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CHAPITRE VIIL

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CROISADES concile de Clermont, où elles sont résolues. Première croisade: Godefroid de Bouillon, avec ses deux frères, Robert II, comte de Flandre; Baudouin II, comte de Hainaut, en sont les héros. Prise de Jérusalem: Godefroid en est élu roi. Le comte de Hainaut est tué: sa femme va à Rome et à Jérusalem pour s'en assurer : elle se réfugie à l'abbaye de S.-Hubert. Deuxième croisade préchée dans la Belgique par S. Bernard. Thiéri, comte de Flandre, prend la croix. - Troisième croisade préchée dans la Belgique par Henri, évêque d'Albanie. Philippe, comte de Flandre; Jacques d'Avesnes, Otton de Tresignies, Henri de Brabant, Waleran de Luxembourg, les comtes de Limbourg et de Clèves prenent la croix. Le comte de Flandre meurt pendant le siége de Ptolémaïde. - Quatrième croisade: le duc de Brabant, les comtes de Limbourg et de Clèves s'y engagent. Les croisés sont forcés de revenir dans leurs états. Baudouin, comte de Flandre et de Hainaut, prend la croix. Cinquième croisade. Prise de Constantinople: Baudouin, comte de Flandre, en est créé roi : il est tué.

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Sixième croisade : les ducs de Brabant et de Limbourg, le comte de Hollande et l'évêque d'Utrecht prennent la croix. Prise de Damiette. - Croisade contre les Albigeois. - Philippe, comte de Namur, se joint aux croisés : il meurt. Croisades de S. Louis. Fin des croisades.

LES

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Es guerres si fameuses connues sous le nom de croisades, qui commencèrent sur la fin du on

zième siècle, et finirent sur la fin du treizième, fournissent à l'histoire de la Belgique des détails intéressans, que j'ai cru devoir réunir dans un cadre particulier, parce que j'ai craint, en les mêlant et en les intercalant dans l'ordre chronologique, avec les faits généraux, de mettre de l'embarras et de la confusion dans la narration, qui eût nécessairement manqué d'ordre, de liaison et de méthode.

Ces guerres, inspirées, autorisées et consacrées par un motif de religion, furent entreprises et favorisées par un principe de politique, dans lequel les rois avaient trouvé un moyen de faire sortir de leurs états des vassaux inquiets qui gênaient leur pouvoir. Un pauvre hermite des environs d'Amiens, nommé Pierre, revenant de Jérusalem, où le zèle l'avait conduit, forme le projet de réunir les chrétiens pour arracher aux infidèles la région sainte, honorée par la naissance et la mort de Jésus-Christ, et signalée par ses miracles. Il dépeint d'une manière énergique les outrages que d'arrogans usurpateurs font aux monumens sacrés, leurs profanations les insultes dont ils accablent les chrétiens qu'ils enchaînent sous leur joug, les opprobres multipliés dont il a été le témoin, ceux dont il a été l'objet. Son éloquence grossière, mais véhémenté, inspire à tous les coeurs l'enthousiasme dont ils est possédé. Son extérieur hideux, ses gestes exagérés, sa voix foudroyante, son ton prophétique augmentent l'impression que faisaient ses discours: il traverse l'Italie, l'Allemagne, la France, et les peuples accourus à sa voix, brûlent du désir d'aller exterminer les infidèles et de délivrer la cité sainte : la noblesse, les rois partagent cette ardeur, et les

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ecclésiastiques l'inspirent aux fidèles. Le pape, pour sanctifier cette expédition, indique un concile à Clermont, où les voix unanimes des pères représentent cette entreprise conforme à la volonté de Dieu. L'expédition universellement connue sous le nom de croisade, est revêtue de tout l'appareil de la religion : le pape en est le chef, et la croix en est le signe. Une armée innombrable marche sous les bannières de la croix à la conquête de la TerreSainte.

Godefroid de Bouillon et ses deux frères Baudouin et Eustache; Robert, comte de Flandre; Baudouin, comte de Hainaut, furent les héros de la première croisade, et prirent la croix à Clermont. Godefroid vendit la ville de Stenai à l'évêque de Verdun, et le duché de Bouillon à l'évêque de Liége. (Cette dernière vente est cependant révoquée en doute par l'auteur de l'art de vérifier les dates.) Le comte de Hainaut hypothéqua ou vendit une partie de ses domaines au même evêque. Une foule de chevaliers des provinces belgiques suivirent cet exemple. Baudouin, revenu dans ses états, convoqua un tournoi à Anchin, où le plus grand nombre des chevaliers du Hainaut se croisèrent à l'exemple de leur comte, qui présidait à ce tournoi.

