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élévation. L'évêque, qui avait eu soin de prendre les devans, flatta, menaça, intéressa la prophétesse, que quelques écrivains traitent sérieusement de sorcière, et l'engagea à lui révéler le secret en confession. L'abbé arrive: la devineressé lui dit que l'évêque de Bayeux était instruit de tout le mystère. Le roi, qui attendait leur retour avec la plus vive impatience, fut étrangement surpris quand l'évêque refusa de lui rendre compte de sa mission, alléguant que c'était un secret de confession, Dom, évêque (c'est le titre qu'on donnait alors aux évêques), dit le roi avec colère, je ne vous ai pas envoyé pour la confesser; par Dieu, qui me fit, j'en saurai la vérité. Il en voya donc Thibaut, évêque de Dol, et Arnoul, chevalier du temple, qui furent très-bien reçus par l'oracle de Nivelles: Dites de ma part au roi, leur dit-elle, qu'il ne croie pas les mauvaises paro Emil. in Phi- les qu'on lui dit de sa femme. Le poison, ajouta-t-elle, a été donné par un homme qui est tous les jours auprès du roi.

lip. D. Ludov.

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Divans.

L'infortunéé Marie avait cependant, du fond de sa prison, trouvé le moyen de faire passer secrè tement au duc Jean, son frère, des lettres, par lesquelles elle l'informait de sa malheureuse situa tion. Le duc part précipitamment et secrètement de Bruxelles, déguisé en moine, accompagné seulement de son écuyer et de son chien, et arrive en un jour à Paris. Son déguisement lui facilita le moyen de pénétrer dans la prison de la reine, qui le convainquit de son innocence. Le duc, selon le langage et la coutume du temps, se déclara son chevalier il se présenta pour combattre en

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champ clos celui qui oserait se déclarer l'accusateur de la reine. Labrosse, qui avait pris la fuite, fut repris, emprisonné et mis à la question. L'empoisonnement n'était pas le seul crime dont il était soupçonné il fut convaincu par ses propres lettres et par son propre aveu, d'avoir trahi le secret de l'état dans la guerre que Philippe-le-Hardi avait déclarée à Alphonse, roi de Castille, en informant ce dernier de l'état de détresse où était l'armée de Philippe. Labrosse, ayant tout avoué, fut condamné par un arrêt du parlement à expier ses crimes sur un gibet. Ses biens furent acquis et confisqués au roi. Le jugement fut exécuté le mêen me jour de l'arrêt, en présence du comte d'Artois, du duc de Bourgogne et du duc de Brabant, qui avaient présidé à la condamnation. Sa mort causa cependant de grands mouvemens de surprise et même de grands sujets de murmure parmi le peuple.

ad an. 1278.

Ces sentimens prouveraient que Labrosse était peut- Guill. Nang, être plus ambitieux et plus haut envers les grands, que dur envers le peuple, assez coupable, dit judidicieusement Mezeray, quand il n'aurait point commis d'autre crime que d'avoir obsédé son roi; car c'est un vol public à un particulier de tenir et posséder seul celui qui appartient à tous ses peuples, comme tous ses peuples lui appartiennent.

Tome III.

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GUERRE pour la succession de Limbourg-
Jean I. rachète les droits d'Adolphe, comte
de Berg, sur ce duché : il attache à son parti
les Liégeois et la France. - Renaud, comte
de Gueldre, qui prétendait à cette succes-
sion, se forme un puissant parti. - Les com
tes de Flandre et de Hainaut sont choisis
pour arbitres; leur décision n'est point exé-
cutée. Commencement des hostilités. - Trè-
ve signée entre les deux prétendans. - Les
hostilités recommencent. Assemblée de.
Maestricht pour terminer ce différend.
Perfidie de l'archevêque de Cologne.
duc Jean bloque le château de Woringen.

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L'archevêque de Cologne rassemble tous ses alliés. Bataille de Woringen. - Le Limbourg est réuni au Brabant. Les Bra bançons accordent un don gratuit au duc Jean. Lois pénales publiées par le duc Jean, sous le nom de land-charter : il périt dans un tournoi.

