffre un nuage de poussière dérobe ce spectacle au reste de l'armée : la deuxième et la troisième ligne, trompée par la même confiance, emportée par la même impétuosité, vient trouver dans le même précipice la mort qui leur est préparée. Les Flamands, qui les y attendaient, les percent à coups de lance, et les assomment à coups de hâche. L'abime était comblé : les Flamands, s'étant frayé un passage sur ce tas de cadavres, fondent sur l'infanterie française, que la frayeur avait tellement mise en désordre, que, sans opposer de résistance, les chefs fuyant les premiers, elle entraîna dans sa déroute le reste de l'armée, dont une partie s'enfuit vers Lille, et une autre vers Tournai. Cette bataille se donna le 11 juillet 1302. La perte des Français fut immense leurs principaux chefs, Robert, comte d'Artois; Godefroid, sire de Vierzon, avec son fils Jean, et les plus illustres des chevaliers brabançons qui avaient marché à sa suite, Godefroid, comte de Boulogne; Arnoul, sire de Wezemale; Arnoul, sire de Walhain; Henri, sire de BeautersButkens, p. heim, soixante barons, douze cents écuyers périrent dans cette terrible journée. Les annales flamandes font monter la perte des Français à quinze mille. Les Flamands, ayant dépouillé les cadavres des vaincus, en enlevèrent huit mille éperons dorés, qui, dans ce temps était un ornement que la noblesse seule pouvait porter. C'est ce qui fit donner à cette bataille le nom de bataille des éperons. Lille, Douai, Cassel, Termonde rentrèrent incessamment sous la domination flamande.

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