N J Divæus en vinrent aux mains: ils se livrèrent des ccmbats, Molan., Mi lit, sacr. C. 63. cap. 8. par la et ils prièrent le duc d'en faire le siége. Le duc, cédant aux justes instances de ceux de Cologne, vint bloquer la forteresse de Woringen avec une armée nombreuse, qui grossissait tous les jours. Desroches, L'archevêque rassembla en diligence toutes ses trouHistor. Belg. epit., lib. 8, pes, auxquelles il réunit toutes les forces des alliés qu'il avait dans la Germanie: il envoya à ses alliés en-deçà du Rhin, une lettre circulaire quelle il les invitait à se rassembler avec toutes leurs troupes au jour et au lieu indiqués. « Il s'est » formé, leur écrivait-il, dans les champs de Woringen un rassemblement plus considérable qu'il » n'en parut jamais dans ce pays je vous invite » donc à venir enlever cette proie. L'audacieux duc » de Lorraine, éloigné de sa patrie, privé de tous » les secours, est ici dans notre voisinage à la » tête d'un ramas confus de ses lâches satellites, » plutôt que d'une armée disciplinée; c'est avec » cette bande qu'il assiége Woringen: il est suivi des principaux seigneurs du Brabant: il a fait » conduire à Woringen l'immense butin qu'il a en» levé de mes états. Dans peu de jours, les hom» mes et les richesses qu'il traîne à sa suite, se»ront en votre pouvoir : vous ne devez pas craindre que cette horde de brigands résiste à notre premier choc tâchez seulement qu'il n'en échap» pe aucun de nos mains. » A la réception de cette lettre, tous les alliés accouMolan.,ibid. rurent sans délai ils avaient une si grande confiance dans leur nombre et dans leurs forces, qu'ils avaient fait conduire des chariots chargés de chalnes pour enchaîner les Brabançons. L'archevêque, avant de commencer la bataille, excommunia le E duc: c'était la coutume de ce siècle barbare et su- Le duc, ayant appris les préparatifs et les des$ seins de l'archevêque, lève le siége de Woringen et marche fièrement à l'ennemi: il s'empare d'une position avantageuse, où il l'attend avec assurance. Dès qu'il vit les ennemis en présence, il exhorta ses soldats en ces termes : « Braves soldats, en » marchant au combat, songez à vos ancêtres ja mais ils n'abandonnèrent leur prince dans la ba» taille; et vous, qui m'avez si souvent donné des » preuves de votre fidélité et de votre valeur, pourrais-je croire que vous m'abandonniez? Ce jour, je n'en doute pas, sera le jour de mon triomphe » ou de mon trépas. Je prends Dieu à témoin, que » je n'ai entrepris qu'une guerre juste, et que je ne "suis venu ici que pour forcer ces brigands à dé» sister de troubler la paix des nations. C'est pourquoi ils vont éprouver en ce jour que Dieu com» bat avec nous. Je ne vous recommande qu'une » chose quand le combat sera engagé, restez au près de moi, afin que je puisse m'assurer de n'ê» tre pris ni en flanc ni en derrière: pour ceux qui » viendront en face, je saurai les repousser. Si je » me sauve, ou si je me rends, je vous ordonne » de me percer de vos épées. En prononçant ce discours, dont les propres pa Desroches, ibid. roles nous ont été conservées par un témoin auri- J. Van Hee Les deux arinées se partagèrent en trois lignes. Desroches Le premier corps de l'armée des alliés était com mandé par l'archevêque de Cologne et par son frère Henri; le second était conduit par Henri, comte de Luxembourg; et le troisième, par Renaud, comte de Gueldre. Cette armée était composée de quatorze mille hommes d'infanterie, qui, réunis à la cavalerie, formaient une armée de vingt mille hommes. Celle des Brabançons ne montait qu'à quatre mille hommes. Les Brabançons, commandés par le duc Jean, formaient la première division, qui était soutenue par la cavalerie française: les chevaliers les plus distingués, avec les autres troupes auxiliaires, commandés par le comte Arnould, formaient la seconde : les déserteurs de l'armée de l'archevêque de Cologne formaient, avec les auxiliaires qu'avait amenés Adolphe, comte de Berg, la troisième division, commandée par ce dernier. Les deux armées étaient séparées par un grand chemin entouré d'un fossé des deux côtés : le duc, voyant que les ennemis craignaient de le franchir, les prévint et commença la bataille. Sifroid attaqua la division commandée par le comte Adolphe, et, contre l'avis des chefs les plus expérimentés de son armée, réunit ses trois colonnes en un corps. Le duc garda constamment la disposition de son armée, et dès qu'il se fut aperçu que ceux de Berg étaient accablés par le nombre, il vola à leur secours. Tous les efforts réunis se portèrent sur le duc, que l'éclat de son armure distinguait des autres chefs, Gauthier Berthold succomba à la première attaque: le comte de Luxembourg se précipita sur le duc, et le combat s'engagea dans cet endroit avec fureur. Le cheval du duc est percé, sa bannière renversée : le comte de Luxembourg, comme assuré de la victoire, presse le combat avec plus d'acharnement. Arnould Hosstad, de Louvain, se précipite au travers des épais bataillons qui entouraient le duc, le remet sur un autre cheval, et relève sa bannière. Le comte jette sa lance et son épée, saisit le duc par le cou, et fait les plus grands efforts pour l'arracher de son cheval: il était monté sur l'étrier il s'alonge et se soulève sur la pointe des pieds pour tirer avec plus de force. Wauthier de Bisdomme, chevalier brabançon, s'avance, et perce adroitement le comte de son épée dans la partie du dos qui n'était point garantie par l'armure sa mort change le combat en boucherie. Pendant que la redoutable colonne des Brabançons, l'intrépide duc, couvert de blessures, et son frère Godefroid, soutenaient le fort du combat et faisaient un effroyable carnage, les deux ailes de l'armée du duc, qui n'avaient point encore été entamées, fondant sur l'armée des ennemis, décidèrent la victoire. Le combat avait commencé à six heures du matin, et ne finit qu'à trois heures de l'après-midi. La perte des ennemis, en morts et en prisonniers, fut considérable: tous les chefs furent pris ou tués : le fier archevêque de Cologne fut livré au comte Adolphe, et le comte de Gueldre, au duc Jean. Cette fameuse bataille se donna le 5 de juin. Au premier bruit de cette grande victoire, les habitans de Woringen se rendirent au vainqueur : ceux de Cologne lui firent une réception pompeuse comme à leur libérateur. Le duc parcourut en triomphe tout le pays de Limbourg, qui, depuis ce temps, fut réuni au Brabant, dont les souverains portèrent le titre de ducs de Limbourg; et, pour terminer efficacement ces sanglantes dissentions, il |