UN des événemens les plus mémorables du gouvernement de Jean I. er, est cette fameuse guerre de Limbourg, si importante par sa nature, si étonnanté dans ses événemens, et dont l'issue donna. un si grand accroissement à l'autorité et à la gloire du duc Jean. Walerand III, duc de Limbourg, le dernier de cette famille, avait laissé une fille uni

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Butkens, t.

P. 114

que, nommée Ermengarde, qui épousa Renaud, comte de Gueldre et de Zutphen, surnommé le Belliqueux. Ermengarde mourut sans enfans du vivant de son père. Le comte Renaud, apres la mort du duc de Walerand, réclama des droits sur le Limbourg, dont il prétendait que l'usufruit au 1 moins lui appartenait ensuite de ses conventions matrimoniales. Mais Adolphe, comte de Berg, neveu de Walerand, fit valoir ses prétentions sur le Limbourg, qu'il appuyait sur-tout sur ce qu'Ermengarde était morte sans enfans avant son père. Adolphe, qui voyait dans Renaud un concurrent trop redoutable, avait vendu au duc 115. Preuv." Jean ses droits sur le duché de Limbourg. Le duc, sentant que cette querelle ne pouvait être décidée que par les armes, fit d'immenses préparatifs : il Ibid., p. 16 termina avec les Liégeois le différend au sujet de et 17. Maestricht, et les attacha à son parti: il resserra les liens qui l'unissaient à la France, et employa dans son armée les meilleurs capitaines de cette nation belliqueuse, les comtes de la Marche, d'Angoulême, de Soissons, de Vendôme, de S.Pol; les sires de Châtillon, de Craon et de Montmorenci : il comptait pour alliés, les comtes de Hollande, de Loz, de Bourgogne, de la Marck, de Waldeck, et le sire de Cuick. Mais le comte de Gueldre réunissait dans son parti des alliés plus nombreux et de plus grandes forces: le comte de Luxembourg, les ducs de Clèves, de Juliers et de Limbourg; les comtes de Seyne, de Nassau, de Spanheim, de Salın et de Neuvenare; Thibaut, fils du duc de Lorraine, tenaient le parti de Renaud. Sifroid, archevêque de Cologne, l'irrécon

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1285.

ciliable ennemi du duc Jean, avait levé, pour sou
tenir la cause de Renaud, une puissante armée for-
mée de troupes fraîches. Ces immenses préparatifs
annonçaient de violentes hostilités. Le duc Jean,
ayant passé la Meuse, entra dans le Limbourg
et dans le pays de Juliers, et jeta des troupes et
des vivres dans Aix-la-Chapelle. Les ennemis
avaient passé la Gheule, et les deux partis n'é-
taient plus séparés que par le ruisseau de Gulpe;
cependant, ils se décidèrent à remettre leurs pré-
tentions à l'arbitrage des comtes de Flandre et de
Hainaut. Ces deux comtes, qui penchaient secrète-
ment pour le comte Renaud, prononcèrent que le
duché de Limbourg demeurerait à Renaud pour
sa vie, et passerait, après sa mort, au duc de Bra-
bant et à ses héritiers. Cette décision était absolu-
ment conforme aux vues du comte Renaud, qui
ne demandait que l'usufruit du duché de Limbourg;
mais
les arbitres avaient ajouté une condition qui
fit que la sentence déplût, presqu'autant au com-
te Renaud qu'au duc Jean: ils avaient arrêté que,
pendant tout le temps que le comte de Gueldre
posséderait le duché de Limbourg, quatre de leurs
chevaliers en garderaient le château. Cette clause
décélait assez leurs vues. Le comte de Gueldre re-
tint les quatre chevaliers pour otages, et les hos-
tilités commencèrent. Cependant, Philippe-le-Har-
di, roi de France, qui avait résolu de porter la
guerre en Arragon, désirant de s'attacher le duc
Jean, parvint à engager les deux prétendans à si-
gner une trève. Le duc, qui avait suivi le roi dans
cette expédition, revint dans le Brabant à la fin
de l'année. La trève était expirée : les deux partis

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