Ce fut le 15 août 1096 que Godefroid se mit en marche à la tête d'une armée considérable levée dans le Brabant et sur-tout à Anvers. Wimer de Boulogne y conduisit les Hollandais et les Frisons: Eustache et Baudouin avec Hugues de S.-Pol y menèrent les Artésiens.

Déjà les troupes nombreuses de Pierre l'hermite,

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de Godescalc et de Gauthier sans avoie, avaient été presque détruites par les Bulgares et les Musulmans. Ces chefs commandaient des troupes peu aguerries et peu propres à vaincre les Musulmans, dont les vertus militaires avaient souvent ébranlé la puissance des empereurs grecs.

L'armée de Godefroid, au contraire, composée des plus fameux chevaliers de la France et de la Belgique, était soumise à cette discipline et à cet ordre qui assurent le succès des expéditions guerrières. Baudouin, comte de Hainaut, le suivait. Robert, comte de Flandre, avec Eustache, comte de Boulogne, frère du duc Godefroid, avaient pris une autre route: ils accompagnaient Hugues le Grand, probablement parce qu'ils étaient vassaux du roi de France, frère de ce prince.

Cette armée, après avoir séjourné pendant l'hiver dans les environs de Constantinople, fut jointe au printemps par celle du comte de Flandre. La nouvelle qu'ils reçurent de la défaite totale des troupes de Pierre l'hermite, les engagea à quitter les rives du Bosphore. Dès le 20 juin, Nicée fut prise. Cette conquête fut suivie d'une grande bataille, dans laquelle le comte de Flandre commandait l'aile droite avec le duc Godefroid et Hugues, comte de Vermandois. Les croisés remportèrent une victoire éclatante, dont la prise de Tarse et de Mamistra fut la suite. Dès que Baudouin, frère de Godefroid, fut maitre de Tarse, des pirates flamands, qui vinrent y aborder, s'engagèrent au service de Baudouin. Ce comte, devenu prince d'Edesse, augmenta son nouvel état par l'achat de Samosate.

Artésie ouvrit ses portes au comte de Flandre.

1097.

to98.

La campagne suivante fut signalée par la prise d'An tioche, et cette première croisade fut couronnée par la conquête de Jérusalem, où Godefroid et deux frères de Tournai entrèrent les premiers. Godefroid en fut élu roi. La plupart des chefs qui avaient survécu à cette expédition, retournèrent dans leurs états. Ceux qui avaient acquis par leurs épargnes des établissemens dans ces contrées y res tèrent. Le comte de Hainaut, ayant été envoyé en ambassade à Constantinople auprès de l'empereur Alexis, fut attaqué dans sa route par une troupe d'ennemis qui l'avaient épié, et il y fut probablement tué, puisqu'à dater de cette époque, ce prince a disparu. La comtesse Ide, sa femme, fut si vivement affligée de cette nouvelle qu'elle entreprit le voyage de Rome, et même, dit-on, de Jérusalem, pour s'assurer de l'état de son mari. Elle y acquit, ajoute-t-on, la certitude de la fatale nouvelle, et revint fort tristement dans ses états. Comme elle était arrivée aux frontières du Hainaut, vers les Ardennes, elle apprit que le comte de Chiny dressait des piéges pour la prendre, et elle fut obligée de se réfugier à l'abbaye de S.-Hubert, où elle fut très-humainement et très-honorablement accueillie. Cette princesse, par recommaissance; donna à cette abbaye une partie des terres qu'elle possédait dans ce pays, à charge de chanter un obit tous les ans pour le repos de l'ame de son mari. Ce fut à cette occasion qu'elle créa les abbés de S.-Hubert chapelains commensaux des comtes de Hainaut. Leur charge était de célébrer, chez le comte de Hainaut, l'office divin, au moins trois fois l'an, au noel, aux pâques et à la pentecôte. sianA

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Baudouin,

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